Plusieurs chants chrétiens ont été inspirés par l’image de Jésus en pleurs dans le jardin de Gethsémané. C’est une scène qui nous permet de voir un peu plus clairement la grandeur du sacrifice que le Seigneur a fait pour chacun de nous. Quand on voit le grand courage avec lequel il fera calmement face à ses accusateurs, avec lequel il acceptera les coups et les insultes, avec lequel il se laissera crucifier, on peut se demander si tout cela n’était pas plus facile pour lui que cela n’aurait été pour un homme « ordinaire » comme nous. Est-ce qu’il n’était pas si différent de nous qu’il n’a pas vraiment ressenti son calvaire comme nous l’aurions fait ? Le voir dans Gethsémané doit nous détromper sur ce point.
Chacun des quatre récits de l’Évangile nous parle en détail des événements de cette nuit où Jésus a été à Gethsémané. Certaines choses sont racontées par tous les quatre, mais chacun apporte quelques détails que les autres omettent. Dans notre lecture aujourd’hui, afin de suivre plus facilement les événements et les entretiens, nous allons essayer de tisser ensemble les quatre récits, qui se trouvent en Matthieu 26, Marc 14, Luc 22 et Jean 18.
Le texte
Matthieu 26.31-35 : « Alors Jésus leur dit : Je serai pour vous tous, cette nuit, une occasion de chute car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées. Mais, après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée. Pierre, prenant la parole, lui dit : Quand tu serais pour tous une occasion de chute, tu ne le seras jamais pour moi. Jésus lui dit : Je te le dis en vérité, avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. Pierre lui répondit : Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai pas. Et tous les disciples disaient la même chose. »
Marc 14.32-41 : « Ils allèrent ensuite dans un lieu appelé Gethsémané, et Jésus dit à ses disciples : Asseyez-vous ici, pendant que je prierai. Il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à éprouver de la frayeur et des angoisses. Il leur dit : Mon âme est triste jusqu’à la mort ; restez ici, et veillez. Puis, ayant fait quelques pas en avant, il se jeta contre terre, et pria que, s’il était possible, cette heure s’éloignât de lui. Il disait : Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. (Luc 22.43-45 : Alors un ange lui apparut du ciel, pour le fortifier. Étant en agonie, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre. Après avoir prié, il se leva, et vint vers les disciples, qu’il trouva endormis de tristesse,) et il dit à Pierre ; Simon, tu dors ! Tu n’as pu veiller une heure ! Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas en tentation ; l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible. Il s’éloigna de nouveau, et fit la même prière. Il revint, et les trouva encore endormis ; car leurs yeux étaient appesantis. Ils ne surent que lui répondre. »
Matthieu 26.47-49 : « Comme il parlait encore, voici, Judas, l’un des douze, arriva, et avec lui une foule nombreuse armée d’épées et de bâtons, envoyée par les principaux sacrificateurs et par les anciens du peuple. Celui qui le livrait leur avait donné ce signe : Celui que je baiserai, c’est lui ; saisissez-le. Aussitôt, s’approchant de Jésus, il dit : Salut, Rabbi ! Et il le baisa. »
Jean 18.4-10 : « Jésus, sachant tout ce qui devait lui arriver, s’avança, et leur dit : Qui cherchez-vous ? Ils lui répondirent : Jésus de Nazareth. Jésus leur dit : C’est moi. Et Judas, qui le livrait, était avec eux. Lorsque Jésus leur eut dit : c’est moi, ils reculèrent et tombèrent à terre. Il leur demanda de nouveau : Qui cherchez-vous ? Et ils dirent : Jésus de Nazareth. Jésus répondit : Je vous ai dit que c’est moi. Si donc c’est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci. Il dit cela, afin que s’accomplît la parole qui avait été dite : Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés. »
Luc 22.49 : « Ceux qui étaient avec Jésus, voyant ce qui allait arriver, dirent : Seigneur, frapperons-nous de l’épée ? » Jean 18.10 : « Simon Pierre, qui avait une épée, la tira, frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui coupa l’oreille droite. Ce serviteur s’appelait Malchus. » Matthieu 26.52-54 : « Alors Jésus lui dit : Remets ton épée à sa place ; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée. (Luc 22.51 : Et, ayant touché l’oreille de cet homme, il le guérit.) Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l’instant plus de douze légions d’anges ? Comment donc s’accompliraient les Écritures, d’après lesquelles il doit en être ainsi ? »
Marc 14.50-52 : « Alors tous l’abandonnèrent, et prirent la fuite. Un jeune homme le suivait, n’ayant sur le corps qu’un drap. On se saisit de lui ; mais il lâcha son vêtement, et se sauva tout nu. »
Jean 18.12,13,15-18 : « La cohorte, le tribun, et les huissiers des Juifs, se saisirent alors de Jésus, et le lièrent. Ils l’emmenèrent d’abord chez Anne ; car il était le beau-père de Caïphe, qui était souverain sacrificateur cette année-là… Simon Pierre, avec un autre disciple, suivait Jésus. Ce disciple était connu du souverain sacrificateur, et il entra avec Jésus dans la cour du souverain sacrificateur ; mais Pierre resta dehors près de la porte. L’autre disciple, qui était connu du souverain sacrificateur, sortit, parla à la portière, et fit entrer Pierre. Alors la servante, la portière, dit à Pierre : Toi aussi, n’es-tu pas des disciples de cet homme ? Il dit : Je n’en suis point. Les serviteurs et les huissiers qui étaient là, avaient allumé un brasier, car il faisait froid, et ils se chauffaient. Pierre se tenait avec eux, et se chauffait. » Matthieu 26.69-75 : « Une servante s’approcha de lui, et dit : Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen. Mais il le nia devant tous, disant : Je ne sais ce que tu veux dire. Comme il se dirigeait vers la porte, une autre servante le vit, et dit à ceux qui se trouvaient là : Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth. Il le nia de nouveau, avec serment : Je ne connais pas cet homme. Peu après, ceux qui étaient là, s’étant approchés, dirent à Pierre : Certainement tu es aussi de ces gens-là, car ton langage te fait reconnaître. (FC – Pierre se mit à dire : Que Dieu me punisse si je mens ! Je jure que je ne connais pas cet homme !) Aussitôt, le coq chanta. » Luc 22.61,62 : « Le Seigneur, s’étant retourné, regarda Pierre. Et Pierre se souvint de la parole que le Seigneur avait dite : Avant que le coq chante aujourd’hui, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura amèrement. »
Jésus avait encore un choix
Un fait indéniable, c’est que Jésus a choisi mourir. Il avait dit en Jean 10.17,18 : « Le Père m’aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre. Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi-même ; j’ai le pouvoir de la donner, et j’ai le pouvoir de la reprendre ; tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père. » Cela devient très clair dans ses dernières heures. Quand Jésus priait dans le jardin, il dit : « Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe ! » Il savait parfaitement bien que son Père pouvait empêcher sa mort, et il l’aurait fait si Jésus l’avait demandé. C’est ce que Jésus dit à Pierre quand celui-ci a pris une épée pour défendre son Seigneur : « Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l’instant plus de douze légions d’anges ? » Jésus aurait pu résister. Son Père ne l’a pas forcé à donner sa vie. Et les hommes n’auraient pas pu lui ôter la vie contre sa volonté.
Il a choisi mourir, et il a aidé ses ennemis à l’arrêter. Jean 18.3 dit que la foule qui est arrivée à Gethsémané pour arrêter Jésus « vint là avec des lanternes et des flambeaux et des armes ». Jésus est mort au moment de la pleine lune de la Pâque juive. La nuit était déjà assez éclairée. Pourquoi la foule est-elle alors venue avec des lanternes et des flambeaux ? C’est parce que les gens s’attendaient à chercher un homme qui se cachait dans l’ombre parmi les arbres. Mais Jésus ne s’est pas fait chercher. Il s’est approché de la foule pour demander qui elle cherchait. Et quand on lui dit : Jésus de Nazareth, il a répondu sans hésitation : C’est moi.
Jésus aurait pu éviter la mort. Mais il a choisi mourir.
Ce n’était pas un choix facile ou automatique
Ne pensez pas, pour autant, que c’était un choix facile. C’est bien ce que nous voyons dans l’agonie de Jésus aux approches de la croix. La Bible dit qu’il éprouvait de la frayeur et de l’angoisse. Vous et moi, nous aurions eu peur des coups, peur de l’humiliation, peur d’être abandonné par tous, y compris Dieu, peur d’être cloué sur une croix pour mourir se tordant dans la douleur, la soif et l’étouffement. Jésus savait tout ce qui venait, et il en avait peur. En cela, il n’était pas si différent de nous. Il était réellement devenu un homme. Dans cette émotion très forte, il priait intensément, et la sueur coulait à terre comme des gouttes de sang.
On peut dire que le sort éternel de chacun de nous était en balance. Irait-il jusqu’au bout ? Accepterait-il finalement de souffrir si atrocement pour des gens indignes comme nous ?
Son sacrifice devenait plus difficile à cause de l’abandon et du reniement de ses amis
Dans notre dernière étude, nous avons vu comment Judas, l’un des douze, a trahi Jésus pour une petite somme d’argent. Il est allé vers les ennemis de son maître et il a promis leur livrer Jésus pour qu’on le mette à mort. Il aurait été facile de devenir amer, de se tourner contre l’espèce humaine, capable de tels actes de déloyauté. Dans le jardin de Gethsémané, Jésus voit encore à quel point les hommes pouvaient le décevoir. D’abord, il demande à ses trois amis les plus intimes, Pierre, Jean et Jacques, de veiller avec lui pendant qu’il prie. Il ressentait le besoin de leur compagnie à cette heure. Il savait qu’ils avaient aussi besoin de prier pour eux-mêmes afin de tenir fermes. Mais ils le déçoivent. Ils ne peuvent même pas rester éveillés pour une heure afin de lui tenir compagnie. Ensuite, il les voit tous prendre la fuite au moment de son arrestation. Tous avaient dit qu’ils mourraient avec lui, s’il le fallait. Mais aucun n’est resté à ses côtés.
En plus de tout cela, il savait d’avance de quelle manière il serait renié par Pierre. Celui qui déclarait le plus fort sa loyauté immortelle, c’est lui qui dirait plus d’une fois et avec serment : « Je ne connais pas cet homme ! » Jésus, attaché pendant que le conseil juif le jugeait, entendrait ces paroles de la bouche de son ami Pierre. Comment donner sa vie pour de tels hommes ?
Pourtant, d’une manière, Pierre était l’un des meilleurs des hommes. Il est vrai qu’il a renié le Seigneur, un acte tout à fait condamnable qui ne pouvait que blesser profondément Jésus. Mais rappelons-nous que tous les autres disciples, sauf peut-être Jean, (si Jean est celui qui était connu du souverain sacrificateur), avaient abandonné Jésus. À cause de son amour, Pierre l’avait suivi, même si c’était de loin. Il tenait forcément à voir comment les choses allaient se terminer. Il avait montré assez de courage dans le jardin pour se battre tout seul contre une foule de quelques centaines de militaires pour défendre son maître. Et c’est parce qu’il avait ce courage-là qu’il se trouvait parmi les ennemis du Seigneur. Mais il a échoué. La peur l’a dominé, et il a trois fois déclaré qu’il ne connaissait même pas Jésus. Et Jésus, que l’on maltraitait déjà, l’a entendu chaque fois. Si Pierre a agi de cette manière ignoble, que dire du reste des hommes ?
Avec grand courage, il a fait le choix qu’il fallait
Non ce n’était pas facile, mais Jésus a maîtrisé ses émotions de frayeur et d’angoisse. En luttant avec son sort dans le jardin de Gethsémané, il a prononcé les mots-clés qui nous ont donné le salut. Après avoir demandé à Dieu d’éloigner de lui la coupe de souffrance pour qu’il n’ait pas à en boire, Jésus dit : « Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » Quelle que soit la douleur, quelle que soit l’humiliation, Jésus se soumettrait à la volonté du Père céleste. Il ferait face avec résolution et un courage sans faille à tout ce qui venait. Il serait obéissant jusqu’à la mort. Il donnerait sa vie pour ses brebis. Il nous ouvrirait le ciel.