La vie d’Issa, al-Masih

30. Un figuier, deux fils et une vigne

Dans notre dernière étude nous avons vu Jésus entrer dans la ville de Jérusalem acclamé et célébré par de foules immenses qui chantaient « Hosanna au Fils de David ! » Malgré cet accueil, Jésus a pleuré sur la ville. Il n’était pas la sorte de Sauveur que les habitants voulaient. La majorité d’entre eux, et surtout les dirigeants, finiraient par le rejeter, le crucifier, et persécuter ses disciples.

Le lendemain de son entrée triomphale, Jésus a, pour une deuxième fois, chassé ceux qui s’étaient installés dans la cour du temple pour vendre des animaux et échanger les monnaies étrangères. En effet, trois ans auparavant, au début de son ministère, Jésus les avait chassés de ce même lieu. Les vendeurs et changeurs d’argent non seulement transformaient un lieu de prière en bruyant marché, mais en plus ils escroquaient à grande échelle les adorateurs de Dieu en leur faisant payer des prix exorbitants pour les animaux qu’ils devaient sacrifier.

Ensuite, Jésus s’est installé dans la cour du temple et s’est mis à enseigner les foules. Il leur a parlé de la nécessité de pardonner à leurs prochains, des offrandes qui plaisent à Dieu, et de la bonne nouvelle. Mais il a aussi annoncé de plusieurs manières que les Juifs et leurs dirigeants risquaient de perdre la place privilégiée qu’ils avaient occupée devant Dieu.

Le figuier maudit

Le premier avertissement a eu lieu, en fait, avant que Jésus ne purifie le temple, quand il se rendait du village voisin de Béthanie, où il dormait, à Jérusalem. Écoutez un passage qui a souvent confus les lecteurs :

« Le lendemain, après qu’ils furent sortis de Béthanie, Jésus eut faim. Apercevant de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s’il y trouverait quelque chose ; et, s’en étant approché, il ne trouva que des feuilles, car ce n’était pas la saison des figues. Prenant alors la parole, il lui dit : Que jamais personne ne mange de ton fruit ! Et ses disciples l’entendirent… Quand le soir fut venu, Jésus sortit de la ville. Le matin, en passant, les disciples virent le figuier séché jusqu’aux racines. » (Marc 11.12-14,19,20)

On a l’impression que Jésus a été étrangement dur et déraisonnable en ce qui concerne ce figuier. Pourquoi s’attendrait-il à trouver des figues si, comme Marc le dit, ce n’était pas la saison des figues ? Pour comprendre, il faut un détail sur le figuier. C’est qu’il fleurit et ses fruits commencent à se développer avant que les feuilles ne se mettent à pousser. Ainsi, un arbre ayant déjà du feuillage devrait en principe déjà produire quelque chose. C’est comme si, par son apparence, cet arbre disait : « Je porte du fruit – venez et mangez ! » Mais quand on regarde de près, on ne trouve rien.

Cet arbre ressemblait, en fait, à la nation d’Israël, qui proclamait haut et fort sa justice et son attachement à Dieu. De loin, on dirait un peuple pieux qui pratiquait avec zèle une religion supérieure à celle des autres nations. Mais quand Jésus s’en approchait, il trouvait toutes sortes de péché et d’hypocrisie. En maudissant le figuier stérile, Jésus annonçait de façon dramatique le sort qui était réservé à la nation qui ne reconnaissait pas son péché, mais se vantait d’une justice qu’elle ne possédait pas.

La parabole des deux fils

Au vu de tout ce que Jésus faisait et disait, les responsables se sont approchés pour l’interroger sur l’origine de sa mission. Jésus a promis leur répondre si eux d’abord lui disaient si le baptême de Jean-Baptiste était de Dieu ou des hommes. Ils disaient entre eux :

« Si nous répondons : Du ciel, il nous dira : Pourquoi donc n’avez-vous pas cru en lui ? Et si nous répondons : Des hommes, nous avons à craindre la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. Alors ils répondirent à Jésus : Nous ne savon pas. Et il leur dit à son tour : Moi, non plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais ces choses. » (Matthieu 21.23-27)

Sans le vouloir, les chefs religieux ont donc reconnu en quelque sorte qu’ils n’étaient pas compétents pour juger si son ministère venait de Dieu ou des hommes. Car les voici, eux dont la fonction était de contrôler tout enseignement religieux, incapables de se prononcer sur un personnage aussi important que Jean-Baptiste.

Mais le récit continue :

« Que pensez-vous de ceci ? ajouta Jésus. Un homme avait deux fils. Il s’adressa au premier et lui dit : “Mon fils, va travailler aujourd’hui dans la vigne.” – “Je ne veux pas,” répondit-il ; mais plus tard, il changea d’idée et se rendit à la vigne. Puis le père s’adressa à l’autre fils et lui dit la même chose. Celui-ci répondit : “Oui, père,” mais il n’y alla pas. Lequel des deux a fait ce que voulait son père ? Le premier, répondirent-ils. Jésus leur dit alors : Je vous le déclare, c’est la vérité : les collecteurs d’impôts et les prostituées arriveront avant vous dans le Royaume de Dieu. Car Jean-Baptiste est venu à vous en vous montrant le juste chemin et vous ne l’avez pas cru ; mais les collecteurs d’impôts et les prostituées ont cru en lui. Et même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas ensuite repentis pour croire en lui. »

La parabole des deux fils est très simple : Un père ayant deux fils dit au premier d’aller travailler dans son champ. Celui-ci dit qu’il ne veut pas, mais après il se repent et il va. Quand le père dit au deuxième fils de faire la même chose, ce dernier dit qu’il ira, mais il ne va pas. Les chefs juifs avaient refusé de répondre à la question : « Le baptême de Jean, d’où venait-il ? Du ciel, ou des hommes ? » Flairant le piège, ils ont raisonné entre eux : « Si nous répondons : Du ciel, il nous dira, Pourquoi donc n’avez-vous pas cru en lui ? » Ils ont donc refusé de répondre. Par contre, ils ont répondu à la question : « Lequel des deux a fait la volonté du père ? » sans soupçonner qu’en réalité les deux questions visaient la même chose, c’est-à-dire, leur propre rébellion contre Dieu. Par leur réponse ils se sont jugés eux-mêmes.

En rejetant le ministère de Jean-Baptiste, les chefs ressemblaient au fils qui avait désobéi à la volonté de son père, parce que c’est bien Dieu qui avait envoyé Jean. Ils l’ont accusé d’avoir un démon, ils ont refusé de se repentir, et, selon Luc 7.30, en refusant de se faire baptiser par lui, ils ont rejeté le dessein de Dieu à leur égard. Ils disaient à Dieu : « Oui, père » ; ils prétendaient faire la volonté de Dieu. Mais dans les actes, ils étaient des fils rebelles. À cause de cela, Jésus dit que les pécheurs les devanceraient dans le royaume. Le mot « devancer » ici ne veut pas dire qu’ils entreraient avant les Pharisiens et les scribes, mais qu’ils prendraient carrément leur place dans le royaume.

La parabole des vignerons

Jésus a poursuivi avec une autre parabole. Celle-ci concerne un propriétaire qui a planté une vigne. Il a tout mis en place, puis il a loué la vigne à des ouvriers vignerons et partit en voyage. Quand le moment de la récolte du raisin est venu, il envoya un serviteur aux ouvriers vignerons pour recevoir d’eux sa part de la récolte. Mais les vignerons battirent le serviteur et le renvoyèrent sans rien lui donner. Il envoya d’autres serviteurs, mais ces ouvriers les traitèrent de la même manière. Ils battirent les uns et tuèrent les autres. Finalement, le propriétaire a envoyé son propre fils, en se disant que les ouvriers auraient du respect au moins pour lui. Mais les vignerons se dirent les uns aux autres : Voilà celui qui deviendra propriétaire plus tard. Allons, tuons-le, et la vigne sera à nous. Ils saisirent donc le fils, le tuèrent et le jetèrent hors de la vigne. Le passage se termine de cette manière :

« Eh bien, quand le propriétaire de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? demanda Jésus. Ils lui répondirent : Il tuera sans pitié ces hommes mauvais et louera sa vigne à d’autres vignerons qui lui remettront sa part de la récolte au moment voulu. Puis Jésus leur dit : N’avez-vous jamais lu ce que déclare l’Écriture ? “C’est la pierre que les bâtisseurs avaient rejetée qui est devenue la pierre principale. Voilà ce qu’a fait le Seigneur, et c’est une merveille à nos yeux !” C’est pourquoi, ajouta Jésus, je vous le déclare : le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui produira les fruits propres à ce royaume… Les chefs des prêtres et les Pharisiens entendirent les paraboles de Jésus et comprirent qu’il parlait d’eux. Ils cherchèrent alors un moyen de l’arrêter, mais ils eurent peur des foules qui considéraient Jésus comme un prophète. » (Matthieu 21.40-46)

Les chefs des Juifs n’ont pas eu de difficulté pour comprendre le sens de cette parabole. Israël et ses dirigeants n’avaient pas vécu selon la justice demandée par Dieu. En plus, ils avaient maltraité les prophètes que Dieu avait envoyés pour les appeler à la repentance. Il avait maintenant envoyé Jésus, mais lui aussi serait maltraité et mis à mort par ces chefs. Par conséquent, ils seraient châtiés, et le royaume de Dieu leur serait enlevé. Il serait donné à d’autres.

Israël n’est plus le peuple spécial de Dieu

Jésus a donc prédit, avant sa mort, que la nation juive perdrait la position privilégiée qu’elle avait occupée auprès de Dieu. Cette prophétie s’est accomplie environ 40 ans plus tard quand l’armée romaine a détruit la ville de Jérusalem avec son temple et destitué de leur autorité tous les dirigeants juifs. Les Juifs qui croyaient en Jésus gardaient toujours leur place dans le royaume, mais non pas parce qu’ils étaient juifs. Comme Galates 3.28,29 le dit : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec… car tous vous êtes un en Jésus-Christ. Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d’Abraham, héritiers selon la promesse. » Contrairement à ce que beaucoup semblent penser, l’état d’Israël aujourd’hui n’a pas plus d’importance aux yeux de Dieu que tout autre état. Le peuple de Dieu de nos jours, c’est l’Église. C’est l’Église qui est l’Israël spirituel.

En Romains 11, l’apôtre Paul parlait du rejet d’Israël. Ce peuple n’avait pas été rejeté en bloc, puisqu’il y avait des Juifs, comme Paul lui-même, qui avaient cru en Jésus. Le rejet de ce peuple ne fut pas sans remède, puisqu’un Juif, même aujourd’hui, est libre d’obéir à l’Évangile et entrer dans le royaume de Dieu. Mais dans leur majorité les Juifs avaient été rejetés parce qu’ils ne croyaient pas en Christ. Paul fait une comparaison à un arbre, l’olivier. Certaines branches de l’arbre, des Juifs, avaient été coupées à cause de leur incrédulité. Ils n’étaient plus du peuple de Dieu. Ils étaient rejetés. Des branches d’olivier sauvage, c’est-à-dire des païens, furent greffées à leur place à cause de leur foi. Mais si les branches naturelles pouvaient être coupées, certainement les branches de l’olivier sauvage pouvaient être coupées aussi. Leur salut n’était pas inconditionnel, mais dépendait de leur fidélité.

En maudissant le figuier, en disant la parabole des deux fils et celle des méchants vignerons, Jésus mettait les Juifs en garde. Un sort terrible les attendait pour leur manque de repentance et leur manque de foi en lui. Ces Juifs, qui se croyaient déjà justes mais qui, en fait, ne plaisaient pas à Dieu, doivent servir d’exemple à nous qui avons cru en Jésus aujourd’hui. Nous ne devons pas simplement dire : « Oui, père. » Nous devons lui obéir. Il faut croire, mais il faut par la suite demeurer fidèle. Sinon, comme les Juifs qui n’ont pas cru, nous perdrons notre place dans le royaume des cieux.

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