La vie d’Issa, al-Masih

28. Le jeune homme riche

Dans une comédie musicale, un villageois juif nommé Tevye, vivant en Russie, chante une chanson où il dit à Dieu : « Dieu, tu as fait beaucoup, beaucoup de pauvres. Je sais que ce n’est pas une honte que d’être pauvre, mais ce n’est pas un honneur non plus. C’est toi qui as décrété que je sois ce que je suis. Mais est-ce que cela aurait gâté quelque vaste dessein éternel si j’avais été un homme riche ? »

Qui n’a jamais eu envie d’être riche ? L’argent semble offrir tant de plaisirs, tant de sécurité, et tant de prestige. Même l’homme sincèrement religieux pense parfois que ce serait une très bonne chose pour lui, non seulement sur le plan matériel, mais aussi sur le plan spirituel. Le pauvre se dit souvent que ce serait plus facile de servir Dieu s’il était riche. Il disposerait d’assez de temps pour faire l’œuvre de Dieu, il n’aurait pas besoin de tricher et ne serait pas tenté de voler pour survivre, et il aurait moins de soucis. Finie la honte de ne pas pouvoir payer ses crédits ; finie la misère d’entendre ses enfants pleurer de faim ; sa femme ne l’insulterait plus de ce qu’il n’arrive pas à s’occuper d’elle comme d’autres maris le font pour leurs femmes. Que ce serait facile de bien se comporter !

Les Juifs au temps de Jésus, comme certaines personnes aujourd’hui, croyaient non seulement qu’il serait plus facile d’être juste si l’on avait de l’argent, mais aussi que la prospérité était une preuve de la faveur de Dieu. Nous verrons aujourd’hui que Jésus ne partageait pas ce point de vue. Voici le récit de son entretien avec un jeune homme riche, un chef des Juifs.

« Comme Jésus se mettait en chemin, un homme accourut, et, se jetant à genoux devant lui : Bon maître, lui demanda-t-il, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? Jésus lui dit :… Tu connais les commandements : Tu ne commettras point d’adultère ; tu ne tueras point ; tu ne déroberas point ; tu ne diras point de faux témoignage ; tu ne feras tort à personne ; honore ton père et ta mère. Il lui répondit : Maître, j’ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse. Jésus, l’ayant regardé, l’aima, et lui dit : Il te manque une chose ; va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis, viens, et suis-moi. Mais, affligé de cette parole, cet homme s’en alla tout triste ; car il avait de grands biens. Jésus, regardant autour de lui, dit à ses disciples : Qu’il sera difficile à ceux qui ont des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! Les disciples furent étonnés de ce que Jésus parlait ainsi. Et, reprenant, il leur dit : Mes enfants, qu’il est difficile à ceux qui se confient dans les richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. Les disciples furent encore plus étonnés, et ils se dirent les uns aux autres : Et qui peut être sauvé ? Jésus les regarda et dit : Cela est impossible aux hommes, mais non à Dieu. Car tout est possible à Dieu. » (Marc 10.17-27)

Pourquoi une telle exigence ?

Ce jeune homme ne se voyait pas comme un « grand pécheur ». Néanmoins, il reconnaissait qu’il lui manquait peut-être quelque chose, avant même que Jésus ne lui le dise. D’autres personnes auraient peut-être été satisfaites d’elles-mêmes ; son entourage croyait probablement qu’il était déjà bien, mais ce jeune homme doutait que sa justice soit suffisante. Il avait raison.

Quand il a répondu à Jésus qu’il avait gardé les commandements depuis sa jeunesse, Jésus lui dit que ce qu’il manquait était de vendre tout ce qu’il avait, le donner aux pauvres, et le suivre. Quel choc cet homme a dû ressentir ! Et nous aussi, en lisant cette histoire, nous sommes surpris. Oui, certaines personnes ont vu tous leurs biens arrachés parce qu’elles sont devenues chrétiennes. Le livre des Actes nous parle de disciples qui « vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun » (Actes 2.45). Mais nous ne voyons nulle part qu’il était systématiquement exigé de tous qu’ils vendent leurs biens et qu’ils donnent le produit aux pauvres. Le même livre des Actes nous parle de certaines personnes telles que Philippe, Mnason, et Marie, la mère de Jean Marc, qui avaient des maisons où ils recevaient des groupes pour la prière ou offraient de l’hospitalité à des voyageurs. Évidemment, quelques chrétiens conservaient au moins une partie de leurs biens, tout en les mettant au service de Dieu. Il est sous-entendu en 1 Timothée 6.17-19 qu’il y avait dans l’Église quelques riches, puisque Paul dit au jeune évangéliste : « Recommande aux riches du présent siècle de ne pas être orgueilleux… Recommande-leur de faire du bien, d’être riches en bonnes œuvres, d’avoir de la libéralité, de la générosité, et de s’amasser ainsi pour l’avenir un trésor placé sur un fondement solide, afin de saisir la vie véritable. » Paul dit que les riches doivent faire de bonnes œuvres avec leur argent et être généreux, mais il ne leur dit pas qu’ils doivent devenir des indigents. Alors pourquoi Jésus dit-il à ce jeune homme qu’il devait tout vendre et le donner aux pauvres ?

Jésus ne dit pas cela dans le but de le repousser ou de rendre les conditions du salut plus difficiles que nécessaire pour lui. Le texte précise que Jésus l’aima. S’il a exigé quelque chose de si difficile, c’est parce qu’il voyait dans le cœur de chaque personne et savait que, malgré l’amour que cet homme avait pour Dieu, l’argent tenait encore la première place. Si Jésus regardait dans notre cœur, ferait-il la même demande ? Pour que cet homme entre dans le royaume, il fallait qu’il choisisse entre le Seigneur et la richesse. Dieu n’accepte pas de rivaux. Malheureusement, le jeune riche n’a pas accepté de faire ce que Jésus a dit. Il s’en alla tout triste.

La richesse comme obstacle au salut

Après le départ de cet homme qui avait de grands biens, Jésus dit : « Qu’il sera difficile à ceux qui ont des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu. » Voilà de quoi étonner ses disciples. Comme nous l’avons dit au début de cette étude, il y a des soucis et des tentations qui assaillent le pauvre, tandis que le riche semble en être épargné. Pourquoi donc serait-il particulièrement difficile à un riche de plaire à Dieu et aller au ciel ?

En répétant sa phrase, Jésus fait ressortir une partie du problème. La deuxième fois il dit : « Qu’il est difficile à ceux qui se confient dans les richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! » Dans ses recommandations aux riches en 1 Timothée 6, l’apôtre Paul, aussi, leur dit « de ne pas mettre leur espérance dans des richesses incertaines, mais de la mettre en Dieu, qui nous donne avec abondance toutes choses pour que nous en jouissions » (1 Timothée 6.17). Les pauvres sont parfois aussi matérialistes et amoureux de l’argent que les riches, mais est-ce possible qu’ils soient quand même moins aptes à mettre leur confiance en des richesses qu’ils ne possèdent pas ? N’en possédant pas, ils comptent moins sur l’argent pour résoudre leurs problèmes. Ils reconnaissent plus facilement en Dieu leur seul soutien. Or, Dieu ne veut pas d’un cœur partagé.

D’autres dangers qui se présentent particulièrement aux riches sont la tendance à s’enorgueillir à cause de leur prospérité et à mépriser les autres, la tendance à utiliser l’argent de façon égoïste au lieu d’agir comme gérants de ce qui appartient en réalité à Dieu, et la tendance à s’attacher aux plaisirs et aux conforts de ce monde au lieu d’aspirer aux trésors célestes.

La Bible nous conseille d’une part le travail diligent qui produira, avec la bénédiction de Dieu, les moyens de pourvoir à nos besoins, et d’autre part une attitude de contentement, quelles que soient nos circonstances. Paul dit en 1 Timothée 6.6-10 :

« C’est, en effet, une grande source de gain que la piété avec le contentement ; car nous n’avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n’en pouvons rien emporter ; si donc nous avons la nourriture et le vêtement, cela nous suffira. Mais ceux qui veulent s’enrichir tombent dans la tentation, dans le piège, et dans beaucoup de désirs insensés et nuisibles qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. Car l’amour de l’argent est une racine de tous les maux. »

Si Dieu bénit vos activités de telle sorte que vous devenez riche, employez cet argent de manière à le glorifier et ne permettez jamais à cet argent de devenir votre dieu ou l’objet de votre amour. Sinon, méfiez-vous d’avoir comme objectif de devenir un homme ou une femme riche.

La richesse n’est pas une preuve de la faveur de Dieu

Les disciples étaient étonnés d’entendre Jésus dire qu’il serait plus difficile à un riche d’entrer dans le royaume que pour un chameau de passer par le trou d’une aiguille. Ils avaient toujours eu l’idée que la richesse était une preuve de la faveur de Dieu. Si donc le riche entrerait si difficilement dans la vie éternelle, quel espoir y aurait-il pour des pauvres ? Qui pourrait être sauvé ? En disant qu’avec Dieu tout est possible, Jésus leur rassure que le salut est possible pour le riche et le pauvre. Mais ce qui est clair, c’est que les riches n’étaient pas sauvés d’office. Ils n’avaient pas tous la faveur de Dieu. Leur argent pouvait leur faciliter l’entrée dans certains milieux sur terre, mais risquait d’être une entrave plutôt qu’un avantage en ce qui concerne l’entrée au paradis.

À la fin de ce passage Jésus emploie une phrase qu’il a souvent prononcée dans l’Évangile : « Plusieurs des premiers seront les derniers, et plusieurs des derniers seront les premiers. » Dans ces différents passages, les termes « premiers » et « derniers » ne désignent pas un ordre d’entrée ni un rang occupé dans le royaume. Les premiers sont ceux que les hommes se seraient attendus à voir dans le royaume de Dieu – les riches, les Juifs, ceux qui jouissaient apparemment de la faveur de Dieu. Les derniers seraient les pauvres, les exclus de la société juive, les païens – beaucoup de ce nombre seraient admis au royaume tandis que beaucoup du premier groupe en seraient exclus. Cette phrase ne parle donc pas particulièrement de la durée d’une personne dans l’Église ; « les premiers » ne sont pas ceux qui sont convertis avant d’autres personnes.

Les sacrifices seront récompensés

Après avoir vu l’exemple du riche qui n’a pas pu tout laisser pour Jésus, Pierre dit au nom de tous les apôtres : « Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi. » En réponse, Jésus dit que toute personne qui aura tout quitté pour lui et pour l’Évangile recevra trois choses : 1) cent fois plus de maisons, frères, sœurs, mères, enfants, terres – présentement, sur la terre ; 2) des persécutions ; 3) la vie éternelle dans le ciel. En effet, celui qui accepte d’être rejeté par sa famille, ou qui s’éloigne de sa famille ou perd ses biens à cause de Jésus, trouvera que dans l’Église il a une plus grande famille, souvent plus fidèle que sa famille charnelle, prête à partager avec lui maisons et biens afin de satisfaire à ses besoins. Cela n’exclut pas les tribulations et les persécutions, mais il y a des récompenses déjà dans cette vie pour les sacrifices consentis pour le Seigneur. Dieu est fidèle, et il n’abandonne pas son serviteur. Et bien sûr, la récompense la plus merveilleuse pour celui qui a tout mis sur l’autel sera la vie éternelle dans le ciel.

Si Dieu ne vous a pas accordé beaucoup d’argent, ne soyez pas mécontent. Cela ne veut pas du tout dire qu’il t’aime moins. Selon Jésus, il se peut que la richesse serait la cause de ta perte éternelle, un obstacle au salut que tu n’arriverais pas à surmonter. Or, il veut t’accorder des biens meilleurs, qui, selon 1 Pierre 1.5, « ne peuvent ni se gâter, ni se salir, ni perdre leur éclat. Dieu les réserve dans les cieux pour vous ».

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