Si le roi le plus célèbre et le plus aimé de l’histoire israélite est David, celui qui vient juste après lui en renom est aussi celui qui le suit chronologiquement : c’est son fils Salomon. Mais tandis que la gloire de David était basée sur ses victoires sur le champ de bataille et sur son attachement à Dieu, on se souvient de Salomon surtout pour sa grande sagesse et sa richesse presque inimaginable. Comme son père, Salomon a une place dans le Coran, le livre saint des musulmans. Tous ceux qui s’appellent Souleymane aujourd’hui doivent sans doute leur nom à ce grand roi israélite. Quelle est donc l’histoire de ce premier Souleymane, que la Bible appelle Salomon ?
Sa demande de sagesse
Salomon n’était pas le premier-né des fils de David mais succéda à son père comme roi parce que Dieu lui-même l’avait choisi. À la mort de David, Salomon était encore assez jeune. Il était aussi humble et reconnaissait qu’il n’était pas à la hauteur de la tâche qui était devant lui en tant que roi. Cette humilité lui a valu une grande bénédiction de la part de Dieu, comme nous le lisons en 1 Rois 3 à partir du verset 5 :
« Pendant que Salomon était à Gabaon, le Seigneur Dieu lui apparut durant la nuit dans un rêve et lui dit : “Que pourrais-je te donner ? Demande-le-moi.” Salomon répondit : “Seigneur, tu t’es montré parfaitement fidèle envers ton serviteur David mon père, tout comme lui-même s’est conduit en homme digne de confiance, juste et loyal envers toi ; et tu lui es resté fidèle en lui donnant un fils pour lui succéder comme roi, ainsi qu’on peut le voir aujourd’hui. Oui, Seigneur mon Dieu, c’est toi qui m’as fait roi pour succéder à mon père David. Mais moi, je suis encore trop jeune pour savoir comment je dois remplir cette tâche. Et je me trouve soudain à la tête du peuple que tu as choisi, ce peuple si nombreux qu’on ne peut le compter exactement. Veuille donc, Seigneur, me donner l’intelligence nécessaire pour gouverner ton peuple et pour reconnaître ce qui est bon ou mauvais pour lui. Sans cela, personne ne serait capable de gouverner ton peuple, qui est considérable.”
Cette demande de Salomon plut au Seigneur. Il répondit donc au roi : “Tu n’as demandé pour toi-même ni de vivre longtemps, ni de devenir riche, ni que tes ennemis meurent ; tu as demandé de pouvoir gouverner mon peuple avec intelligence et justice. C’est pourquoi, conformément à ce que tu as demandé, je vais te donner de la sagesse et de l’intelligence ; tu en auras plus que n’importe qui, avant toi ou après toi. Et je vais même te donner ce que tu n’as pas demandé, la richesse et la gloire ; pendant toute ta vie, tu en auras plus qu’aucun autre roi. Enfin, si tu fais ce que je désire, si tu obéis à mes lois et à mes commandements comme ton père David, alors je prolongerai ta vie.” » (1 Rois 3.5-14)
Cette demande que Salomon adressa à Dieu est très instructive pour nous. Beaucoup de personnes dans une telle situation auraient dit à l’Éternel : « Fais-mois don d’un royaume tel que nul après moi n’aura de pareil. » Mais Salomon n’a pas cherché de la gloire personnelle ; il voulait simplement pouvoir bien accomplir la volonté de Dieu – il voulait être capable de régner sur le peuple de Dieu avec intelligence et selon la justice. Dieu a promis lui donner ce qu’il a demandé, mais il promit lui accorder également des bénédictions désirables mais moins importantes, des choses que d’autres personnes cherchent avant de s’occuper de la volonté de Dieu. On pense aux paroles de Jésus en Matthieu 6. Après avoir constaté que les païens s’inquiètent de ce qu’ils vont manger et des habits qu’ils vont porter, Jésus dit : « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu, et toutes ces choses vous seront données par-dessus » (Matthieu 6.33). Notre plus grande préoccupation devrait être d’entrer dans le royaume de Dieu (de nous assurer une place dans le ciel) et de faire ce qui est juste aux yeux de Dieu. Si nous avons la volonté de Dieu comme notre priorité dans la vie, nous pouvons être confiants que Dieu nous donnera les choses matérielles qui sont nécessaires pour notre vie. La plupart des hommes préfèrent rechercher comme plus important ce dont ils ont besoin sur le plan physique et penser à Dieu plus tard, s’ils ont encore du temps et ne sont pas trop fatigués. Ils ont besoin de réfléchir à l’exemple fourni par la demande de Salomon.
La sagesse démontrée
Un exemple très célèbre de la sagesse du roi Salomon nous est conservé dans le livre de 1 Rois :
« Un jour deux prostituées vinrent se présenter devant le roi Salomon. La première dit : “Majesté, écoute-moi, je t’en supplie. Moi et cette femme, nous habitons la même maison. J’ai mis au monde un fils, dans la maison, au moment où elle était là. Deux jours plus tard, elle aussi a mis au monde un fils. Nous vivons seules dans cette maison, il n’y a personne d’autre que nous deux. Or cette nuit le fils de cette femme est mort parce qu’elle s’était couchée sur lui. Alors elle s’est levée au milieu de la nuit, et pendant que je dormais, elle a pris mon fils qui était à côté de moi. Ce matin, quand je me suis levée pour allaiter mon fils, je l’ai trouvé mort ; je l’ai regardé attentivement à la lumière, et j’ai vu que ce n’était pas mon fils…
À ce moment l’autre femme s’écria : “Ce n’est pas vrai ! C’est mon fils qui est vivant et c’est le tien qui est mort !” Mais la première reprit : “Non ! C’est ton fils qui est mort et le mien qui est vivant !” C’est ainsi qu’elles se disputaient devant le roi. Salomon prit la parole et déclara : “L’une d’entre vous dit : ‘L’enfant qui est vivant, c’est mon fils, et c’est ton fils qui est mort !’ L’autre répond : ‘Non ! C’est ton fils qui est mort et c’est le mien qui est vivant !’ Eh bien ! voici ce que j’ordonne : ‘Qu’on m’apporte une épée.’” Dès qu’on l’eut apportée, le roi ajouta : “Coupez l’enfant vivant en deux et donnez-en la moitié à chacune des femmes !”
La mère de l’enfant vivant, poussée par son profond amour pour son fils, s’écria : “Majesté, je t’en supplie donne plutôt l’enfant vivant à cette femme, mais surtout ne le fais pas mourir !” Quant à l’autre femme, elle disait : “Coupez l’enfant en deux ; de cette manière il ne sera ni à moi, ni à elle.” Alors le roi déclara : “Ne tuez pas l’enfant ; remettez-le à la première des deux femmes, car c’est elle qui est la mère de l’enfant vivant !” »
Une réputation mondiale
Mais la sagesse de Salomon ne se limitait pas à son rôle comme magistrat suprême. Elle se manifestait dans sa façon d’administrer son royaume et aussi dans son activité littéraire. La Bible dit :
« Dieu avait donné à Salomon une immense sagesse et une immense intelligence. Ainsi les questions auxquelles Salomon s’intéressa furent aussi nombreuses que les grains de sable au bord de la mer. Salomon dépassa en sagesse tous les sages de l’Arabie et de l’Égypte… sa sagesse était si grande que sa réputation se répandit chez tous les peuples voisins. Il a prononcé trois mille proverbes et composé plus de mille chants. Il a parlé de toutes sortes de plantes, depuis le majestueux cèdre du Liban jusqu’à la modeste branche d’hysope qui pousse au pied d’un mur ; il a parlé aussi des animaux, des oiseaux, des reptiles et des poissons. On venait de toutes les nations pour entendre Salomon s’exprimer avec sagesse ; on venait de la part de tous les rois de la terre, qui avaient entendu parler de cette sagesse. » (1 Rois 5.9-14)
Parmi les dignitaires étrangers qui se rendirent auprès de Salomon était la reine de Shéba, ou comme la plupart de traductions rendent le mot aujourd’hui, la reine de Saba. Les Arabes emploient le nom de Balkis pour cette femme, et les Éthiopiens la désignent comme Makeda, mais la Bible ne cite pas son nom. On identifie généralement Saba comme le royaume sabéen, situé dans la partie sud de la péninsule arabe, là où se trouve de nos jours le pays de Yémen. La 27ième Sourate du Coran parle beaucoup de Salomon et la reine qui s’est déplacée pour le voir. Quant aux Éthiopiens, ils considèrent que cette reine était l’ancêtre de leur ligne royale. Peut-être qu’elle est liée à l’Arabie et aussi à l’Éthiopie, étant donné que la langue et le système d’écriture des Éthiopiens étaient pratiquement pareille à ceux des Sabéens ; c’était peut-être le même peuple.
Voici le récit biblique :
« La reine du pays de Saba entendit parler de Salomon. Elle vint donc voir Salomon pour éprouver sa sagesse en lui posant des questions difficiles. Elle arriva à Jérusalem avec un grand nombre de serviteurs, et avec des chameaux portant des parfums, de l’or en grande quantité et des pierres précieuses. Elle se présenta devant Salomon et l’interrogea sur tous les sujets qu’elle avait préparés. Salomon répondit à toutes ses questions ; il n’y en eut pas une seule à laquelle le roi ne put pas répondre. La reine de Saba entendit les paroles pleines de sagesse de Salomon, elle admira le palais qu’il s’était fait construire, la nourriture qu’on apportait sur les tables, la façon dont les ministres étaient placés, le costume de ceux qui servaient à manger et à boire, elle vit les sacrifices qu’il offrait au Seigneur dans le temple et elle fut très impressionnée. Alors elle dit au roi : “Dans mon pays j’avais entendu parler de toi et de ta sagesse, mais avant d’être venue voir de mes propres yeux, je ne croyais pas ce qu’on me disait. Or tout cela était bien vrai, et même on ne m’en avait pas raconté la moitié : ta sagesse et ta prospérité dépassent tout ce que j’avais entendu dire .” » (1 Rois 10.1-7)
La reine de Saba a loué le Dieu d’Israël, puis elle a offert à Salomon de riches présents. De son côté, le roi Salomon donna à la reine tout ce qu’elle désirait en plus des cadeaux qu’il lui offrit de lui-même avec une générosité toute royale. Puis la reine et ses serviteurs retournèrent dans leurs pays.
Comme le Coran, l’Évangile aussi se réfère à la visite de la reine de Saba. Jésus a cité son exemple pour reprocher les Juifs de leur indifférence et incrédulité. Il dit : « Au jour du jugement, la reine de Saba se lèvera pour témoigner contre les hommes d’aujourd’hui et elle les fera condamner, car elle est venu du bout du monde pour écouter l’enseignement plein de sagesse de Salomon. Eh bien ! Il y a ici quelqu’un de plus grand que Salomon ! » (Matthieu 12.42). Ce quelqu’un est bien Jésus lui-même. Pour savoir si ce qu’on raconte de lui est vrai, il n’est pas question de faire un long voyage à travers le désert comme le fit la reine de Saba ; il s’agit plutôt de prendre le temps de le découvrir dans les pages de la Bible. Peut-être que vous aussi, vous vous exclamerez : « On ne m’en a pas raconté la moitié ! Il dépasse tout ce que j’avais entendu dire. »