La vie d’Issa, al-Masih

41. Le procès devant Pilate

Nous avons vu le procès de Jésus devant les Juifs. Voyons à présent son procès devant le gouverneur romain, Ponce Pilate. Nous commençons notre lecture en Jean 18.29 :

« Ils conduisirent Jésus de chez Caïphe au prétoire… Pilate sortit donc pour aller à eux, et il dit : Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? Ils lui répondirent : Si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré. Sur quoi Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et jugez-le selon votre loi. Les Juifs lui dirent : Il ne nous est pas permis de mettre personne à mort. C’était afin que s’accomplît la parole que Jésus avait dite, lorsqu’il indiqua de quelle mort il devait mourir. [Ils se mirent à l’accuser, disant : Nous avons trouvé cet homme excitant notre nation à la révolte, empêchant de payer le tribut à César, et se disant lui-même Christ, le roi. (Luc 23.2)] Pilate rentra dans le prétoire, appela Jésus, et lui dit : Es-tu le roi des Juifs ?… Mon royaume n’est pas de ce monde, répondit Jésus. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas. Pilate lui dit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. Pilate lui dit : Qu’est-ce que la vérité ? Après avoir dit cela, il sortit de nouveau pour aller vers les Juifs, et il leur dit : Je ne trouve aucun crime en lui.

[Mais ils insistèrent, et dirent : Il soulève le peuple, en enseignant par toute la Judée, depuis la Galilée, où il a commencé, jusqu’ici. Quand Pilate entendit parler de la Galilée, il demanda si cet homme était Galiléen ; et, ayant appris qu’il était de la juridiction d’Hérode, il le renvoya à Hérode, qui se trouvait aussi à Jérusalem en ces jours-là…. Hérode, avec ses gardes, le traita avec mépris ; et, après s’être moqué de lui et l’avoir revêtu d’un habit éclatant, il le renvoya à Pilate. Ce jour même, Pilate et Hérode devinrent amis, d’ennemis qu’ils étaient auparavant. (Luc 23.5-7,11,12)]

[À chaque fête, le gouverneur avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que demandait la foule. Ils avaient alors un prisonnier fameux, nommé Barabbas. Comme ils étaient assemblés, Pilate leur dit : Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barabbas, ou Jésus, qu’on appelle Christ ? Car il savait que c’était par envie qu’ils avaient livré Jésus. Pendant qu’il était assis sur le tribunal, sa femme lui fit dire : Qu’il n’y ait rien entre toi et ce juste ; car aujourd’hui j’ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. Les principaux sacrificateurs et les anciens persuadèrent à la foule de demander Barabbas, et de faire périr Jésus. (Matthieu 27.15-20)]

…Alors de nouveau tous s’écrièrent : Non pas lui, mais Barabbas. Or, Barabbas était un brigand.

Alors Pilate prit Jésus, et le fit battre de verges. Les soldats tressèrent une couronne d’épines, qu’ils posèrent sur sa tête, et ils le revêtirent d’un manteau de pourpre ; puis, s’approchant de lui, ils disaient : Salut, roi des Juifs ! Et ils lui donnaient des soufflets. Pilate sortit de nouveau, et dit aux Juifs : Voici, je vous l’amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime. Jésus sortit donc, portant la couronne d’épines et le manteau de pourpre. Et Pilate leur dit : Voici l’homme. Lorsque les principaux sacrificateurs et les huissiers le virent, ils s’écrièrent : Crucifie ! Crucifie ! Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, crucifiez-le ; car moi, je ne trouve point de crime en lui. Les Juifs lui répondirent : Nous avons une loi ; et, selon notre loi, il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu. Quand Pilate entendit cette parole, sa frayeur augmenta. Il rentra dans le prétoire, et il dit à Jésus : D’où es-tu ? Mais Jésus ne lui donna point de réponse. Pilate lui dit : Est-ce à moi que tu ne parles pas ? Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te crucifier, et j’ai le pouvoir de te relâcher ? Jésus répondit : tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en haut. C’est pourquoi celui qui me livre à toi commet un plus grand péché.

Dès ce moment, Pilate cherchait à le relâcher. Mais les Juifs criaient : si tu le relâches, tu n’es pas ami de César. Pilate, ayant entendu ces paroles, amena Jésus dehors ; et il s’assit sur le tribunal, au lieu appelé le Pavé, et en hébreu Gabbatha. C’était la préparation de la Pâque, et environ la sixième heure. Pilate dit aux Juifs : Voici votre roi. Mais ils s’écrièrent : Ôte, ôte- crucifie-le ! Pilate leur dit : Crucifierai-je votre roi ? Les principaux sacrificateurs répondirent : Nous n’avons de roi que César. [Pilate, voyant qu’il ne gagnait rien, mais que le tumulte augmentait, prit de l’eau, se lava les mains en présence de la foule, et dit : Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regard. Et tout le peuple répondit : Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants (Matthieu 27.24,25). Pilate prononça que ce qu’ils demandaient serait fait. Il relâcha celui qui avait été mis en prison pour sédition et pour meurtre, et qu’ils réclamaient (Luc 23.24,25).] Alors il leur livra (Jésus) pour être crucifié. Ils prirent donc Jésus et l’emmenèrent. » (Jean 18.29-19.16)

Mon royaume n’est pas de ce monde

Les chefs des Juifs avaient apparemment espéré que le gouverneur romain accepterait de valider leur décision contre Jésus sans chercher à connaître les détails. Ils lui dirent : « Si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré. » Mais comme Pilate ne s’est pas contenté de leur verdict, ils se voyaient obligés de formuler une accusation qui pourrait amener le gouverneur à le condamner. Le blasphème contre le Dieu des Juifs n’était pas un crime selon la loi romaine. Le sanhédrin a donc prétendu que Jésus était condamnable pour cause de révolte contre Rome. Ils ont dit que Jésus se disait roi. Or, l’empereur ne tolérait pas la moindre suggestion d’un soulèvement contre son pouvoir.

Jésus n’a point nié sa propre royauté devant Pilate. Il dit : « Tu le dis : je suis roi. » Mais il dit aussi : « Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas… Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. » Son royaume n’a pas la même nature que les royaumes terrestres, qui se défendent au moyen des armes physiques, qui soulèvent des armées et font la guerre. Si son royaume avait été comme ceux de ce monde, il aurait excité les multitudes pour le suivre à la guerre. Mais il n’a pas agi ainsi. La force qu’emploie Jésus n’est pas celle de l’épée, du fusil, ou de la bombe terroriste, mais la force de la vérité à laquelle il est venu rendre témoignage. C’est par la vérité qu’il gagne les cœurs des hommes. Celui que l’on force à devenir chrétien n’est pas encore chrétien.

Certains enseignent que Jésus reviendra à la fin des temps pour régner sur la terre et que son gouvernement aura pour capitale la ville de Jérusalem. Beaucoup de passages bibliques montrent que cette idée est fausse, y compris ce passage où Jésus dit clairement que son royaume n’est pas de ce monde. D’autres ont parlé de guerre sainte ou mené des croisades pour répandre leurs religions ou pour défendre les intérêts de ces religions. D’autres encore se servent des pressions économiques pour gagner des convertis. Quelle que soit leur sincérité, ceux qui agissent de ces façons ne comprennent pas que le royaume de Dieu n’est pas de ce monde et sa cause n’est pas servie par des méthodes mondaines.

Même Pilate a compris ce que Jésus voulait dire. Il voyait que Jésus ne cherchait pas à susciter une révolte contre César, l’empereur romain. Il sortit et dit aux Juifs : « Je ne trouve aucun crime en lui. » Alors, les Juifs ont cité la vraie accusation contre Jésus : « Selon notre loi, il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu. »

Le comportement de Pilate

Vous avez peut-être remarqué que Pilate n’a jamais voulu prendre une décision à l’égard de Jésus. Premièrement, il dit aux Juifs : « Prenez-le vous-mêmes, et jugez-le selon votre loi. » Mais les Juifs lui ont rappelé qu’ils n’avaient pas le droit d’appliquer la peine de mort. Il fallait son accord. Après l’avoir examiné, Pilate fut convaincu de l’innocence de Jésus. Le procès aurait dû se terminer en ce moment-là, mais Pilate manquait de courage. Il envoya Jésus chez Hérode, mais Hérode ne voulut pas prendre la décision à sa place. Il essaya de le faire libérer selon la coutume de la fête, sans avoir à prononcer un verdict. Mais les sacrificateurs manipulèrent la foule pour qu’elle demande plutôt Barabbas, un brigand et meurtrier, à la place de Jésus. Pilate essaya ensuite le compromis avec les Juifs en le faisant battre au lieu de le crucifier. Mais les chefs des Juifs ne seraient satisfaits qu’avec la mort de Jésus. La demi-mesure était inutile. Finalement, Pilate se lava les mains devant tous pour proclamer son innocence dans cette affaire, mais il avait le dernier mot, et il livra Jésus pour qu’il soit crucifié.

Pourquoi Pilate, avec toute la force de l’Empire romain derrière lui, n’eut-il pas le courage de dire « non » aux Juifs ? Depuis qu’il était devenu gouverneur, Pilate avait suscité inutilement la colère des Juifs. La dernière fois l’empereur lui-même avait tranché en faveur des Juifs et renversé la décision de Pilate. Quand les Juifs disaient : « Si tu le relâches, tu n’es pas ami de César », c’était une menace. Ils disaient en effet : « Ton dossier n’est pas propre. On a déjà eu à faire un mauvais rapport à ton sujet. Si tu ne fais pas ce que nous demandons, nous ferons un autre rapport à l’empereur, et tu seras renvoyé de ton poste. » Jésus avait dit à Pilate : « Celui qui me livre à toi commet un plus grand péché. » Et c’est vrai – il n’était pas l’homme le plus coupable dans ce récit. Il voulait faire ce qui était juste. Mais il lui manquait le courage de tenir ferme contre la méchanceté de ces Juifs. Il a crucifié Jésus afin de garder son emploi.

Conclusion

Il y a des hommes qui, comme les grands prêtres juifs, sont hostiles à Jésus. Soit ils le prennent pour un menteur, un faux prophète, soit ils le voient comme une menace à leurs intérêts, à leur style de vie, à leur orgueil. D’autres hommes ressemblent plus à Pilate : ils ne voient aucun crime en Jésus, aucune raison de lutter contre la cause chrétienne. Mais ils voudraient ne pas être obligés de prendre une décision à son sujet. Cependant, nous devons prendre position ; personne ne peut décider à notre place. Comme Pilate, certains hommes cherchent un compromis en ce qui concerne Jésus. Mais c’est impossible : ou bien nous sommes avec lui, ou bien nous sommes contre lui.

Dans les paroles d’un vieux chant : Jésus se tient encore au banc des accusés. Vous pouvez lui être faux si vous le voulez. Vous pouvez lui être fidèle, coûte que coûte ; mais vous ne pouvez pas rester neutre. Rappelez-vous seulement qu’un jour il ne sera plus l’accusé, mais le juge. Alors, que fera-t-il de vous ?

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