La vie d’Issa, al-Masih

8. Jésus chasse les vendeurs du temple

Notre dernière étude s’est portée sur le premier miracle de Jésus. Il avait été invité à un festin de mariage, où les provisions ont manqué. Comme nous l’avons vu, Jésus a changé de l’eau en vin, ou jus de raisin pour tirer les mariés de l’embarras. Mais il l’a fait de manière discrète, en sorte que seuls ses disciples et les quelques serviteurs qui avaient puisé l’eau soient au courant du miracle. Considérons maintenant un acte beaucoup plus public que Jésus a posé par la suite, non pas en Galilée, au nord de la Palestine, mais à Jérusalem, en Judée. C’est un acte qui a étonné les chefs du peuple juif, et qui surprend beaucoup d’hommes même aujourd’hui qui se font de fausses idées concernant le caractère de Jésus de Nazareth.

Après le miracle à Cana, Jésus, selon Jean 2.12,13, est allé avec sa mère, ses disciples et ses frères, à Capernaüm, à 32 km. de Cana. (Oui, contrairement à ce que certains disent, Jésus avait des frères, ou plutôt demi-frères − les autres fils de Marie, ceux dont Joseph était le père.) Après un bref séjour il se rendit à Jérusalem pour la fête de Pâque. Cette fête, qui n’a rien à voir avec la fête des Pâques observée de nos jours par beaucoup de catholiques et de protestants, était l’une des trois grandes fêtes juives (Deutéronome 16.16). Du temps du Nouveau Testament, l’expression désignait non seulement le repas de la Pâque en mémoire de la délivrance des Israélites en Égypte au temps de Moïse, mais aussi les sept jours de la fête des pains sans levain qui suivaient directement le jour de la Pâque.

« La Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem. Il trouva dans le temple les vendeurs de bœufs, de brebis et de pigeons, et les changeurs assis. Ayant fait un fouet avec des cordes, il les chassa tous du temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il dispersa la monnaie des changeurs, et renversa les tables ; et il dit aux vendeurs de pigeons : Ôtez cela d’ici, ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. Ses disciples se souvinrent qu’il est écrit : “Le zèle de ta maison me dévore.” » (Jean 2.13-17)

Jean raconte ici comment Jésus chassa les vendeurs du temple de Jérusalem. Tandis que Jean situe cet événement vers le début du ministère de Jésus, les Évangiles de Matthieu, Marc et Luc parlent d’une purification du temple lors de la visite de Jésus à Jérusalem juste avant sa mort (la seule visite à Jérusalem décrite dans ces trois Évangiles). L’explication la plus simple et que Jean décrit ici une première purification du temple que les autres n’ont pas mentionnée, tout comme Jean décrit des visites précédentes à Jérusalem que les autres n’ont pas mentionnées. Les autorités religieuses, n’étant pas d’accord avec l’acte de Jésus vers le début de son ministère, avaient permis aux vendeurs de se réinstaller. Trois ans plus tard Jésus les chassa de nouveau.

Pourquoi la colère de Jésus ?

Mais pourquoi Jésus se mit-il en colère et chassa-t-il les vendeurs et les changeurs d’argent ? En fait, la Bible ne dit pas que Jésus était en colère, mais on le suppose compte tenu du fait qu’il renversait des tables, chassait les animaux avec un fouet et ordonnait aux vendeurs de quitter les lieux. S’il était en colère, est-ce que cela serait un péché? En fait, la Bible n’enseigne pas que la simple émotion de la colère constitue un péché. En Éphésiens 4.26 la colère et le péché sont associés, mais ils ne sont pas une même chose : « Si vous vous mettez en colère, ne péchez point ; que le soleil ne se couche pas sur votre colère. » Si je ne la maîtrise pas, la colère peut facilement me conduire à mal agir. Jacques 1.20 dit : « La colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. » La colère elle-même devient un péché quand elle prend la forme d’une rancune qu’on ne veut pas laisser − raison pour laquelle Paul nous dit de ne pas laisser le soleil se coucher sur notre colère. La colère peut aussi être un péché quand il n’est pas justifié − quand on se met vite en colère tandis qu’aucune offense n’a été voulue et aucun acte d’injustice posé. C’est dans ce sens que Jacques 1.19 dit que l’on doit être « lent à se mettre en colère, » et Jésus dit en Matthieu 5.22 que « celui qui se met en colère contre son frère mérite d’être puni par les juges ».

Que faut-il dire donc de la réaction de Jésus en ce qui concerne les vendeurs au temple ? D’abord, il n’a pas réagi sans réflexion, emporté par l’effet de l’émotion. En Marc 11.11 nous lisons : « Jésus entra à Jérusalem, dans le temple. Quand il eut tout considéré, comme il était tard, il s’en alla à Béthanie avec les douze. » Les versets 12 et 15 nous informent que c’était le lendemain quand Jésus est revenu à Jérusalem et qu’il s’est mis à chasser les hommes et les animaux du lieu.

Mais avait-il raison de se fâcher ? Que faisait-on de mal, au juste ? Premièrement, ce commerce, qui avait lieu dans la cour des Gentils, la seule partie du temple à laquelle les non-Juifs avaient accès, créait une ambiance où le respect, la méditation et la prière auraient été pratiquement impossibles. Or comme l’Évangile de Marc le précise, Jésus cita les paroles de l’Éternel en Ésaïe 56.7 : « Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations. » L’activité des vendeurs était un obstacle pour des hommes sincères qui voulaient adorer Dieu.

En plus, Jésus accusa les gens d’avoir transformé le temple en caverne de voleurs. Les activités des vendeurs et des changeurs auraient été utiles et acceptables, en dehors de la cour du temple, si ces gens n’exploitaient pas les autres. Des Juifs venaient à Jérusalem de partout dans le monde, parcourant de très grandes distances. Il leur aurait été très difficile de transporter sur toutes ces distances des animaux à sacrifier. Ils vendaient donc des animaux chez eux ou procuraient autrement de l’argent en espèces afin de payer des victimes à Jérusalem. Or, ces bêtes qu’on vendait au temple étaient parfois vendues à 20 fois le prix normal. Imaginez que vous aviez vendu votre bouc chez vous pour 20.000 francs, et qu’on vous exige 400.000 francs à votre arrivée pour payer un autre ! Même les gens qui venaient de la région autour de Jérusalem tombaient dans le piège de ces commerçants malhonnêtes. En effet, la loi demandait que les animaux qu’on offrait à Dieu soient « sans défaut » − il ne fallait pas lui sacrifier une bête malade ou aveugle ou boiteuse. On avait donc établi des inspecteurs dans le temple qui approuvaient ou rejetaient les animaux qu’on apportait. Mais les commerçants faisaient combine avec les inspecteurs. Si l’on venait avec ses propres animaux à sacrifier, les inspecteurs les disqualifiaient d’office. On était donc obligé de payer les prix exagérés des vendeurs agréés. Pour ce qui concerne les changeurs d’argent, la situation était pareille. Chaque homme juif devait payer chaque année une pièce de monnaie appelée un demi-sicle pour financer les activités quotidiennes au temple. Ceux qui venaient d’ailleurs avaient sur eux de l’argent étranger, comme, par exemple, les pièces romaines, qui portaient l’image de l’empereur. Ces monnaies étaient acceptées en Palestine pour du commerce normal, mais elles étaient considérées comme souillées et inacceptables pour le trésor de l’Éternel. Les changeurs d’argent établis dans le temple escroquaient les adorateurs et leur faisaient payer des charges excessives pour acheter des sicles agréés par les autorités religieuses.

Au vu de toute cette corruption pratiquée au nom de la religion et souillant le temple du Dieu Très-Haut, on comprend la réaction de Jésus. C’était une grosse injustice, une impiété à outrance, et Jésus avait tout à fait raison de se révolter. Il n’était pas personnellement victime, mais il ne supportait pas de voir cette moquerie de Dieu et cette exploitation de ses adorateurs. Après réflexion, motivé par son amour pour Dieu et l’honneur de sa maison, Jésus, à lui seul, a purifié le temple.

Son droit d’agir

Comme vous pouvez l’imaginer, les chefs des Juifs furent étonnés de l’audace de Jésus. Pour qui se prenait-il ? Ils voulaient des preuves (sous-entendu miraculeuses) que Jésus avait l’autorité d’agir ainsi. C’était à leurs yeux un simple charpentier devenu prédicateur ambulant. C’était à eux de superviser le temple.

« Les Juifs, prenant la parole, lui dirent : Quel miracle fais-tu, pour agir de la sorte ? Jésus leur répondit : Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai. Les Juifs dirent : Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, en trois jours tu le relèveras ! Mais il parlait du temple de son corps. C’est pourquoi, lorsqu’il fut ressuscité des morts, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite. » (Jean 2.18-22)

En des circonstances pareilles, Jésus avait dit à d’autres interlocuteurs que seul « le signe de Jonas » leur serait donné (Matthieu. 12.38-40; 16.1-4). Il parlait de sa résurrection. Le prophète Jonas avait été avalé par un gros poisson et passa trois jours dans son ventre avant d’être vomi sur la plage. Jésus passerait trois jours dans le tombeau avant d’en sortir vainqueur de la mort. En disant ici « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai », Jésus donnait essentiellement la même réponse. Il ne parlait pas de l’édifice impressionnant que le roi Hérode avait commencé à rénover et agrandir 46 ans auparavant. Il parlait de son corps. Les Juifs détruiraient son corps en le faisant mourir sur une croix. Mais Jésus reviendrait à la vie, son corps ressuscité et glorifié. Sa résurrection serait la preuve définitive et incontournable de son identité et son autorité d’agir de la manière qu’il a fait dans la cour du temple ce jour-là.

Conclusion

Jésus a dit une fois qu’il était doux et humble de cœur. De nombreux récits dans les Évangiles nous font voir sa grande compassion pour ceux qui souffraient. Il enseignait et il démontrait le pardon. Il était très patient avec ses disciples, bien que ces derniers soient souvent très lents à comprendre. Mais ne pensons pas que Jésus n’est que douceur. Il ressent de la colère devant le péché et surtout la dureté de cœur. Sa colère est juste. Et il a le droit d’agir selon cette colère juste. Pour ce qui concerne les vendeurs au temple et les changeurs d’argent, il les a chassés, mais il ne les a pas vraiment châtiés.

Un jour, Jésus reviendra. On verra une fois de plus sa bonté et sa colère, la richesse de son amour et la sévérité de son jugement. Selon 2 Thessaloniciens 1.7,8, il donnera aux siens « du repos avec nous, lorsque le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance, au milieu d’une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus ». Aurez-vous en ce jour-là du repos ? Avez-vous obéi à l’Évangile par la foi en Christ, la repentance du péché, la confession de votre foi devant les hommes, et l’immersion dans l’eau au nom de Jésus pour le pardon de vos péchés ? Ou bien, connaîtrez-vous en ce jour sa colère ? Tout dépend de vous.

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