La vie d’Issa, al-Masih

6. La tentation

Immédiatement après son baptême Jésus fut tenté. Il semble que beaucoup de chrétiens aient la même expérience. Peu de temps après s’être engagés dans leur baptême à servir Dieu, ils se trouvent confrontés à des situations difficiles qui mettent tout de suite à l’épreuve leur bonne résolution. Il peut s’agir d’un échec, d’une maladie, d’une occasion de s’enrichir malhonnêtement, d’une moquerie dont on est objet, ou d’un fort sentiment de paresse face aux devoirs d’adorer Dieu, mais on est tenté. Satan a très souvent réussi à détourner des hommes de la volonté de Dieu avant qu’ils aillent loin dans son service. Mais il n’a pas pu faire ainsi avec Jésus.

Qu’est-ce que la tentation ?

Certaines personnes ont la fausse idée que c’est déjà un péché que d’être tenté. Cela est impossible, puisque la Bible nous dit au sujet de Jésus : « Il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché » (Hébreux 4.15). La tentation existe quand nous sommes attirés vers quelque chose de défendu, quand nous avons envie de faire ce que nous ne devrions pas faire ET quand nous avons l’occasion de le faire. Il faut l’envie et l’occasion, sinon on ne peut pas parler de tentation. L’occasion plus l’envie représentent la tentation. Alors, quand la tentation existe, il faut une décision. Soit on cède à la tentation – on saisit l’occasion et on fait ce qu’on a envie de faire – soit on résiste à la tentation – on repousse l’envie et on refuse de sauter sur l’occasion.

D’où vient la tentation ? Dans le cas de Jésus, Matthieu 4.1 nous dit : « Alors Jésus fut emmené par l’Esprit dans le désert, pour être tenté par le diable. » Nous voyons ici que Dieu permet la tentation, son Esprit peut nous amener dans une situation où nous serons mis à l’épreuve, mais c’est le diable qui nous tente. Le diable veut notre chute ; il essaie de nous séduire, de nous tromper, de nous intimider. Son but est de nous amener à pécher contre Dieu.

Dieu nous éprouve parfois pour manifester la profondeur et la sincérité de notre foi. C’est ainsi qu’il permet certaines souffrances dans nos vies. Ce qu’il désire, c’est que nous réussissions à l’épreuve en faisant ce qui est bon. Dieu ne cherche jamais notre mal. Il ne nous tente pas dans le sens de nous amener à mal agir, comme Satan le fait. Voilà pourquoi Jacques dit : « Que personne, lorsqu’il est tenté ne dise : C’est Dieu qui me tente. Car Dieu ne peut être tenté par le mal, et il ne tente lui-même personne » (Jacques 1.3). Dieu est-il injuste parce qu’il permet parfois à Satan de nous tenter ? Au contraire, Dieu fixe des limites aux tentations que le diable peut nous imposer (1 Corinthiens 10.13).

En quoi consistait la tentation de Jésus ?

Mais revenons à la tentation de Jésus. Comment a-t-il été tenté après son baptême, et comment a-t-il pu résister ? Avant de comprendre ce qui se passe ici, nous avons besoin de nous rappeler la mission de Jésus, la volonté de Dieu pour lui. En effet, quand on pèche, c’est qu’on n’a pas fait la volonté de Dieu. Alors, qu’est-ce que Dieu voulait que Jésus fasse ?

Il le dit clairement lui-même en Marc 10.45 : « Car le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs. » Ou encore en Marc 10.33,34 : « Voici nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes. Ils le condamneront à mort, et ils le livreront aux païens, qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le battront de verges, et le feront mourir ; et trois jours après il ressuscitera. » Après sa résurrection il a expliqué aux disciples : « Ne fallait-il pas que le Christ souffre ces choses et qu’il entre dans sa gloire ? Et commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Luc 24.26,27). Jésus savait d’avance ce qui devait lui arriver. Il devait s’offrir comme un sacrifice sans défaut à la place des hommes pécheurs. Le chemin vers la gloire devait forcément passer par la souffrance et l’humiliation, parce qu’il allait souffrir et être humilié pour vous et moi. Ce n’était pas du tout facile. Quand l’heure s’approchait, il était troublé. La Bible nous dit qu’il était en agonie et sa sueur tombait comme des grumeaux de sang. Mais il dit à Dieu : « Que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne. » La volonté de Dieu pour Jésus était bel et bien qu’il aille à la croix avant d’être exalté de nouveau.

Considérons maintenant trois tentations que le diable lui a présentées :

1. Jésus avait jeûné pendant quarante jours, et il avait très, très faim. Alors le tentateur s’est approché et lui dit de changer des pierres en pains et de manger. Son argument était plus ou moins ceci : « Toi, tu n’es pas n’importe qui – Tu es le Messie, le Christ ; tu es né d’une vierge ; tu as des pouvoirs miraculeux. Tu devrais employer ton pouvoir pour ne pas souffrir de la faim. Est-il normal qu’un serviteur de Dieu, à plus forte raison toi, le Messie, soit privé de ce qui lui est nécessaire ? Pourquoi souffrir inutilement ? Sers-toi de ton pouvoir, et mange. »

Or, Jésus jeûnait pour se préparer spirituellement pour la tâche qui était devant lui. Le jeûne est souvent symbole d’humiliation devant Dieu. Il accompagne la prière dans laquelle on implore l’aide de Dieu. Satan lui suggère que le jeûne ne lui convenait pas.

« Jésus répondit : Il est écrit : L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matthieu 4.4). Jésus était devenu homme, et il a accepté de vivre comme un homme, avec tout ce que cela comporte comme souffrance et humiliation. En plus, Jésus reconnaissait qu’il y a des choses plus importantes dans la vie que la nourriture physique. L’homme ne vit pas de pain seulement. Jésus était en train de rechercher le spirituel, et il ne s’est pas laissé détourner par Satan.

2. Ce dernier a essayé de nouveau. Il l’a transporté à Jérusalem, l’a placé sur le haut du temple, et lui dit de se jeter en bas. Il a ajouté : « …car il est écrit : Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet ; et ils te porteront sur les mains, de peur que ton pied ne heurte contre une pierre » (Matthieu 4.5,6). Satan suggère encore que Jésus ne devait pas souffrir, compte tenu de qui il était. Selon Satan, Jésus devait faire reconnaître son importance dès le début par tous les Juifs dans leur propre capitale, pour qu’on l’acclame déjà comme Christ, le chef et libérateur envoyé par Dieu. S’il faisait un miracle si spectaculaire au beau milieu de Jérusalem, la ville sainte, tous seraient amenés à l’accepter. Plus question de se promener de village en village comme un vagabond, plus question de se laisser calomnier, plus question d’aller à la croix. Pour rendre son argument plus convaincant, Satan a lui-même cité un passage de l’Écriture. Et il l’a cité correctement et selon le contexte, parce que ce passage parlait effectivement du Christ.

« Jésus lui dit : Il est aussi écrit : Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu » (Matthieu 4.7). Beaucoup de personnes comprennent mal cette expression, « tenter le Seigneur ». Ils pensent qu’il s’agit de courir des risques, de compter sur la protection ou la bénédiction de Dieu au lieu de prendre des précautions. Si donc il y a risque de se faire persécuter en allant porter l’Évangile à tel ou tel peuple, on n’y va pas de peur de « tenter le Seigneur ». Pourtant le Seigneur nous a avertis qu’on sera persécuté, et il a aussi promis, après avoir ordonné de faire des disciples de toutes les nations : « Voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28.20). Lui obéir en évangélisant n’est pas tenter Dieu.

Alors, que veut dire l’expression « tenter le Seigneur » ? L’idée c’est qu’on mette à l’épreuve la patience de Dieu, on provoque sa colère par la rébellion. Le passage que Jésus a cité se trouve en Deutéronome 6.16. Moïse disait aux Israélites de ne pas servir des idoles, sinon la colère de l’Éternel s’enflammerait contre eux. Puis il ajoute : « Vous ne tenterez point l’Éternel, votre Dieu, comme vous l’avez tenté à Massa. Mais vous observerez les commandements de l’Éternel. » Et que s’est-il passé à Massa ? Dieu venait de faire sortir les Israélites de l’esclavage en Égypte, et il les conduisait à travers le désert et vers la montagne de Sinaï où il leur donnerait ses lois ; ensuite il voulait les amener au pays de Canaan qu’il leur avait promis. Arrivé à un endroit où il n’y avait pas d’eau, le peuple se mit à se plaindre. Au lieu de présenter leur besoin à Dieu avec respect et confiance, ils ont mal agi. « Alors le peuple chercha querelle à Moïse… Il murmurait contre Moïse et disait, Pourquoi nous as-tu fait monter hors d’Égypte, pour nous faire mourir de soif ?… Moïse leur répondit : Pourquoi me cherchez-vous querelle ? Pourquoi tentez-vous l’Éternel ? » (Exode 17.2-3) Ce comportement caractérisait les Israélites tout le temps qu’ils ont passé au désert. Plus tard ils ont encore tenté Dieu, comme nous le lisons en Nombres 14.2-4 : « Tous les enfants d’Israël murmurèrent contre Moïse et Aaron… : Pourquoi l’Éternel nous fait-il aller dans ce pays, où nous tomberons par l’épée ?… Ne vaut-il pas mieux pour nous retourner en Égypte ? Et ils se dirent l’un à l’autre : Nommons un chef, et retournons en Égypte. » Tenter le Seigneur signifie donc se rebeller contre lui, refuser de marcher dans le chemin que Dieu a tracé pour nous.

Le chemin qui était tracé pour Jésus était, comme nous l’avons vu, un chemin de souffrance, d’humiliation et de mort. Satan lui proposait une voie plus facile, plus rapide et sans douleur. Mais Jésus a refusé de tenter le Seigneur. Il a refusé de s’écarter de la voie que Dieu a voulu qu’il suive.

3. Alors Satan a essayé une troisième fois. « Le diable le transporta encore sur une montagne très élevée, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire, et lui dit : Je te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores. » Ces choses n’étaient-elles pas destinées au Christ ? Ne devait-il pas les posséder de plein droit ? Pourquoi devait-il souffrir de la pauvreté? Pourquoi mourir sur une croix ? Ce que Satan proposait était si facile. Se prosterner devant Satan et ce serait fini. Il aurait le monde à ses pieds.

Mais encore Jésus s’est appuyé sur l’Écriture pour refouler le diable : « Jésus lui dit : Retire-toi, Satan ! Car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul » (Matthieu 4.10). Quel que soit l’avantage qui lui était offert, Jésus n’accepterait pas de désobéir à Dieu. Il était fidèle à Celui qui l’avait envoyé, et il avait de l’amour pour nous qui ne pouvions être sauvés que par son obéissance et sa mort.

Jésus a vaincu le tentateur, mais ce ne fut pas le seul combat. Luc 4.13 nous dit : « Après l’avoir tenté de toutes ces manières, le diable s’éloigna de lui jusqu’à un moment favorable. » Il y aurait d’autres occasions où Satan essaierait de conduire Jésus dans le péché ou de le détourner de sa mission. Quand nous avons réussi à résister contre une tentation, nous ne devons pas penser qu’il nous laissera tranquilles pour toujours. Nous devons être vigilants, car il cherchera d’autres moyens pour nous avoir.

Conclusion

Puisqu’il a été tenté, Jésus sait ce que nous éprouvons quand nous sommes dans la tentation. Il nous comprend. Puisqu’il a vaincu l’ennemi, son exemple nous montre que c’est à l’aide de la Parole de Dieu que nous aussi, nous pouvons résister contre la tentation. Nous devons donc toujours étudier l’Écriture afin de savoir ce que Dieu demande de nous et pour nous fortifier au moment de l’épreuve. Il ne faut pas négliger d’écouter et étudier la Parole, parce que, comme nous l’avons vu, Satan aussi peut la citer. Les faux enseignants et les faux prophètes se servent de l’Écriture. Il faut tenir compte de tout ce que la Bible enseigne sur un sujet et ne pas se limiter à un seul verset qui semble favoriser ce que nous voulons faire.

Enfin, puisque Jésus a été tenté, et qu’il a vaincu, il a pu accomplir sa mission. Il a pu nous offrir le salut de nos péchés. Il est donc notre modèle. Il est aussi notre seul Sauveur.

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