Un ami musulman m’a posé cette question : Pourquoi Dieu a-t-il envoyé beaucoup de prophètes et leur a-t-il donné d’autres livres, tels que le Zabour (les Psaumes), l’Injil (l’Évangile) et le Coran, alors qu’il avait déjà donné la Torah à Moïse ? Pourquoi aurions-nous besoin du reste de la Bible en plus de la Loi de Moïse, sans parler du Coran ? Mon ami a donné sa propre réponse en ces termes : Quand les rabbins juifs déformaient le livre que Dieu avait donné précédemment, Dieu envoyait un autre messager avec un autre livre divin pour rappeler ce qui avait eu lieu auparavant.
Pas une simple répétition de ce qui était déjà révélé
Comme nous l’avons déjà vu, la réponse de mon ami ne tient pas debout pour plusieurs raisons.
Si je n’accepte pas l’idée que la Parole de Dieu ait été changée par les hommes qui l’auraient ainsi empêché d’accomplir ce qu’Il voulait, quelle réponse donnerais-je à la question soulevée par mon ami : Pourquoi Dieu a-t-il envoyé beaucoup de prophètes et leur a-t-il donné d’autres livres, alors qu’il avait déjà donné la Torah à Moïse ?
La première chose à comprendre est que les différents livres de la Bible ne prétendent pas simplement, comme le Coran, répéter ce qui avait été révélé auparavant. (Dans la Sourate 41 – Fussilat, aya 43, Allah dit à Mohamed : « Il ne t’est dit que ce qui a été dit aux Messagers avant toi. »)
Le premier livre de la Torah s’appelle la Genèse, ce qui veut dire « commencement ». Il parle du commencement (ou création) de l’univers et des êtres humains, l’entrée du péché dans le monde, l’origine du peuple d’Israël, et d’autres « commencements ». Les quatre livres suivants de la Torah contiennent les lois que Dieu donna à son peuple, Israël, et donnent la suite de l’histoire de ce peuple pendant la vie de Moïse. Les douze livres qui viennent ensuite dans l’Ancien Testament nous donnent l’histoire des relations de Dieu avec le peuple d’Israël au cours des mille ans entre la mort de Moïse et le ministère du prophète Malachie. Pendant ces dix siècles, Dieu envoya des prophètes, non pas pour changer les lois données à Moïse, mais pour appeler le peuple à obéir à ces lois dans l’amour et la fidélité, et à revenir à Dieu quand ils s’étaient égarés de la bonne voie. Les messages qu’ils ont livrés de la part de Dieu se trouvent dans dix-sept autres livres de l’Ancien Testament, appelés les grands prophètes et les petits prophètes (« grand » pour les livres plus longs, et « petits » pour les livres plus courts). Il y a cinq autres livres, y compris les Psaumes de David, le Zabour. Ils contiennent beaucoup de sagesse pratique pour la vie quotidienne et des paroles inspirées, paroles de louange et de supplication adressées à Dieu. La loi donnée à Moïse est au cœur de tous les autres livres de l’Ancien Testament, de telle sorte que le tout est parfois appelé « la Loi ». On l’appelle aussi l’ancienne alliance.
Un changement annoncé
Il est important de savoir que l’Ancien Testament regardait en avant vers autre chose. Moïse avait parlé au peuple d’un prophète comme lui-même que Dieu susciterait et que tous auraient à écouter. (Je sais que les musulmans croient qu’il parlait de Mohamed et les chrétiens croient qu’il parlait de Jésus. Nous en parlerons ailleurs.) Ce que je veux souligner, c’est que déjà au temps de Moïse, Dieu disait au peuple de s’attendre à un grand personnage qu’il enverrait à l’avenir. Plus tard, Dieu dit à David qu’il susciterait un descendant de David pour régner sur un royaume qui n’aurait pas de fin. D’autres prophètes ont fourni des détails supplémentaires concernant ce descendant, connu comme l’oint, le Messie. L’un des prophètes qui prêchaient au peuple avant la chute du royaume de Juda, six cents ans avant Christ, donna un message dans lequel le Seigneur dit : « Voici, les jours viennent, dit l’Éternel, où je ferai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une alliance nouvelle, non comme l’alliance que je traitai avec leurs pères, le jour où je les saisis par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte, alliance qu’ils ont violée, quoi que je fusse leur maître, dit l’Éternel » (Jérémie 31.31,32).
Pour accomplir, non pour abolir
Quand Jésus arriva et qu’il se mit à prêcher, il fit une déclaration que beaucoup de gens, y compris des chrétiens, ont mal comprise, même jusqu’à nos jours. Il dit : « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé » (Matthieu 5.17,18). Voici un passage qui, pour certaines personnes, soutient que la loi est éternelle. Mais qu’est-ce que Jésus veut dire quand il dit qu’il n’est pas venu pour abolir la loi et les prophètes, mais pour les accomplir ? Jésus promet, en quelque sorte, permettre à la loi de jouer le rôle pour lequel elle avait été donnée. Il ne va pas tout simplement la supprimer.
Supposons que je signe une reconnaissance de dette pour attester que je dois 100 000 francs à mon voisin. Si, le jour où il me présente le papier que j’ai signé, je le prends et le jette au feu, sans restituer l’argent que je dois, j’ai aboli ce document, mais je n’ai pas accompli ce qui était écrit. Il est vrai qu’on ne peut plus se servir de ce papier pour m’encaisser. Il est détruit. Mais je ne l’ai pas respecté. Si, par contre, je rembourse l’argent que je devais, et qu’il est noté sur le papier que la dette a été payée dans sa totalité, mon voisin ne peut plus se servir de ce papier pour me réclamer de l’argent. Mais là j’ai respecté la reconnaissance de dette que j’avais signée. Dans les deux cas, on ne se sert plus du papier, mais dans le premier exemple il est tout simplement aboli ; dans le deuxième ce qui avait été écrit est réellement accompli. Les paroles de Jésus ne signifient pas que la loi devait rester éternellement en vigueur, mais que Jésus allait respecter le but pour lequel la loi avait été donnée.
Jésus dit que la moindre partie de la loi ne disparaîtrait pas jusqu’à ce que tout soit accompli. Or, en disant cela, Jésus affirme que la loi disparaîtrait. En effet, tout au long de l’Évangile il est écrit que telle ou telle chose eut lieu « afin que s’accomplît ce qui avait été annoncé par les prophètes. » En Jean 19.30 nous voyons les derniers mots de Jésus avant de mourir sur la croix : « Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l’esprit. » Quand Jésus est revenu à la vie, il a essayé de faire comprendre à ses disciples la nécessité de ses souffrances et de sa mort. « Puis, il leur dit : C’est là ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous, qu’il fallait que s’accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes » (Luc 24.44). Rien ne devait disparaître de la loi jusqu’à ce que tout soit accompli. Avec la mort de Christ, tout a été accompli.
L’Évangile nous enseigne un respect profond pour la loi et les prophètes qui l’ont précédé, car nous y apprenons de très nombreuses leçons spirituelles. Mais il enseigne également que la loi de Moïse n’est plus en vigueur. Elle a servi le but pour lequel Dieu l’avait donnée. Ce but était de nous conduire justement à la foi en Christ. Comme il est écrit en Galates 3.23-25 : « Avant que la foi [l’Évangile] vînt, nous étions enfermés sous la garde de la loi, en vue de la foi [l’Évangile] qui devait être révélée. Ainsi la loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ, afin que nous fussions justifiés par la foi. La foi étant venue, nous ne sommes plus sous ce pédagogue » (Galates 3.21-25). Deux Corinthiens 3.6-11 enseigne que la loi, bien que glorieuse, était passagère ; l’Évangile, qui est permanent, la dépasse en gloire. Et cet Évangile, cette foi, selon Jude 3, « a été transmise aux saints une fois pour toutes ». Dieu préserve sa Parole et n’a pas besoin de la transmettre à nouveau.
Nous voyons donc que les différents livres de la Bible n’ont pas été révélés pour rectifier ce qu’on avait changé dans les révélations précédentes, comme si les hommes arrivaient constamment à frustrer le Tout-Puissant et l’obliger à refaire ce qu’il avait déjà fait. Non. Toutes ces révélations étaient des étapes dans le plan de l’Omniscient, Celui qui voit la fin depuis le début. Toutes ces révélations jouèrent leur rôle dans ce plan et l’avancèrent vers son objectif. Elles forment un tout harmonieux, mais seulement du moment où l’on reconnaît qu’elles nous conduisent à Jésus, le Sauveur.