Personnages du Coran et de la Bible

Zacharie

Zacharie, ou Zakariyah, est l’un de ces nombreux noms que l’on retrouve et dans la Bible des chrétiens et dans le Coran des musulmans. Le nom signifie « Celui dont Dieu se souvient ». Mais qui était cet homme et pourquoi nous souvenons-nous de lui aujourd’hui ? En fait, une trentaine de personnages bibliques portent ce même nom, qui était évidemment très populaire parmi les Juifs.

Le Zacharie de l’Ancien Testament

L’un des plus célèbres est celui que les Juifs et les chrétiens appellent « le prophète Zacharie », l’auteur d’un livre de l’Ancien Testament qui porte son nom. Ce Zacharie-là commença à prêcher environ 520 ans avant la naissance de Jésus-Christ. (C’était donc trois cents ans après la mort d’Élisée et deux cent cinquante ans après le ministère de Jonas.) Zacharie était contemporain d’un autre prophète du nom d’Aggée, et ces deux hommes avaient une mission pareille. Une quinzaine d’années plus tôt, un groupe important de Juifs était revenu à Jérusalem de la Babylonie où leur peuple avait été emporté en captivité. Dieu avait permis que ce malheur leur arrive à cause de leur infidélité envers lui. Malgré les avertissements qu’il leur avait donnés par la bouche de tous les prophètes, ces Juifs s’étaient constamment donnés à l’idolâtrie et à toute autre sorte de péché. Cet exil dans le territoire de l’Iraq moderne avait duré pendant 70 ans. Mais finalement Dieu a eu pitié de son peuple. Quand les Mèdes et les Perses renversèrent les Babyloniens et prirent possession de l’empire, Dieu, comme il l’avait promis d’avance, toucha le cœur du nouveau roi, Cyrus le Grand, pour qu’il permette aux Juifs de regagner la Palestine et reconstruire la ville de Jérusalem, que les Babyloniens avaient détruite.

Ceux qui sont ainsi revenus de la captivité ont trouvé des tas de ruines, mais ils étaient heureux d’avoir retrouvé la terre de leurs ancêtres. Malgré des conditions difficiles, ils se mirent à reconstruire des maisons et les habiter. Mais plusieurs années plus tard, on pouvait constater qu’ils s’occupaient toujours de leurs propres maisons mais négligeaient de reconstruire la maison de Dieu, celui-là qui les avait ramenés de l’exil. Très tôt après le retour des captifs ils avaient bien posé le fondement pour un nouveau temple, mais après ils ont délaissé les travaux. Maintenant, Dieu avait cessé de les bénir, pour qu’ils prennent conscience. Comme ils tardaient à glorifier Dieu en construisant le lieu où son culte devait se rendre, Dieu suscita les prophètes Aggéé et Zacharie, qui les ont exhortés et encouragé jusqu’à ce qu’ils changent d’attitude et se remettent au travail. Le livre de Zacharie raconte les visions symboliques que Dieu lui fit voir et qu’il raconta à ses compatriotes pour les motiver. Le travail de ces deux hommes porta du fruit, et le temple fut achevé environ quatre ans plus tard.

Mais en fait, ce prophète Zacharie, dont le livre est souvent cité dans le Nouveau Testament à cause des nombreuse prédictions qu’il a faites au sujet du Christ, n’est pas le prophète Zacharie dont parle le Coran. L’histoire de ce Zacharie-là se trouve dans le Nouveau Testament. Il a bien prophétisé une fois, et ses paroles inspirées sont écrites dans la Bible, mais nous pensons à lui plus dans son rôle de prêtre. Pourtant, si l’on se souvient encore de cet homme, c’est surtout à cause de son fils – il était, en effet, le père de Jean-Baptiste.

LE ZACHARIE du Nouveau TESTAMENT

Voici donc ce que la Bible nous dit de ce Zacharie-là :

« Au temps où Hérode était roi de Judée, il y avait un prêtre nommé Zacharie… Sa femme s’appelait Élisabeth et était une descendante d’Aaron le grand-prêtre. Ils étaient tous deux justes aux yeux de Dieu et obéissaient parfaitement à toutes les lois et tous les commandements du Seigneur. Mais ils n’avaient pas d’enfant, car Élisabeth ne pouvait en avoir et ils étaient déjà âgés tous les deux.

Un jour, Zacharie exerçait ses fonctions de prêtre devant Dieu, car c’était au tour de son groupe de le faire. Selon la coutume des prêtres, il fut désigné par le sort pour entrer dans le sanctuaire du Seigneur et y brûler l’encens. Toute la foule des fidèles priait au-dehors à l’heure où l’on brûlait l’encens. Un ange du Seigneur apparut alors à Zacharie : il se tenait à droite de l’autel servant à l’offrande de l’encens. Quand Zacharie le vit, il fut troublé et la crainte le saisit. Mais l’ange lui dit : “N’aie pas peur, Zacharie, car Dieu a entendu ta prière : Élisabeth, ta femme te donnera un fils que tu nommeras Jean. Tu en seras profondément heureux et beaucoup de gens se réjouiront au sujet de sa naissance. Car ce sera un grand homme aux yeux du Seigneur. Il ne boira ni vin, ni aucune autre boisson fermentée. Il sera rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère. Il ramènera beaucoup d’Israélites au Seigneur leur Dieu. Il s’avancera lui-même devant Dieu avec l’esprit et la puissance du prophète Élie, pour réconcilier les pères avec leurs enfants et ramener les désobéissants à la sagesse des hommes justes ; il formera un peuple prêt pour le Seigneur.” Mais Zacharie dit à l’ange : “Comment saurai-je que cela est vrai ? Car je suis vieux et ma femme aussi est âgée.” Et l’ange lui répondit : “Je suis Gabriel ; je me tiens devant Dieu pour le servir ; il m’a envoyé pour te parler et t’apporter cette bonne nouvelle. Mais tu n’as pas cru à mes paroles qui se réaliseront pourtant au moment voulu ; c’est pourquoi tu vas devenir muet et tu sera incapable de parler jusqu’au jour où ces événements se produiront.”

Pendant ce temps, les fidèles attendaient Zacharie et s’étonnaient qu’il reste si longtemps à l’intérieur du sanctuaire. Mais quand il sortit, il ne put pas leur parler et les gens comprirent qu’il avait eu une vision dans le sanctuaire. Il leur faisait des signes et restait muet.

Quand Zacharie eut achevé la période où il devait servir dans le temple, il retourna chez lui. Quelque temps après, Élisabeth sa femme devint enceinte, et elle se tint cachée pendant cinq mois. Elle se disait : “Voilà ce que le Seigneur a fait pour moi : il bien voulu me délivrer maintenant de ce qui causait ma honte devant les hommes.” » (Luc 1.5-25)

Le récit est interrompu pour nous présenter l’annonce à Marie qu’elle serait la mère de Jésus, et la visite de Marie chez Élisabeth, qui était sa parente. Au verset 57 on revient à l’histoire de Zacharie :

« Le moment arriva où Élisabeth devait avoir son enfant et elle mit au monde un fils. Les voisins d’Élisabeth et les membres de sa parenté apprirent que le Seigneur lui avait donné cette grande preuve de sa bonté et ils s’en réjouissaient avec elle. Quand l’enfant eut une semaine, ils vinrent pour le circoncire ; ils voulaient lui donner le nom de son père, Zacharie. Mais sa mère déclara : “Non, il s’appellera Jean.” Ils lui dirent : “Mais, il n’y a personne dans ta famille qui porte ce nom.” Ils interrogèrent alors par gestes le père pour savoir comment il voulait qu’on nomme son enfant. Zacharie demanda une tablette à écrire et il y écrivit ces mots : “Jean est son nom.” Ils s’en étonnèrent tous. Aussitôt, Zacharie put de nouveau parler : il se mit à louer Dieu à haute voix. Alors, tous les voisins furent saisis de crainte, et dans toute la région montagneuse de Judée l’on se racontait ces événements. Tous ceux qui en entendaient parler se mettaient à y réfléchir et se demandaient : “Que deviendra donc ce petit enfant ?” La puissance du Seigneur était en effet réellement avec lui.

Zacharie, le père du petit enfant, fut rempli du Saint-Esprit ; il se mit à prophétiser en ces mots :

“Loué soit le Seigneur, le Dieu du peuple d’Israël, parce qu’il a porté son attention sur son peuple et l’a délivré. Il a fait apparaître un puissant Sauveur, pour nous, parmi les descendants du roi David, son serviteur. C’est ce qu’il avait annoncé depuis longtemps par ses saints prophètes : il avait promis qu’il nous délivrerait… Toi, mon enfant, tu seras appelé prophète du Dieu très haut, car tu marcheras devant le Seigneur pour préparer son chemin et pour faire savoir à son peuple qu’il le sauvera en pardonnant ses péchés. Car notre Dieu est plein de tendresse et de bonté ; il fera briller sur nous une lumière d’en haut, semblable à celle du soleil levant, pour éclairer ceux qui se trouvent dans la nuit et dans l’ombre de la mort, pour diriger nos pas sur le chemin de la paix.” » (Luc 1.57-71,76-79)

Nous tirons vers la fin de la liste de prophètes bibliques, et nous ne pouvons que constater que nous arrivons en même temps à une sorte de point culminant dans l’histoire. Tout au long de la Bible on trouve, en effet, des références à quelqu’un qui devait venir pour bénir le monde. Dieu avait dit à Ève, la première femme, que parmi ses descendants serait celui qui devait « écraser la tête du serpent », c’est-à-dire de Satan. Il dit à Abraham qu’à travers un de ses descendants il bénirait toutes les nations. Il promit à Moïse de susciter parmi les Israélites un prophète comme lui que tous devraient écouter. Il dit au roi David que le règne de son fils serait pour toujours assuré, et voilà que Zacharie se réfère justement à ce fils de David qui était sur le point de paraître. En fait, l’enfant de Zacharie serait, non pas ce grand fils de David, mais celui qui devait préparer son chemin, l’homme qui devait apprêter le peuple à recevoir dignement Celui qu’on attendait depuis si longtemps. Voilà pourquoi Zacharie prophétisa en ces termes concernant son fils nouveau-né : « Toi, mon enfant, tu seras appelé prophète du Dieu très haut, car tu marcheras devant le Seigneur pour préparer son chemin et pour faire savoir à son peuple qu’il le sauvera en pardonnant ses péchés. » Suivez donc notre prochaine étude, qui examinera de plus près la mission de ce précurseur, Jean-Baptiste.

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