Dans notre série sur les personnages bibliques qui sont mentionnés également dans le Coran, il est souvent difficile de toucher tous les points importants dans une seule leçon. Tel a été le cas pour notre étude du roi Salomon (Souleymane chez les musulmans). Nous avons insisté longuement sur la sagesse proverbiale de Salomon, mais il est aussi célèbre pour d’autres raisons. Par exemple, nous n’avons pas cité le fait que trois livres de la Bible lui sont attribués : le livre des Proverbes, le Cantique des Cantiques, et l’Ecclésiaste. Ce n’est pas tout : en entendant le nom de Salomon, beaucoup de personnes pensent au temple à Jérusalem qu’il a construit pour Dieu.
La construction du temple
Vous vous souviendrez que David, le père de Salomon, avait eu l’intention de construire un temple pour Dieu. Depuis le temps de Moïse le lieu de culte pour les Israélites était une tente luxueuse appelée le tabernacle. David trouvait que ce n’était pas normal que lui-même habitait une belle maison alors que l’arche de l’alliance, le coffre sacré qui représentait la présence de Dieu parmi son peuple, se trouvait dans une simple tente. Dieu était content de ce sentiment de David, mais il ne voulait pas que ce soit un homme de guerre comme David qui construise son temple, une maison de prière pour toutes les nations. Le Seigneur informa David que ce serait son fils qui ferait bâtir son temple. David n’a donc pas entrepris de construire le bâtiment, mais il a fait beaucoup de préparatifs. Il dit à son peuple avant de mourir :
« J’ai consacré tous mes efforts à faire des préparatifs pour le temple de Dieu : j’ai amassé de l’or, de l’argent, du bronze, du fer, du bois, pour tous les objets à fabriquer avec ces divers matériaux ; j’ai préparé… toutes sortes de pierres précieuses. Quant à ma fortune personnelle, en or et en argent, je la donne pour le temple de mon Dieu… Je donne cent tonnes d’or et deux cent quarante tonnes d’argent fin destiné à recouvrir les parois du temple. » (1 Chroniques 29.2-5)
Ensuite il invita le peuple à y contribuer également, ce qu’ils ont fait avec générosité et de bon cœur. David remit à son fils des plans détaillés pour la construction du temple et pour les services qui devaient s’y dérouler.
En plus de tous les préparatifs de son père, qui étaient déjà en place, Salomon fit travailler plus de 180.000 ouvriers qu’il envoya au Liban pour préparer le bois et tailler les pierres qui serviraient à la construction. Selon 1 Rois 6.7 : « Lorsqu’on bâtit la maison, on se servait de pierres toutes taillées, et ni marteau, ni hache ni aucun outil de fer ne furent entendus dans la maison pendant qu’on la bâtissait. » Salomon consacra ainsi plus de sept années entières à construire le temple, qui était sans aucun doute l’une des merveilles du monde de son époque
Malgré la grandeur du temple, Salomon ne se faisait pas d’illusions concernant le rôle de cette maison dorée. Dans la prière qu’il fit lors de la dédicace du sanctuaire en 1 Rois 8, Salomon pria dans ces termes :
« Mais Dieu pourrait-il vraiment habiter sur terre ? Le ciel, malgré son immensité, ne peut déjà pas le contenir ! Encore moins ce temple que j’ai construit. Pourtant, Seigneur mon Dieu, tourne-toi vers moi, entends ma prière suppliante… considère ce temple avec bienveillance nuit et jour, puisque c’est le lieu dont tu as dit : “J’y manifesterai ma présence.” …Écoute mon appel et l’appel qu’Israël, ton peuple, t’adresse, tourné vers ce lieu. Écoute-nous, Seigneur, dans le ciel, là où tu habites, écoute-nous et pardonne-nous. »
Notons deux autres points au sujet du temple avant de parler d’un dernier aspect de la vie de Salomon. Dans cette prière de Salomon lors de la dédicace du temple, il montra clairement que l’Éternel, Créateur des hommes de toutes les nations, n’était pas une chasse gardée pour Israël. Il est vrai que Dieu s’est manifesté d’une manière extraordinaire au peuple israélite et lui avait accordé des bénédictions particulières ; mais le Dieu suprême n’est pas un « dieu national » ; il s’intéresse à toute l’humanité. Dans sa prière Salomon dit :
« Quand on parlera de ton nom glorieux et de la puissance avec laquelle tu agis, même les peuples étrangers l’apprendront ; si alors un étranger, quelqu’un qui ne fait pas partie d’Israël ton peuple, vient d’un pays éloigné pour te prier dans ce temple, toi, Seigneur, dans le ciel où tu habites, sois attentif et accorde-lui ce qu’il demande. De cette manière tous les peuples de la terre te connaîtront, ils apprendront à te respecter comme Israël, ton peuple, te respecte… »
Deuxièmement, nous voulons noter que selon Jésus, le lieu géographique où l’on adore Dieu n’a plus d’importance. Il est vrai que sous l’ancienne alliance que Dieu avait traitée avec les Juifs, un lieu unique était désigné pour le culte ; on pouvait prier Dieu ou enseigner sa parole n’importe où, et les synagogues juives, qui se trouvaient un peu partout, servaient à ces activités ; mais c’était un péché que d’offrir des animaux en sacrifice à Dieu en dehors de son temple à Jérusalem. Chaque année les Juifs étaient appelés à faire des pèlerinages à la ville sainte pour y observer certaines fêtes en l’honneur de Dieu.
Mais Jésus annonça un changement radical. Un jour il parlait avec une femme samaritaine. Les Samaritains, dont les ancêtres étaient des Juifs qui s’étaient mariés avec les païens, avaient construit leur propre temple à Dieu sur le mont Garizim. Cette femme avec qui Jésus parlait lui dit :
« “Maître, je vois que tu es un prophète. Nos ancêtres ont adoré Dieu sur cette montagne, mais vous, les Juifs, vous dites que l’endroit où l’on doit adorer Dieu est à Jérusalem.” Jésus lui répondit : “Crois-moi, le moment viendra où vous n’adorerez le Père ni sur cette montagne, ni à Jérusalem. Vous, les Samaritains, vous ne connaissez pas ce que vous adorez ; nous, les Juifs, nous connaissons ce que nous adorons, car le salut vient des Juifs. Mais le moment vient, et il est déjà là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car le Père veut des adorateurs qui l’adorent de cette façon. Dieu est Esprit, et ceux qui l’adorent doivent l’adorer en esprit et en vérité.” » (Jean 4.19-24)
Une triste fin
Nous avons plusieurs fois vu que la Bible, tout en nous faisant connaître les bonnes qualités et les actes positifs de ses héros, ne cache pas leurs défauts. Qu’ils soient prophètes, prêtres ou rois, les hommes sont toujours faillibles, et même des personnes pieuses sont capables de tomber dans la tentation. Tel fut, malheureusement, le cas du roi Salomon. L’apôtre Paul nous exhorte en 1 Corinthiens 10.12 : « Celui qui pense être debout doit prendre garde de ne pas tomber. » L’onzième chapitre de 1 Rois raconte de quelle manière Salomon tomba.
« Le roi Salomon, qui avait épousé la fille du roi d’Égypte, épousa aussi beaucoup d’autres étrangères, à savoir des Moabites, des Ammonites, des Édomites, des Sidoniennes et des Hittites. Pourtant le Seigneur avait dit aux Israélites au sujet de ces nations païennes : “Ne vous mêlez pas aux gens de ces nations et ne les laissez pas se mêler à vous ; car ils vous entraîneraient à adorer leurs dieux.” Mais par amour Salomon s’attacha à ces femmes étrangères ; il eut ainsi sept cents épouses de rang princier et trois cents épouses de second rang, qui toutes l’influencèrent beaucoup. En effet, quand Salomon fut devenu vieux, ses épouses l’entraînèrent à adorer d’autres dieux, de sorte qu’il cessa d’aimer le Seigneur son Dieu de tout son cœur, à la différence de son père David. Il adora Astarté, la déesse des Sidoniens, et Milkom, l’ignoble dieu des Ammonites ; il fit ce qui déplaît au Seigneur, car il ne lui obéissait pas pleinement comme son père David. À cette époque, Salomon aménagea un lieu sacré, sur la colline en face de Jérusalem, pour Kemoch, l’ignoble dieu des Moabites ; il en fit aussi aménager un pour Milkom, l’ignoble dieu des Ammonites. Il fit la même chose pour les dieux de toutes ses épouses païennes, afin qu’elles puissent leur présenter des offrandes de parfum ou des sacrifices d’animaux.
…Alors le Seigneur se mit en colère contre Salomon et lui dit : “Puisque tu t’es conduit ainsi, puisque tu n’as respecté ni l’alliance conclue entre nous, ni les ordres que je t’avais donnés, je vais t’arracher la royauté et la donner à l’un de tes sujets. Toutefois, à cause de ton père David, je n’accomplirai pas cette menace durant ta vie : j’arracherai la royauté à ton fils ; d’ailleurs, je ne lui arracherai pas tout le royaume, mais je lui laisserai une tribu, à cause de mon serviteur David et à cause de Jérusalem, la ville que j’ai choisie.” » (1 Rois 11.1-13)
Qu’il est triste de découvrir que le jeune homme qui avait humblement et pieusement demandé à Dieu de lui donner de la sagesse pour qu’il gouverne bien le peuple de Dieu s’est plus tard détourné de la bonne voie et fourni à son peuple un exemple très négatif qui a dû égarer beaucoup de personnes. Qu’il est triste de découvrir que celui qui a consacré tant d’effort et tant de richesses à la construction d’une maison de prière pour le vrai Dieu a fini par construire dans la même ville des temples païens à l’honneur des idoles païennes. Derrière ses idoles se tenaient des démons qui incitent des hommes à toute sorte d’actes criminels. Et tout cela s’est produit parce qu’il n’a pas respecté l’ordre de Dieu de ne pas se marier avec des païens ; l’influence d’un époux ou une épouse qui ne sert pas Dieu est très dangereuse pour la vie spirituelle.
Conclusion
Il est possible que Salomon se soit repenti avant sa mort. En effet, le livre biblique qui s’appelle Ecclésiaste et qui est attribué à Salomon le présente à la fin de sa vie en train de constater qu’il s’était donné à beaucoup de choses inutiles. Mais il n’avait pas trouvé le bonheur – ni dans l’argent, ni dans le travail, ni dans l’éducation, ni dans le plaisir. En fin de compte, sans Dieu, rien dans cette vie ne peut satisfaire pour longtemps, rien ne peut donner un sens durable à la vie, cette vie qui dure si peu de temps. Son livre se termine par ces paroles simples mais profondes :
« Conclusion du discours : tout a été dit. Crains Dieu et observe ses commandements : c’est là le tout de l’homme. Car Dieu jugera toutes les actions, même ce qui est caché, le bien comme le mal. » (Ecclésiaste 12.13,14)