La vie d’Issa, al-Masih

7. Le miracle aux noces de Cana

Aujourd’hui nous examinons une épisode dans La vie de Jésus qui a eu lieu au début de son ministère, après son baptême et sa tentation au désert. Ce passage de la Bible est, bien sûr, important. Mais en même temps il est souvent mal compris parce qu’il y a une tendance à voir dans le texte ce qui ne s’y trouve pas. On va bien au-delà de ce qui est écrit, et cela est toujours dangereux. Il s’agit du récit du miracle que Jésus a fait aux noces de Cana, en Galilée, qui nous est conservé dans l’Évangile de Jean 2.1-11. Écoutez la parole de Dieu :

« Trois jours après, il y eut des noces à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là, et Jésus fut aussi invité aux noces avec ses disciples. Le vin ayant manqué, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont plus de vin. Jésus lui répondit : Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n’est pas encore venue. Sa mère dit aux serviteurs : Faites ce qu’il vous dira. Or, il y avait là six vases de pierre, destinés aux purifications des Juifs, et contenant chacun deux ou trois mesures. Jésus leur dit : Remplissez d’eau ces vases. Et ils les remplirent jusqu’au bord. Puisez maintenant, leur dit-il, et portez-en à l’ordonnateur du repas. Et ils en portèrent. Quand l’ordonnateur du repas eut goûté l’eau changée en vin, – ne sachant d’où venait ce vin, tandis que les serviteurs qui avaient puisé l’eau le savaient bien, – il appela l’époux, et lui dit : Tout homme sert d’abord le bon vin, puis le moins bon après qu’on a bien bu ; toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent. Tel fut, à Cana en Galilée, le premier des miracles que fit Jésus. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. »

Des leçons qu’on peut en tirer :

Plusieurs leçons ont été tirées de cette histoire. Par exemple, le fait que Jésus a accepté une invitation à un festin de mariage suggère que le Seigneur approuvait le mariage. Il ne voyait rien de condamnable dans le fait de se marier. Rester célibataire n’est pas forcément plus saint que se marier

Dans cette histoire on voit aussi la compassion de Jésus. Le couple qui se mariait tenait sûrement beaucoup à la réussite du festin. C’était la sorte de célébration qu’on faisait une seule fois dans la vie. Manquer de provisions avant la fin aurait été pour ce couple un sujet de grande honte devant tous ses amis ; leur joie aurait été changée en désolation. Jésus a eu pitié de leur sort ; en leur fournissant du vin, il les a sauvés du mépris de tout le village et ses alentours.

On peut aussi souligner que lorsque Jésus faisait quelque chose, il le faisait bien. Le vin qu’il a fait par ce miracle était le meilleur vin qu’on avait bu. Comme la foule a témoigné au sujet de Jésus lors d’un autre miracle : « Il fait tout à merveille » (Marc 7.37).

Deux leçons qu’on ne peut pas en tirer :

Une leçon qu’on ne doit pas tirer de cette histoire est que Jésus approuvait la consommation des boissons alcoolisées. Le passage n’enseigne pas cela.

1. Quand nous employons le mot « vin » en français aujourd’hui, nous pensons à une boisson qui contient de l’alcool. Mais dans notre Nouveau Testament, qui a été écrit en grec, le mot « vin » est employé pour traduire un mot grec (oinos) qui avait un sens plus large. Il signifiait le jus du raisin, quelle que soit sa forme. C’est-à-dire, le mot était employé pour parler du jus quand il était encore dans le fruit, quand on venait le presser, quand il était fermenté, ou quand il était bouilli pour qu’il ne devienne pas fermenté.

2. On pense souvent que dans l’ancien temps on n’avait pas les moyens techniques pour conserver le jus sans qu’il se mette à fermenter. Donc on n’aurait pas eu la possibilité de boire du jus de raisin non-fermenté, sauf au temps de la vendange. En réalité, la littérature du temps de Jésus montre clairement qu’on avait des méthodes pour conserver le jus non-fermenté, une boisson bien sucrée. Ceci est vrai pour les Juifs aussi bien que pour les non-juifs. Pour parler de ces boissons sucrées, on employait le même mot, oinos, ou vin.

3. Ces vins non-fermentés, sans alcool, étaient très appréciés à l’époque. On considérait que leur goût et leur qualité dépassaient ceux des vins fermentés.

4. Le rabbin S.M. Isaacs de New York, a dit ceci :

« Dans la terre sainte on n’emploie pas communément les vins fermentés. Les meilleurs vins sont conservés sucrés et non-fermentés… Les Juifs n’emploient jamais, dans leurs festins sacrés, y compris dans le festin des noces, le mariage, des boissons alcoolisées quelconques. Dans leurs libations ils emploient le fruit de la vigne, c’est-à-dire des raisins frais – le jus de raisin non-fermenté, et des raisins, comme symbole de bénédiction… la fermentation est toujours pour eux un symbole de corruption, de décomposition. »

Je vous demande donc d’enlever de votre esprit dès le départ cette fausse idée que par ce miracle Jésus ait donné son approbation à la boisson alcoolisée. La Bible ne dit pas que Jésus a fait de l’alcool. Les hommes en son temps connaissaient le vin sans alcool, ils le respectaient beaucoup, et c’est probablement ce qui aurait été utilisé à l’occasion d’un mariage – le jus de raisin non-fermenté.

Une autre leçon qu’on ne peut pas tirer de cette histoire est que les hommes peuvent passer par Marie pour obtenir des faveurs de la part de Jésus. Certains font remarquer que dans cette histoire, le couple qui se mariait avait un problème et que c’est Marie qui a porté le problème devant son Fils, qui n’a pas pu lui refuser ce qu’elle demandait. Ils estiment que même aujourd’hui, Marie nous servira de médiatrice. Si nous disons à Marie ce dont nous avons besoin, elle le dira à son Fils Jésus. Puisqu’elle est sa mère, il est sûr de lui accorder la faveur.

Mais avant de décider ce que le passage enseigne, nous avons besoin de l’étudier. Une première chose donc qui nous frappe dans ce texte est la manière dont Jésus s’adresse à Marie. Au lieu de l’appeler « ma mère », il dit : « Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi ? » En français ce serait certainement manquer de respect, surtout envers sa propre mère. L’expression en grec n’était pas impolie, et la littérature grecque en dehors de la Bible contient plusieurs exemples où elle fut employée par des personnes en s’adressant à des femmes qu’elles aimaient bien. Ce n’était quand même pas un terme employé habituellement en parlant à sa mère. Jésus l’utilisait généralement quand il parlait à d’autres femmes, aussi. En Matthieu 15.28 il dit à la femme cananéenne qui demandait la guérison de sa fille : « Femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu veux. » En Jean 4.21 nous voyons Jésus en train de parler avec une femme samaritaine : « Femme, lui dit Jésus, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. » En Jean 8.10,11 nous le voyons en face de la femme qui avait été prise en flagrant délit d’adultère. « Jésus lui dit : Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne t’a-t-il condamnée ? Elle répondit : Non, Seigneur. Et Jésus lui dit : Je ne te condamne pas non plus. Va, et ne pèche plus. » En s’adressant ainsi à sa propre mère Jésus indique peut-être qu’il voulait éliminer l’aspect de mère et fils dans ses relations avec Marie du moment où il entrait dans son ministère public. En appelant sa propre mère « Femme », Jésus ne la traitait pas avec mépris, mais il n’accordait pas plus d’honneur à Marie qu’à d’autres femmes. On a la nette impression qu’au lieu d’accentuer la relation mère et fils, Jésus la minimisait.

La même remarque peut se faire au sujet de deux autres passages. En Marc 3.31-35 nous lisons :

« Survinrent sa mère et ses frères, qui, se tenant dehors, l’envoyèrent appeler. La foule était assise autour de lui, et on lui dit : Voici, ta mère et tes frères sont dehors et te demandent. Et il répondit : qui est ma mère et qui sont mes frères ? Puis, jetant les regards sur ceux qui était assis tout autour de lui : Voici, dit-il, ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, et ma mère. »

La relation que tout croyant peut avoir avec Jésus en vertu de notre obéissance à la Parole de Dieu est plus importante que la relation que la mère et les frères physiques de Jésus pouvaient réclamer en vertu de leur lien charnel avec lui. Ils n’avaient pas de privilèges particuliers ; ils n’avaient pas de priorité en ce qui concerne l’attention de Jésus.

Le seul passage dans la Bible où nous voyons Marie exaltée de quelque manière que ce soit est Luc 11.27-28. Notez bien la réaction de Jésus :

« Tandis que Jésus parlait ainsi, une femme, élevant la voix du milieu de la foule, lui dit : Heureux le sein qui t’a porté ! heureuses les mamelles qui t’ont allaité ! Et Il répondit : Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent. »

Revenons à présent à l’histoire du miracle à Cana, en Galilée, où Jésus a changé l’eau en vin. Dans ce passage nous sommes aussi frappés par la phrase que Jésus adresse à Marie : « Qu’y a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n’est pas venue. » En fait, la phrase « qu’y a-t-il entre moi et toi » servait généralement à repousser une intervention non-voulue. Nous voyons par la suite de l’histoire que Marie ne l’a pas interprétée comme un refus catégorique d’aider dans cette situation, mais on peut considérer que Jésus dit à Marie qu’elle n’a pas à lui dicter quand et comment il exercera son ministère ou emploiera son pouvoir miraculeux. Loin de justifier l’idée de certains qui pensent qu’en s’adressant à Marie on peut obtenir de Jésus ce que l’on veut, nous voyons que Jésus met une certaine distance entre lui et celle qui l’a mis au monde physiquement. Jésus est intervenu pour résoudre le problème comme Marie l’avait apparemment espéré, mais il semble qu’elle a aussi compris le doux reproche que Jésus lui avait adressé. En effet, elle n’a plus cherché à guider Jésus ou lui proposer des œuvres à accomplir jusqu’à la fin de son temps sur la terre. D’autres femmes seront avec lui et l’assisteront de leurs biens (Luc 8.2-3), mais nous ne verrons plus Marie, sauf au pied de la croix. Ayant dit que son heure n’était pas venue de manifester son identité, Jésus fait le miracle de telle manière que seuls les disciples et les serviteurs l’ont su.

Rappelons-nous que d’autres personnes aussi ont obtenu des miracles par leur prière. Qu’on se souvienne, par exemple de la prière de la femme païenne, syrophénicienne de naissance, qui obtint la miraculeuse guérison de sa petite fille, quoique Jésus lui ait dit qu’il était envoyé seulement pour les « enfants d’Israël » (Marc 7.27). Pourtant, ces personnes ne deviennent pas médiatrices de grâces pour nous. Ce qu’elles ont obtenu une fois ne peut pas constituer une règle pour tout le monde et tous les temps. Ce qu’ils ont personnellement accompli pendant qu’ils étaient en vie n’est pas une démonstration qu’ils puissent le faire aussi après leur mort. Au contraire, la Bible nous avertit clairement que Dieu ne veut pas que les hommes s’adressent à ceux qui sont déjà morts, comme Marie est morte. « Si quelqu’un s’adresse aux morts et aux esprits, pour se prostituer après eux, je tournerai ma face contre cet homme, je le retrancherai du milieu de son peuple » (Lévitique 20.6). « Un peuple ne consultera-t-il pas son Dieu ? S’adressera-t-il aux morts en faveur des vivants ? À la loi et au témoignage ! Si l’on ne parle pas ainsi, il n’y aura point d’aurore pour le peuple » (Ésaïe 8.19,20).

La Bible n’enseigne nulle part que les chrétiens peuvent (ou ont besoin de) passer par Marie pour obtenir des faveurs de Jésus. Il est lui-même prêt à nous assister. La Bible dit :

« Ainsi, puisque nous avons un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus…, demeurons fermes dans la foi que nous professons. Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses ; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché. Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, pour être secourus dans nos besoins. » (Hébreux 4.14-16)

Jésus est bien compatissant, et il se tient toujours prêt à secourir ses disciples. Au lieu de fixer notre attention sur Marie, nous ferions mieux de suivre la parole que Marie à dite aux serviteurs ce jour-là à Cana au sujet de Jésus : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »

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