En étudiant les personnages de la Bible qui sont mentionnés dans le Coran, nous les avons abordés pour la plupart dans l’ordre chronologique. Nos deux dernières études se portèrent sur le roi Salomon. Parmi les personnages cités dans le Coran, ceux qui viennent ensuite seraient donc les prophètes Élie, appelé parfois Ilyas parmi les musulmans, et son élève et successeur, Élisée, que les musulmans connaissent également sous le nom d’Al-Yasa. Pour mieux comprendre l’histoire de ces deux hommes, il est utile de savoir ce qui s’est passé après le règne de Salomon.
La division du royaume
Comme nous l’avons vu dans notre dernière étude, Salomon s’est laissé détourner de Dieu par les nombreuses femmes païennes qu’il avait épousées. À cause de son infidélité, Dieu lui dit :
« Je vais t’arracher la royauté et la donner à l’un de tes sujets. Toutefois, à cause de ton père David, je n’accomplirai pas cette menace durant ta vie : j’arracherai la royauté à ton fils ; d’ailleurs, je ne lui arracherai pas tout le royaume, mais je lui laisserai une tribu, à cause de mon serviteur David et à cause de Jérusalem, la ville que j’ai choisie. » (1 Rois 11.12-13)
Après la mort de Salomon, son fils Roboam devait le succéder. Mais avant de le proclamer roi, le peuple lui dit : « Ton père nous a imposé un joug très pesant. Nous te serons soumis à condition que tu nous allèges maintenant la lourde servitude et ce joug pesant que ton père nous a imposé » (1 Rois 12.4, Version Semeur). Évidemment Salomon, pour financer ses nombreux et grandioses projets de construction et la vie luxueuse de sa cour royale, avait fait payer à la population des impôts très élevés. Avant de répondre au peuple, Roboam demanda conseil aux anciens, ceux qui avaient entouré son père Salomon. Les hommes âgés reconnurent le bien-fondé de la doléance du peuple et lui conseillèrent de les écouter et de réduire leur fardeau. Mais Roboam demanda ensuite l’avis des jeunes qui avaient grandi avec lui. Ils lui conseillèrent de répondre durement au peuple et leur dire qu’au contraire il serait encore plus exigeant que son père. Le nouveau roi a suivi le mauvais conseil de ses jeunes amis.
« Lorsque les Israélites du Nord comprirent que le roi n’acceptait pas leurs revendications, ils déclarèrent : “Nous n’avons rien à faire avec David, nous n’avons rien de commun avec ce fils de Jessé ! Gens d’Israël, retournons chez nous… !” Et ils quittèrent la place. Roboam ne fut plus reconnu comme roi que par les habitants du territoire de Juda. » (1 Rois 12.16-17)
Les habitants des dix tribus du nord du territoire choisirent comme roi un serviteur de Salomon qui s’était rebellé contre lui, un homme du nom de Jéroboam.
Le royaume du nord se donne à l’idolâtrie
L’Éternel Dieu était prêt à bénir le règne de Jéroboam sur les tribus du nord, mais ce dernier ne faisait pas confiance à Dieu.
« Jéroboam se dit en lui-même : “Dans les circonstances présentes, les gens de mon royaume risquent de retourner à la famille de David. En effet, s’ils doivent aller à Jérusalem pour offrir des sacrifices dans le temple du Seigneur, leur cœur va s’attacher à leur ancien maître Roboam, roi de Juda ; alors ils me tueront et se soumettront à Roboam.” Le roi chercha donc une idée ; puis il fit fabriquer deux veaux en or, et il dit au peuple : “Vous êtes allés assez souvent à Jérusalem. Voyez, gens d’Israël, il est ici, votre Dieu qui vous a fait sortir d’Égypte.” Jéroboam fit dresser l’une des statues d’or à Béthel et l’autre à Dan. Il poussa ainsi les gens à pécher… il désigna comme prêtres des gens du peuple, qui ne faisaient pas partie de la tribu sacerdotale de Lévi. Il fixa une fête le quinzième jour du huitième mois, fête semblable à celle qui se déroulait en Juda. » (1 Rois 12.26-32)
Jéroboam institua ainsi une religion qui n’était qu’une contrefaçon de celle que Dieu avait révélée à son peuple. On prétendait adorer le même Dieu, celui qui avait fait sortir les Israélites de leur esclavage en Égypte, mais on ne respectait pas ses ordonnances : Dieu avait défendu de le représenter par des images, mais Jéroboam dressa des statues en forme de veaux. Dieu avait choisi Jérusalem comme le lieu pour son sanctuaire, mais Jéroboam a substitué les villes de Béthel et de Dan. Dieu avait commandé d’observer des fêtes au septième mois de l’année, mais Jéroboam les a déplacées au huitième mois. Dieu avait désigné les hommes de la tribu de Lévi pour servir au temple et les descendants d’Aaron pour être les sacrificateurs, mais Jéroboam permettait à quiconque se présentait avec un taureau et quelques béliers de devenir prêtre.
Malheureusement, des situations pareilles se présentent de nos jours, aussi. Beaucoup de gens pensent servir Dieu comme chrétiens, mais en fait, ils ont hérité d’une forme de contrefaçon religieuse, car ceux qui les ont précédés ont substitué des enseignements et des pratiques humains à la place de ce que le Seigneur avait autorisé au début de l’Église. Ce n’est qu’en faisant retour à la Bible que l’on peut redécouvrir la vraie foi chrétienne.
Pourquoi tant de miracles ?
C’est dans le contexte de cette apostasie, ou abandon de la vraie foi par les Israélites du Nord, que se place l’histoire d’Élie et d’Élisée, raconté dans la Bible à partir du livre de 1 Rois 17 jusqu’au livre de 2 Rois 9. Ce qui retient beaucoup l’attention du lecteur de la Bible à l’égard des ces deux prophètes, c’est le grand nombre de miracles qu’ils ont accomplis. Sur la parole d’Élie, par exemple, la pluie s’arrêta pendant plus de trois ans et tomba de nouveau quand il l’annonça. La farine et l’huile d’une veuve se reproduisirent en quelque sorte pour nourrir la femme, son enfant et aussi le prophète jusqu’à la fin de la famine provoquée par la sécheresse. Élie ramena à la vie un enfant qui était mort. Il fit tomber le feu du ciel, il prédit l’avenir, et il fut même enlevé au ciel sans passer par la mort. Quant à Élisée, ses miracles étaient encore plus nombreux : il partagea les eaux du Jourdain pour le traverser à pied sec, il purifia des eaux amères, il ressuscita un enfant décédé, il multiplia de la nourriture pour nourrir une foule de personnes, il guérit un lépreux, il frappa une armée de cécité, et j’en passe.
Quand on y réfléchit, il y a seulement deux autres périodes d’histoire dans la Bible où l’on voit une si grande concentration d’événements miraculeux : ce sont la vie de Moïse, et le temps de Jésus et de ses apôtres. Ce n’est pas pour dire que la Bible ne parle pas de miracles en dehors de ces trois périodes, mais ils sont nettement plus rares. Y a-t-il un trait que ces trois moments d’histoire ont en commun qui puisse expliquer le grand nombre de prodiges opérés par ces serviteurs de Dieu ? En fait, oui.
Quant à Moïse et Jésus, nous voyons facilement une raison qui explique le grand nombre de signes qu’ils accomplirent : tous les deux prétendaient transmettre de la part de Dieu tout un ensemble de révélations. Ils étaient porte-parole de Dieu d’une manière particulière. À travers Moïse, Dieu inaugura ce que nous appelons l’ancienne alliance. Il révéla l’histoire de la création du monde et les origines du peuple juif, et il transmit à ce peuple toutes les lois qui devaient le gouverner. Cette révélation que Dieu fit à Moïse fut la base de ses relations avec son peuple pendant quinze siècles. Il était absolument nécessaire que les hommes puissent être sûrs que Dieu avait réellement parlé à Moïse. Après tout, n’importe qui peut prétendre recevoir un message de la part de Dieu. Des gens le font tous les jours. Mais Dieu a fourni des preuves incontournables qu’il avait choisi Moïse pour s’adresser à son nom au peuple qu’il avait choisi.
Jésus a aussi fait un grand nombre de miracles étonnants, et les premiers chrétiens n’ont pas manqué de faire appel, dans leur prédication, à ces signes miraculeux qui étaient bien connus et indéniables. L’apôtre Pierre dit à la foule qui l’écoutait le jour de la Pentecôte : « Jésus de Nazareth était un homme dont Dieu vous a montré l’autorité, car Dieu a accompli par lui toutes sortes de miracles et de prodiges au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes » (Actes 2.22). Quand il prêchait chez le centenier romain du nom de Corneille, Pierre dit :
« Vous savez ce qui est arrivé d’abord en Galilée, puis dans toute la Judée, après que Jean a prêché et baptisé. Vous savez comment Dieu a répandu la puissance du Saint-Esprit sur Jésus de Nazareth. Vous savez aussi comment Jésus a parcouru le pays en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui. » (Actes 10.37,38)
L’apôtre Jean, dans l’Évangile qui porte son nom, a décrit plusieurs miracles de Jésus. Puis, vers la fin de son livre, il dit : « Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d’autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez… » (Jean 20.30,31). Le même principe s’applique aux miracles réalisés par les apôtres de Jésus après sa mort et sa résurrection. L’auteur de l’Épître aux Hébreux dit : « Comment échapperons-nous en négligeant un si grand salut, qui, annoncé d’abord par le Seigneur [Jésus], nous a été confirmé par ceux qui l’ont entendu, Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, et divers miracles, et par les dons du Saint-Esprit distribués selon sa volonté » (Hébreux 2.3,4). Pourquoi tant de miracles ? Nous avons répondu à la question pour le cas de Moïse. Et pour Jésus et ses apôtres ? Ce qu’il faut comprendre, c’est que le ministère, la mort et la résurrection de Jésus marquent un tournant dans les relations que Dieu entretient avec les hommes.
Dans son sermon sur la montagne Jésus dit que la moindre partie de la loi de Moïse ne disparaîtrait pas jusqu’à ce que tout soit accompli. Or, en disant cela, Jésus affirme que la loi disparaîtrait, dans le sens où il ne serait plus en vigueur. En effet, tout au long des Évangiles il est écrit que telle ou telle chose eut lieu « afin que s’accomplît ce qui avait été annoncé par les prophètes ». En Jean 19.30 nous voyons les derniers mots de Jésus avant de mourir sur la croix : « Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l’esprit. » Quand Jésus est revenu à la vie, il essaya de faire comprendre à ses disciples la nécessité de ses souffrances et de sa mort. « Puis, il leur dit : C’est là ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous, qu’il fallait que s’accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes » (Luc 24.44). Rien ne devait disparaître de la loi jusqu’à ce que tout soit accompli. Avec la mort de Christ, tout a été accompli. Par sa mort une nouvelle alliance fut inaugurée (Hébreux 9.16-22). Mais pour que les hommes soient sûrs que tout cela était de Dieu, les miracles (surtout la résurrection du Christ) et les prophéties accomplies ont fourni une confirmation dramatique. Et plusieurs passages nous assurent que cette révélation de Dieu est finale et n’aura jamais besoin d’être remplacée ou complétée (Galates 1.8,9; 2 Corinthiens 3.11; Hébreux 10.9,10; Jude 3).
Revenons enfin au cas d’Élie et Élisée. Comme nous l’avons dit, la situation à leur époque était spéciale à cause de ce que les rois d’Israël du Nord avaient fait pour changer la religion que Dieu avait révélée. Les vrais prêtres et les Lévites abandonnèrent leurs propriétés dans les tribus du nord et se rendirent au royaume de Juda afin de servir Dieu dans la fidélité (2 Chroniques 11.13,14). Il n’y avait donc personne pour enseigner la vraie parole de Dieu aux Israélites du nord, et la génération d’Élie et Élisée ignorait beaucoup de ce que les saintes Écritures enseignaient. Ils étaient coupés de la révélation de Dieu. Élie et Élisée devaient sans douter retransmettre la volonté de Dieu à ce peuple qu’on avait privé de la vérité. Les miracles qu’ils accomplirent servaient à prouver clairement qu’ils parlaient pour le vrai Dieu d’Israël.