La vie d’Issa, al-Masih

37. La trahison

Dans notre étude de La vie de Jésus, nous sommes toujours à la veille de sa mort, cette nuit où il serait arrêté par les envoyés des chefs religieux des Juifs. Aujourd’hui, nous verrons par quel moyen ces envoyés ont pu retrouver et prendre Jésus sans que les foules de Juifs ordinaires qui l’aimaient tant ne s’interposent pour empêcher son arrestation. Ce fut par un acte tellement indigne et détestable, que le nom de son auteur est encore de nos jours synonyme de traître. Il s’agit de Judas, Judas Iscariot. Mais cet acte déloyal et condamnable au plus haut degré est encore un autre facteur qui fait voir le grand amour de Jésus.

Qu’est-ce que Judas a fait ?

Pour mieux comprendre ce qui s’est passé, il faut revenir un peu en arrière, deux jours avant la Pâque juive. Luc 22.1-6 nous raconte ceci :

« La fête des pains sans levain, appelée la Pâque, s’approchait. Les principaux sacrificateurs et les scribes cherchaient les moyens de faire mourir Jésus ; car ils craignaient le peuple. Or, Satan entra dans Judas, surnommé Iscariot, qui était du nombre des douze. Et Judas alla s’entendre avec les principaux sacrificateurs et les chefs des gardes, sur la manière de le leur livrer. Ils furent dans la joie, et ils convinrent de lui donner de l’argent. Après s’être engagé, il cherchait une occasion favorable pour leur livrer Jésus à l’insu de la foule. »

Les Évangiles de Matthieu et Marc nous donnent un autre détail : ils nous précisent que Judas a vendu Jésus pour la somme de 30 pièces d’argent.

Plus tard, lors du dernier repas de Jésus avec ses disciples, Judas était avec les autres comme d’habitude. Quand ils étaient couchés autour de la table basse, chacun s’appuyant sur sa coude gauche et se servant de sa main droite, selon la coutume des Juifs à l’époque, Judas était même à une place d’honneur, juste à la main gauche de Jésus, où le Seigneur pouvait lui parler en privé. Au cours du repas Jésus a annoncé que l’un d’eux allait le trahir à ceux qui voulaient sa mort. Nous lisons en Jean 13.21-30 :

« …Jésus fut troublé en son esprit, et il dit expressément : En vérité, en vérité, je vous le dis, l’un de vous me livrera. Les disciples se regardaient les uns les autres, ne sachant de qui il parlait. Un des disciples, celui que Jésus aimait, était couché [à côté de] Jésus. Simon Pierre lui fit signe de demander qui était celui dont parlait Jésus. Et ce disciple, s’étant penché sur la poitrine de Jésus, lui dit : Seigneur, qui est-ce ? [Jésus répondit : Je vais tremper un morceau de pain dans le plat : celui à qui je le donnerai, c’est lui. – FC]. Et, ayant trempé le morceau, il le donna à Judas, fils de Simon, l’Iscariot. Dès que le morceau fut donné, Satan entra dans Judas. Jésus lui dit : Ce que tu fais, fais-le promptement. Mais aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il lui disait cela ; car quelques-uns pensaient que, comme Judas avait la bourse, Jésus voulait lui dire : Achète ce dont nous avons besoin pour la fête, ou qu’il lui commandait de donner quelque chose aux pauvres. Judas, ayant pris le morceau, se hâta de sortir. Il était nuit. »

Quelque temps après, Jésus et les autres ont quitté la pièce où ils avaient mangé la Pâque. Ils sont sortis de la ville de Jérusalem et se sont rendus à la montagne des oliviers. Ils sont entrés dans l’un des jardins privés qui s’y trouvaient. L’Évangile de Jean nous dit : « Judas, qui le livrait, connaissait ce lieu, parce que Jésus et ses disciples s’y étaient souvent réunis. Judas donc, ayant pris la cohorte et des huissiers qu’envoyèrent les principaux sacrificateurs et les pharisiens, vint là avec des lanternes et des flambeaux et des armes » (Jean 18.1,2). Marc continue le récit : « Celui qui le livrait leur avait donné ce signe : Celui que je baiserai, c’est lui ; saisissez-le, et emmenez-le sûrement. Dès qu’il fut arrivé, il s’approcha de Jésus, disant : Rabbi ! Et il le baisa. Alors ces gens mirent la main sur Jésus, et le saisirent » (Marc 14.44-46).

Qu’est-ce qui rend son acte si condamnable ?

Voilà donc de quelle manière Jésus a été trahi et livré entre les mains de ceux qui voulaient le tuer. C’était un acte particulièrement méchant et condamnable. Jésus avait employé ces termes pour en parler : « Celui qui a mis avec moi la main dans le plat, c’est celui qui me livrera » (Matthieu 26.23). Dans ce verset, Jésus se réfère à un passage dans les Psaumes qui était sur le point de s’accomplir : « Celui-là même avec qui j’étais en paix, qui avait ma confiance et qui mangeait mon pain, lève le talon contre moi » (Psaume 41.10). Au Moyen Orient, le fait de manger avec quelqu’un était un signe d’amitié et un acte de loyauté. Quand un homme qui avait mangé à la table d’une personne, qui avait témoigné par là de son amitié avec elle, se tournait par la suite contre la personne, c’était une chose très amère. Le Psaume 55.12-14 exprime bien le sentiment de la personne ainsi trahie : « Ce n’est pas un ennemi qui m’outrage, je le supporterais ; ce n’est pas mon adversaire qui s’élève contre moi, je me cacherais devant lui. C’est toi, [quelqu’un de mon propre milieu – FC], mon confident et mon ami ! Ensemble nous vivions dans une douce intimité, nous allions avec la foule à la maison de Dieu. »

Jésus savait bien ce qui était dans le cœur de Judas, mais il ne l’avait jamais traité moins favorablement que les autres. Au contraire, jusqu’à la fin il lui montrait des signes d’amour qui auraient dû toucher le cœur de Judas. Parfois, en faisant confiance à celui qui n’en est pas digne, on arrive à toucher la personne et la pousser à bien agir. Ainsi, Jésus avait permis que ce soit Judas qui porte la bourse commune des apôtres. Jésus savait que Judas était déjà allé le vendre aux sacrificateurs, mais il a quand même lavé ses pieds comme il a fait pour les autres. Judas a reçu une place d’honneur, juste à côté du Seigneur au dernier repas. Jésus lui a donné un morceau de pain trempé dans le plat qu’ils mangeaient, encore un signe de faveur chez eux. Mais c’est quand il reçut ce morceau de pain que Judas est sorti pour achever son acte de trahison.

Selon Matthieu 26.14,15 Judas avait pris l’initiative d’aller vers les souverains sacrificateurs, et c’est lui qui leur a dit : « Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai ? » Judas aimait l’argent. Quand Marie, la sœur de Marthe, oignait les pieds de Jésus d’un parfum très coûteux, Judas dit : « Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers, pour les donner aux pauvres ? Il disait cela, non qu’il se mit en peine des pauvres, mais parce qu’il était voleur, et que, tenant la bourse, il prenait ce qu’on y mettait » (Jean 12.5,6). Il volait dans la bourse de ses camarades parce qu’il aimait l’argent, et apparemment il a vendu son maître pour la même raison. Ce n’était pas un acte motivé par un souci spirituel. Ce n’était pas un acte de passion, motivé par une soudaine colère ou une forte peur. C’était un crime prémédité.

Enfin, Judas a mis le comble à sa méchanceté par sa façon d’identifier Jésus pour ses ennemis. Il l’a embrassé, toujours comme un ami. Il l’a baisé avec une salutation de respect. Mais c’était une moquerie.

Judas avait-il un choix ?

Sommes-nous trop sévères avec Judas ? Les uns disent que l’action de Judas était nécessaire pour notre salut. S’il n’avait pas trahi Jésus, le Seigneur ne serait pas mort pour nos péchés. Mais, rappelons-nous que même si Dieu est capable de faire concourir au bien des élus mêmes les actes pécheurs d’hommes rebelles, cela n’excuse pas ces péchés. Dans l’Ancien Testament, les frères de Joseph, animés de haine et de jalousie, l’ont vendu comme esclave. Il a été par la suite transporté en Égypte et revendu. Mais Dieu a été avec Joseph, l’a élevé à une position de grand pouvoir en Égypte, et par son intermédiaire toute la famille de son père, y compris ses méchants frères, a été sauvée de la famine et la mort. L’acte des frères en vendant Joseph n’était pas moins coupable pour cela, mais Dieu s’en est servi. De même, Dieu s’est servi de l’acte de Judas, mais cela n’enlève rien à sa culpabilité.

D’autres disent que Judas n’avait pas de choix, qu’il avait été prédestiné à commettre cet acte. Il fallait que les prophéties soient accomplies. Mais Dieu n’a pas prédestiné nos actions. Il a décidé d’avance comment il bénirait ses enfants. Il a décidé d’avance que ce serait en Jésus-Christ que son salut serait accordé. Mais il n’a pas arrêté avant la fondation du monde que telle personne serait perdue et telle autre sauvée, que telle personne commettrait un vol, que telle autre serait fidèle à sa femme, et que ce serait Judas qui trahirait Jésus. Sinon, il n’y aurait aucun sens à un dernier jugement, et Dieu serait injuste de nous tenir responsable d’actes que lui-même nous aurait obligés à commettre. Pourtant, Judas sera puni pour son acte. Jésus dit clairement : « Le fils de l’homme s’en va, selon ce qui est écrit de lui. Mais malheur à l’homme par qui le Fils de l’homme est livré ! Mieux vaudrait pour cet homme qu’il ne fût pas né » (Matthieu 26.24). Il est donc important de faire la distinction entre prédire et prédéterminer, entre savoir d’avance et prédestiner. Connaissant toutes choses, Dieu, dans sa parole, a prédit certains faits. Il savait d’avance ce qui allait se passer. Mais il n’a pas ordonné que ces choses se produisent, et il n’oblige personne à faire le mal.

D’autres encore disent que c’est Satan qui a forcé la main à Judas. Luc 22.3,4 dit que Satan entra dans Judas et il est allé s’entendre avec les principaux sacrificateurs. En Jean 13.27,30 il est dit encore : « Dès que le morceau (de pain) fut donné, Satan entra dans Judas… Ayant pris le morceau, il se hâta de sortir. » Évidemment, Satan a eu un rôle dans le trahison de Jésus par Judas Iscariot. Mais on ne peut pas dire que cela enlève à Judas sa responsabilité pour ce qu’il a fait. En Actes 5 nous avons l’histoire d’un homme appelé Ananias. Il s’est entendu avec sa femme, Saphira, pour vendre une propriété, mais aussi pour mentir au sujet du prix obtenu. Puis, il a apporté comme don à l’Église une partie de ce qu’ils avaient reçu pour la vente, en essayant de faire croire que c’était la totalité de l’argent. Ils avaient le droit de garder une partie de l’argent, mais ils voulaient que l’Église pense qu’ils étaient plus généreux qu’ils ne l’étaient. En le reprochant, l’apôtre Pierre dit à Ananias : « Pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur au point que tu mentes au Saint-Esprit… Comment as-tu pu mettre en ton cœur un pareil dessein ? Ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu » (Actes 5.3,4). Pierre attribue ce péché à la présence de Satan dans le cœur d’Ananias, mais aussi au fait qu’Ananias avait lui-même mis dans son cœur ce dessein malhonnête. Pareillement, on peut constater que le Saint-Esprit demeure dans le cœur du chrétien fidèle, mais ce fait ne force pas le chrétien à toujours faire le bien. Il doit coopérer avec le Saint-Esprit en lui et exercer sa propre volonté pour éviter le péché.

Conclusion

Nous avons déjà vu que Jésus avait traité Judas avec amour et considération jusqu’à la fin. Pourtant, il savait ce que Judas pensait faire. D’autres personnes auraient été rendues amères par cette déloyauté. Elles auraient même abandonné la mission de sauver de telles créatures, se disant que les hommes ne sont pas dignes d’un tel sacrifice. Et c’est vrai. Nous n’en sommes pas dignes. Nous sommes rebelles, égoïstes, ingrats, et dignes d’être punis. Mais l’amour de Dieu est si grand que Jésus ne s’est pas détourné de la croix, même face à une démonstration si claire du péché de l’homme. Quand Judas est sorti pour chercher les hommes qui voulaient arrêter Jésus, Jean nous dit qu’il était nuit. Jésus est la lumière, et quand un homme lui tourne le dos, comme Judas le faisait, il est toujours nuit. Un tel homme se plonge dans l’obscurité. Judas a mis le comble au péché quand, à la tête d’une foule armée, il a trahi Jésus par un baiser. Il a montré à quel point l’homme peut être méchant. Mais Jésus a mis le comble à son amour pour les hommes en allant quand même à la croix.

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