Dans notre dernière étude, nous avons suivi la première partie de l’histoire de Joseph, appelé aussi Youssouf, l’un des personnages les plus nobles de la Bible et du Coran. Nous avons vu Joseph, à l’âge de 17 ans, vendu comme esclave par ses frères jaloux et emporté en Egypte. Éloigné du père qui l’aimait et qui le croit maintenant mort – déchiré par des bêtes sauvages, Joseph est revendu et devient le serviteur de Potiphar, chef des gardes du roi Pharaon. Compte tenu de son intelligence, son intégrité et la faveur de Dieu, Joseph prospère dans la maison de son maître, qui lui fait une confiance totale et fait de lui le gérant de toutes ses affaires. Mais lorsque Joseph refuse les propositions sexuelles de la femme de Potiphar, celle-ci l’accuse faussement d’avoir voulu la violer. Son mari furieux fit donc enfermer Joseph dans la prison où étaient détenus les prisonniers du roi. Le jeune homme subit donc une grave injustice pour avoir voulu garder un comportement honorable vis-à-vis de son maître et de son Dieu. Mais malgré les malheurs du moment, il n’est pas abandonné. Au contraire, Dieu veille sur lui et réalise petit à petit un grand projet dont Joseph ne pouvait soupçonner l’importance. Nous reprenons donc la lecture du récit à partir de Genèse 39.20 :
Joseph en prison
« Joseph se retrouva donc en prison. Pourtant, là aussi, le Seigneur fut avec lui et lui montra sa bonté en lui obtenant la faveur du commandant de la forteresse. Celui-ci confia à Joseph la responsabilité de tous les autres prisonniers. C’était lui qui devait diriger tous les travaux effectués par les détenus. Le commandant ne s’occupait plus de ce qu’il lui avait confié, parce que le Seigneur était avec Joseph et faisait réussir tout ce qu’il entreprenait…
Une nuit, l’échanson et le boulanger du roi d’Égypte firent tous deux un rêve dans leur prison. Chacun de ces rêves avait son propre sens. Le matin, quand Joseph vint les voir, il les trouva d’humeur sombre. Il leur demanda : “Pourquoi avez-vous l’air si triste aujourd’hui ?” – “Chacun de nous a fait un rêve, répondirent-ils, et il n’y a personne ici pour nous en donner l’explication.” – “Dieu peut vous la donner, déclara Joseph. Racontez-moi donc ce que vous avez rêvé.”
Le chef des échansons raconta son rêve : “Dans mon rêve, dit-il, il y avait un plant de vigne devant moi. Ce plant portait trois branches. Dès qu’il eut bourgeonné, il se couvrit de fleurs, puis de grappes mûres. J’avais en main la coupe du Pharaon. Je cueillis alors des raisins, j’en pressai le jus dans la coupe et je la lui tendis.” – “Voici ce que signifie ton rêve, dit Joseph : Les trois rameaux représentent trois jours. Dans trois jours, le Pharaon t’offrira une haute situation : il te rétablira dans tes fonctions. Tu pourras de nouveau lui tendre la coupe, comme tu le faisais précédemment. Essaie de ne pas m’oublier, quand tout ira bien pour toi ; sois assez bon pour parler de moi au Pharaon et me faire sortir de cette prison. J’ai été amené de force du pays des Hébreux, et ici je n’ai rien fait qui mérite la prison.” » (Genèse 39.21b-40.15)
Quand le boulanger du roi vit que l’interprétation du rêve de l’autre était favorable, il a expliqué son rêve à lui. Joseph lui donna l’explication, mais elle n’était pas heureuse. Le boulanger serait pendu à un arbre et les oiseaux mangeraient sa chair. Trois jours plus tard, comme Joseph l’avait dit, Pharaon rétablit l’échanson dans ses fonctions, mais il fit pendre le boulanger. Pourtant, le chef des échansons oublia Joseph et ne parla pas de son cas au Pharaon.
Joseph libéré et élevé en dignité
Deux ans plus tard, le Pharaon lui-même fit un rêve, où il vit sortir du fleuve sept belles vaches bien grasses. Elles furent suivies de sept vaches maigres qui les dévorèrent. Pourtant on ne l’aurait pas cru, à les voir aussi maigres qu’auparavant. Ensuite il fit un autre rêve qui ressemblait au premier. Cette fois-ci Pharaon vit sept beaux épis de blé qui poussaient sur la même tige. Ensuite poussèrent sept autres épis, tout rabougris et desséchés par le vent du désert. Les épis rabougris engloutirent les épis beaux et bien remplis.
Dès qu’il fit jour le Pharaon tout inquiet fit appeler tous les magiciens et les sages d’Égypte. Il leur raconta ses rêves, mais personne ne put lui dire ce qu’ils signifièrent. C’est alors que l’échanson se souvint de Joseph, qui avait interprété son rêve quand il était en prison, et il en parla au roi.
« Le Pharaon donna l’ordre d’aller chercher Joseph. On courut donc le tirer de sa prison, on le rasa, puis il changea de vêtements et vint se présenter devant le roi. Celui-ci lui dit : “J’ai fait des rêves, et personne n’a pu m’indiquer ce qu’ils signifient. Mais j’ai entendu que tu es capable d’expliquer les rêves qu’on te raconte.” – “Ce n’est pas moi, c’est Dieu qui peut t’en donner une explication satisfaisante”, répondit Joseph. »
Après avoir écouté Pharaon raconter ce qu’il avait vu dans ses rêves, Joseph lui dit :
« “Vos deux rêves ont le même sens. Dieu vous avertit ainsi de ce qu’il va faire. Les sept belles vaches et les sept beaux épis représentent sept années… Les sept autres vaches, chétives et affreuses, et les sept épis vides, desséchés par le vent, représentent aussi sept années, mais des années de famine… Ces sept prochaines années seront des années de grande abondance dans toute l’Égypte. Ensuite, il y aura sept années de famine, qui feront perdre tout souvenir de l’abondance précédente… Maintenant donc, Majesté, cherchez un homme intelligent et sage, et donnez-lui autorité sur l’Égypte. Nommez aussi des commissaires chargés de prélever un cinquième des récoltes du pays pendant les sept années d’abondance. Qu’ils accumulent des vivres pendant les bonnes années qui viennent, qu’ils emmagasinent sous votre contrôle du blé dans les villes, pour en faire des réserves. L’Égypte aura ainsi un stock de vivres pour les sept années de famine, et le pays échappera au désastre.”
La proposition de Joseph parut judicieuse au Pharaon et à ses ministres, et le Pharaon leur dit : “Cet homme est rempli de l’Esprit de Dieu. Pourrions-nous trouver quelqu’un de plus compétent que lui ?” Puis il dit à Joseph : “Puisque Dieu t’a révélé tout cela, personne ne peut être aussi intelligent et sage que toi. Tu seras donc l’administrateur de mon royaume…” Le Pharaon retira de son doigt l’anneau royal et le passa au doigt de Joseph ; il le fit habiller de fins vêtements de lin et lui passa un collier d’or autour du cou. Il le fit monter sur le char réservé à son plus proche collaborateur, et les coureurs qui le précédaient criaient : “Laissez passer !”…
Joseph avait trente ans lorsqu’il fut amené devant le Pharaon, roi d’Égypte.
Joseph quitta le Pharaon et se mit à parcourir l’Égypte. Pendant les sept années d’abondance, la terre produisit des récoltes exceptionnelles. »
Joseph accumula des réserves de vivres partout dans le pays, de si grandes quantités « qu’il devint impossible d’en tenir le compte ».
« [Au bout des] sept années… commença la famine, comme Joseph l’avait annoncé… Quand les Égyptiens commencèrent à souffrir de la faim, ils réclamèrent au Pharaon de quoi manger. Celui-ci répondit à l’ensemble de la population : “Adressez-vous à Joseph et faites ce qu’il vous dira.”… Joseph fit alors ouvrir les entrepôts et vendre du blé aux Égyptiens… On y venait aussi de tous les pays pour acheter du blé à Joseph, car la famine sévissait durement partout. » (Genèse 41.1-57)
Joseph réuni avec sa famille
Voilà donc ce qui sera l’occasion de la réunification de Joseph avec sa famille. La famine pesait, en effet, sur le pays de Canaan, où se trouvaient son père et ses frères. Lorsque Jacob apprit qu’il y avait de la nourriture en Égypte, il y envoya ses dix premiers fils pour en acheter. Il ne voulut pas risquer la vie de son dernier fils, Benjamin (ou Benyamin chez les musulmans), et ne permit pas que ce dernier parte avec ses frères.
Quand les dix frères se présentèrent pour acheter du blé, Joseph était sur les lieux et les reconnut. Il est évident, par contre, que Joseph aurait changé plus que ses frères : il était encore adolescent quand il fut vendu, or qu’il avait maintenant au moins 37 ans ; il s’habillait et se rasait à la manière des Égyptiens, il leur parla en langue égyptienne, et bien sûr, il occupait une position d’autorité totalement inattendue. Quand ils viennent se prosterner devant lui, le visage contre terre, Joseph se souvient des rêves qu’il a faits à leur sujet, mais il ne se fait pas connaître ; au contraire, il va se servir de la situation pour les mettre d’abord à l’épreuve et voir s’ils ont le cœur aussi dur qu’auparavant. Le temps ne nous permettra pas de raconter aujourd’hui cette partie intéressante de l’histoire de Joseph ; nous en ferons donc le sujet de notre prochaine étude. Mais avant de terminer celle-ci, faisons ressortir certaines idées concernant un élément de l’histoire de Joseph que nous avons vu à plusieurs reprises aujourd’hui : il s’agit des rêves.
La question des songes
L’histoire de Joseph comporte trois paire de songes : les deux songes où Joseph vit d’abord des gerbes de blé et ensuite le soleil, la lune et onze étoiles se prosterner devant lui ; puis les deux songes que Joseph interpréta en prison – ceux de l’échanson et du boulanger de Pharaon ; et finalement les deux songes de Pharaon, où il vit sept vaches grasses dévorées par sept vaches maigres, et sept épis bien remplis qui furent engloutis par sept épis desséchés. Joseph dit clairement au Pharaon que c’était Dieu qui lui révélait par ses rêves ce qui allait se produire. Pour ce qui est des rêves de Joseph, ses frères avaient pensé empêcher que ces rêves puissent se réaliser quand ils l’ont vendu comme esclave, mais ces songes étaient en fait des prophéties divines. C’est encore Dieu qui était à l’origine des ces rêves.
Mais que dire des rêves que nous faisons, vous et moi ? Faut-il y attacher vraiment de l’importance ? Il est bien de constater premièrement que même aux temps d’Abraham, Moïse, David, Salomon, ou Jésus, la plupart des songes n’étaient pas inspirés de Dieu. L’Ancien Testament nous dit en Ecclésiaste 5.2 : « Les songes naissent de la multitude des occupations », c’était-à-dire des soucis. Quand nous avons des soucis, quand nous sommes préoccupés pendant la journée, nous continuons très souvent à penser à ces mêmes choses dans notre sommeil. Seulement, ces pensées prennent d’autres formes dans nos songes. Ce ne sont pas des messages de la part de Dieu.
Deuxièmement, on peut supposer que si Dieu ou ses anges ont la possibilité de communiquer avec l’homme dans son sommeil, les mauvais êtres spirituels, c’est-à-dire Satan et ses démons, pourraient avoir la même possibilité. Mais Satan et ses alliés sont des menteurs, et il ne faudrait pas écouter ce qu’ils disent. Plusieurs passages de la Bible parlent de songes « mensongers » et nous conseillent de garder une certaine méfiance à l’égard de nos propres rêves, et à plus forte raison à l’égard des rêves que d’autres personnes prétendent avoir faits. Par exemple, Dieu dit en Jérémie 14.14 : « C’est le mensonge que prophétisent en mon nom les prophètes ; je ne les ai point envoyés, je ne leur ai point donné d’ordre, Je ne leur ai point parlé ; ce sont des visions mensongères, de vaines prédictions, des tromperies de leur cœur, qu’ils vous prophétisent. »
Enfin, sachons que tout songe auquel on veut attacher une importance spirituelle doit être soumis au test de l’Écriture. Si un songe n’est pas en harmonie avec la vérité et la volonté de Dieu, telles qu’elles sont révélées dans la Bible, il faut le rejeter. Considérez l’avertissement de Paul contenu en Galates 1.8 : « Quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit maudit ! » Qu’un tel ange se présente à vous en personne ou en rêve, peu importe : du moment où ses paroles s’écartent de l’Évangile de Jésus, « l’Injil » auquel se réfère souvent Mohamed dans le Coran, il ne faut pas écouter cet ange.
Il reste encore une partie très intéressante de l’histoire de Joseph que nous n’avons pas encore vue. Continuez donc votre lecture pour connaître le reste du récit de Joseph.