Introduction
En lisant les Évangiles, vous rencontrez souvent une eau appelée tantôt la mer de Galilée, tantôt la mer de Tibériade, tantôt le lac de Génésareth, ou tout simplement « la mer ». En effet, c’est à son bord ou dans ses environs que se situe une bonne partie du ministère de Jésus. Elle était longue de 21 kilomètres, large de 12, et profonde de 42 à 48 mètres. Elle était très riche en poissons et fournissait un revenu à de nombreux bateaux de pêche. Elle était aussi très imprévisible. Les vents qui descendaient des montagnes environnantes se déchaînaient sur le lac subitement et avec grande violence, transformant sa surface lisse et tranquille. Telle une marmite bouillonnante, la mer en furie était capable de mettre la terreur dans le cœur du marin le plus expérimenté. C’est avec une telle tempête que les disciples de Jésus ont eu à faire dans notre texte d’aujourd’hui, qui se trouve en Marc 4.1,2,35-41 :
« Jésus se mit de nouveau à enseigner au bord de la mer. Une grande foule s’étant assemblée auprès de lui, il monta et s’assit dans une barque, sur la mer. Toute la foule était à terre sur le rivage. Il leur enseigna beaucoup de choses en parabole…Ce même jour, sur le soir, Jésus leur dit : Passons à l’autre bord. Après avoir renvoyé la foule, ils l’emmenèrent dans la barque où il se trouvait ; il y avait aussi d’autres barques avec lui. Il s’éleva un grand tourbillon, et les flots se jetaient dans la barque, au point qu’elle se remplissait déjà. Et lui, il dormait sur le coussin à l’arrière. Ils le réveillèrent, et lui dirent : Maître, ne t’inquiètes-tu pas de ce que nous périssons ? S’étant réveillé, il menaça le vent, et dit à la mer : Silence ! Tais-toi ! Et le vent cessa, et il y eut un grand calme. Puis il leur dit : Pourquoi avez-vous ainsi peur ? Comment n’avez-vous point de foi ? Ils furent saisis d’une grande frayeur, et ils se dirent les uns aux autres : Quel est donc celui-ci, à qui obéissent même le vent et la mer ? »
La première peur
Dans cette histoire, nous voyons que les disciples de Jésus avaient très peur à cause de la tempête. Malgré leur expérience avec les bateaux sur ce lac, ou peut-être à cause de leur expérience, ils se voyaient en grand danger. Les flots couvraient la petite barque ouverte, et elle se remplissait rapidement. Une tempête si violente pouvait entraîner la mort d’eux tous. Nous pouvons compatir à leur peur. Nous aussi, on aurait certainement eu peur dans la même situation.
Cependant, Jésus leur a reproché cette peur. « Pourquoi avez-vous ainsi peur ? Comment n’avez-vous point de foi ? » En effet, un petit détail aurait dû changer l’attitude de ces disciples. Endormi sur un coussin à l’arrière se trouvait Jésus, celui en qui ils avaient tous reconnu un grand prophète de Dieu, peut-être même LE prophète dont la venue avait été promise 15 siècles auparavant. La présence de Jésus devait tout changer pour eux. Ils avaient vu de nombreuses preuves que Dieu était avec cet homme d’une manière extraordinaire. Qui pouvait douter que Jésus avait une mission à accomplir pour l’Éternel ? Et si l’Éternel était avec lui, permettrait-il que son élu se noie sans avoir fait ce qu’il était venu faire ? Bien sûr que non ! Aucune eau ne pouvait engloutir la barque dans laquelle était Jésus. Pourquoi donc cette peur ? Pourquoi ce manque de foi ?
La réponse se trouve dans la nature de la foi, et de l’homme lui-même. La foi en Christ n’est pas une sorte de croyance aveugle, une décision de penser qu’une chose est vraie même si l’on n’a pas d’arguments, pas de preuves, pas de raisons valables pour penser de cette manière. Il y a de nombreuses raisons pour accepter le christianisme comme étant vrai.
Mais comme l’auteur anglais C.S. Lewis l’a dit, on ne doit pas supposer que l’esprit humain continue forcément à croire une chose comme étant vraie, jusqu’à ce qu’une bonne raison se présente pour remettre en cause sa croyance. On ne doit pas supposer que l’esprit humain est gouverné complètement par la raison. Ce n’est tout simplement pas le cas. Par exemple, mon esprit est parfaitement convaincu par de bonnes preuves que l’anesthésie ne m’étouffera pas, et qu’un chirurgien formé ne se mettra pas à opérer avant que je ne sois inconscient. Mais cela ne change en rien le fait que lorsqu’on me met sur la table dans le bloc opératoire et qu’on met le masque sur mon visage, une panique enfantine me prend. Je commence à penser que je vais être étouffé, ou j’ai peur qu’ils vont commencer à couper avant que je ne sois vraiment endormi. En d’autres termes, je perds ma foi dans l’anesthésie. Ce n’est pas la raison et une analyse des faits qui enlèvent ma foi : au contraire, ma foi est basée sur la raison. Elle est logique. Ce sont mon imagination et mes sentiments qui cherchent à enlever ma foi. La bataille est entre la foi et la raison d’un côté, et l’émotion et l’imagination de l’autre.
Supposons donc qu’un homme écoute l’Évangile et qu’il est conduit par ses analyses des preuves à croire que la Bible est réellement la Parole de Dieu et que Jésus est réellement le Fils de Dieu. Il décide d’abandonner les péchés dans lesquels il vivait ; il confesse devant les autres qu’il a cru, et il se fait baptiser pour demander à Dieu le pardon. Je peux vous dire ce qui se passera dans les semaines à venir. Un moment viendra où il recevra de mauvaises nouvelles, ou il aura des problèmes, ou il sera parmi des gens qui ne croient pas, ou il se verra menacé par une grande tempête, et tout d’un coup ses émotions attaqueront ses croyances. Ou bien, le moment viendra où il voudra sortir avec une femme, ou il voudra mentir, ou il verra l’occasion de se faire de l’argent facilement mais malhonnêtement. En d’autres mots, c’est un moment où cela l’arrangerait si le christianisme n’était pas vrai. Il ne sera pas face à des preuves contre les prétentions de Jésus, mais face à des émotions et des désirs. Et encore une fois, ses émotions et ses désirs chercheront à submerger sa foi.
Or, la foi, dans le sens que nous sommes en train d’employer le mot, est l’art de s’accrocher aux vérités que sa raison a acceptées, de s’y accrocher malgré ses humeurs changeantes, malgré ses envies. Répétons-le : La foi, c’est l’art de s’accrocher aux vérités que sa raison a acceptées, de s’y accrocher malgré ses émotions, ses désirs et ses humeurs du moment. Car les humeurs changeront, quelles que soient vos croyances.
Dans le passage que nous avons considéré, les disciples avaient décidé de mettre leur foi en Jésus. Mais le problème de la tempête a suscité en eux des émotions qui allaient contre leur foi. Dans le moment de crise, ils ont paniqué, ils se sont affolés, et Jésus leur reproche doucement : « Comment n’avez-vous point de foi ? »
La deuxième peur
Mais ce passage nous parle d’une autre frayeur qui saisit les disciples. Après avoir vu le miracle que Jésus avait fait, « ils furent saisis d’une grande frayeur, et ils se dirent les uns aux autres : quel est donc celui-ci, à qui obéissent même le vent et la mer ? » Cette peur n’a rien à voir avec l’idée que Jésus allait leur faire du mal, comme ils craignaient que la mer les engloutisse. Cette deuxième peur a été provoquée par la manifestation d’une puissance telle qu’ils n’avaient jamais vue, qui n’était pas de ce monde, qui n’était pas naturelle.
Nous savons que de tous temps l’homme a été plus ou moins à la merci des forces de la nature. L’homme ne peut pas empêcher un tremblement de terre ou un cyclone de se produire. Il ne peut ni mettre fin à une sécheresse prolongée ni arrêter les pluies diluviennes qui inondent parfois des régions entières. Imaginez un homme qui n’atteignent même pas deux mètres de hauteur, tout petit par rapport aux immenses nuages noirs déversant une forte pluie et poussés par des vents qui hurlent et qui déchirent les voiles, tout petit par rapport aux flots puissants qui se dressent à plusieurs mètres au-dessus du bateau et qui descendent sur lui avec une force écrasante. Imaginez un homme dans une telle situation qui se lève pour dire aux vents et à la mer de se taire et de se calmer. Autant dire au soleil de ne plus briller. L’homme n’a tout simplement pas d’autorité sur les forces de la nature. Il peut effectuer des ouvrages qui modifient, généralement pour le pire, le climat ou le paysage, mais sa simple parole n’a aucun effet sur le temps.
En voyant Jésus au milieu de la tempête donner des ordres aux vents et aux vagues, en voyant que les vents et la mer lui obéissent immédiatement, les disciples ne peuvent pas s’empêcher de s’interroger. Qui est cet homme ? Certainement, ce n’est pas un simple homme. Mais si ce n’est pas Dieu lui-même, celui qui les a créés, qui peut faire obéir le vent et la mer ? Les disciples se voyaient dans la présence d’une autorité et d’une puissance qui dépassaient leur entendement, et cela leur a fait peur.
C’était une réaction normale. Quand Dieu appelait Ésaïe pour être son prophète, il permit à ce dernier de voir une vision de sa majesté et sa gloire. La réaction d’Ésaïe n’a pas été de s’enorgueillir pour avoir été choisi par Dieu, mais plutôt une profonde humilité et même la peur : « Alors je dis : Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèves sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l’Éternel des armées » (Ésaïe 6.5). Les disciples dans la barque avec Jésus ont également peur, parce qu’ils commencent à comprendre la grandeur de cet individu qu’ils côtoient.
Conclusion
Souvent dans la vie nous avons l’impression d’être, comme les disciples, au milieu d’une tempête. Notre existence est menacée, nous sommes impuissants devant les circonstances, nous sommes ou nos êtres chers sont en danger.
Si Jésus est dans la barque avec nous, s’il est dans notre vie, nous ne devons pas avoir peur, c’est-à-dire, la première sorte de peur dont nous avons parlé. Jésus a promis demeurer avec nous, si nous demeurons dans sa parole. Rien ne peut nous séparer de son amour. Rien ne peut nous arriver qu’il ne soit pas capable d’empêcher. S’il permet la tempête pour un temps, ce n’est pas pour nous détruire, c’est pour nous purifier ou nous apprendre à compter sur lui. Il veut notre gloire et bonheur éternels, non pas notre destruction. Pourquoi donc avoir peur ?
Si vous n’avez pas encore confié toute votre vie à Jésus, il est temps pour vous de contempler celui à qui même le vent et la mer obéissent, de comprendre sa grandeur, et de le craindre, dans le sens d’un respect émerveillé. Jésus n’est pas un simple faiseur de miracles. Ce n’est pas un charlatan. Il est prophète, mais bien plus qu’un prophète.