Dieu pourrait-il avoir un Fils ?

Un Dieu complexe

L’unité de Dieu

Nous avons déjà cité plusieurs versets bibliques qui affirment clairement qu’il y a un seul Dieu ; il est unique. Mais il y a différentes sortes d’unité. L’Islam enseigne qu’il y a chez Dieu une unité simple. Le Christianisme enseigne que Dieu est caractérisé par une unité complexe. Les musulmans emploient le mot Al-Tawhid pour parler de la sorte d’unité qu’ils conçoivent ; certains chrétiens emploient le mot Trinité, qui veut dire une triade, pour évoquer l’unité complexe d’un seul Dieu qui existe éternellement en trois personnes. Il est intéressant de noter que le mot Al-Tawhid ne se trouve pas dans le Coran, tout comme le mot Trinité ne se trouve pas dans la Bible. Ne permettons donc pas à ces mots de nous embrouiller ou nous empêcher de saisir ce que Dieu a révélé de lui-même.

Le Dieu unique, peut-il être un et en même temps exister en trois personnes ? Il est vrai qu’une telle idée peut nous dépasser, mais faut-il s’étonner si l’homme a du mal à saisir l’Être suprême et infini ? Que ce soit difficile à comprendre ou pas, essayons de réunir certaines vérités que Dieu a fait connaître à son propre sujet :

Nous avons déjà souligné que Dieu dit clairement et catégoriquement qu’il est unique, qu’il y a un seul Dieu. Cela est enseigné non seulement dans le Coran, mais dans la Torah, par les prophètes de l’Ancien Testament, et dans l’Évangile.

La Parole éternelle

Une deuxième vérité concerne la Parole de Dieu. Il est écrit dans l’Injil : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. » Quelle est cette parole dont Jean parle ? Le verset 14 du même chapitre le rend assez clair : « Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. » Celui qui a été fait chair, qui a habité parmi les hommes, et qui avait la gloire du Fils unique venu du Père, est, sans aucun doute, Jésus-Christ. L’Écriture dit ainsi que la Parole, Jésus, était déjà au commencement de toutes choses. Il n’a pas commencé à exister, il n’a pas été créé – il était déjà avec Dieu. D’ailleurs, le verset 3 dit clairement que rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle, c’est-à-dire sans la Parole, qui est Jésus. Il est donc évident que Jésus ne fait pas partie de ce qui a été fait, puisqu’il ne pourrait pas se créer lui-même ou participer à sa propre création. Il n’est pas parmi les choses qui ont été faites – il est donc éternel.

Il est intéressant de noter que selon la majorité des musulmans, la Sourate 85 – Al-Buruj, ayat 21,22, qui parle d’un « Coran glorifié, préservé sur une tablette auprès d’Allah », signifie que le Coran n’a pas été créé et qu’il existe auprès de Dieu depuis le commencement. Au temps de Mohamed, cette parole éternelle aurait pris la forme d’un livre, le Coran. Ne peut-on pas demander : « Si la Parole de Dieu, le Coran, est éternelle et n’a pas été créée, pourquoi cela pose-t-il un problème si Jésus, la Parole de Dieu, est éternel et n’a pas été créé ? » Est-ce une coïncidence que même le Coran, dans la Sourate 4 – An-Nisa, aya 171, appelle Jésus « un Messager d’Allah, Sa parole qu’il a envoyée à Marie et un souffle de vie venant de Lui » ? Selon le Coran, Jésus est la Parole de Dieu. Or, la Parole de Dieu existe depuis l’éternité.

Au risque de plonger trop dans la philosophie, considérez ce dilemme : la plupart des musulmans sont d’accord que la Parole de Dieu est éternelle ; mais elle ne fait pas partie d’Allah. S’ils disent que la Parole n’a pas été créée, alors deux choses existent éternellement, et une telle déclaration constitue, selon l’Islam, un blasphème intolérable. Si, par contre, ils disent que la Parole de Dieu a été créée, c’est comme s’il y avait un temps où Allah ne parlait pas, ou ne pouvait pas parler. Dès qu’il a parlé, il aurait changé d’un état à un autre, une violation intolérable de la doctrine musulmane de l’immuabilité de Dieu, la doctrine que Dieu ne change pas. Si l’on reconnaît que la Parole, qui a été faite chair dans la personne de Jésus, a toujours existé et qu’elle est une partie de Dieu, l’une des trois personnes divines qui ensemble forment un seul Dieu, le dilemme disparaît. Il n’y a pas quelque chose à part Dieu qui existe éternellement, et Dieu n’a pas changé à un moment dans l’histoire.

Elle était Dieu, et elle était avec Dieu ? !

Nous venons de mentionner les trois personnes divines qui forment un seul Dieu. (Disons d’abord que ces trois personnes ne sont pas Dieu, Jésus, et Marie. Même si le Coran évoque cette idée dans la Sourate 5, aya 116, peut-être parce que certains hérétiques du temps de Mohamed y croyaient, Marie n’est pas éternelle, n’est pas une personne divine, n’est pas à adorer, et ne fait pas partie de ce que les gens appellent la Trinité.) Tout comme l’Islam parle des 99 noms parfaits d’Allah, la Bible emploie plus d’une appellation pour les trois personnes qui font Dieu. Il y a Celui qu’on appelle le Père, Dieu le Père, ou tout simplement Dieu ; il y a Celui qu’on appelle le Fils, Dieu le Fils, la Parole, l’Agneau ou le Christ ; et il y a Celui qu’on appelle l’Esprit, l’Esprit de Dieu, le Consolateur, ou le Saint-Esprit. Quand nous avons lu tout à l’heure dans l’Évangile que « la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu » (Jean 1.1), le mot Dieu dans la première phrase se réfère à Dieu le Père ; la Parole n’était pas Dieu le Père mais elle était « avec » Dieu le Père. Dans la deuxième phrase, le mot veut dire la divinité, l’Être suprême : la Parole était Dieu. Comme le Père est Dieu, la Parole est Dieu, aussi.

Jésus est Dieu ?

Plusieurs passages nous montrent que Jésus, la Parole, est Dieu : La Bible dit de Christ en Colossiens 2.9 : « Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. » L’apôtre dit que les chrétiens devraient avoir les mêmes sentiments qui étaient en Jésus-Christ, « lequel, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal à Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes » (Philippiens 2.6,7). Avant donc de devenir homme, Jésus existait en forme de Dieu et était égal à Dieu le Père. Mais il ne s’est pas accroché à cette égalité avec Dieu. Il s’en est dépouillé pour un temps afin de devenir un homme comme nous, pour nous sauver.

Mais en plus des déclarations directes qui affirment la divinité de Jésus, il y a aussi des prophéties dans l’Ancien Testament qui, mises ensemble avec leur accomplissement dans le Nouveau Testament, enseignent clairement que Jésus est Dieu.

En Ésaïe 40.3, nous avons cette prophétie messianique : « Une voix crie : Préparez au désert le chemin de l’Éternel, aplanissez dans les lieux arides une route pour notre Dieu. » Notons ici que la voix crie qu’il faut aplanir le chemin devant l’Éternel. L’accomplissement de cette prophétie se trouve en Matthieu 3.3, où il nous est dit que la voix qui devait crier ces choses était celle de Jean-Baptiste. Or, de qui Jean-Baptiste a-t-il préparé le chemin ? De Jésus-Christ.

Regardons la prophétie de Malachie 3.1 : « Mon messager préparera le chemin devant moi, dit l’Éternel. » Ce messager est venu, et il a préparé le chemin devant… Jésus-Christ.

Zacharie 11.13 attribue ces paroles à l’Éternel : « Jette-le au potier, ce prix magnifique auquel ils m’ont estimé ! » Zacharie continue : « Et je pris les trente sicles d’argent, et je les jetai dans la maison de l’Éternel pour le potier. » Ici l’Éternel s’identifie fermement avec celui qui sera trahi et vendu au prix de 30 pièces d’argent, cet argent qui a servi finalement à acheter le champ du potier selon Matthieu 27.8-10. Celui qui a été vendu pour 30 pièces d’argent, c’était Jésus-Christ. Cette prophétie ne se comprend pas si le Messie n’était pas Dieu sur la terre.

Jésus n’est pas le Père

Voici maintenant de quoi compliquer les choses un peu : la même Bible qui dit que Jésus est Dieu enseigne aussi clairement que Jésus est distinct de Dieu le Père. Jésus est Dieu ; le Père est Dieu ; mais Jésus n’est pas le Père. Il n’est pas vrai, comme certains le pensent, que « Père » n’est que l’un des titres de Jésus, un rôle qu’il joue ou une mode dans laquelle il se manifeste aux hommes. Le Père et le Fils sont deux personnages distincts, et il y a des rapports personnels entre eux. Considérez les passages suivants :

« Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils… Je ne puis rien faire de moi-même : selon que j’entends, je juge ; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. » (Jean 5.22,30)

« Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, vous le recevez. » (Jean 5.43)

« Jésus leur répondit : Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé. Si quelqu’un veut faire sa volonté, il connaîtra si ma doctrine est de Dieu, ou si je parle de mon chef. Celui qui parle de son chef cherche sa propre gloire ; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé, celui-là est vrai, et il n’y a point d’injustice en lui » (Jean 7.16-18)

« Jésus répondit : Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien. C’est mon Père qui me glorifie, lui que vous dites être votre Dieu. » (Jean 8.54)

« Père, je veux que là où je suis ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, la gloire que tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. » (Jean 17.24)

Évidemment, aucun de ces passages n’aurait le moindre sens si Jésus et le Père céleste étaient la même personne.

Nous comprendrons plus facilement certains passages de l’Écriture si nous reconnaissons que le mot « Dieu » se réfère souvent au Père seul. En Jean 16.27,28, par exemple, les deux termes sont employés de façon interchangeable. « Vous avez cru que je suis sorti de Dieu. Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; maintenant, je quitte le monde, et je vais au Père. » En d’autres passages, le mot « Dieu » signifie la divinité de façon un peu plus générale et renferme à la fois le Père et le Fils. En 2 Jean 9, l’apôtre écrit : « Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils. »

Nous avons déjà parlé du fait que les chrétiens croient en un seul Dieu, mais que sa nature est plus complexe que la conception musulmane de Dieu. Il est unique, mais ce Dieu unique existe éternellement en trois personnes. Vous et moi, nous sommes des êtres complexes. Chacun de nous a un corps physique, mais aussi une âme, et un esprit. Une personne ayant un corps et un esprit n’est pas deux personnes différentes ; ce sont deux éléments distincts qui font partie de son être. L’homme n’est pas aussi simple qu’il ne paraît ; il est complexe sur le plan physique, son corps ayant plusieurs membres. Il est complexe sur le plan spirituel, son esprit et son âme étant difficiles à définir et impossibles à mesurer. Notre intelligence a du mal à comprendre tout ce qui concerne l’être humain. Nous ne devons pas nous étonner de ce que le Dieu infini soit plus complexe que nous, plus difficile à saisir. Ayons donc de l’humilité quand nous parlons de lui.

Ce que nous avons dit ici ne signifie pas du tout qu’il existe trois dieux alors que nous avions pensé qu’il n’en existait qu’un seul. Pas du tout ! Nous apprenons que le seul Dieu est plus complexe que ce que nous pourrions imaginer. Si nous avons du mal à saisir pleinement ce qu’il a révélé de lui-même, ne soyons pas surpris. Il est tellement grand, et nous sommes tellement petits ; ayons donc de l’humilité pour accepter que ce qu’il a révélé est vrai, tout en faisant assez d’efforts pour mieux comprendre.

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