Il y a des idées auxquelles certains hommes s’opposent si fortement qu’ils réagissent avec une colère sans bornes quand ces idées sont abordées. Il suffit de prononcer certains mots pour mettre le feu au poudre – ils s’explosent de rage et n’écoutent même plus. Nous voyons de telles réactions chez les Juifs au premier siècle. Par exemple, dans le livre des Actes, dans le Nouveau Testament, un disciple de Jésus du nom d’Étienne prêchait à une foule juive. Dans sa prédication, il rappela à ces Juifs que leurs pères s’étaient souvent opposés aux messagers que Dieu leur envoyait, allant jusqu’à commettre le meurtre pour leur faire taire. Quand Étienne poursuivit pour leur déclarer qu’ils faisaient la même chose à l’égard de Jésus, le Messie, la Bible dit qu’ils « étaient furieux dans leurs cœurs, et ils grinçaient des dents contre lui ». Quand il continua à leur parler de la gloire de Jésus, « ils poussèrent alors de grands cris, en se bouchant les oreilles, et ils se précipitèrent tous ensemble sur lui, le traînèrent hors de la ville, et le lapidèrent » (Actes 7.54-58).
Plus tard, dans la même ville de Jérusalem, l’apôtre Paul prêchait à une autre foule juive. Ses auditeurs suivaient avec attention pendant qu’il leur racontait sa conversion. Mais quand il dit que Dieu l’avait envoyé pour prêcher la parole aux nations païennes, tout a changé. La Bible dit : « Ils l’écoutèrent jusqu’à cette parole. Mais alors ils élevèrent la voix, disant : Ôte de la terre un pareil homme ! Il n’est pas digne de vivre. Et ils poussèrent des cris, jetaient leurs vêtements, lançaient de la poussière en l’air. » Quelle hostilité envers l’idée que Dieu s’intéressait non seulement aux Juifs, mais à tous les autres peuples, aussi ! En réalité, Paul aurait pu montrer par leurs Écritures que Dieu s’était toujours intéressé à toutes ses créatures et avait même annoncé d’avance que les autres nations seraient bénies par lui. Mais par sa réaction exagérée, la foule s’est privée de la vérité. Elle n’a même pas eu l’occasion d’entendre les arguments que Paul aurait pu avancer pour lui faire savoir s’ils pouvaient être dans l’erreur ou pas.
Je vous demande de vous montrer plus nobles et plus raisonnables que ces Juifs d’autrefois. Ne vous fâchez pas dès que vous entendez ou lisez l’expression que nous voulons expliquer, les mots « Fils de Dieu ». Suivez bien afin de pouvoir évaluer correctement ce que je dirai.
Le mot « Fils »
Le Coran dit dans la Sourate 2 – Al-Baqarah, aya 116 : « Et ils ont dit : Allah s’est donné un fils ! Gloire à Lui ! Non ! » Le mot pour fils dans ce passage est le mot « walad » ﻮﻟﺪ, qui est presque toujours employé dans le sens physique. Le fait que le Coran, en niant que Jésus est le Fils de Dieu, précise le plus souvent que cela n’est pas possible puisque Dieu n’a pas de femme montre que c’est dans ce sens physique qu’il parle. Nous les chrétiens, on ne dirait jamais que Jésus était physiquement le Fils de Dieu ; nous avons déjà dit clairement que la conception de Jésus, bien que miraculeuse, n’était pas du tout le résultat de rapports sexuels entre Dieu et Marie. C’est une pensée affreuse que nous rejetons absolument. Mais il paraît qu’il y a un autre mot arabe pour « Fils », le mot « ib-na », (ابْنَ) et ce mot est parfois employé de façon figurée. Par exemple, dans la Sourate 2 – Al-Baqarah, aya 177, on trouve le terme ibn-al-sabil, littéralement « fils de la route », traduit généralement par « voyageur ». Bien sûr, personne ne pense que la route a littéralement fait un enfant ! Elle n’a pas eu des rapports sexuels ; elle n’a pas accouché. C’est juste une façon de suggérer l’association étroite entre celui qui voyage beaucoup et la route qu’il emprunte. De la même manière, les Égyptiens sont appelés « les fils du Nil », sans que personne n’en tire la conclusion que le fleuve a littéralement mis au monde des êtres humains.
La Bible, aussi, emploie le mot « fils » dans un sens figuré ou spirituel. Elle nous parle, par exemple, de « Joseph, surnommé par les apôtres Barnabas, ce qui signifie fils d’exhortation » (Actes 4.36). Évidemment cet homme avait l’habitude de toujours encourager ou exhorter ; cela faisait partie de son caractère. La Bible appelle des gens qui désobéissent à Dieu « les fils de la rébellion » (Éphésiens 5.6) ; ceux qui vivent selon la justice sont appelés « des enfants de la lumière » (1 Thessaloniciens 5.5). En Jean 8.44, Jésus s’adressait à des Juifs incrédules et hypocrites. Il leur dit : « Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fond ; car il est menteur et le père du mensonge. » Le diable n’a physiquement engendré ni ces Juifs méchants ni le mensonge. Appeler une personne le fils ou l’enfant de quelqu’un ou de quelque chose, c’est attribuer un trait de caractère, une activité ou une nature à la personne dont on parle. Ce n’est pas forcément parler de son origine biologique.
« Fils de l’homme »
Quand Jésus parlait de lui-même, il employait le plus souvent l’expression « le Fils de l’homme ». Selon ce que nous venons de voir, Jésus indiquait par là qu’il avait revêtu quelque chose de la nature d’un homme. Comme tout homme, il vivait dans un corps physique – ce qui veut dire qu’il pouvait devenir fatigué, avoir faim ou soif, être vu et touché physiquement par les hommes, et oui, il pouvait mourir. Il était réellement un homme.
Mais cette expression (Fils de l’homme) signifiait quelque chose de plus pour un Juif. En effet, le prophète Daniel avait reçu une vision plus de cinq cents ans avant Jésus :
« Je regardais pendant mes visions nocturnes, et voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu’un de semblable à un fils de l’homme ; il s’avança vers l’ancien des jours, et on le fit approcher de lui. On lui donna la domination, la gloire et le règne ; et tous les peuples, les nations, et les hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit. » (Daniel 7.13,14)
En s’identifiant comme le Fils de l’homme, Jésus annonçait qu’il était un personnage très spécial, un personnage dont les prophètes de Dieu avaient parlé et que le peuple avait attendu depuis très longtemps. En plus, il s’identifiait comme celui qui, selon la prophétie, serait revêtu d’une autorité universelle. Malgré son humble apparence, une gloire incroyable l’attendait.
« Fils de Dieu »
Mais Jésus a aussi accepté un autre titre, encore plus surprenant, pour ne pas dire choquant. Qu’on le veuille ou pas, ce prophète du Tout-Puissant s’est laissé appeler « Fils de Dieu ». Par exemple, Jésus demanda un jour à ses disciples ce qu’ils croyaient à son sujet. « Simon Pierre répondit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Au lieu de le reprendre pour avoir mal parlé, Jésus lui dit : « Tu es heureux, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 16.17). Mais juste après nous lisons qu’il « recommanda aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Christ ». Une autre fois, après que Jésus avait guéri un aveugle-né, il demanda à ce dernier : « Crois-tu au Fils de Dieu ? Il répondit : Et qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui ? Tu l’as vu, lui dit Jésus, et celui qui te parle, c’est lui. Et il dit : Je crois, Seigneur. Et il se prosterna devant lui » (Jean 9.35-38).
En se disant Fils de l’homme, Jésus reconnaissait, bien sûr, posséder les traits d’un homme. Quand Jésus se disait le Fils de Dieu, il indiquait qu’il possédait aussi des qualités de Dieu. Par exemple, il était sans péché. Le Coran dit, dans la Sourate 19 – Maryam, aya 19, que Jésus était pur. Selon Hébreux 4.15, « il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché ». Selon Marc 2.10 il avait aussi l’autorité de pardonner les péchés des hommes. Jean 2.25 dit : « Il n’avait pas besoin qu’on lui rendît témoignage d’aucun homme, car il savait lui-même ce qui était dans [le cœur de] l’homme. » Pour déterminer de quelles autres manières et à quel degré Jésus avait la nature de Dieu et la nature de l’homme, il faut bien lire tout ce que Dieu dit à son sujet dans l’Évangile. Mais rassurez-vous d’avance que la Bible n’emploie pas l’expression « Fils de Dieu » dans le sens littéral, c’est-à-dire physique. Jésus n’était pas Fils de Dieu dans le même sens que je suis fils de mon père humain.
Ce que cela signifiait selon les Juifs
Jésus acceptait qu’on l’appelle Fils de Dieu ; pourtant, en général, il ne disait pas publiquement qu’il était Fils de Dieu. Comme c’est le cas de nos jours, certaines personnes réagissaient violemment. En Jean 5.17,18 nous lisons : « Jésus leur répondit : Mon Père agit jusqu’à présent ; moi aussi, j’agis. À cause de cela, les Juifs cherchaient encore plus à le faire mourir… parce qu’il appelait Dieu son propre Père, se faisant lui-même égal à Dieu. » (Remarquez qu’ils n’ont pas pensé que Jésus prétendait que Dieu avait eu des rapports sexuels avec sa mère et l’avait donc engendré biologiquement. Non, ils se sont fâchés parce qu’ils considéraient que Jésus prétendait avoir la même nature que Dieu, être égal à Dieu.)
Quand les chefs des Juifs ont formellement condamné Jésus à mort, c’était pour cette même raison. Le chef de la cour, « le souverain sacrificateur, prenant la parole, lui dit : Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu. Jésus lui répondit : Tu l’as dit. De plus, je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel ». En voyant la réaction de la cour, nous comprenons pourquoi Jésus attendait le moment voulu par Dieu avant de s’identifier clairement et publiquement : « Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtements, disant : Il a blasphémé ! Qu’avons-nous encore besoin de témoins… Que vous en semble ? Ils répondirent : Il mérite la mort » (Matthieu 26.63-66). Ils n’ont fait aucun effort pour déterminer selon les prophéties si Jésus avait raison de dire qu’il était le Christ. Ils avaient décidé d’avance que c’était impossible.
Quand on l’avait pendu à la croix, des passants se moquaient de Jésus, en disant : « Il s’est confié en Dieu ; que Dieu le délivre maintenant, s’il l’aime. Car il a dit : Je suis Fils de Dieu » (Matthieu 27.43). Nous voyons ici un deuxième sens porté par l’expression « Fils de Dieu » : Jésus prétendait jouir d’une relation spéciale avec le Père céleste. En Jean 8.29 il dit : « Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. » La veille de sa mort, il pria : « Tu m’as aimé avant la fondation du monde » (Jean 17.24). Jésus avait une relation avec Dieu qui était supérieure à celle de toute autre personne au monde, comme celle d’un fils unique, un fils obéissant et bien-aimé, avec son père.