La vie d’Issa, al-Masih

11. La guérison d’un paralytique

Après son premier miracle en Galilée, après son voyage à Jérusalem où il a chassé les vendeurs et les changeurs d’argent du temple et parlé avec Nicodème un chef des Juifs, Jésus est passé par la Samarie et retourné en Galilée, plus précisément à la ville de Capernaüm qui lui servait de base. Aujourd’hui nous le trouvons dans une maison en train d’enseigner une foule nombreuse.

« Quelques jours après, Jésus revint à Capernaüm. On apprit qu’il était à la maison, et il s’assembla un si grand nombre de personnes que l’espace devant la porte ne pouvait plus les contenir. Il leur annonçait la parole. Des gens vinrent à lui, amenant un paralytique porté par quatre hommes. Comme ils ne pouvaient l’aborder, à cause de la foule, ils découvrirent le toit de la maison où il était, et ils descendirent par cette ouverture le lit sur lequel le paralytique était couché. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : Mon enfant, tes péchés te sont pardonnés.

Il y avait là quelques scribes, qui étaient assis, et qui se disaient au-dedans d’eux : Comment cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui peut pardonner les péchés, si ce n’est Dieu seul ? Jésus, ayant aussitôt connu par son esprit ce qu’ils pensaient au-dedans d’eux, leur dit : Pourquoi avez-vous de telles pensées dans vos cœurs ? Lequel est plus aisé, de dire au paralytique : Tes péchés te sont pardonnés, ou de dire : Lève-toi, prends ton lit, et marche ? Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés : Je te l’ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton lit, et va dans ta maison. Et, à l’instant, il se leva, prit son lit, et sortit en présence de tout le monde, de sorte qu’ils étaient tous dans l’étonnement et glorifiaient Dieu, disant : Nous n’avons jamais rien vu de pareil. » (Marc 2.1-12)

Le problème le plus urgent, selon Jésus

Bien sûr, ce qui étonne le plus dans cette histoire, à part le miracle même, c’est la première chose que Jésus a dite à l’homme paralytique : « Mon enfant, tes péchés te sont pardonnés. » C’était une phrase étonnante pour deux raisons.

D’abord, parce qu’il était évident que l’homme lui avait été amené à cause de son état physique. Sans aucun doute, on voulait que Jésus guérisse cet homme de la maladie qui l’empêchait de pouvoir bouger ses membres, se déplacer, se nourrir, travailler comme les autres et mener une vie normale. Il était cloué au lit depuis qui sait combien de temps, et ses amis, aussi bien que lui-même, voulaient que son corps soit guéri.

(Disons en passant, que ces quatre hommes avaient une grande confiance au pouvoir de Jésus de guérir ce mal. Ils considéraient que Jésus était leur seul espoir, et que si seulement ils pouvaient attirer le regard de Jésus sur leur ami, il aurait sa guérison. Étant convaincus que leurs efforts seraient récompensés, ils ne se sont pas laissés décourager par les foules qui bloquaient l’accès à la maison où se trouvait Jésus. Ils sont montés sur le toit, y ont fait une ouverture, et ont descendu leur ami sur son brancard ou sa natte, juste devant Jésus. Ils voulaient que leur ami soit guéri ; ils avaient foi que Jésus était capable de le faire, et ils ont mis leur foi en action.

Notre foi, aussi, doit s’exprimer par l’action, par les œuvres d’obéissance et de service et par une fermeté et persévérance face aux obstacles et aux souffrances. Comme Jacques le dit : « Il en est ainsi de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même. Mais quelqu’un dira : Toi, tu as la foi ; et moi, j’ai les œuvres. Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi, je te montrerai la foi par mes œuvres » (Jacques 2.17,18).)

Comme nous le disions, l’homme paralytique et ses amis étaient venus pour une guérison physique, mais Jésus parle d’abord du péché. Avant de donner la guérison au corps, il a préféré adresser le problème du péché. En effet, quels que soient nos nombreux problèmes dans la vie – la maladie, le chômage, la guerre, la pauvreté, l’insécurité, etc., notre problème numéro un, que nous le reconnaissions ou pas, est toujours le péché. C’est le péché notre désobéissance, notre rébellion envers Dieu, notre négligence, notre orgueil − tout ce qui nous sépare de Dieu et nous condamne devant sa loi sainte et juste – voilà notre plus grand problème. Les autres problèmes, nous les laisserons un jour. Ils ne sont que passagers, parce qu’ils se rapportent uniquement à notre existence sur cette terre. Mais le péché est un mal dont les conséquences sont non seulement horribles, elles sont éternelles.

Jésus savait que le plus grand besoin de l’homme qu’on avait déposé devant lui n’était pas la guérison de son corps, mais la guérison de son âme, le pardon de ses offenses devant Dieu, l’enlèvement de cette barrière qui le séparait de son Créateur. Le Seigneur ne négligeait pas les besoins physiques. Mais il considérait les besoins spirituels comme plus importants et plus urgents. Il ne permettait pas au problème physique de faire oublier le problème spirituel. C’est exactement ce qui nous arrive souvent, et c’est pour cela que nous trouvons surprenante la réaction de Jésus. Sa réaction devrait, pourtant, nous pousser à réfléchir au comportement de certains dirigeants religieux aujourd’hui qui insistent sans cesse sur la guérison physique et la prospérité matérielle plutôt que sur le pardon des péchés et « l’héritage qui ne peut ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir et qui vous est réservé dans les cieux » (1 Pierre 1.3).

L’autorité de pardonner les péchés sur la terre

Mais la phrase de Jésus, « Mon enfant, tes péchés te sont pardonnés », était surprenante pour une deuxième raison, aussi.

Quand les scribes ont entendu cette parole de Jésus, ils ont raisonné ainsi : (1) Dieu seul peut pardonner les péchés. C’est sa loi que nous violons quand nous péchons, et donc c’est lui seul qui peut remettre notre péché. (2) Ils ne voyaient pas en quel sens Jésus pourrait se trouver à la place de Dieu. (3) Ils ont donc conclu que Jésus était en train de blasphémer. Jésus savait ce qu’ils pensaient dans leurs cœurs. Il connaissait le cœur de chacun. Alors il a répondu à leurs pensées en disant qu’il guérirait l’homme paralytique pour démontrer qu’il avait l’autorité de pardonner le péché. S’il ne pouvait pas le guérir, ce serait la preuve qu’il ne pouvait pas non plus le pardonner. Il l’a guéri, et tous étaient dans l’étonnement.

Jésus serait-il donc Dieu ?

Un auteur du nom de C. S. Lewis ne croyait pas en Dieu avant de devenir chrétien. Après sa conversion au christianisme, il a essayé de raisonner avec ceux qui étaient toujours incrédules. Il voulait amener ces personnes à faire face à certaines réalités concernant Jésus. Une partie de ce qu’il a écrit dans son livre, Voilà pourquoi je suis chrétien, se rapporte au passage que nous venons d’étudier. Il dit :

« Parmi ces Juifs se révèle un homme qui… prétend pardonner les péchés. Il affirme avoir toujours existé. Il dit qu’il vient pour juger le monde à la fin des temps. Tâchons d’y voir plus clair. Parmi des panthéistes, tels les Hindous en Inde, il n’y aurait rien d’anormal à ce que quelqu’un prétende être une partie de Dieu, ou un avec Dieu. [Selon leur religion, Dieu n’est pas Créateur de l’univers : il est l’univers. On ne peut pas le distinguer de tout ce qui existe. D’ailleurs, Dieu n’est pas personnel, selon eux. Il est une force impersonnelle qui anime tout être vivant.] Mais Jésus, puisqu’il était juif, ne parlerait jamais d’une telle sorte de Dieu. Dans le langage des Hébreux, le mot ‘Dieu’ désignait l’Être qui était hors du monde, qui avait créé le monde, et qui est infiniment différent de et au-dessus de toute autre chose. Quand vous aurez saisi cela, vous verrez que les propos de cet homme, Jésus, était, tout simplement, la prétention la plus choquante qu’aient jamais proférée des lèvres humaines.

Une partie de sa prétention échappe souvent à notre attention parce que nous l’avons entendu si souvent que nous ne voyons plus sa portée. Je parle de sa prétention de pardonner les péchés : n’importe quels péchés. Nous pouvons tous concevoir qu’un homme pardonne les offenses commises à son égard. Vous marchez sur mes orteils, et je vous pardonne, vous dérobez mon argent, et je vous pardonne. Mais où classerions-nous un homme, à qui l’on n’a pas marché sur les pieds, ni volé son argent, et qui annoncerait qu’il vous pardonne d’avoir marché sur les pieds d’un autre ou volé l’argent d’autrui ? Stupidité digne d’un âne, telle est la plus bienveillante description que nous pourrions faire de son comportement. Néanmoins, c’est ce que fit Jésus. Il disait aux gens que leurs péchés étaient pardonnés, mais sans jamais consulter ceux à qui on avait fait tort. Il se conduisait sans la moindre hésitation comme s’il était le parti concerné au premier chef, la personne principalement visée par toutes les offenses. Dans la bouche d’un simple homme, ces mots impliqueraient ce que je considère comme une sottise et une présomption arrogante sans équivalent chez aucun autre personnage de l’Histoire.

Cependant, (et c’est la chose étrange, très significative) ses ennemis mêmes, quand ils lisent les Évangiles, n’éprouvent pas une impression de sottise et de prétention. Encore moins les lecteurs sans préjugés. Christ dit qu’il est ‘doux et humble de cœur’ et nous le croyons ; sans remarquer que s’il n’était qu’un homme, l’humilité et la douceur sont les derniers traits que nous attribuerions à certaines de ses paroles.

Je voudrais empêcher quiconque de prononcer cette phrase vraiment insensée qu’on avance souvent au sujet de Jésus : ‘Je suis prêt à accepter Jésus en tant que grand enseignant de morale, peut-être même comme prophète, mais c’est tout.’ C’est la chose à ne pas dire. Un homme qui n’était qu’un homme et dirait la sorte de choses que disait Jésus ne serait pas un grand professeur de morale. Ce serait soit un fou – de même que l’individu qui se dirait un œuf bouilli − soit le Démon des enfers. Il vous faut choisir. Ou bien cet homme avait et possède encore un rang et une nature bien au-dessus de celui d’un être humain, ou alors il ne fut rien d’autre qu’un malade mental ou pire encore. Vous pouvez, dans un sens, l’enfermer comme un fou, lui cracher au visage et le tuer comme un faux prophète ou un démon ; [mais si vous n’arrivez pas à le classer comme faux prophète ou comme fou, si vous ne voulez pas rejeter quelqu’un que même le Coran identifie comme l’Esprit de Dieu et la Parole de Dieu, alors il faut bien réfléchir, et avec un esprit ouvert, sur les prétentions de Jésus.] Quoique vous décidiez, ne dites pas ce non-sens, comme le font certains soi-disant intellectuels, à savoir que Jésus était un simple homme qui fut un grand enseignant de moralité. Il ne nous a pas laissé ouverte cette voie-là. Il n’avait pas l’intention de le faire. »

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