La vie d’Issa, al-Masih

40. Ils devaient le savoir

En traînant Jésus devant Ponce Pilate, le Sanhédrin, ou cour suprême des Juifs, accusa Jésus d’avoir essayé de susciter une rébellion contre l’empereur romain. Mais parmi eux, ce fut pour un tout autre soi-disant crime qu’ils avaient condamné l’homme de Nazareth. À la fin du procès, le souverain sacrificateur avait dit : « Vous avez entendu le blasphème. Que vous en semble ? Tous le condamnèrent comme méritant la mort » (Marc 14.64). Le blasphème signifie soit le fait de renier Dieu verbalement, d’insulter son nom, de le maudire, soit une déloyauté envers Dieu, en acte ou en parole, le fait de le déshonorer ou de s’attribuer l’honneur qui lui est dû, à lui seul. Pour le sanhédrin, Jésus avait parlé contre Dieu en prétendant être le Christ, le Fils de Dieu.

Le mot « Christ » vient du grec, et le mot « Messie » vient de l’hébreu. Tous les deux mots signifient « oint ». Autrefois en Israël, on oignait, c’est-à-dire on versait de l’huile sur des sacrificateurs, des prophètes et des rois afin de les désigner comme choisis de Dieu pour exercer leur fonction. Mais l’expression « le Christ » ou « le Messie » ne se référait pas à n’importe quel prêtre, prophète ou roi ; il se référait à un personnage très spécial que Dieu avait promis d’envoyer. Celui-ci serait à la fois prêtre, prophète ET roi, et aussi le sauveur de son peuple. Au premier siècle, la nation d’Israël étant sous la domination de l’Empire romain, pratiquement tous les Juifs espéraient ardemment la venue de ce sauveur.

Bien sûr, ce n’était pas un crime que de se dire le Messie, surtout si l’on était réellement cet oint de Dieu. Mais Jésus fut condamné pour avoir dit qu’il était le Christ. Dans notre dernière étude, nous avons vu de nombreuses violations de la loi qu’ont commises les membres du sanhédrin au cours du procès de Jésus. Mais sans aucun doute, la plus grande faute commise était que les juges ont condamné Jésus sans avoir même cherché à établir que Jésus n’était pas celui qu’il prétendait être. Ils n’ont pas prouvé que Jésus avait menti en se disant le Christ, celui dont leurs Écritures avaient annoncé la venue.

Quant à l’expression « Fils de Dieu », il était employé de plusieurs façons, mais il semble avoir été un terme qui était très souvent associé au Messie qu’on attendait. Quand Pierre a confessé sa foi en Jésus en Matthieu 16.16, il dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » En Luc 4.41 nous voyons que les démons employaient le terme « Fils de Dieu » comme équivalent de « Christ » : « Des démons aussi sortirent de beaucoup de personnes, en criant et en disant : Tu es le Fils de Dieu. Mais il les menaçait et ne leur permettait pas de parler, parce qu’ils savaient qu’il était le Christ. » Encore, en Jean 1.49, nous voyons que Nathanaël associait clairement les deux idées : « Nathanaël repartit et dit : Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d’Israël. » Rappelez-vous que tous savaient que le Christ serait « roi d’Israël ».

Je ne peux pas dire à quel point ces différentes personnes comprenaient toute la signification de l’expression « Fils de Dieu » quand elle s’applique à Jésus. Les Juifs n’auraient pas utilisé ce terme de la même manière que les Grecs et les Romains dont les dieux se mariaient entre eux ou commettaient de l’adultère et faisaient de nombreux enfants divins ou à moitié divins. Néanmoins, ils croyaient que le Messie serait beaucoup plus qu’un simple homme, et pour ce Messie, il ne serait pas un blasphème que de se dire le Fils de Dieu. Cela nous ramène donc au fait que la cour suprême des Juifs condamna Jésus pour avoir prétendu être le Christ, sans écouter un seul argument en faveur de ce qu’il avait dit de lui-même.

Les preuves en faveur de Jésus

Pourtant les preuves en faveur de cette prétention de Jésus étaient nombreuses et toutes à la disposition de ses juges. Ces hommes avaient le devoir de consulter les Écritures pour voir si les prophéties concernant le Messie trouvaient leur accomplissement en Jésus. Mais ils ne l’ont pas fait. Considérez quelques preuves qui auraient pu convaincre des hommes justes et objectifs :

  1. Selon Daniel 2.44, le royaume du Messie, promis depuis plus de mille ans, devait s’établir du temps des empereurs romains. Les romains étaient les maîtres incontestés du monde au temps de Jésus. Le moment était bon, car il fallait que le Messie viennent pendant cette période d’histoire.
  2. Selon Michée 5.2, le Messie devait naître à Bethléhem en Judée. Les dirigeants du peuple juif comprenaient très bien cette prophétie. Parce qu’ils savaient que Jésus vivait en Galilée, ils ont supposé, à tort, qu’il était né en Galilée. S’ils avaient posé quelques questions, ils auraient découvert que, à cause d’un recensement, Jésus naquit justement à Bethléhem (Matthieu 2.1 ; Luc 2.4-7), comme le monde entier le sait de nos jours.
  3. Matthieu 1.22,23 nous signale que la conception de Jésus par une vierge avait été prophétisée en Ésaïe 7.14. Matthieu dit : « Tout cela arriva afin que s’accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète : Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, et on lui donnera le nom d’Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous. »
  4. Tous les Juifs savaient que le Messie devait être un descendant du roi David. Un titre communément employé pour parler du Messie était « Fils de David ». En effet, Jérémie 23.5,6 disait : « Voici, les jours viennent, dit l’Éternel, où je susciterai à David un germe juste ; Il régnera en roi et prospérera, Il pratiquera la justice et l’équité dans le pays. » Les généalogies de Jésus en Matthieu 1 et Luc 3 démontrent clairement que Jésus était bien un descendant de David. Du point de vue légal, il était descendant de David en passant par son père adoptif, Joseph. Du point de vue physique, il était descendant de David de par sa mère, Marie, qui était également de la descendance de David. Le peuple reconnaissait ce fait. Quand Bartimée, le mendiant aveugle près de Jéricho, appelait Jésus, il cria : « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi » (Marc 10.48).
  5. Les Juifs comprenaient que, selon les prophètes Ésaïe et Malachie, Dieu enverrait un messager pour préparer la venue de ce grand personnage qu’était le Messie. Malachie 3.1 dit : « Voici, j’enverrai mon messager ; Il préparera le chemin devant moi. Et soudain entrera dans son temple le Seigneur que vous cherchez. » Au chapitre 4 Malachie associe ce messager au prophète Élie. Tous les membres du Sanhédrin savaient fort bien qu’un prophète appelé Jean-Baptiste avait paru environ quatre ans auparavant. Ils ont envoyé quelques prêtres pour s’informer à son sujet. Selon Jean 1.23 ils ont reçu cette réponse : « Moi, dit-il, je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit Ésaïe le prophète. » Le lendemain, Jésus arriva pour être baptisé par Jean. Celui-ci témoigna publiquement que Jésus était celui qui devait venir, le Fils de Dieu (Jean 1.29-34).
  6. Les chefs des Juifs savaient que Jésus avait beaucoup travaillé dans la région de Galilée, au nord de la Palestine, une région habitée et par des Juifs et par de nombreux Gentils, ou non-Juifs. Ces chefs devaient aussi se rappeler que leurs Écritures avaient signalé une activité du Messie dans cette région. Matthieu le rappelle à ses lecteurs : « Jésus, ayant appris que Jean avait été livré, se retira dans la Galilée. Il quitta Nazareth, et vint demeurer à Capernaüm, située près de la mer, dans le territoire de Zabulon et de Nephthali, afin que s’accomplît ce qui avait été annoncé par Ésaïe, le prophète : Le peuple de Zabulon et de Nephthali, de la contrée voisine de la mer, du pays au-delà du Jourdain, et de la Galilée des Gentils, Ce peuple, assis dans les ténèbres, a vu une grande lumière ; Et sur ceux qui étaient assis dans la région et l’ombre de la mort la lumière s’est levée. » (Matthieu 4.12-16).
  7. Tous les Juifs s’attendaient aussi, avec raison, à ce que le Christ fasse des miracles. Ils pensaient à des passages tels qu’Ésaïe 35.5,6 : « Alors s’ouvriront les yeux des aveugles, s’ouvriront les oreilles des sourds ; Alors le boiteux sautera comme un cerf, et la langue du muet éclatera de joie… » Le peuple voyait les miracles de Jésus et les prenaient pour des preuves qu’il était le Messie. Matthieu 12.22-23 dit : « Alors on lui amena un démoniaque aveugle et muet, et il le guérit, de sorte que le muet parlait et voyait. Toute la foule étonnée disait : N’est-ce point là le Fils de David ? » Jean 7.31 dit : « Plusieurs parmi la foule crurent en lui, et ils disaient : le Christ, quand il viendra, fera-t-il plus de miracles que n’en a fait celui-ci ? » Les chefs du peuple étaient bien au courant des miracles de Jésus, mais au lieu de croire, ils voulurent tuer Jésus et même détruire certaines preuves de ce qu’il avait fait. Après que Jésus a ressuscité Lazare d’entre les morts, « les principaux sacrificateurs et les pharisiens assemblèrent le sanhédrin, et dirent : que ferons-nous ? car cet homme fait beaucoup de miracles. Si nous le laissons faire, tous croiront en lui… Dès ce jour, ils résolurent de le faire mourir…une grande multitude de Juifs apprirent que Jésus était à Béthanie ; et ils y vinrent, non pas seulement à cause de lui, mais aussi pour voir Lazare, qu’il avait ressuscité des morts. Les principaux sacrificateurs délibérèrent de faire mourir aussi Lazare, parce que beaucoup de Juifs se retiraient d’eux à cause de lui, et croyaient en Jésus » (Jean 11.47,48,53; 12.9-11).

De nombreux autres faits pourraient s’ajouter à la liste. Selon Zacharie 9.9, le Messie ferait son entrée dans la ville de Jérusalem assis sur an âne. C’est ce que Jésus avait fait moins d’une semaine auparavant. Selon Psaume 41.10, le Christ serait trahi par un ami intime, et selon Zacharie 11.12,13, il serait vendu pour la somme de 30 pièces d’argent, le montant exact que les principaux sacrificateurs avaient versé à Judas Iscariot pour qu’il leur livre Jésus.

Conclusion

Si le sanhédrin avait pris le temps d’écouter sans passion les preuves, aurait-il pu condamner Jésus pour avoir dit qu’il était le Christ, le Fils de Dieu ? Certainement pas. Dans leurs préjugés, dans leur jalousie, dans leur haine pour celui qui avait dénoncé leur hypocrisie, ils ont rejeté leur Sauveur, et celui du monde entier. Et vous, quelle sera votre décision concernant Jésus de Nazareth ?

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