La vie d’Issa, al-Masih

15. Le sermon sur la montagne (troisième partie)

Dans notre dernière étude nous avons lu ces paroles de Jésus dans son sermon sur la montagne : « Je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux. » Pour ceux qui connaissent la réputation des pharisiens et des scribes, cette déclaration était tout à fait étonnante. Le travail des scribes était de recopier à la main les Écritures – ils connaissaient donc en détail toutes les lois de Dieu. Les pharisiens, pour leur part, étaient la secte la plus stricte du judaïsme. Leur ambition était de garder à perfection tous les commandements. Ils se tenaient à l’écart du peuple, qu’ils traitaient d’impurs, et le peuple les honorait pour leur grande piété. Mais voici, Jésus dit que ces hommes n’étaient pas assez pieux – leur justice ne suffisait pas pour leur garantir une place dans le royaume des cieux que le Christ prêchait. Qui, alors, pourrait y entrer ?

Dans le reste de son sermon, Jésus montre en quoi leur justice était insuffisante pour plaire à Dieu. Gardons à l’esprit que Jésus n’accuse pas la loi de Moïse ; il accuse ceux qui l’interprétaient mal et y ajoutaient leurs traditions humaines. Non seulement leurs enseignements n’étaient pas selon la vraie justice de Dieu, mais elles permettaient à certains de se justifier au lieu de se reconnaître pécheurs et dans le besoin d’un Sauveur.

La justice des pharisiens était incomplète (5.21-48)

Voici le premier problème chez les scribes et pharisiens : leur justice était incomplète.

Prenons le sujet de la paix avec les autres. Jésus dit :

« Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point ; celui qui tuera mérite d’être puni par les juges. Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d’être puni par les juges ; que celui qui dira à son frère : Raca ! mérite d’être puni par le sanhédrin ; et que celui qui lui dira : Insensé ! Mérite d’être puni par le feu de la géhenne. » (Matthieu 5.21,22)

Les Juifs disaient : il ne faut pas tuer. Jésus dit que c’est vrai, mais que c’est incomplet. Si tu veux être juste, garde-toi non seulement de tuer, mais aussi de mépriser, haïr ou insulter les autres. Peu d’entre nous avons commis un meurtre, mais cela ne suffit pas pour être juste. Est-ce que nous avons de la haine dans nos cœurs ? Traitons-nous les autres d’une manière indigne ? Gardons-nous notre colère contre nos frères ? Ne pas être meurtrier ne suffit pas.

Jésus parle ensuite de la pureté sexuelle.

« Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras point d’adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur » (Matthieu 5.27-30). Les Juifs disaient : il ne faut pas commettre l’adultère. Jésus dit qu’il ne faut même pas entretenir des pensées impures à l’égard d’une femme qui n’est pas ton épouse. La fornication commence par les mauvaises pensées. On dit qu’il est impossible d’empêcher aux oiseaux de voler au-dessus de nos têtes, mais ce n’est pas pour cela qu’on laisserait un oiseau faire son nid dans nos cheveux. Une pensée impure peut me venir en tête, mais si je veux plaire à Dieu, je ne tarderai pas à chasser cette pensée. Je ne suivrai pas une femme d’un regard de convoitise ou m’abandonner à des fantaisies sexuelles à son égard. Les pharisiens défendaient seulement l’acte sexuel. Jésus nous dit de veiller à la pureté de nos cœurs, aussi.

Prenons ensuite la question de l’honnêteté.

« Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : tu ne te parjureras point, mais tu t’acquitteras envers le Seigneur de ce que tu as déclaré par serment. Mais moi, je vous dis de ne jurer aucunement, ni par le ciel, parce que c’est le trône de Dieu, ni par la terre, parce que c’est son marchepied ; ni par Jérusalem, parce que c’est la ville du grand roi. Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux rendre blanc ou noir un seul cheveu. Que votre parole soit oui, oui, non, non ; ce qu’on y ajoute vient du malin. » (Matthieu 5.33-37)

Les Juifs disaient que si tu fais un serment, il faut garder ta parole, ou dire la vérité. (C’était sous-entendu que si tu n’avais pas juré, tu n’étais pas forcément obligé de faire ce que tu avais dit.) Combien de personnes connaissez-vous qui disent communément des choses comme : « Au nom de Dieu, je te dis la vérité » ou : « Je te jure sur la tombe de ma mère que je vais te rembourser » ? Le chrétien ne doit pas parler de cette manière. Jésus dit qu’il faut toujours garder ta parole – c’est tout. Si tu dis toujours la vérité, tu n’as pas besoin de serment pour te faire croire. On te connaîtra comme un homme ou une femme d’honneur, et on acceptera ta simple parole.

Et comment faut-il agir en ce qui concerne la vengeance et l’amour du prochain ?

« Vous avez appris qu’il a été dit : œil pour œil, et dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre… Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. » (Matthieu 5.38,39,43-45)

Il est vrai que la loi de Moïse disait, « œil pour œil et dent pour dent, » mais cette expression se trouve dans un contexte juridique, parmi les instructions pour les magistrats. C’était une déformation que de l’appliquer aux relations personnelles. À ce niveau la loi de Moïse disait : « Tu ne te vengeras point » (Lévitique 19.18), ou : « Si tu rencontres le bœuf de ton ennemi ou son âne égaré, tu le lui ramèneras » (Exode 23.4). La loi de Moïse dit bien : « Tu aimeras ton prochain », mais elle ne dit nulle part : « Tu haïras ton ennemi. » Comme nous l’avons dit, les hommes tordaient le sens des commandements de Dieu.

Les Juifs disaient que nous devons être bons envers ceux qui sont bons envers nous. Jésus dit qu’il faut aimer tout le monde, même les ennemis. La justice des scribes et des pharisiens qui enseignaient le peuple ne suffisait donc pas. Elle était incomplète.

Avant de continuer, remarquons que Jésus enseignait d’une manière très différente de celle des scribes. Ceux-ci citaient continuellement tel ou tel autre docteur de la loi pour soutenir leurs positions. Jésus disait plutôt : « Moi, je vous dis. » « Après que Jésus eut achevé ces discours, la foule fut frappée de sa doctrine ; car il enseignait comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes » (Matthieu 7.28,29).

La justice des pharisiens était hypocrite (6.1-18)

Le deuxième problème chez les scribes et pharisiens était celui-ci : leur justice était hypocrite. Jésus dit à leur sujet en Matthieu 23.5 : « Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes. » Voici, par contre, les instructions qu’il donne à ses disciples dans le sermon sur la montagne :

« Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour en être vus ; autrement, vous n’aurez point de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux. Quand donc tu donnes de l’argent aux pauvres, n’attire pas bruyamment l’attention sur toi, comme le font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues : ils agissent ainsi pour être loués par les hommes. Je vous le déclare, c’est la vérité : ils ont déjà leur récompense…Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra…Quand vous jeûnez, ne prenez pas un air triste comme font les hypocrites : ils changent de visage pour que tout le monde voie qu’ils jeûnent. Je vous le déclare, c’est la vérité : ils ont déjà leur récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, lave-toi le visage et peigne tes cheveux, afin que les gens ne se rendent pas compte que tu jeûnes. Seul ton Père qui est là, dans le secret, le saura ; et ton Père, qui voit ce que tu fais en secret, te récompensera. » (Matthieu 6.1,2,5,6,16-18)

Jésus parle dans ces versets de la charité, de la prière et du jeûne. Les pharisiens pratiquaient toutes ces choses, mais ils le faisaient pour être vus des hommes. Mais la justice qui est seulement à l’extérieur n’a pas de valeur. La justice que nous pratiquons pour les hommes et non pas pour Dieu n’a pas de valeur. Ceux qui font exprès pour se faire remarquer quand ils font une bonne œuvre, ceux qui prient de telle sorte que tout leur entourage les entende ou les voie, ceux qui n’hésitent pas de parler du fait qu’ils sont en carême ou qu’ils jeûnent, tous ces gens ne pratiquent pas la religion de Christ.

La justice des pharisiens était partagée (6.19-34)

Luc 16.14 nous dit que « Les Pharisiens… se moquaient de Jésus, car ils aimaient l’argent. » En Matthieu 23.14 nous entendons Jésus leur dire : « Malheur à vous maîtres de la loi et Pharisiens, hypocrites ! Vous prenez aux veuves tout ce qu’elles possèdent et, en même temps, vous faites de longues prières pour paraître bons. »

Le troisième problème chez les scribes et les pharisiens était que leur justice était partagée : Ils voulaient servir Dieu et être justes devant lui, mais ils voulaient en même temps servir l’argent et s’enrichir. C’est ainsi que dans son sermon sur la montagne Jésus montre que pour être réellement juste, il fallait faire un choix.

« Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où la teigne et la rouille ne détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur… Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. » (Matthieu 6.19-21,24)

L’argent devient un dieu dans la vie de beaucoup d’hommes. Ce sont les considérations d’argent qui déterminent toutes leurs actions, et c’est en l’argent qu’ils placent leur confiance. C’est sur l’argent qu’ils comptent pour résoudre tous leurs problèmes. C’est l’argent (ou ce qu’il procure) qui est l’objet de leur amour, amour qui devait être réservé pour Dieu. Celui qui pense et vit de cette manière n’est pas juste aux yeux de Dieu, quel que soit le temps qu’il passe à l’Église.

Nous devrions tous avoir comme priorité dans la vie d’être justes aux yeux de Dieu et d’être citoyens dans son royaume. Ne tombons donc pas dans le même piège que les Pharisiens. Si notre justice est incomplète, ne tenant compte que des actes extérieurs, si elle est hypocrite, visant surtout l’approbation des hommes, ou si elle est partagée, nos cœurs étant donnés à la fois à Dieu et à la richesse matérielle, nous entendrons un jour ces mots de la part du Seigneur, cité en Matthieu 7.23 : « Je ne vous ai jamais connus. Retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité. »

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