La vie d’Issa, al-Masih

19. La multiplication des pains et poissons

Le Nouveau Testament contient quatre récits du ministère de Jésus. Ce sont les Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Ces quatre livres ne se contredisent pas, mais ils se complètent. Chacun nous donne des détails que les autres omettent, et ensemble ils nous donnent une meilleure idée de la vie du Seigneur. Il n’y a que deux miracles de Jésus qui nous sont rapportés dans tous les quatre Évangiles : ce sont la résurrection de Jésus et la multiplication de cinq petits pains et deux poissons pour nourrir une foule de plus de 5.000 personnes. C’est ce repas miraculeux qui sera l’objet de notre étude aujourd’hui. Voici la version de Matthieu 14.13-21 :

Ayant appris la nouvelle de la mort de Jean-Baptiste,

« Jésus partit de là dans une barque, pour se retirer à l’écart dans un lieu désert ; et la foule, l’ayant su, sortit des villes et le suivit à pied. Quand il sortit de la barque, il vit une grande foule, et fut ému de compassion pour elle, et il guérit les malades [et se mit à leur enseigner beaucoup de choses – Marc 6.34]. Le soir étant venu, les disciples s’approchèrent de lui, et dirent : Ce lieu est désert, et l’heure est déjà avancée ; renvoie la foule, afin qu’elle aille dans les villages, pour s’acheter des vivres. Jésus leur répondit : ils n’ont pas besoin de s’en aller ; donnez-leur vous-mêmes à manger. Mais ils lui dirent : Nous n’avons ici que cinq pains et deux poissons. Et il dit : Apportez-les-moi. Il fit asseoir la foule sur l’herbe, prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux vers le ciel, il rendit grâces. Puis, il rompit les pains et les donna aux disciples, qui les distribuèrent à la foule. Tous mangèrent et furent rassasiés, et l’on emporta douze paniers pleins de morceaux qui restaient. Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants. »

La réaction de la foule

Comme nous l’avons dit, Matthieu, Marc et Luc nous racontent tous cette histoire, mais c’est l’apôtre Jean qui nous informe de la réaction de la foule qui a vu cette preuve du pouvoir infini de Jésus-Christ. Jean 6.14,15 dit : « Ces gens, ayant vu le miracle que Jésus avait fait, disaient : Celui-ci est vraiment le prophète qui doit venir dans le monde. Et Jésus, sachant qu’ils allaient venir l’enlever pour le faire roi, se retira de nouveau sur la montagne, lui seul. »

Quand Jésus a nourri cette grande multitude, les gens ont pensé au prophète qui devait venir dans le monde, celui dont Dieu avait parlé en Deutéronome 18.18. Dieu avait dit que ce prophète qu’il allait envoyer serait « comme » Moïse. Au temps de Moïse Dieu avait fait tomber du ciel chaque jour pendant 40 ans une sorte de nourriture que les Israélites appelait « la manne ». Or, de même que Moïse avait nourri les Israélites dans le désert d’une manière miraculeuse, Jésus, qui est bien le prophète en vue en Deutéronome, avait nourri la foule d’une manière miraculeuse.

Mais le peuple n’a pas seulement cru que Jésus était le prophète, il a aussi voulu prendre Jésus comme roi. Après tout, un roi qui est capable de nourrir des milliers de personnes à partir de cinq petits pains et deux poissons serait un roi admirable. Au lieu de prendre des impôts du peuple, c’est lui qui donnerait au peuple de quoi manger. Avec de tels pouvoirs, il réunirait facilement une grande armée afin de chasser les ennemis romains du pays. C’était le rêve de tout le peuple d’Israël. Ils voulaient donc Jésus pour roi.

Disons en passant que ce petit verset dans l’Évangile de Jean montre l’erreur d’une idée répandue concernant la mission de Jésus et son retour vers la terre. Beaucoup de personnes, en effet, enseignent aujourd’hui que Jésus serait venu il y a deux mille ans pour établir son royaume et régner à partir de Jérusalem. Mais les Juifs incrédules qui l’ont fait crucifier auraient contrarié le plan de Dieu. Selon cette doctrine, Jésus a institué l’Église en attendant de revenir une deuxième fois pour se faire introniser à Jérusalem et régner sur la terre pendant mille ans. Cette idée est contraire en plusieurs points à ce que dit la Bible. Jean 6.15, qui dit : « Ils allaient venir l’enlever pour le faire roi », montre, par exemple, que Jésus aurait pu être roi des Juifs dans un sens physique s’il l’avait voulu. Si sa mission avait été de régner sur un royaume physique, voilà son occasion. Si sa mission avait été de restaurer l’ancien royaume politique d’Israël, les Juifs ne l’auraient pas rejeté. Mais le royaume dont Jésus parlait dans son enseignement est différent du royaume que les Juifs voulaient. Jésus dit à Ponce Pilate : « Mon royaume n’est pas de ce monde…Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré aux Juifs, mais maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas » (Jean 18.36). Jésus ne revient pas pour établir un royaume sur la terre. Il règne déjà sur la terre depuis son trône dans le ciel. Éphésiens 1.20-22 dit que Dieu a l’a fait

« asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute dignité, et de tout nom qui se peut nommer, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir. Il a tout mis sous ses pieds, et il l’a donné pour chef suprême à l’Église. »

Mais Jean nous montre un autre aspect de la réaction de ceux qui ont été nourris par le miracle de Jésus. Comme le maître avait quitté le lieu dans la nuit,

« les gens de la foule, ayant vu que ni Jésus, ni ses disciples n’étaient là, montèrent eux-mêmes dans (des) barques et allèrent à la recherche de Jésus. Et l’ayant trouvé au-delà de la mer, ils lui dirent : Rabbi, quand es-tu venu ici ? Jésus leur répondit : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. » (Jean 6.24-26)

Jésus connaissait le cœur de tout homme. Il connaissait leurs pensées et ce qui les motivait. Il savait que cette foule voulait avant tout recevoir encore du pain gratuit. Ces gens pensaient à leurs ventres et non à leurs âmes.

La réaction que Jésus aurait souhaitée

Jésus ne voulait pas qu’on fasse de lui un roi, un chef politique ou un guerrier. Il ne voulait pas que les gens le suivent pour qu’il leur donne chaque jour du pain et des poissons. Alors, qu’est-ce qu’il voulait ? Quelle aurait été la bonne réaction au miracle qu’il avait fait ?

Constatons premièrement que le mot que l’apôtre Jean emploie le plus souvent pour parler des miracles de Jésus est un mot qui veut dire littéralement « signe ». Jésus accomplissait des « signes ». Ses actes « signifiait » quelque chose. Il est vrai qu’il avait pitié de la foule affamée, mais il n’avait pas multiplié les pains juste pour remplir des ventres. Le miracle devait surtout enseigner quelque chose au sujet de Jésus. La foule devait comprendre que Jésus est celui qui peut satisfaire tous les besoins de l’homme, et il y en a de beaucoup plus importants que la nourriture physique. Lisez une partie de leur entretien :

« Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit : Il leur donna le pain du ciel à manger. Jésus leur dit : Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel, mais mon Père vous donne le vrai pain du ciel ; car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. Ils lui dirent : Seigneur, donne-nous toujours ce pain. Jésus leur dit : Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » (Jean 6.31-35)

Tout comme le pain satisfait aux besoins du corps de l’homme, Jésus, le pain de vie, satisfait aux besoins de l’homme tout entier – corps, âme et esprit. Voilà ce que les hommes devaient comprendre en réfléchissant au miracle de Jésus.

Mais les Juifs ne pouvaient pas voir cela. Comme beaucoup de gens, ils ne pensaient qu’aux choses de la terre. C’est pour cela Jésus les a exhortés en ces termes : « Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera » (Jean 6.27). Les hommes aujourd’hui cherchent à attirer des adeptes aux Églises en promettant des enfants aux femmes stériles, la guérison physique aux malades, et la prospérité à ceux qui ont des problèmes financiers. Certains offrent des miracles, d’autres des œuvres sociales, mais la plupart mettent l’accent sur les besoins physiques. Jésus disait aux hommes de chercher « la nourriture qui subsiste pour la vie éternelle. »

Quelques versets plus tard il fait encore le contraste entre la manne et le pain de vie :

« Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. C’est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui en mange ne meure point. Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde. » (Jean 6.49-51)

Le fait de manger la manne n’a pas donné la vie éternelle aux Israélites. Ils sont morts par la suite. La guérison miraculeuse n’empêche pas que la personne guérie mourra plus tard. L’emploi et la prospérité sont des biens nettement inférieurs à la richesse céleste promise au chrétien. Jésus vaut mieux que la manne. Le pardon vaut mieux que la guérison.

Conclusion

Vous avez besoin de suivre Jésus, d’être son disciple. Mais pour Jésus, on n’est pas son disciple si on ne le suit pas pour la vie éternelle, la vie spirituelle. Il ne voulait pas de ceux qui le suivaient pour les pains et les poissons. Si vous pensez être chrétien pour un avantage physique ou matériel ici sur la terre, réfléchissez encore. Oui, le Seigneur est capable de vous donner la santé physique et les moyens financiers de satisfaire à vos besoins, mais il veut que vous le suiviez afin de trouver la paix avec Dieu et la véritable vie avec lui dans l’éternité. « Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera. »

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