La vie d’Issa, al-Masih

12. Jésus appelle ses apôtres

Dans nos études passées de La vie de Jésus, nous avons vu des passages qui parlent de ses disciples. Un disciple est comme un élève ou apprenti ; c’est quelqu’un qui suit un maître afin d’apprendre de lui et même parvenir à lui ressembler. Jésus avait beaucoup de disciples.

Après un certain temps il a choisi douze de ses disciples pour qu’ils soient apôtres. En fait, ils seront toujours appelés disciples, ou élèves, tout au long des Évangiles, mais Jésus commençait à les préparer pour un rôle spécial, un rôle très important.

« En ce temps-là, Jésus se rendit sur la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Quand le jour parut, il appela ses disciples, et il en choisit douze, auxquels il donna le nom d’apôtres » (Luc 6.12,13). L’Évangile de Marc ajoute :

« Il en établit douze, pour les avoir avec lui, et pour les envoyer prêcher avec le pouvoir de chasser les démons. Voici les douze qu’il établit : Simon, qu’il nomma Pierre ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean, frère de Jacques, auxquels il donna le nom de Boanergès, qui signifie fils du tonnerre ; André ; Philippe ; Barthélémy ; Matthieu ; Thomas ; Jacques, fils d’Alphée ; Thaddée ; Simon le Cananite ; et Judas Iscariot, celui qui livra Jésus. » (Marc 3.14-19)

Selon Actes 4.13, ces hommes n’étaient pas très instruits mais plutôt des hommes du peuple. Quatre d’entre eux avaient le métier de pêcheur. L’un d’eux était un collecteur d’impôts, une profession détestée par la majorité des Juifs. Mais Jésus a vu en ces douze hommes des qualités nécessaires pour une mission spirituelle, une mission si importante que Jésus a passé toute la nuit à prier avant de faire son choix. Quel était donc le travail d’un apôtre ?

Le rôle des apôtres

Le mot veut dire « quelqu’un de choisi et envoyé avec une mission spéciale et en tant que représentant pleinement autorisé de celui qui envoie ». La Bible elle-même emploie ce mot dans deux sens. Parfois c’est dans le sens large et non officiel pour parler de quelqu’un qui est envoyé par une assemblée pour prêcher, comme ceux que nous appelons souvent « missionnaires ». Mais généralement la Bible emploie le mot apôtre dans le sens limité de quelqu’un qui a été choisi par le Seigneur Jésus lui-même et doté par lui de certains pouvoirs et d’une autorité pour parler à son nom. C’est ainsi que nous voyons que Jésus a donné à ces hommes la mission de prêcher et le pouvoir de chasser des démons et guérir les malades.

Mais le rôle essentiel des ces douze hommes serait celui de témoin. Ils auraient le privilège de connaître Jésus d’une manière plus intime et profonde, d’attester la réalité de sa résurrection d’entre les morts, et de transmettre son enseignement au monde. Plusieurs passages soulignent le caractère du travail que les apôtres auraient à faire.

En Jean 15.26,27, Jésus dit aux apôtres : « Quand sera venu le consolateur, que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité, qui vient du Père, il rendra témoignage de moi ; et vous aussi, vous rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi dès le commencement. » Puisqu’ils devaient rendre témoignage de Jésus, l’Esprit Saint les aiderait à se rappeler ce qu’ils avaient entendu de sa part : « Mais le consolateur, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jean 14.26). Quand Jésus s’apprêtait à remonter au Ciel, il rappela aux apôtres : « Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1.8).

Quelques jours plus tard, les apôtres et d’autres disciples de Jésus étaient réunis, et Pierre leur a parlé du sort de Judas Iscariot, qui avait trahi Jésus et s’était par la suite suicidé. Par sa trahison, il s’était disqualifié comme apôtre. S’appuyant sur des prophéties bibliques, Pierre conclut : « Il faut donc que, parmi ceux qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu avec nous, depuis le baptême de Jean jusqu’au jour où il a été enlevé du milieu de nous, il y en ait un qui nous soit associé comme témoin de sa résurrection » (Actes 1.21,22). C’est ainsi que Matthias fut choisi.

Plusieurs années plus tard, Pierre annonçait la bonne nouvelle à Corneille et sa famille. Encore il a insisté sur l’idée que les apôtres étaient des témoins oculaires de la résurrection de Jésus :

« Dieu l’a ressuscité le troisième jour, et il a permis qu’il apparût, non à tout le peuple, mais aux témoins choisis d’avance par Dieu, à nous qui avons mangé et bu avec lui, après qu’il fut ressuscité des morts. Et Jésus nous a ordonné de prêcher au peuple et d’attester que c’est lui qui a été établi par Dieu juge des vivants et des morts. » (Actes 10.40-42)

Le fait que les témoins furent choisis d’avance pourrait sembler compromettre la valeur de leur témoignage, comme s’il y avait eu une sorte de complicité. Cela pourrait être le cas si les témoins avaient été choisis parce qu’ils étaient des hommes qui auraient eu intérêt à mentir ou qui auraient été facilement trompés. En fait, nous voyons le contraire sur les deux points. Les apôtres, ayant été dispersés lors de l’arrestation de Jésus, étaient toujours dans la crainte après sa mort. Quand Jésus leur apparut, « les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient fermées, à cause de la crainte qu’ils avaient des Juifs » (Jean 20.19). Ils ne voyaient pas d’intérêt dans le fait d’être associé au nom de Jésus. Lorsqu’ ils commencèrent quelques semaines plus tard à témoigner ouvertement au sujet de Jésus, leurs craintes se sont avérées bien justifiées. À cause de leur témoignage, ils ont été battus et emprisonnés, et éventuellement quelques-uns ont été mis à mort. Ils ne cherchaient évidemment pas leurs intérêts personnels quand ils rendaient leur témoignage.

Pareillement, les apôtres et les autres témoins « choisis d’avance » n’étaient pas de ceux qui auraient pu se tromper facilement concernant l’identité de celui qui se présentait à eux comme Jésus revenu d’entre les morts. Il s’agissait de ceux qui avaient mangé et bu avec lui, qui l’avaient connu intimement. Si Jésus était apparu à tout le peuple, quelques-uns auraient pu douter plus tard et le témoignage de tous aurait été compromis.

Le cas de Paul

L’apôtre Paul est un cas assez exceptionnel. Il n’avait pas été avec les douze pendant le ministère terrestre de Jésus, bien qu’il ait certainement eu des occasions de voir et entendre Jésus quand il prêchait publiquement. Paul lui-même dit qu’il était apôtre mais qu’il n’était pas digne de l’être, parce qu’il avait persécuté l’Église avant de croire, lui aussi, en Jésus. Néanmoins, bien qu’il n’ait pas été avec les douze dès le commencement, il insiste sur le fait qu’il était aussi témoin de la résurrection de Jésus, qu’il fallait cela pour qu’il soit apôtre. Il dit en 1 Corinthiens 9.1 : « Ne suis-je pas apôtre ? N’ai-je pas vu Jésus notre Seigneur ? » Ces deux idées allaient forcément ensemble. En 1 Corinthiens 15, après avoir parlé des occasions où le Seigneur ressuscité est apparu aux autres apôtres, il dit : « Après eux tous, il m’est aussi apparu à moi, comme à l’avorton » (1 Corinthiens 15.8).

Soulignons que le rôle des apôtres était donc de donner au monde les preuves que Jésus est ressuscité d’entre les morts et qu’il est donc réellement le Christ, le Fils de Dieu. Ils devaient, comme témoins inspirés, parler au monde de ce que Jésus avait fait et enseigné pendant sa vie sur la terre, et fidèlement transmettre à l’Église les commandements du Seigneur et les vérités qu’il leur révélait. Ils n’étaient pas les gestionnaires ou gérants d’une organisation mondiale ; ils n’étaient pas des cadres ou les dirigeants d’une hiérarchie religieuse, chargés de superviser ou de développer des stratégies. Leur rôle était surtout de témoigner, de proclamer et d’enseigner.

L’existence de faux apôtres

Aujourd’hui de nombreuses personnes se font appeler « apôtres ». Mais pour des raisons que nous venons de voir, ils ne peuvent pas être de vrais apôtres de Jésus-Christ. D’abord, ils ne sont pas témoins de la résurrection de Jésus, ils n’ont pas vu Jésus ressuscité. Certains prétendent l’avoir vu comme l’apôtre Paul l’a vu, mais Paul a dit qu’il était le dernier.

Certains sont appelés apôtres parce que leur Église leur a donné ce titre. Mais une organisation ne peut pas nommer un témoin si la personne n’a pas vu ce dont elle devait être témoin. D’autres portent plutôt le titre d’évêque mais disent qu’ils sont par là les successeurs des apôtres. Cependant, un témoin ne peut pas avoir de successeur. Si j’ai vu deux voitures se heurter, je suis témoin de l’accident. Mais je ne peux pas, avant de mourir, nommer mon fils comme successeur, comme témoin de l’accident à ma place, si lui il n’a pas été présent et n’a pas vu les voitures en question. De même, les apôtres n’ont jamais appelé les évêques leurs successeurs et ne les ont pas qualifiés de témoins. D’ailleurs, les apôtres recevaient des pouvoirs miraculeux de la part du Seigneur. L’apôtre Paul faisait des miracles et les appelait les signes de son apostolat : « Les preuves de mon apostolat ont éclaté au milieu de vous par une patience à toute épreuve, par des signes, des prodiges et des miracles » (2 Corinthiens 12.12). Ceux qui se disent apôtres et successeurs des apôtres de nos jours ne font rien de comparable aux miracles dont la Bible nous parle. Et en plus, leur enseignement s’écarte carrément de l’enseignement des vrais apôtres, conservés pour nous dans le Nouveau Testament.

Même au premier siècle il y avait des hommes qui prétendaient faussement être des apôtres de Christ. « Ces hommes-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ » (2 Corinthiens 11.13). Ce n’est pas mauvais de ne pas reconnaître les titres que les gens s’attribuent à tort. Jésus a plutôt félicité l’Église d’Éphèse en ces termes : « Je connais tes œuvres, ton travail, et ta persévérance. Je sais que tu ne peux supporter les méchants ; que tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et que tu les as trouvés menteurs » (Apocalypse 2.2).

Conclusion

Par leur travail, les vrais apôtres ont posé un fondement sur lequel le christianisme devait se reposer dans toutes les générations à venir (Éphésiens 2.20). L’apôtre Pierre dit qu’il avait écrit afin qu’après son départ les hommes puissent se souvenir de ce qu’il avait enseigné (2 Pierre 2.15). Il ne comptait pas sur des successeurs, mais sur l’Écriture. Dans les pages de la Bible Pierre et les autres apôtres nous ont laissé une constitution, un guide à suivre. Comme l’apôtre Jean écrit en 1 Jean 4.6 : « Celui qui connaît Dieu nous écoute ; celui qui n’est pas de Dieu ne nous écoute pas : c’est par là que nous connaissons l’esprit de la vérité et l’esprit de l’erreur. »

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