La vie d’Issa, al-Masih

33. Jésus lave les pieds des disciples

Le moment dans La vie de Jésus où il connaîtrait l’humiliation la plus profonde et la souffrance la plus intense était arrivé. Il était seul avec ses disciples pour célébrer le repas de la Pâque, mais dans quelques heures il serait arrêté par les chefs des Juifs. Depuis trois ans il avait enseigné ses disciples et leur avait montré comment il faut renoncer à ses propres intérêts pour servir les autres. Mais voilà que, selon Luc 22.24-26, ses disciples n’ont pas encore appris la leçon. Ce passage nous dit :

« Il s’éleva aussi parmi les apôtres une contestation : lequel d’entre eux devait être estimé le plus grand ? Jésus leur dit : Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs. Qu’il n’en soit pas de même pour vous. Mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert. »

Un acte mémorable

Les livres de Matthieu, Marc, Luc et Jean nous parlent de cette dernière nuit que Jésus a passée avec ses disciples, mais Jean nous donne un récit que les autres ont omis. Il s’agit d’un acte mémorable que Jésus a posé, un acte par lequel il a une fois de plus enseigné à ses disciples cette leçon importante. En Jean 13.1-5 nous lisons :

« Avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, et ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, mit le comble à son amour pour eux. Pendant le souper, lorsque le diable avait déjà inspiré au cœur de Judas Iscariot, fils de Simon, le dessein de le livrer, Jésus, qui savait que le Père avait remis toutes choses entre ses mains, qu’il était venu de Dieu, et qu’il s’en allait à Dieu, se leva de table, ôta ses vêtements, et prit un linge, dont il se ceignit. Ensuite il versa de l’eau dans un bassin, et il se mit à laver les pieds des disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. »

Arrêtons un peu notre lecture pour mieux comprendre cet acte dans le contexte de la Palestine du premier siècle. Dans chaque pays, il y a des signes d’hospitalité, des façons de faire bon accueil à quelqu’un. Il s’agit souvent d’offrir une chaise à la personne quand elle arrive, de lui apporter de l’eau à boire, de lui demander poliment la raison de sa visite, de l’embrasser ou lui serrer la main, et ainsi de suite. Au temps de Jésus et en Palestine, un de ces gestes d’hospitalité était le fait de pourvoir de l’eau pour que le visiteur puisse se laver les pieds. Presque tout le monde portait des sandales au lieu de chaussures fermées, les rues étaient sales, il faisait chaud, et c’était agréable de se laver les pieds fatigués dans de l’eau fraîche. L’hôte pouvait dire à un esclave ou un serviteur de laver les pieds des invités au lieu de simplement leur fournir de l’eau. S’il avait organisé un festin, le serviteur serait là avec de l’eau, à l’entrée de la maison, afin de rendre ce service à chacun quand il arrivait. C’était, quand même, une tâche très humble, accomplie généralement par la personne la moins importante, celle dont le rang était le plus bas de la maison. Les élèves d’un enseignant devaient lui rendre certains services, mais il n’avait pas le droit de leur exiger de lui laver les pieds ; c’était vu comme étant un peu trop humiliant. Parmi les disciples de Jésus qui étaient présents pour le repas de la Pâque, aucun n’avait pensé rendre cet humble service à ses camarades. Mais Jésus lui-même s’est abaissé afin de le faire pour ses élèves, c’est-à-dire ses disciples.

Il faut nous laisser servir par Jésus

Le texte continue ainsi dans les versets 6 à 11 :

« Il vint donc à Simon Pierre ; et Pierre lui dit : Toi, Seigneur, tu me laves les pieds ! Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi. Simon Pierre lui dit : Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête. Jésus lui dit : Celui qui est lavé n’a besoin que de laver ses pieds pour être entièrement pur ; et vous êtes purs, mais non pas tous. Car il connaissait celui qui le livrait ; c’est pourquoi il dit : Vous n’êtes pas tous purs. »

Nous pouvons bien comprendre la réaction de Pierre. Il ne semblait pas normal pour le Seigneur de faire pour ses disciples ce qui était la tâche d’un esclave. Jean-Baptiste avait dit qu’il n’était pas digne même pour être l’esclave de Jésus, pas digne de délier la courroie de ses sandales pour laver ses pieds. À plus forte raison il n’était pas digne de se faire servir par Jésus. C’est le sentiment de Pierre, aussi. Pour lui, comme pour les hommes de nos jours, un grand personnage, un homme très important ne devait pas avoir à faire des tâches humbles. Ce sont les autres qui devraient servir une telle personne. Cela fait partie des droits liés à sa position.

Les premiers versets du chapitre nous ont rappelé que Jésus était bien conscient de son identité et sa position. Il savait qu’il devait être bientôt glorifié, qu’il était venu de Dieu le Père et qu’il retournait vers Dieu le Père qui avait tout remis entre ses mains. Mais il ne s’accrochait pas à ses droits. Philippiens 2.7,8 nous dit : « Il s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même la mort de la croix. » Pour lui, il n’y avait pas de conflit entre la grandeur et le service aux autres. Il dit en Marc 10.45 : « Le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs. »

Quand Pierre a voulu refuser d’avoir les pieds lavés par Jésus, le Seigneur lui a dit : « Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi. » Ensuite il a parlé d’être, non pas propre, mais entièrement pur. En effet, ce ne sont pas les pieds de Pierre qu’il a en vue, mais son âme. Jésus lave ses disciples et les rend purs par son sang, sa mort sur la croix. Laver les pieds de ses disciples pouvait sembler un service trop humiliant pour être accepté, mais être arrêté, insulté, battu et cloué sur une croix serait cent fois plus humiliant. Pourtant Jésus était prêt à subir tout cela, et celui qui ne peut pas accepter que Jésus souffre ainsi pour lui ne pourra jamais être purifié de ses péchés. Il n’y pas d’autre solution. Si Pierre ne peut pas accepter que Jésus lui lave les pieds, comment acceptera-t-il que Jésus meure pour lui ? Il faut nous laisser servir, il faut nous laisser sauver par Jésus. Nous ne pouvons pas le prendre comme roi sans le prendre comme sauveur, tout comme nous ne pouvons pas l’accepter comme sauveur sans accepter qu’il règne sur nous en tant que roi.

Il faut suivre l’exemple de Jésus

Le récit que nous étudions se termine de cette façon :

« Après qu’il leur eut lavé les pieds, et qu’il eut pris ses vêtements, il se remit à table, et leur dit : Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? Vous m’appelez Maître et Seigneur ; et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; car je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait. En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son seigneur, ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a envoyé. Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez. » (Jean 13.12-17)

Jésus appelle donc ses disciples à suivre l’exemple qu’il leur a donné. Il ne veut pas dire que l’Église devait organiser une cérémonie religieuse où les membres, à tour de rôle, laveraient les pieds les uns des autres, qu’ils soient sales ou pas, que ce soit une coutume du pays ou pas. Il veut dire que ses disciples doivent être assez humbles pour rendre des services les uns aux autres, même des services qui pourraient sembler humiliants. Cela pourrait être le fait de balayer la salle de réunion de l’Église, d’aider sa femme avec le ménage si elle est trop fatiguée, de rester auprès d’un malade affaibli par le SIDA et nettoyer son vomissement, ou de donner un verre d’eau froide à un enfant.

Les disciples étaient trop fiers pour laver les pieds des autres. Chacun voulait être le premier. L’orgueilleux, en effet, est toujours en concurrence avec les autres. Il veut être plus riche ou plus fort ou plus intelligent ou plus écouté que les autres. Il veut être à la première place, la place d’honneur. Il se compare aux autres pour faire remarquer qu’il est plus ancien, plus fidèle, plus utile, plus formé, plus doué que d’autres personnes et devrait donc jouir de tel avantage, telle assistance, telle responsabilité, ou tel honneur. Cette attitude crée toujours des problèmes. L’homme orgueilleux qui estime qu’il ne reçoit pas l’honneur qui lui est dû se met en colère ou il boude pendant plusieurs jours. Celui qui est humble, par contre, n’est pas trop préoccupé par sa propre valeur et sa propre dignité pour penser aux besoins des autres. Quand nous sommes tentés d’insister sur notre dignité, notre prestige ou nos droits, rappelons-nous donc Jésus-Christ, à genoux devant les pieds sales de ses propres disciples.

Le service humble était au cœur de la nature de Jésus et de sa mission. Accepter Jésus signifie à la fois se laisser servir par Celui qui est plus grand que nous, et suivre son exemple en servant les autres dans l’humilité.

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