Avant sa mort, Jésus avait promis à ses disciples : « Après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée » (Marc 14.28). Le jour de sa résurrection, quand il se présenta à certaines femmes, il leur dit : « Ne craignez pas. Allez dire à mes frères de se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront » (Matthieu 28.10). Avant que les disciples ne retournent en Galilée, de la Judée où le Seigneur avait été crucifié et enterré, il s’est quand même montré à eux par deux fois. Étant donné que la Pâque juive est suivie directement de la fête des pains sans levain, qui dure pendant sept jours, les disciples avaient attendu la fin de cette fête avant de rentrer chez eux. Mais aujourd’hui nous verrons un récit où le Seigneur ressuscité se présente effectivement aux disciples en Galilée, là province où s’était déroulée une bonne partie de son ministère parmi eux. Le texte se trouve en Jean 21.1-14 :
« Après cela, Jésus se montra encore aux disciples, sur les bords de la mer de Tibériade. Et voici de quelle manière il se montra. Simon Pierre, Thomas, appelé Didyme, Nathanaël, de Cana en Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres disciples de Jésus, étaient ensemble. Simon Pierre leur dit : Je vais pêcher. Ils lui dirent : Nous allons aussi avec toi. Ils sortirent et montèrent dans une barque, et cette nuit-là ils ne prirent rien. Le matin étant venu, Jésus se trouva sur le rivage ; mais les disciples ne savaient pas que c’était Jésus. Jésus leur dit : Enfants, n’avez-vous rien à manger ? Ils lui répondirent : Non. Il leur dit : Jetez le filet du côté droit de la barque, et vous trouverez. Ils le jetèrent donc, et ils ne pouvaient plus le retirer, à cause de la grande quantité de poissons. Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : C’est le Seigneur ! Et Simon Pierre, dès qu’il eut entendu que c’était le Seigneur, mit son vêtement et sa ceinture, car il était nu, et se jeta dans la mer.
Les autres disciples vinrent avec la barque, tirant le filet plein de poissons, car ils n’étaient éloignés de terre que d’environ deux cents coudées. Lorsqu’ils furent descendus à terre, ils virent là des charbons allumés, du poisson dessus, et du pain. Jésus leur dit : Apportez les poissons que vous venez de prendre. Simon Pierre monta dans la barque, et tira à terre le filet plein de cent cinquante-trois grands poissons ; et quoiqu’il y en eût tant, le filet ne se rompit point. Jésus leur dit : Venez, mangez. Et aucun des disciples n’osait lui demander : Qui es-tu ? sachant que c’était le Seigneur. Jésus s’approcha, prit le pain, et leur en donna ; il fit de même du poisson. C’était déjà la troisième fois que Jésus se montrait à ses disciples depuis qu’il était ressuscité des morts. »
Comme les autres apparitions de Jésus, celle-ci sert à rassurer ses disciples concernant la réalité de sa résurrection. Ce n’était pas simplement une vision qu’ils avaient vue les fois précédentes. Il ne s’agissait pas non plus d’un fantôme ou un esprit. Après tout, il ne serait pas probable qu’un esprit allume un feu pour faire cuire du poisson et qu’il partage un repas avec des gens. Même la première fois que Jésus se montra aux disciples il s’était donné de la peine pour leur faire comprendre cette vérité. Selon Luc 24.39-43, il leur avait dit :
« Voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi ; touchez-moi et voyez : un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’ai. Et en disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds. Comme dans leur joie, ils ne croyaient point encore, et qu’ils étaient dans l’étonnement, il leur dit : Avez-vous ici quelque chose à manger ? Ils lui présentèrent du poisson rôti et un rayon de miel. Il en prit, et il mangea devant eux. »
Comme nous l’avons déjà vu au cours des trois dernières études, les disciples de Jésus, bien qu’ils ne soient pas prédisposés à croire à la résurrection, finirent par en être totalement convaincus. En fait, ils ont donné leurs vies au lieu de renoncer à leur témoignage.
Mais le récit de cette apparition de Jésus au bord de la mer de Galilée – ou la mer de Tibériade, comme on l’appelait vers la fin du premier siècle quand l’apôtre Jean écrivait – ce récit contient, en plus d’une assurance supplémentaire de la résurrection, un échange intéressant entre Jésus et l’apôtre Pierre :
« Après qu’ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Pais mes agneaux. Il lui dit une second fois : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? Pierre lui répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Pais mes brebis. Il lui dit pour la troisième fois : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? Pierre fut attristé de ce qu’il lui avait dit pour la troisième fois : M’aimes-tu ? Et il lui répondit : Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Pais mes brebis.
En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu étais plus jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais ; mais quand tu sera vieux, tu étendras tes mains, et un autre te ceindra, et te mèneras où tu ne voudras pas. Il dit cela pour indiquer de quelle mort Pierre glorifierait Dieu. Et ayant ainsi parlé, il lui dit : Suis-moi. » (Jean 21.15-19)
Certaines personnes, croyant que Jésus a établi Pierre comme chef des apôtres et tête de l’Église sur terre, prennent ce passage à l’appui de leur idée. Ils affirment qu’en disant à Pierre de paître ses brebis, Jésus le désignait comme berger suprême sur le troupeau des chrétiens. Si nous tenons compte des paroles de Pierre lui-même dans sa première épître, nous aurons du mal à accepter cette thèse. En effet, dans 1 Pierre 5.1-4 l’apôtre attribue le travail de paître le troupeau de Dieu, non pas spécialement à lui-même, mais aux anciens de chaque Église locale. Il dit : « Voici les exhortations que j’adresse aux anciens qui sont parmi vous, moi ancien comme eux… : Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde… non comme dominant sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en étant les modèles du troupeau. » En plus, Pierre identifie assez clairement le vrai berger ou pasteur suprême : « Et lorsque le souverain pasteur paraîtra, vous obtiendrez la couronne incorruptible de la gloire. » Le seul souverain pasteur sur l’Église est, bien sûr, Jésus, celui-là qui va paraître pour récompenser les uns et les autres en leur décernant la couronne de gloire. Aucun autre berger suprême n’est mentionné dans le Nouveau Testament.
Alors, pourquoi cette scène où Jésus demande à Pierre s’il l’aime et répond en lui disant de prendre soin de ses brebis et de le suivre ? Pour mieux comprendre, il faudrait nous rappeler ce que Pierre avait fait. Au cours du dernier repas, avant l’arrestation de Jésus, le Seigneur avait dit aux disciples qu’ils seraient tous scandalisés, c’est-à-dire qu’ils l’abandonneraient. Selon Marc 14.29-31 :
« Pierre lui dit : Même si tous les autres t’abandonnent, moi je ne t’abandonnerai pas. Alors Jésus lui répondit : Je te le déclare, c’est la vérité : aujourd’hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, toi, tu auras affirmé trois fois que tu ne me connais pas. Mais Pierre répliqua encore plus fort : Je n’affirmerai jamais que je ne te connais pas, même si je dois mourir avec toi. »
Mais comme nous le savons, Pierre a, effectivement, renié Jésus trois fois de suite. Il a même juré ne pas le connaître. Maintenant Jésus lui demande : « Simon Pierre, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Cette question peut se comprendre de deux manières. Jésus a peut-être indiqué de sa main ou son regard le bateau, les filets et les poissons, en demandant : « M’aimes-tu plus que tu n’aimes ces choses ? Es-tu prêt à abandonner tout espoir de succès dans les affaires du monde, toute la sécurité et les petits conforts de ton ancienne existence afin de te consacrer à mon service ? » Mais une autre manière de comprendre la phrase est la suivante : « M’aimes-tu plus que ne le font ceux-ci ? » – parlant, bien sûr, des autres apôtres, dont Pierre avait dit : « Même si ces autres t’abandonnent, je ne le ferai pas. » Maintenant Pierre ne fait plus de comparaisons. Il dit simplement : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. » Mais Jésus pose la même question une deuxième et une troisième fois. Et bien que Pierre soit peiné de ce que Jésus lui pose la question trois fois, pensant certainement aux trois fois qu’il avait renié son maître, c’était une grâce. Dans un esprit de pardon Jésus donnait à Pierre l’occasion d’effacer le souvenir de son triple reniement par une triple déclaration d’amour.
Après cette réaffirmation de l’amour sincère de Pierre, Jésus lui dit : « Suis-moi » (v. 19). Il est bien de se rappeler que c’est de cette façon que Jésus appelait des hommes à être ses apôtres. Aux futurs apôtres il avait dit en Matthieu 4.19 : « Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Au chapitre 9.9 du même Évangile nous lisons : « De là étant allé plus loin, Jésus vit un homme assis au lieu des péages, et qui s’appelait Matthieu. Il lui dit : Suis-moi. Cet homme se leva, et le suivit. » Par son infidélité, son reniement du témoignage qu’il devait porter pour Jésus, Pierre s’était disqualifié comme apôtre et témoin. Ayant sincèrement et humblement réaffirmé son amour et sa loyauté, Pierre est maintenant reconstitué apôtre – non pas chef des apôtres, mais apôtre comme les autres.
L’amour que Pierre confesse pour le Seigneur lui apporte deux choses : une tâche à accomplir et une croix à porter. La tâche est représentée par les paroles : « Pais mes brebis. » Si Pierre aime Jésus, il doit le montrer en consacrant sa vie au service des brebis et des agneaux du troupeau de Jésus. Nous prouvons notre amour pour Jésus par notre manière d’aimer les autres. La croix est représentée par les paroles : « Quand tu seras vieux, tu étendras tes mains, et un autre te ceindra, et te mènera où tu ne voudras pas. Il dit cela pour indiquer de quelle mort Pierre glorifierait Dieu. » Selon des traditions en dehors de la Bible, Pierre est mort réellement pour Jésus. Il fut conduit à une croix, mais il demanda qu’on l’y attache tête en bas, car il ne méritait pas de mourir de la même manière que son Seigneur. L’amour s’accompagne toujours de responsabilité et de sacrifice. Malgré son échec initial, l’amour de Pierre a remporté sur la peur. Il a accompli sa responsabilité, et il a consenti le sacrifice suprême.
La Parole de Dieu nous assure donc que Jésus est revenu à la vie, comme il l’avait promis. Il est revenu littéralement et corporellement. Nous pouvons compter sur cette vérité. La Parole nous demande aussi de prendre position vis-à-vis de Jésus. Comme il le fit pour Pierre, Jésus demande à chacun de nous : « M’aimes-tu ? » Quelle sera votre réponse ?