Personnages du Coran et de la Bible

Joseph (troisième partie)

Dans notre séries d’études sur des personnages de la Bible qui paraissent également dans les pages du Coran, nous reprenons pour une dernière fois le récit très intéressant qui concerne Joseph, ou Youssouf, le fils préféré du patriarche Jacob. Les dix grands frères de Joseph, jaloux de ce qu’il était si manifestement celui que leur père aimait le plus, le vendirent comme esclave à des commerçants dont la caravane se rendait en Égypte. Ceux-ci le vendirent à leur tour au chef des gardes du roi, un homme du nom de Potiphar. Les choses allaient mieux pour le jeune homme jusqu’à ce que la femme de son maître tombe amoureuse de lui. Quand il refusa de coucher avec elle, la femme l’accusa d’avoir voulu la violer et son mari le jeta en prison. Mais Dieu n’abandonna jamais son serviteur et finit non seulement par le faire sortir de la prison, mais par l’exalter à une position d’autorité sur tout le pays d’Égypte. En fait, il n’y avait que le Pharaon lui-même qui le dépassait en pouvoir. Il administra d’abord un prélèvement sur les récoltes du pays entier pendant sept années d’abondance, et ensuite il veilla à la distribution de nourriture lors de la famine qui suivit. Comme la famine en question s’étendait bien au-delà des frontières de l’Égypte, la famille de Joseph qui se trouvait encore dans le pays de Canaan fut également touchée, et son père envoya ses dix fils les plus âgés en Égypte pour acheter des vivres.

Joseph éprouve ses frères

Quand ses frères se présentent pour acheter du blé, Joseph est sur les lieux et les reconnaît. Mais ses frères ne soupçonnent point que leur petit frère se tient devant eux. Quand ils viennent se prosterner devant lui, le visage contre terre, Joseph se souvient des rêves qu’il a faits à leur sujet, mais il ne se fait pas connaître. Il parle durement à ses frères et les accuse d’être des espions étrangers. Ils ont beau lui protester qu’ils sont simplement des frères, fils d’un même père, venus pour acheter des vivres ; ils lui disent qu’ils étaient douze frères, mais que le plus jeune est resté auprès de leur père, et un autre a disparu. Joseph fait semblant de ne pas les croire. Il les met tous en prison pendant trois jours, après quoi il leur propose d’accepter que l’un d’eux reste dans la prison pendant que les autres aillent rapporter du blé à leurs familles. Ensuite, ils doivent ramener leur plus jeune frère comme preuve qu’ils ont dit la vérité. Les frères acceptent cette proposition, mais avec un cœur très lourd. Entre eux, ils se disent : « Ah ! nous sommes bien punis à cause de notre frère : nous avons vu son angoisse quand il nous demandait d’avoir pitié de lui, et nous ne l’avons pas écouté. Maintenant nous connaissons la même angoisse » (Genèse 42.21).

Joseph fit enchaîner Siméon sous leurs yeux et les renvoya avec leurs sacs de blé. Mais sans que les frères le sachent, Joseph remit l’argent de chacun dans son sac. Arrivés auprès de leur père, Jacob, les neuf frères lui expliquèrent tout, y compris la condition que le « gouverneur du pays » avait fixée : « Vous me ramènerez votre plus jeune frère. Je saurai ainsi que vous n’êtes pas des espions mais d’honnêtes gens. Alors je vous rendrai votre frère Siméon, et je vous laisserai circuler dans le pays pour vos affaires » (Genèse 42.34). Lorsque Jacob entendit ces propos, il refusa catégoriquement. Il avait déjà perdu Joseph, fils de Rachel, sa femme préférée ; maintenant il a perdu Siméon, et on lui parle d’emmener Benjamin, l’autre fils de Rachel, auprès de cet Égyptien imprévisible. Il dit : « Non, mon fils ne partira pas avec vous. Son frère est mort, lui seul me reste. Si un malheur lui arrivait au cours de votre voyage, âgé comme je suis je mourrais de douleur par votre faute » (Genèse 42.38).

Mais la famine continuait à peser sur le pays de Canaan, et Jacob fut obligé de changer d’avis. Il envoya Benjamin en Égypte avec les autres frères et pria Dieu d’avoir pitié d’eux. À leur grande surprise, Joseph les reçut très bien et leur prépara un bon repas. Avec beaucoup d’effort, il cacha l’émotion qu’il ressentait en revoyant son petit frère ; il le fallait pour qu’il mène à bien son plan pour éprouver ses frères et savoir s’ils avaient vraiment changé. Il voulait voir s’ils chercheraient à sauver leur petit frère et épargner leur père d’un deuil insupportable, ou bien s’ils agiraient à l’égard de Benjamin, le nouveau préféré de Jacob, comme ils avaient traité Joseph lui-même vingt ans auparavant. Après le repas il donna donc cet ordre à son intendant : Remplis les sacs de ces gens, donne-leur autant de vivres qu’ils peuvent en emporter. Remets aussi l’argent de chacun à l’entrée de son sac. Dans le sac du plus jeune tu placeras non seulement la somme qu’il voulait payer mais aussi ma coupe d’argent.

« Le lendemain, dès qu’il fit jour, on laissa les fils de Jacob partir avec leurs ânes. Ils quittèrent la ville, mais ils n’étaient pas encore bien loin quand Joseph dit à son intendant : “ Poursuis ces gens, rattrape-les. Tu leur demanderas : ‘Pourquoi avez-vous rendu le mal pour le bien ? Pourquoi avez-vous volé la coupe que mon maître utilise pour boire et pratiquer la divination ?…’ ”

L’homme rattrapa les frères et leur répéta ces paroles. Les frères répondirent : “Comment pouvez-vous nous accuser ainsi, Monsieur l’Intendant ? Jamais nous n’aurions osé faire une chose pareille ! Nous avions rapporté de Canaan l’argent retrouvé dans nos sacs. Pourquoi aurions-nous donc volé de l’argent ou de l’or dans la maison de votre maître ? Si l’on trouve cette coupe dans les bagages de l’un d’entre nous, eh bien, qu’on le mette à mort ! Et nous deviendrons nous-mêmes vos esclaves.” – “Eh bien, répondit l’homme, je vous prends au mot…” Les frères déchargèrent rapidement leurs sacs et ouvrirent chacun le sien. L’homme fouilla tous les sacs, en commençant par celui de l’aîné et en finissant par celui du plus jeune. On trouva la coupe dans le sac de Benjamin. Les frères, consternés, déchirèrent leurs vêtements. Chacun rechargea son âne, et ils retournèrent à la ville.

Juda et ses frères arrivèrent chez Joseph ; il était encore là. Ils se jetèrent à terre devant lui. Joseph leur dit : “Pourquoi avez-vous fait cela ? Ne savez-vous pas qu’un homme tel que moi a le pouvoir de tout deviner ?” – “Que pourrions-nous dire, Monsieur l’Administrateur ? répondit Juda. Que pourrions-nous dire pour prouver notre innocence ? Dieu nous a démasqués : nous sommes coupables. Nous serons donc vos esclaves, avec celui qui avait la coupe dans son sac.” – “Non, déclara Joseph. Il n’est pas question que j’agisse ainsi. Je ne prendrai pour esclave que celui qui avait la coupe. Quant à vous, rentrez tranquillement chez votre père.” »

Juda et ses frères réussissent à l’épreuve

Mais Juda s’avança vers Joseph et lui parla de l’amour que leur père avait pour son plus jeune fils, celui qui lui était né dans sa vieillesse. Juda lui dit :

« Notre père l’aime particulièrement, car c’est le seul enfant qui lui reste de son épouse préférée ; l’autre fils est mort. Maintenant donc, Monsieur l’Administrateur, comment pourrais-je retourner auprès de mon père sans que l’enfant soit avec nous ? La vie de mon père dépend tellement du sort de cet enfant, qu’il mourra s’il ne le voit pas revenir. Nous serons alors coupable de l’avoir fait mourir de douleur dans sa vieillesse. De plus je me suis déclaré responsable de l’enfant devant mon père ; je lui ai dit : “Si je ne te le ramène pas, je serai pour toujours coupable à ton égard.” Je vous en supplie, permettez-moi donc de rester ici comme esclave à votre service, à la place de l’enfant, pour qu’il puisse repartir avec ses autres frères. Je ne pourrais jamais retourner chez mon père sans être accompagné de l’enfant. Je ne supporterais pas de voir le malheur qui atteindrait mon père. » (Genèse 44)

Nous voyons ainsi que Juda, celui des frères qui avait suggéré qu’ils vendent Joseph aux commerçants, avait totalement changé (et les autres frères avaient probablement changé autant). Avant, Juda n’avait de pitié ni pour son jeune frère ni pour son père. Maintenant il montre un souci réel pour son père, il accepte simplement et sans aucun signe de jalousie le fait que son père aime Benjamin plus profondément que lui et les autres, et il fait preuve d’un grand courage et de l’amour en proposant de devenir esclave afin de sauver son père et son frère. Il ne supporte pas l’idée de voir la douleur qu’éprouverait son père s’il perdait Benjamin.

Joseph se fait reconnaître

Le récit continue ainsi :

« Alors Joseph, incapable de contenir son émotion devant les gens de son entourage, leur ordonna de sortir. Ainsi était-il seul avec ses frères quand il se fit reconnaître d’eux… Joseph dit à ses frères : “… Approchez-vous de moi”, leur dit-il. Ils s’approchèrent. Joseph reprit : “C’est moi Joseph, votre frère, que vous avez vendu pour être emmené en Égypte. Ne vous tourmentez pas et ne vous faites pas de reproches pour m’avoir vendu ainsi. C’est Dieu qui m’a envoyé ici à l’avance, pour que je puisse vous sauver la vie. Il y a déjà eu deux années de famine dans le pays, mais pendant cinq années encore on ne pourra ni labourer la terre ni récolter les moissons. Dieu m’a donc envoyé dans ce pays avant vous, pour que vous puissiez y avoir des descendants et y survivre ; c’est une merveilleuse délivrance.” »

Il leur dit ensuite d’aller chercher Jacob et toute la famille et de venir s’installer en Égypte ; il fournirait de quoi subvenir à tous leurs besoins. Lorsque Pharaon apprit que les parents de Joseph étaient là, lui aussi les exhorta de revenir s’installer dans son pays. C’est ainsi qu’après une séparation de plus de vingt ans, Joseph revit son père, et les descendants de Jacob se trouvèrent en Égypte, jouissant de la sécurité, de l’abondance et de la faveur du roi et du peuple égyptiens.

Conclusion

L’histoire de ce grand homme de Dieu nous enseigne plusieurs leçons importantes. Joseph fut victime de plus d’une grande injustice dans sa vie, mais il n’a jamais manifesté de l’amertume, ni envers Dieu ni envers les autres. Malgré le grand mal que ses frères lui avaient infligé, il est clair qu’il les a pardonnés. Beaucoup d’entre nous avons subi des torts insignifiants par rapport à celui que Joseph a subi, pourtant nous le trouvons difficile de pardonner. Cet homme nous donne un modèle non seulement de justice, mais aussi de tendresse et de pardon.

Nous voyons aussi que la pureté et l’intégrité de Joseph ne lui ont pas permis d’éviter la souffrance. Les justes, en effet, ne doivent pas s’attendre à recevoir immédiatement la récompense de leur justice. Il faut être patient et rester fidèle jusqu’au moment fixé par Dieu. Non seulement cela, mais la souffrance d’un juste fait parfois partie du plan de Dieu pour sauver une multitude de personnes, parfois des personnes moins dignes que celui qui souffre. Ce fut le cas de Joseph ; ce serait le cas dans un sens beaucoup plus profond pour Jésus. Comme 1 Pierre 3.18 le dit : « Christ a souffert… pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin de nous amener à Dieu. »

Enfin, nous voyons clairement dans la vie de Joseph la providence de Dieu. L’Éternel avait été à l’œuvre dans les épreuves de Joseph afin de sauver toute sa famille. Joseph dit à ses frères en Genèse 50.20 : « Vous aviez voulu me faire du mal, mais Dieu a voulu changer ce mal en bien, il a voulu sauver la vie d’un grand nombre de gens, comme vous le voyez aujourd’hui. » Nous devons comprendre que Dieu est capable de faire de choses pareilles dans nos vies, et nous ne devons pas nous décourager quand nous rencontrons des difficultés, des obstacles et des souffrances. Le chrétien a cette promesse formelle dans la Bible en Romains 8.28 : « Nous savons que Dieu travaille en tout pour le bien de ceux qui l’aiment, de ceux qu’il a appelés selon son plan, » ou dans les mots d’une autre traduction : « Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu. »

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