La vie d’Issa, al-Masih

34. L’institution du repas du Seigneur

Tout au long de son ministère, Jésus s’est référé à « son heure ». En Jean 7.30, il est dit que « [les Juifs] cherchaient à se saisir de lui, et personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue ». En Jean 12.23,27, par contre, nous lisons : « Jésus leur répondit : L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié… Maintenant mon âme est troublée. Et que dirai-je ? … Père, délivre-moi de cette heure ?… Mais c’est pour cela que je suis venu jusqu’à cette heure. Père, glorifie ton nom. » Pour Jésus, l’heure de sa souffrance et sa mort, et l’heure de sa gloire étaient inséparables. En expliquant cette vérité à ses disciples, il leur avait dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé ne meurt, il reste seul ; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle » (Jean 12.24,25).

L’heure où Jésus donnerait sa vie pour les péchés du monde avait été choisie par Dieu, et ce choix n’avait pas été fait au hasard. Sa mort est venue au moment de la fête juive de la Pâque, une fête qui célébrait l’un des moments les plus importants dans l’histoire du peuple juif. Or, les événements commémorés par cette fête préfiguraient quinze siècles d’avance ce que Jésus s’apprêtait à faire. Ce que Dieu a fait pour Israël au moment de la première fête de Pâque n’était qu’un ombre de ce qu’il allait faire en faveur de tous les hommes par la mort de Christ.

La première Pâque

Voici l’histoire de cette première Pâque (comme vous le verrez, elle n’a rien à voir avec la fête des Pâques célébrée par beaucoup d’Églises de nos jours mais qui n’est mentionnée nulle part dans la Bible). Les Israélites étaient tous esclaves dans le pays d’Égypte. Dieu avait envoyé Moïse pour dire à Pharaon, le roi d’Égypte, de libérer son peuple Israël. Pharaon a refusé. Dieu a donc fait venir sur Pharaon et sur son peuple une série de catastrophes, des malheurs ou plaies, pour les punir et les obliger à céder. Le dixième fléau serait la mort de tous les premiers-nés, « depuis le premier-né de Pharaon assis sur son trône, jusqu’au premier-né de la servante qui est derrière la meule, et jusqu’à tous les premiers-nés des animaux » (Exode 11.5). Mais Dieu a donné aux Israélites des instructions précises pour qu’ils soient épargnés : le dixième jour du mois, chaque famille israélite devait s’apprêter un agneau ou un chevreau mâle sans défaut, âgé d’un an. Au coucher du soleil du quatorzième jour, chaque famille devait tuer son agneau et mettre son sang sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte de la maison où on le mangerait. Il devait être rôti au feu et mangé avec des pains sans levure et avec des herbes amères. L’Éternel dit :

« Cette nuit-là, je passerai dans le pays d’Égypte, et je frapperai tous les premiers-nés du pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’aux animaux… Le sang vous servira de signe sur les maisons où vous serez ; je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie qui vous détruise, quand je frapperai le pays d’Égypte. Vous conserverez le souvenir de ce jour, et vous le célébrerez par une fête en l’honneur de l’Éternel ; vous le célébrerez comme une loi perpétuelle pour vos descendants. » (Exode 12.12-14)

Les Israélites ont suivi les ordres qu’ils avaient reçus, et ils ont eu la vie sauve. Mais chez les Égyptiens, il n’y a pas eu de maison où la mort n’a pas frappé. Dans la nuit même, Pharaon a appelé Moïse et son frère Aaron et leur dit de prendre les Israélites et de sortir de son pays. Le peuple esclave fut ainsi libéré. Il s’est dirigé vers le mont Sinaï, où Dieu a formellement traité son alliance avec Israël. Le peuple fut sanctifié en étant aspergé du sang des animaux sacrifiés, et Dieu lui donna ses lois. Nous lisons en Exode 24.7,8 : « (Moïse) prit le livre de l’alliance, et le lut en présence du peuple ; ils dirent : Nous ferons tout ce que l’Éternel a dit, et nous obéirons. Moïse prit le sang, et il le répandit sur le peuple, en disant : Voici le sang de l’alliance que l’Éternel a faite avec vous selon toutes ces paroles. »

La dernière Pâque de Jésus

Au temps de Jésus, les Juifs continuaient d’observer la fête de la Pâque, pour se rappeler la manière dont Dieu les avait épargnés de la mort et les avait délivrés de l’esclavage. (Le mot « Pâque », à propos, vient du mot hébreu « pesach » qui signifie « passer par-dessus ». Ce mot désigne non seulement la fête, mais aussi l’animal qu’on sacrifiait.) Des millions de Juifs se rendaient chaque année à Jérusalem et des centaines de milliers d’agneaux étaient sacrifiés et consommés. Jésus et ses disciples étaient parmi les pèlerins. Voici le récit du dernier repas de Pâque que Jésus a mangé avant de mourir.

« Le jour des pains sans levain, où l’on devait immoler la Pâque, arriva, et Jésus envoya Pierre et Jean, en disant : Allez nous préparer la Pâque, afin que nous la mangions. Ils lui dirent : Où veux-tu que nous la préparions ? Il leur répondit : Voici, quand vous serez entrés dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau ; suivez-le dans la maison où il entrera, et vous direz au maître de la maison : Le maître te dit : Où est le lieu où je mangerai la Pâque avec mes disciples ? Et il vous montrera une grande chambre haute, meublée : c’est là que vous préparerez la Pâque. Ils partirent, et trouvèrent les choses comme il le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque.

L’heure étant venue, il se mit à table, et les apôtres avec lui. Il leur dit : J’ai désiré vivement de manger cette Pâque avec vous, avant de souffrir ; car, je vous le dis, je ne la mangerai plus, jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu. » (Luc 22.7-16)

« L’accomplissement » de la Pâque

Il est important de souligner une phrase dans ce que nous venons de lire : Jésus dit : « Je ne la mangerai plus, jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu. » Ce repas, que les Israélites gardaient déjà depuis 1.500 ans, trouverait son accomplissement dans le royaume de Dieu, c’est-à-dire dans les événements qui conduisaient à l’établissement de l’Église et à l’observance d’un repas encore plus riche en signification. La Pâque était une sorte de prophétie en symbole, une prophétie qui devait être accomplie. L’agneau, dont le sang sur les portes sauvait les Israélites dans leurs maisons, symbolisait d’avance Jésus-Christ, dont le sang sauverait les hommes dans le royaume, ou l’Église. Déjà en Jean 1.29, tout au début du ministère de Jésus, Jean-Baptiste a dit à son sujet : « Voici l’agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. » Des années après le ministère de Jésus sur terre, l’apôtre Paul a écrit en 1 Corinthiens 5.7 : « …Christ, notre Pâque, a été immolé », ou comme la Bible en Français Courant l’exprime : « Le Christ a été sacrifié comme notre agneau pascal. »

C’est grâce au sang d’un agneau, innocent et sans défaut, que les Israélites ont été sauvés de la mort qui frappait les Égyptiens, afin de pouvoir être délivrés de l’esclavage. C’est grâce au sang de Jésus, innocent et sans défaut, que les hommes peuvent être sauvés de la mort spirituelle et éternelle qui pèse sur eux à cause de leurs péchés. Ceux qui ont recours à son sang pour leur salut sont délivrés de la servitude au diable et au péché (Hébreux 2.14,15).

Le repas de la Pâque était très important pour Jésus, parce qu’il se rapportait directement à sa mission parmi les hommes. Les Juifs ne s’en rendaient pas compte, mais ce repas qu’ils observaient avec zèle et fidélité, trouvait son accomplissement en Jésus de Nazareth.

Une nouvelle fête

Mais à cette occasion, Jésus a institué un autre repas mémorial, non pas pour les descendants des Israélites sauvés de l’esclavage en Égypte, mais pour tous les chrétiens, sauvés du péché et de la mort. Pour ce nouveau repas, Jésus a pris deux éléments utilisés dans la Pâque et leur a donné une nouvelle signification. Il s’agit du pain sans levain, c’est-à-dire sans levure, et le fruit de la vigne, c’est-à-dire le jus de raisin ou le vin.

« Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain ; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna, en disant : Prenez, ceci est mon corps. Il prit ensuite une coupe ; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : Ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour plusieurs. » (Marc 14.22-24)

Selon Jésus en 1 Corinthiens 11.24, son corps fut »rompu » pour nous. Les chrétiens pensent à ce fait chaque fois qu’ils rompent le pain. En disant : « Ceci… est le sang de l’alliance », Jésus fait penser à ce que Moïse avait dit en inaugurant l’ancienne alliance quand il a aspergé le peuple du sang : « Voici le sang de l’alliance que l’Éternel a faite avec vous. » Hébreux 9.17,18,23 nous explique : « Un testament, en effet, n’est valable qu’en cas de mort, puisqu’il n’a aucune force tant que le testateur vit. Voilà pourquoi c’est avec du sang que même la première alliance fut inaugurée… et presque tout, d’après la loi, est purifié avec du sang, et sans effusion de sang il n’y a pas de pardon. » C’est le sang de Jésus qui nous purifie, pour que nous soyons le peuple du Seigneur ; ce fut la mort de Jésus qui a inauguré la nouvelle alliance, qui a mis en vigueur le Nouveau Testament sous lequel nous vivons. Voilà pourquoi Jésus dit que le vin dans cette coupe représentait « le sang de l’alliance ».

Précisons en passant que lorsque Jésus dit : « Ceci est mon corps…, ceci est mon sang », il ne prétendait pas que le pain se soit transformé en chair humaine ou que le vin se soit transformé en sang. Il veut dire que le pain représente son corps et que le vin représente son sang. De même, quand il explique la parabole du semeur en Luc 8, il dit : « La semence, c’est la parole de Dieu », mais nul ne doute que cela veut dire : « La semence dont il est question dans la parabole représente ou symbolise la parole de Dieu. » Quand nous prenons le repas du Seigneur, ce n’est pas la vraie chair de Jésus que nous mangeons. Paul le dit clairement à plusieurs reprises : « Nous formons un seul corps ; car nous participons tous à un même pain… Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur… Que chacun s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe » (1 Corinthiens 10.16; 11.26,28). Ce que nous mangeons, c’est bien du pain. Notez, aussi, que tous les fidèles prenaient non seulement le pain, mais aussi la coupe. Jésus avait dit, en effet : « Buvez-en tous. »

Conclusion

Jésus a institué son repas en disant : « Faites ceci en mémoire de moi. » Paul nous dit : « Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. » Nous ne renouvelons pas la mort de Christ – nous nous la rappelons et nous l’annonçons. Et l’histoire et le Nouveau Testament montrent que les premiers chrétiens prenaient ce repas sacré chaque dimanche. C’est ce que nous devons continuer de faire aujourd’hui. Il nous rappelle le cœur de notre foi chrétienne : la mort de Jésus pour nous sauver de la mort éternelle et nous libérer de l’esclavage au péché et sa résurrection d’entre les morts. Les Juifs continuent jusqu’à ce jour d’observer la fête de la Pâque pour se rappeler leur délivrance d’une esclavage physique. Nous devons être aussi fidèles en prenant le repas du Seigneur pour nous rappeler une délivrance infiniment plus importante.

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