Jésus-Christ (cinquième partie)

Dans notre dernière étude, nous avons fait remarquer que le Coran aussi bien que la Bible emploie le terme « Messie » en parlant de Jésus de Nazareth, le fils de Marie. « Messie » vient d’un mot hébreu qui signifie « celui qui est oint ». « Christ » vient d’un mot grec qui signifie la même chose. Plusieurs serviteurs de Dieu sont appelés « prophète », mais Jésus seul est désigné comme étant le Messie.

Sa mission

Quelle était donc la mission du Messie, celui dont la venue avait été annoncée par Dieu des siècles avant sa naissance ? Nous avons déjà vu que le Christ, comme d’autres prophètes, est venu pour faire connaître la vérité à propos de Dieu et de sa volonté. Nous avons vu également que le ministère de Jésus a signalé un changement important dans les relations entre Dieu et les hommes, car Jésus est venu « accomplir » la loi de Moïse et les prophètes. Les prophéties et les symboles de l’Ancien Testament ont été réalisés en lui ; c’étaient des ombres qui devaient céder la place à la réalité. Jésus dit aux Juifs : « Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle : ce sont elles qui rendent témoignage de moi » (Jean 5.39). Mais la mission du Messie ne s’arrête pas là.

Venir pour un jugement

Nous disons souvent que Jésus est venu pour bénir les hommes, et cela est vrai. Il dit en Jean 10.10 : « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et l’aient en abondance. » Mais Jésus nous surprend avec les mots suivants :

« Je suis venu dans ce monde pour qu’un jugement ait lieu : pour que les aveugles voient et pour que ceux qui voient deviennent aveugles. Quelques-uns des Pharisiens, qui se trouvaient avec lui, entendirent ces paroles et lui demandèrent : – Sommes-nous des aveugles, nous aussi ? Jésus leur répondit : – si vous étiez aveugles, vous ne seriez pas coupables ; mais comme vous dites : “Nous voyons”, vous restez coupables. » (Jean 9.39-41)

Ceux qui font profession [de savoir et] de connaître Jésus, et qui n’attachent aucune importance à ses enseignements et ses avertissements parce qu’ils ont déjà décidé de ce qu’ils veulent croire, ceux-là sont les vrais aveugles. Ceux, au contraire, qui cherchent, ceux qui souffrent de ne pas connaître le vrai sens de leur vie et de n’avoir aucune espérance valable, ceux qui confessent leur ignorance, ceux-là sont prêts à recevoir la vraie lumière. Par la venue du Christ dans le monde, un discernement s’opère entre les hommes – en fait, un renversement des rôles. Ce sont trop souvent les chefs religieux – des hommes très respectés comme les Pharisiens l’étaient – ce sont eux qui refusent d’examiner objectivement les paroles et la vie de Jésus ; ils se privent ainsi des bénédictions qu’il apporte et se trouvent condamnés à cause d’un aveuglement volontaire et farouchement entretenu.

Pour sauver les pécheurs

Mais un aspect de la mission du Messie est mentionné plus que tous les autres. En Luc 19 Jésus répondait aux critiques de ceux qui l’accusaient pour avoir accepté l’hospitalité de Zachée, un publicain que tout le monde reconnaissait comme un homme pécheur. Jésus dit au verset 10 : « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » Cela s’accorde bien avec ce que l’ange avait au sujet de Jésus avant sa naissance : « Tu lui donneras le nom de Jésus ; c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Matthieu 1.21).

Mais de quelle manière le Messie prophétisé devait-il accomplir cette mission ? Le prophète Ésaïe l’avait annoncé sept siècles avant l’arrivée du Christ :

« Nous l’avons dédaigné, nous n’avons fait aucun cas de lui. Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’est chargé ; et nous l’avons considéré comme puni, frappé de Dieu et humilié. Mais il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa propre voie ; et l’Éternel a fait retomber sur lui l’iniquité de nous tous… On l’a enterré avec des criminels, dans la mort on l’a mis avec les riches, bien qu’il n’ait pas commis de violence ni pratiqué la fraude. Mais le Seigneur approuve son serviteur accablé, et il a rétabli celui qui avait offert sa vie à la place des autres. » (Ésaïe 53.3-6,9,10)

Jésus comprenait bien que cette prophétie, comme les autres, parlait de lui. Il dit en Matthieu 20.28 : « Le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs. » Jésus comprenait également de quelle manière il donnerait sa vie. Dans l’Évangile selon Luc nous lisons :

« Jésus prit les douze auprès de lui, et leur dit : Voici, nous montons à Jérusalem, et tout ce qui a été écrit par les prophètes s’accomplira. Car il sera livré aux païens ; on se moquera de lui, on l’outragera, on crachera sur lui, et, après l’avoir battu de verges, on le fera mourir ; et le troisième jour il ressuscitera. » (Luc 18.31-33)

Mais savoir de quelle manière il devait mourir n’a pas rendu la chose facile. Quand le moment de son arrestation était tout proche, Jésus dit : « Maintenant mon cœur est troublé. Et que dirai-je ? Dirai-je : Père, délivre-moi de ce qui va arriver en cette heure ? Mais c’est pour cela que je suis venu, pour passer par cette heure de souffrance. Père donne gloire à ton nom ! » (Jean 12.27,28). Jésus n’est pas venu juste pour prêcher. Il est venu avant tout pour mourir, et mourir d’une mort horriblement douloureuse. Mais loin d’être une mort inutile, elle fut le moyen choisi par Dieu pour enlever les péchés de ceux qui croiraient en lui.

L’importance de ce qu’on croit au sujet de Jésus

Dans ces dernières études nous avons vu que parmi tous les personnages qui sont mentionnés dans le Coran aussi bien que dans la Bible, plusieurs choses mettent Jésus à part et le distinguent nettement de tous les autres envoyés de Dieu. Sa venue fut soigneusement préparée pendant des millénaires et annoncée en grand détail par les prophètes qui l’ont précédé. Il a mené une vie sans aucun péché ; la sainteté de vie est certainement une qualité des autres prophètes, du moins après qu’ils reçoivent leur appel de la part de Dieu. Mais aucun autre homme de Dieu n’est présenté dans les Écritures comme ayant vécu toute sa vie sur terre sans jamais commettre de péché. Jésus est unique aussi dans le fait qu’il prétendait avoir existé consciemment bien avant sa naissance en tant qu’être humain. Il dit qu’il avait connu Abraham qui l’avait précédé sur la terre de presque deux mille ans ! À ces paroles choquantes il faut ajouter sa prétention d’avoir le pouvoir de pardonner les péchés. Pour appuyer ses paroles Jésus faisait des miracles de tout genre, attestés par le Coran aussi bien que par l’Évangile. À ces prodiges s’ajoute un miracle par excellence : tout comme il l’avait promis, Jésus est ressuscité d’entre les morts, miracle qu’aucun autre prophète n’a réalisé. En plus de toutes ces choses extraordinaires, nous reconnaissons que la Bible et le Coran lui attribuent un titre très, très spécial : il était le Messie, celui qui fut oint de Dieu et qui avait pour mission le salut des hommes pécheurs.

Ayant vu tous ces faits, nous devons souligner la nécessité absolue de tirer la conclusion correcte concernant l’identité de Jésus. C’est Jésus lui-même qui a insisté dessus. Dans l’Évangile de Jean 8.23,24 il dit : « Vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. C’est pourquoi je vous ai dit que vous mourrez dans vos péchés ; car si vous ne croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans vos péchés. » En fait, tout au long de l’Évangile de Jean, Jésus dit clairement que si l’on veut avoir la vie, il faut venir à lui (Jean 5.40). Il emploie plusieurs images pour communiquer cette réalité. En Jean 6.47-51 il dit :

« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. Je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. C’est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui en mange ne meure point. Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai pour la vie du monde, c’est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde. »

Au chapitre 7.37,38 Jésus s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Écriture. » En Jean 11 Jésus s’apprête à ressusciter son ami Lazare, et il parle avec Marthe, la sœur du défunt. Au cours de leur entretien « Jésus lui dit ; Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort » (Jean 11.25). Plus loin, au chapitre 14.6 il répond à une question de son apôtre, Thomas. Il lui dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. »

Jésus parla, bien sûr, de la foi en Dieu, mais aucun autre prophète n’a insisté comme lui sur sa propre personne et la nécessité de croire en lui. Jésus osait dire que la destinée éternelle de chacun de nous dépend de la conclusion que nous tirons en ce qui concerne son identité et de notre foi en lui. Ne serait-il pas bien plus qu’un prophète ? Peut-être que le plus grand danger pour nous, que nous soyons des lecteurs de la Bible ou du Coran, serait d’adopter l’attitude des habitants de Nazareth. Quand Jésus, après avoir commencé son ministère, se rendit dans la ville où il avait grandi, les gens étaient étonnés. Ils disaient :

« D’où a-t-il cette sagesse ? Comment peut-il accomplir ces miracles ? N’est-ce pas le fils du charpentier ? Marie n’est-elle pas sa mère ? Jacques, Joseph, Simon et Jude ne sont-ils pas ses frères ? Et ses sœurs ne vivent-elles pas toutes parmi nous ? D’où a-t-il donc ce pouvoir ? Et cela les empêchait de croire en lui…. Jésus n’accomplit là que peu de miracles à cause de leur manque de foi. » (Matthieu 13.54-58)

Ces gens pensaient connaître déjà qui était Jésus. Mais leur conception de lui était bien trop limitée. Ils n’ont pas découvert sa vraie identité, parce qu’ils avaient trop d’idées préconçues à son égard. Leurs préjugés les ont empêchés de profiter de ce que Jésus aurait fait pour eux.

Selon la Sourate 3 – Al-Imram : « Allah dit : “O Jésus, je te ferai subir la mort, je t’élèverai à moi, je te délivre des infidèles et ceux qui te suivront seront au-dessus de ceux qui ne te croient pas jusqu’au jour de la résurrection” » (aya 55). De tous les personnages bibliques que nous retrouvons dans les pages du Coran, aucun n’est plus important que Jésus, le Christ. Si vous ne l’avez pas déjà fait, procurez-vous une copie de l’Évangile et découvrez ce Jésus.

Jésus-Christ (quatrième partie)

Comme nous l’avons vu à plusieurs reprises, le Coran reconnaît Jésus comme prophète. Le mot prophète désigne quelqu’un qui reçoit un message directement de la part de Dieu, un message inspiré qu’il est censé transmettre aux hommes. Bien sûr, il y a toujours eu de faux prophètes, des hommes qui prétendent parler pour Dieu mais qui, en fait, trompent leurs auditeurs. Le Coran traite Jésus de vrai prophète, mais en même temps il insiste sur l’idée que Jésus n’était pas plus qu’un prophète, qu’il n’était qu’un simple messager. Mais il faut dire aussi que le Coran parle de « al-Masih » (3:28) ou « le Messie, Jésus, le fils de Marie » (4:171). Alors, si Mohamed reconnaissait en Jésus le Messie, cela vaut la peine d’examiner le sens de ce titre et de déterminer la mission de celui qui devait le porter.

Le Messie

Dans l’Évangile selon Jean, nous voyons aux premiers chapitres deux futurs apôtres de Jésus, André et son frère Simon Pierre. Jean-Baptiste venait de rendre témoignage à Jésus de Nazareth, et André, qui était déjà un disciple de Jean-Baptiste, l’entendit. Jean 1.41 dit : « Ce fut lui qui rencontra le premier son frère Simon, et il lui dit : Nous avons trouvé le Messie (ce qui signifie Christ) ». Dans ce verset nous avons un mot hébreu et un mot grec qui ont tous les deux été francisés. Le mot hébreu, mashiac, et le mot grec, christos, ont le même sens ; ils signifient « oint », ou « celui qui a été oint ». Mais quel est le sens de ce terme curieux ?

Dans la Bible on trouve trois catégories de personnes qui recevaient une onction d’huile, c’est-à-dire qu’on leur versait de l’huile sur la tête quand ils entraient dans leurs fonctions. Ces trois catégories étaient les prêtres, chargés de présenter à Dieu les sacrifices de son peuple, les prophètes, chargés de transmettre au peuple des messages de la part de Dieu, et les rois, chargés de gouverner et conduire le peuple au nom de Dieu, le véritable roi des rois. En Exode 28.41 nous lisons que Dieu dit : « Toi, Moïse, tu revêtiras ton frère Aaron et ses fils de ces habits, tu verseras de l’huile sur leur tête et tu leur confieras leur charge, c’est de cette manière que tu les consacreras pour qu’ils me servent en tant que prêtres. » En 1 Rois 19.16 Dieu dit au prophète Élie : « Tu oindras Élisée, fils de Schaphath, d’Abel-Mehola, pour prophète à ta place. » À la même occasion, Dieu lui dit : « Va, reprends ton chemin par le désert jusqu’à Damas ; et quand tu seras arrivé, tu oindras Hazaël pour roi de Syrie. Tu oindras aussi Jéhu, fils de Nimschi, pour roi d’Israël. » On pourrait citer plusieurs autres passages pour illustrer cette pratique.

Mais le terme, le Messie, est encore plus spécial. Il était l’objet de diverses prophéties dans l’Ancien Testament. Le Messie serait à la fois prophète, prêtre et roi. Celui-ci serait oint, non pas de la main d’un homme, mais de Dieu lui-même. Dans le Zabour, David a écrit à l’égard des ennemis de Dieu : « Celui qui siège dans les cieux rit, Le Seigneur se moque d’eux. Puis il leur parle dans sa colère, Il les épouvante dans sa fureur : C’est moi qui ai oint mon roi sur Sion, ma montagne sainte » (Psaume 2.4-6). Tout le peuple juif du temps de Jésus attendait ardemment la venue de cet individu oint par Dieu. Même parmi le peuple samaritain, peuple métis dont les ancêtres païens s’étaient mariés avec des Juifs, on était au courant de Celui qui devait venir. En Jean 4.25,26 une femme samaritaine qui s’entretenait avec Jésus affirma : « Je sais que le Messie doit venir (celui qu’on appelle Christ) ; quand il sera venu, il nous annoncera toutes choses. Jésus lui dit : “Je le suis, moi qui te parle.” »

Jésus remplit bien les trois rôles de prophète, prêtre et roi. En Actes 3.22-26 l’apôtre Pierre rappelle aux Juifs la prophétie de Moïse concernant le prophète que Dieu avait promis envoyer. Puis il leur dit que ce prophète était bien Jésus. L’auteur de l’Épître aux Hébreux souligne le fait que Jésus, comme prêtre, sert d’intermédiaire entre Dieu et les hommes : Il dit : « Ainsi, puisque nous avons un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus…, demeurons fermes dans la foi que nous professons… » (Hébreux 4.14). Quant à son titre de roi, Jésus l’a reconnu de sa propre bouche au cours de son procès devant Ponce Pilate. Il dit : « Mon royaume n’est pas de ce monde… Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est pas d’ici-bas. Pilate lui dit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis, je suis roi » (Jean 18.36,37). En attribuant à Jésus le titre de Messie, et le Coran et la Bible reconnaissent en lui celui que Dieu a désigné comme prophète, prêtre et roi.

Sa mission

Mais quelle était la mission du Messie ? Un prophète a toujours un ou plusieurs messages à transmettre aux hommes, et dans l’Évangile nous avons beaucoup d’enseignements et d’exhortations que Jésus a donnés de la part de Dieu. Mais avait-il, en tant que le Messie prophétisé depuis des siècles, autre chose à accomplir sur la terre ? Pourquoi, au juste, le Messie devait-il venir ?

Rendre témoignage à la vérité

Jésus lui-même fit plusieurs déclarations concernant la mission que Dieu lui avait confiée. Quelques-unes de ces déclarations s’harmonisent facilement avec le rôle que nous attribuons généralement aux prophètes, le rôle de publier des paroles reçues de la part de Dieu, de faire connaître sa volonté et d’appeler les hommes à s’y soumettre. Par exemple, après avoir reconnu sa royauté devant le gouverneur Pilate, Jésus ajouta : « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix » (Jean 18.37). Dans un autre passage, Jésus se réfère à sa mission d’éclairer les hommes en ce qui concerne le Créateur : « Celui qui croit en moi croit, non pas en moi, mais en celui qui m’a envoyé ; et celui qui me voit voit celui qui m’a envoyé. Je suis venu comme une lumière dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres » (Jean 12.44-46).

Accomplir la loi et les prophètes

Mais Jésus est venu non seulement pour faire connaître la vérité concernant Dieu et sa volonté pour les hommes ; sa venue devait aussi avoir un effet sur les révélations précédentes que Dieu avait faites aux hommes. L’Évangile selon Matthieu contient ces paroles du Christ : « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis, en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé. » La loi dont Jésus parlait était, bien sûr, la Torah, que nous appelons aussi la loi de Moïse. Les prophètes sont les écrits des serviteurs inspirés de Dieu, dont plusieurs sont conservés pour nous dans la Bible. Jésus dit qu’il est venu non pour abolir mais pour accomplir ces révélations faites auparavant. La distinction que Jésus fait entre abolir et accomplir est très importante. Supposons que vous me prêtez de l’argent et que je vous écris une reconnaissance de dette. Si j’arrive à détruire le papier que j’ai signé mais sans avoir payé ce que je dois, vous ne pourrez plus vous servir de ce document pour réclamer l’argent ; je l’ai aboli. Mais le document n’a pas été respecté et n’a pas servi le but pour lequel il avait été rédigé. Si par contre je vous rembourse votre argent et que nous apposons nos signatures pour attester au fait que la dette a été payée dans sa totalité, j’ai accompli le devoir qui était précisé dans la reconnaissance de dette. Encore, vous n’allez pas à l’avenir vous servir du document pour me réclamer de l’argent, car il a servi son but. Et dans ce cas il a été respecté.

Jésus a accompli la Torah et les écrits des prophètes de plus d’une manière. Premièrement, il a accompli les prophéties contenues dans ces livres. Il y a, par exemple, beaucoup de prédictions directes concernant le Messie, et ces prophéties se sont accomplies dans la vie de Jésus. Tout au long de l’Évangile nous trouvons l’expression « Ceci arriva afin que s’accomplisse ce qui avait été écrit par le prophète… ». Beaucoup de détails concernant Jésus avaient été prédits, depuis sa naissance miraculeuse à Bethléhem jusqu’à sa trahison pour trente pièces d’argent et les mots employés par ceux qui se moquaient de lui au cours de sa crucifixion. Non seulement les prédictions directes, mais aussi les choses et les cérémonies qui symbolisaient d’avance le Christ et son œuvre furent « accomplies » par Jésus. C’est ainsi que la loi de Moïse ordonnait par exemple qu’on sacrifie des animaux sur un autel et que leur sang soit offert pour la purification du péché. Mais l’Épître aux Hébreux dit, concernant ces sacrifices que les Juifs continuaient d’offrir jusqu’à la destruction de leur temple à Jérusalem : « La loi, qui possède une ombre des biens à venir, et non l’exacte représentation des choses, ne peut jamais, par les mêmes sacrifices qu’on offre perpétuellement chaque année, amener les assistants à la perfection… car il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés » (Hébreux 10.1,4). Le texte se poursuit en expliquant que Jésus, en acceptant volontairement de mourir sur la croix, s’est offert comme le véritable sacrifice pour le péché, le seul qui ait le pouvoir d’effacer réellement les péchés. Les animaux qui étaient offerts selon les commandements de la loi de Moïse ne faisaient que symboliser le sacrifice du Christ. Comme ces symboles ont cédé la place à la réalité qu’elles évoquaient, on n’a plus besoin d’observer les cérémonies mosaïques. La première alliance a été remplacée par une seconde (Hébreux 8.7). Ceux qui pensent que les commandements de Dieu n’ont subi aucun changement depuis le commencement et qu’elles sont toutes encore en vigueur doivent faire face à un dilemme : Pourquoi Dieu aurait-il permis aux Romains de détruire le temple juif à Jérusalem il y a presque deux mille ans, et pourquoi depuis tout ce temps Dieu n’aurait-il pas rendu possible sa reconstruction, si en fait il voulait que les ordonnances de la loi mosaïque soient observées de nos jours ? La Torah, en effet, est remplie d’instructions détaillées sur le lieu d’adoration, la prêtrise, les sacrifices et beaucoup d’autres choses que ni les Juifs ni aucun autre peuple n’est en mesure de suivre aujourd’hui. Non seulement le temple juif n’est plus, mais personne ne peut prouver aujourd’hui qu’il est de la tribu de Lévi et parmi les descendants d’Aaron, afin d’avoir droit de remplir le rôle très nécessaire de sacrificateur. Le chrétien qui comprend le sens des paroles de Jésus ne trouve pas de difficulté : le Christ a bien dit qu’il est venu pour accomplir la loi. Et quand il rendait son âme sur la croix, il dit : « Tout est accompli » (Jean 19.30).

Jésus-Christ (troisième partie)

Dans les deux dernières études nous avons vu des raisons pour s’interroger à l’égard de l’un des prophètes qui sont mentionnés dans la Bible aussi bien que dans le Coran. De tous les prophètes, celui-ci est le seul dont la venue fut annoncée par d’autres prophètes pendant des siècles avant sa naissance, et le seul pour qui un autre prophète fut envoyé spécialement afin de préparer sa génération à le recevoir dignement. Il est le seul prophète dont il est dit qu’il a mené une vie sans péché, avant même de commencer son ministère de prophète ; le seul qui a prétendu exister au ciel avant de naître sur la terre et le seul qui a prétendu avoir le droit de pardonner les péchés. Mais que dire des miracles opérés par Jésus ? Y a-t-il une différence entre ce qu’il a fait et ce que les autres ont pu faire ?

Ses miracles

Les Évangiles sont remplis des récits de miracles opérés par Jésus. Le Coran, aussi, lui attribue des miracles. Dans la Sourate 5, aya 110, Allah lui dit :

« Ô Jésus, fils de Marie, rappelle-toi Mon bienfait sur toi et sur ta mère quand Je te fortifiais du Saint-Esprit. Au berceau tu parlais aux gens, tout comme en ton âge mûr. Je t’enseignais le Livre, la Sagesse, la Torah et l’évangile ! Tu fabriquais de l’argile comme une forme d’oiseau par Ma permission ; puis tu soufflais dedans. Alors par Ma permission, elle devenait oiseau. Et tu guérissais par Ma permission, l’aveugle-né et le lépreux. Et par Ma permission, tu faisais revivre les morts. Je te protégeais contre les Enfants d’Israël pendant que tu leur apportais les preuves. »

Les différentes œuvres miraculeuses de Jésus manifestaient son pouvoir sur les forces de la nature, sur les démons, sur la maladie et la mort ; elles démontraient sa connaissance même des pensées secrètes des hommes ; elles constituaient très souvent des preuves de sa grande compassion devant la souffrance ; mais en plus de tout cela, elles témoignaient aussi de son identité. Et Jésus n’hésitait pas de tirer l’attention des hommes sur ce que signifiaient ses miracles. Dans l’Évangile de Jean nous lisons : « Les Juifs l’entourèrent, et lui dirent : Jusques à quand tiendras-tu notre esprit en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le-nous franchement. Jésus leur répondit : Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi » (Jean 10.24,25). Les ennemis de Jésus reconnaissaient la réalité des miracles de Jésus, mais ils n’étaient pas prêts à croire malgré les preuves. Jean 11.47,48 dit : « Alors les principaux sacrificateurs et les pharisiens assemblèrent le sanhédrin, et dirent : Que ferons-nous ? Car cet homme fait beaucoup de miracles. Si nous le laissons faire, tous croiront en lui. »

Est-il réellement mort ?

Le miracle le plus important que l’on attribue à Jésus est sa résurrection d’entre les morts. Mais Jésus est-il réellement mort de la manière qu’on le dit ? Pour soutenir ce que nous avons dit au sujet de Jésus, nous avons cité non seulement la Bible, mais le Coran et la tradition musulmane, aussi. Mais que dire de l’idée que Jésus est mort sur la croix ? Le Coran ne dit-il pas formellement que cela n’a pas eu lieu ? La plupart des musulmans n’acceptent pas l’idée que Jésus, qu’ils reconnaissent pourtant comme prophète, est mort sur la croix. L’argument le plus important se base sur la quatrième sourate du Coran, qui dit au sujet des Juifs :

« (Nous les avons maudits) à cause de leur rupture de l’engagement, leur mécréance aux révélations d’Allah, leur meurtre injustifié des prophètes, et leur parole : “Nos cœurs sont (enveloppés) et imperméables”. En réalité, c’est Allah qui a scellé leurs cœurs à cause de leur mécréance, car ils ne croyaient que très peu. Et à cause de leur mécréance et de l’énorme calomnie qu’ils prononcent contre Marie, et à cause de leur parole : “Nous avons vraiment tué le Christ, Jésus, fils de Marie, le Messager d’Allah”… Or, ils ne l’ont ni tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l’incertitude : ils n’en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l’ont certainement pas tué. Mais Allah l’a élevé vers Lui. Et Allah est Puissant et Sage. » (an-Nisa’ 4:155-158)

Ce passage a été expliqué de plusieurs manières par les musulmans. Certains disent que Jésus s’est caché ou qu’un ange l’a protégé, alors que l’un de ses compagnons est mort à sa place. Certains disent que Dieu a fait que Judas Iscariot prenne l’apparence de Jésus, et que c’est lui qui fut tué. D’autres disent que Simon de Cyrène, qui porta la croix derrière Jésus, lui fut substitué sur le chemin du Calvaire. D’autres encore disent simplement que les Juifs ont essayé de le tuer mais ne l’ont pas pu, et que Dieu l’a fait monter au ciel sans passer par la mort.

Toutes ces explications ont certains problèmes. Il y a, par exemple, un problème moral si nous disons que Dieu a employé ruse ou tromperie pour faire croire délibérément un mensonge. Dieu est parfaitement saint, pur et sans péché. La Bible dit clairement en Hébreux 6.18 : « Il est impossible que Dieu mente » et en Tite 1.2 « Dieu ne ment point ». Il avait ordonné dans la loi de Moïse : « Vous n’userez ni de mensonge ni de tromperie les uns envers les autres. » Lui qui dit à l’homme de ne pas user de tromperie, userait-il, lui, de tromperie avec les hommes ? Comment pourrait-on désormais lui faire confiance ? Loin de Dieu, le Dieu de Vérité – loin de lui l’idée de tromper des hommes et leur faire croire ce qui est faux. Il n’aurait pas employé sa puissance miraculeuse pour tromper des hommes. C’est Satan qui agit de cette façon. Ne déshonorons pas Dieu.

Mais peut-on croire que, sans intervention miraculeuse de la part de Dieu, on aurait pu crucifier et enterrer un autre à la place de Jésus ? Pendant qu’il était sur la croix il était reconnu par le centenier romain et ses soldats, les passants qui l’avaient entendu prêcher, les chefs des Juifs, et les deux brigands. Il y avait aussi ceux qui le connaissaient intimement : des femmes qui l’avaient accompagné depuis la Galilée, sa propre mère et son disciple Jean. Son corps devait être facilement reconnaissable après avoir été enlevé de la croix, non seulement par son visage, mais aussi par les cicatrices de la couronne d’épines que les soldats avaient placée sur sa tête. D’ailleurs, Joseph d’Arimathée et Nicodème, qui l’ont enterré, ainsi que les femmes qui observaient quand on préparait le corps, connaissaient tous très bien Jésus. Sans tromperie miraculeuse, ils n’auraient pas pu prendre un autre pour lui.

Faut-il ajouter que l’on ne peut pas nier la souffrance et la mort de Jésus sans faire des menteurs de tous les saints prophètes de Dieu qui l’avaient précédé? Nous avons vu, en effet, dans une étude précédente, que ces messagers de Dieu avaient annoncé non seulement la venue du Christ, mais aussi sa mort. Voici ce que Jésus dit à ses disciples après sa résurrection :

« “Hommes sans intelligence, que vous êtes lents à croire tout ce qu’ont annoncé les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Messie souffre ainsi avant d’entrer dans sa gloire ?…

“Voilà ce que je vous ai déclaré quand j’étais encore avec vous : tout ce qui est écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, dans les livres des prophètes et dans les psaumes devait se réaliser.” Alors il leur ouvrit l’intelligence pour qu’ils comprennent les Écritures, et il leur dit : “Voici ce qui est écrit : le Messie doit souffrir, puis être ramené à la vie le troisième jour.” » (Luc 24.25,26,44-46)

Mais revenons au passage coranique qui dit : « Ils ne l’ont ni tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux semblant ! » Il faut signaler qu’il y a une autre manière de comprendre ce passage coranique. Dans le contexte, il s’agit d’un reproche adressé aux Juifs qui avaient rejeté les prophètes de Dieu, parlé contre Marie, et se vantaient d’avoir fait crucifier Jésus-Christ. En réfutant les Juifs, le Coran dit : « Ils ne l’ont ni tué ni crucifié. » Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de crucifixion, mais que, même si elle a eu lieu, c’est Dieu qui en fut responsable. Les Juifs n’ont fait que ce que Dieu, le Tout-Puissant, leur a permis de faire pour accomplir son plan. La même sorte de langage se trouve dans la huitième sourate du Coran qui parle des actions des musulmans à la Bataille de Badr : « Ce n’est pas vous qui les avez tués : mais c’est Allah qui les a tués. Et lorsque tu lançais (une poignée de terre), ce n’est pas toi qui lançais : mais c’est Allah qui lançait, et ce pour éprouver les croyants d’une belle épreuve de Sa part ! » (al-Anfal 8:17). Les fidèles musulmans ont, en fait, tué leurs adversaires, mais ce fut uniquement, selon l’idée de ce verset, avec l’aide et selon la volonté d’Allah.

Cette façon de comprendre le passage sur la crucifixion de Jésus s’accorde mieux avec certains autres passages du Coran qui parlent de la mort de Jésus. Par exemple, dans la Sourate 19, Jésus, encore bébé dans les bras de Marie, prononce ces paroles : « Que la paix soit sur moi le jour où je naquis, le jour où je mourrai, et le jour où je serai ressuscité vivant ». Et dans la Sourate 3, Dieu dit : « O Jésus, certes, Je vais mettre fin à ta vie terrestre… » (al-Imran 3:55).

Sa résurrection

Tout à l’heure nous parlions des miracles de Jésus. D’autres prophètes avaient fait des miracles avant Jésus, mais comme nous l’avons suggéré, un de ses miracles dépasse tous les autres. Écoutez l’Évangile de Matthieu 12.38-40 :

« Alors quelques maîtres de la loi et quelques Pharisiens dirent à Jésus : “Maître, nous voudrions te voir accomplir un miracle.” Jésus leur répondit en ces termes : “Les gens d’aujourd’hui, qui sont mauvais et infidèles à Dieu, demandent un miracle, mais aucun miracle ne leur sera accordé si ce n’est celui du prophète Jonas. Car, de même que Jonas a passé trois jours et trois nuits dans le ventre du grand poisson, ainsi le Fils de l’homme passera trois jours et trois nuits dans la terre.” »

Jésus parle, bien sûr, du temps qu’il passerait dans le tombeau avant de ressusciter. Une autre fois il employa une autre image :

« Alors les chefs juifs lui demandèrent : “Quel miracle peux-tu faire pour nous prouver que tu as le droit d’agir ainsi ?” Jésus leur répondit : “Détruisez ce temple et en trois jours je le rebâtirai.” – “On a mis quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, tu vas le rebâtir en trois jours ?” lui dirent-ils. Mais le temple dont parlait Jésus était son corps. Quand Jésus revint de la mort à la vie, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; et ils crurent à l’Écriture et aux paroles que Jésus avait dites. » (Jean 2.18-22)

Ces disciples « crurent aux Écritures » parce qu’ils ont compris que la résurrection de Jésus faisait partie des choses qui avaient été annoncées d’avance à son égard. L’apôtre Pierre a prêché au peuple de Jérusalem quelques semaines après la mort et la résurrection de Jésus. Il dit :

« Dieu l’a ramené à la vie, il l’a délivré des douleurs de la mort, car il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir. En effet, David a dit à son sujet : …tu ne m’abandonneras pas dans le monde des morts, tu ne permettras pas que moi, ton fidèle, je pourrisse dans la tombe… Frères, il m’est permis de vous parler très clairement au sujet du patriarche David : il est mort, il a été enterré et sa tombe se trouve encore aujourd’hui parmi nous. Il était prophète et il savait que Dieu lui avait promis avec serment d’accorder à l’un de ses descendants la position de roi qui était la sienne. David a vu d’avance ce qui allait arriver et il a donc parlé de la résurrection du Messie…. Dieu a ramené à la vie ce Jésus dont je parle, et nous en sommes tous témoins. » (Actes 2.24,25,27,29-32)

L’apôtre Paul, aussi, insistait particulièrement sur ce miracle. Quand il prêchait dans la ville d’Athènes, en Grèce, il dit : « Dieu ne tient plus compte des temps où les hommes étaient ignorants, mais il appelle maintenant tous les hommes, en tous lieux, à changer de comportement. Il a en effet fixé un jour où il jugera le monde entier avec justice, par un homme qu’il a désigné. Il en a donné la preuve à tous en ramenant cet homme de la mort à la vie ! » (Actes 17.31,31). La tradition musulmane, aussi, parle du retour de Jésus et du jugement qu’il doit administrer.

Une vie sans aucun péché, des miracles de tout genre, la résurrection d’entre les morts, et un retour pour le jugement – encore nous devons nous poser la question : Jésus, le fils de Marie, n’est-il pas bien plus qu’un prophète ?

Jésus-Christ (deuxième partie)

Notre étude précédente a introduit un dernier personnage qui est mentionné dans le Coran aussi bien que la Bible : il s’agit de Jésus, le Christ. Nous avons vu que ce prophète devait être très spécial, car non seulement Dieu l’a envoyé avec une mission, comme il avait fait pour les autres prophètes, mais il a aussi annoncé bien à l’avance la venue de ce prophète. Ce n’est pas un seul passage de l’Écriture qui prédisait sa venue ; ce n’est pas un passage ambigu ou contesté qui pourrait désigner une autre personne que Jésus. Non. Il y a des dizaines, sinon des centaines de détails concernant Jésus qui furent clairement signifiés des siècles avant sa naissance. Des anges annoncèrent sa naissance quand elle eut lieu, naissance d’ailleurs qui était miraculeuse, puisque sa mère n’avait eu des rapports sexuels avec personne avant de le concevoir. Des gens ont prophétisé le concernant quand ils l’ont vu encore bébé. Et juste avant que Jésus ne se mette à prêcher en public, Dieu suscita le prophète Jean-Baptiste pour apprêter le peuple à le recevoir.

Ne semble-t-il pas probable que Jésus soit un prophète, mais aussi plus qu’un prophète ? Considérons d’autres vérités qui se rapportent à cet homme :

Une vie sans péché

Plusieurs passages de la Bible soulignent l’idée que Jésus n’a pas péché. En 2 Corinthiens 5.21 l’apôtre Paul écrit : « Le Christ était sans péché, mais Dieu l’a chargé de notre péché. » L’apôtre Jean écrit en 1 Jean 3.5 : « Vous le savez, Jésus-Christ est apparu pour enlever les péchés, et il n’y a point de péché en lui. » L’apôtre Pierre, aussi, affirme la même vérité : « Il n’a pas commis de péché ; on n’a jamais entendu de mensonge sortir de sa bouche » (1 Pierre 2.22). Pierre cite ici une parole du prophète Ésaïe concernant le Christ : « On a mis son sépulcre parmi les méchants, son tombeau avec le riche, quoiqu’il n’eût point commis de violence et qu’il n’y eût point eu de fraude dans sa bouche » (Ésaïe 53.9). Mais ce n’est pas simplement les autres qui ont prétendu que Jésus n’avait pas de péché. Jésus lui-même a lancé ce défi à ses adversaires : « Qui parmi vous peut prouver que j’ai péché? Et si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ? » (Jean 8.46).

Mohamed n’a pas essayé de prouver que Jésus avait commis du péché. Au contraire, nous voyons dans la sourate 19:19 du Coran que l’ange dit à Marie : « Je suis en fait un messager de ton Seigneur pour te faire don d’un fils pur ». De même le Hadîth, ou tradition musulmane, atteste la sainteté de Jésus. Abu Huraira a reporté que le messager d’Allah a dit : « Personne ne naît parmi les enfants d’Adam sans être touché par Satan au moment de sa naissance. Alors l’enfant crie très fort à cause du toucher de Satan. Mais il n’en est pas ainsi avec Marie et son fils. » L’un des commentateurs musulmans, du nom d’Er-Razi, dit que le titre de Messie fut donné à Jésus parce qu’il était libre de la souillure du péché. Étrangement, cet état de pureté n’est attribué à aucun autre prophète dans le Coran. Dans nos études précédentes nous avons vu les faiblesses et parfois même les péchés des autres prophètes. Adam a mangé le fruit défendu ; Noé s’est enivré, Abraham a menti, Jacob a trompé son père et volé le droit d’aînesse de son frère, Moïse a désobéi à l’ordre de Dieu de parler au rocher afin de donner de l’eau au peuple dans le désert, David a commis l’adultère, Salomon a adoré les idoles de ses femmes. Même Mohamed reconnaît avoir du péché dans sa vie. Dans la Sourate 40, aya 55, Allah lui dit : « Endure donc, car la promesse d’Allah est vérité, implore le pardon de ton péché et célèbre la gloire et la louange de ton Seigneur, soir et matin. » La même exhortation d’implorer le pardon de ses péchés est donnée dans la Sourate 47, aya 19. La 48ième sourate commence par ces mots qu’Allah adresse à Mohamed : « En vérité Nous t’avons accordé une victoire éclatante afin qu’Allah te pardonne tes péchés, passés et futurs, qu’il parachève sur toi Son bienfait et te guide sur une voie droite. » Enfin, Mohamed lui-même avoue qu’il ne connaît pas son sort éternel : « Dis : Je ne suis pas une innovation (une merveille ou quelqu’un de spécial) parmi les messagers ; et je ne sais pas ce qu’on fera de moi, ni de vous. Je ne fais que suivre ce qui m’est révélé » (Sourate 46:9).

L’apôtre Jean dit : « Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous trompons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous » (1 Jean 1.8). Mais ce même Jean dit au sujet de Jésus : « Il n’y a point de péché en lui » (1 Jean 3.5). Certainement, Jésus est un prophète pas comme les autres.

Ses paroles étonnantes : une préexistence ?

Personne ne trouvait de quoi condamner dans les actions de Jésus. Il est le seul Juif qui ait jamais gardé parfaitement la loi que Dieu leur avait donnée. Les paroles de Jésus étaient, par contre, souvent très surprenantes, pour ne pas dire choquantes. Un jour en parlant avec les Juifs, Jésus leur dit :

« “Celui qui obéira à mes paroles ne mourra jamais.”

Les Juifs lui dirent : “Maintenant nous sommes sûrs que tu es possédé d’un esprit mauvais ! Abraham est mort, les prophètes sont morts, et toi, tu dis : ‘Celui qui obéit à ce que je dis ne mourra jamais.’ Abraham, notre père, est mort : penses-tu être plus grand que lui ? Les prophètes aussi sont morts. Pour qui te prends-tu ?” Jésus répondit : “Si je me glorifiais moi-même, ma gloire ne vaudrait rien. Celui qui me glorifie, c’est… lui dont vous dites : ‘Il est notre Dieu’, mais que vous ne connaissez pas. Moi je le connais… Abraham votre père s’est réjoui en pensant qu’il devait voir mon jour ; il l’a vu et en a été heureux.” Les Juifs lui dirent : “Tu n’as pas encore cinquante ans et tu as vu Abraham ?” [Le patriarche Abraham avait vécu presque deux mille ans avant le temps de Jésus.] Jésus leur répondit : “Je vous le déclare, c’est la vérité : avant qu’Abraham soit né, ‘je suis’.” » (Jean 8.51-58)

Cette parole de Jésus rejoint le témoignage que Jean-Baptiste avait rendu. Rappelez-vous que l’ange Gabriel avait annoncé à Zacharie, le père de Jean, que sa femme Élisabeth aurait un fils. Rappelez-vous aussi qu’elle était déjà dans son sixième mois de grossesse quand ce même ange de Dieu s’est rendu auprès de Marie pour lui dire qu’elle serait la mère du Christ. Jean était donc de six mois plus âgé que Jésus. Mais qu’est-ce que Jean dit dans l’Évangile de Jean 1.30 ? Quand il vit Jésus, Jean dit : « C’est de lui que j’ai parlé en disant : “Un homme vient après moi, mais il est plus grand que moi, car il existait déjà avant moi.” »

En parlant avec un chef des Juifs nommé Nicodème, Jésus était encore un peu plus précis. Il dit : « Personne n’est monté au ciel, excepté le Fils de l’homme qui est descendu du ciel » (Jean 3.13). Le terme « Fils de l’homme » était l’expression que Jésus utilisait le plus pour parler de lui-même.

Le prophète Jérémie dit que Dieu le connaissait quand il était encore dans le ventre de sa mère. Mais Jésus prétend avoir été au ciel avant sa naissance et d’avoir parlé avec Abraham.

Paroles choquantes : le droit de pardonner le péchés

Mais le prophète Jésus a fait d’autres prétentions qui choquaient les auditeurs de son époque et qui continuent de choquer certains qui les lisent aujourd’hui. Un exemple clair se trouve dans l’Évangile de Marc 2.1-12 :

« Jésus revint à Capernaüm, et l’on apprit qu’il était à la maison. Une si grande foule s’assembla qu’il ne restait plus de place, pas même dehors devant la porte. Jésus leur donnait son enseignement. Quelques hommes arrivèrent, lui amenant un paralysé porté par quatre d’entre eux. Mais ils ne pouvaient pas le présenter à Jésus, à cause de la foule. Ils ouvrirent alors le toit au-dessus de l’endroit où était Jésus ; par le trou qu’ils avaient fait, ils descendirent le paralysé étendu sur sa natte. Quand Jésus vit la foi de ces hommes, il dit au paralysé : “Mon fils, tes péchés sont pardonnés.” Quelques maîtres de la loi, qui étaient assis là, pensaient en eux-mêmes : “Comment cet homme ose-t-il ainsi parler contre Dieu ? Qui peut pardonner les péchés ? Dieu seul le peut !” Jésus sut aussitôt ce qu’ils pensaient et leur dit : “Pourquoi avez-vous de telles pensées ? Est-il plus facile de dire au paralysé : ‘Tes péchés sont pardonnés’, ou de dire : ‘Lève-toi, prends ta natte et marche’? Mais je veux que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés.” Il adressa alors ces mots au paralysé : “Je te le dis, lève-toi, prends ta natte, et rentre chez toi.” Aussitôt, tandis que tout le monde le regardait, l’homme se leva, prit sa natte et partit. Ils furent tous frappés d’étonnement ; ils louaient Dieu et disaient : “Nous n’avons jamais rien vu de pareil !” »

Conclusion

Nous voyons donc que, plus que pour tout autre prophète, les choses se compliquent quand on parle de Jésus, ce prophète qui prétend n’avoir jamais commis du péché, ce prophète dont Dieu avait si soigneusement préparé la venue. Nous apprenons, en plus, qu’il s’agit d’une « venue » dans un sens assez littéral. C’est-à-dire, Jésus se trouvait auparavant au ciel – sa conception dans le ventre de Marie et sa naissance à Bethléhem ne représentent pas le commencement de son existence ; il est « venu » de quelque part. Avant d’être conçu par mon père et ma mère, je n’existais pas. Ma vie a commencé sur la terre – je ne suis pas « venu » ici. La réincarnation n’est pas une croyance des religions juive, chrétienne et musulmane. Et Jésus ne prétend pas être la réincarnation de quelqu’un. Mais il dit clairement qu’il existait au ciel avant de naître ici-bas. En plus, il revendique le droit de pardonner les péchés des hommes. Ce sont des choses qu’aucun autre prophète de Dieu n’avait faites. Jésus serait-il donc plus qu’un prophète ?

Jésus-Christ (première partie)

Nos dernières études dans cette série sur les personnages bibliques qui sont en même temps des personnages coraniques se porteront sur Jésus de Nazareth. Il est, bien sûr, au cœur du Nouveau Testament. Mohamed disait qu’Allah lui avait confié l’Injil, c’est-à-dire l’évangile. Les chrétiens diraient généralement qu’il est le sujet de l’évangile. Issa, la version coranique du nom Jésus, paraît 25 fois dans le Coran, sans parler des passages qui emploient d’autres termes pour le désigner. On ne peut nier l’importance de Jésus, ni pour les chrétiens ni pour les musulmans. Qu’est-ce que nous pouvons donc apprendre à son sujet ? Revoyons d’abord certaines idées qui sont ressorties dans les études que nous avons déjà faites des autres personnages du Coran et de la Bible.

La venue de Jésus fut prophétisée

Une première chose qui nous frappe au sujet de Jésus est que sa venue avait été prédite par les autres prophètes de Dieu, non pas une seule fois ou d’une manière obscure et contestée, mais clairement et dans différents écrits. Le peuple juif ne comprenait pas bien le caractère du Messie et de l’œuvre que Dieu lui donnerait à faire, mais certaines choses étaient claires pour eux comme nous le voyons dans le récit de Matthieu 2.1-7 :

« Jésus naquit à Bethléem, localité du pays de Judée, à l’époque où Hérode était roi. Après sa naissance, des savants, spécialistes des étoiles, vinrent de l’Est et arrivèrent à Jérusalem. Ils demandèrent : “Où est l’enfant qui vient de naître et qui sera le roi des Juifs ? Nous avons vu son étoile apparaître à l’Est et nous sommes venus pour l’adorer.” Quand le roi Hérode apprit cela, il fut très inquiet, ainsi que tous les habitants de Jérusalem. Il assembla tous les chefs des prêtres et les maîtres de la loi de son peuple, et leur demanda où devait naître le Messie. Ils lui répondirent : “À Bethléem, en Judée. Car voici ce que le prophète a écrit :

‘Et toi, Bethléem, du pays de Judée, tu n’es certainement pas la moins importante des localités de Judée ; car c’est de toi que viendra un chef qui conduira mon peuple, Israël.’” »

Le passage auquel les prêtres et les maîtres de la loi se sont référés se trouve dans le livre du prophète Michée et fut écrit sept cents ans avant la naissance de Jésus !

Nous avons vu dans une autre étude que l’aspect miraculeux de la naissance de Jésus avait été prédit également. C’est le prophète Ésaïe qui avait annoncé qu’une vierge se trouverait enceinte et accoucherait d’un fils qu’on appellerait Emmanuel, l’un des noms qui ont toujours été employés pour Jésus. Cette prophétie, aussi, date du huitième siècle avant Christ.

Tout à l’heure nous nous sommes référés à Jésus de Nazareth. Le fait que Jésus a grandi à Nazareth et pendant son ministère s’est basé à Capernaüm, toutes deux des villes de la région de Galilée, a créé un peu de confusion parmi les Juifs. Mais ces faits avaient aussi été évoqués bien avant la venue de Jésus. Sachez que cette région de Galilée, contrairement à la Judée plus au sud, avait une population mixte – beaucoup de Juifs, mais aussi beaucoup de non-Juifs. Traditionnellement, elle avait appartenu aux tribus israélites de Zabulon et de Neftali. Écoutez encore l’Évangile de Matthieu, cette fois-ci Matthieu 4.12-16;

« Quand Jésus apprit que Jean avait été mis en prison, il s’en alla en Galilée. Il ne resta pas à Nazareth, mais alla demeurer à Capernaüm, ville située au bord du lac de Galilée, dans la région de Zabulon et de Neftali. Il en fut ainsi afin que se réalisent ces paroles du prophète Ésaïe : “Région de Zabulon, région de Neftali, en direction de la mer, de l’autre côté du Jourdain, Galilée qu’habite des non-Juifs ! le peuple qui vit dans la nuit verra une grande lumière ! Pour ceux qui vivent dans le sombre pays de la mort, la lumière apparaîtra !” »

Jésus était réputé pour les miracles extraordinaires qu’il faisait. Les prophètes en avaient parlé bien auparavant. En Ésaïe 35.4b-6 nous lisons : « Il viendra lui-même et vous sauvera. Alors s’ouvriront les yeux des aveugles, s’ouvriront les oreilles des sourds ; alors le boiteux sautera comme un cerf, et la langue du muet éclatera de joie. » Après avoir été mis en prison par Hérode, Jean-Baptiste se demandait s’il s’était trompé concernant Jésus. Si le Messie était là, comment Jean pourrait-il subir une si grande injustice pour avoir prêché la vérité? L’Évangile de Matthieu 11.2-6 dit :

« Jean-Baptiste, dans sa prison, entendit parler des œuvres du Christ. Il lui envoya alors quelques-uns de ses disciples pour lui demander : “Es-tu celui dont nous savons qu’il doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?” Jésus leur répondit : “Allez raconter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts reviennent à la vie et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui n’abandonnera pas la foi en moi !” »

Jean avait demandé à Jésus s’il était bien celui dont on savait qu’il devait venir. Jésus fait remarquer les miracles qu’il faisait et qui étaient l’accomplissement d’une prophétie concernant celui qui devait venir.

Quand il s’agit de sa mort, les prophéties concernant le Messie se multiplient. Il fut annoncé d’avance que le Christ entrerait dans Jérusalem assis sur un âne, qu’il serait trahi par un ami et abandonné par les autres, que ses mains et ses pieds seraient percés, qu’on tirerait au sort pour se partager ses vêtements, qu’il aurait soif et on lui donnerait du vinaigre à boire, que ses os ne seraient pas brisés, et qu’on lui percerait le côté. Les prophètes avaient même prédit les mots exacts que les moqueurs emploieraient pour l’humilier : « Il a remis son sort au Seigneur, eh bien, que le Seigneur le tire d’affaire ! Le Seigneur l’aime, eh bien, qu’il le sauve » (Psaume 22.9; Matthieu 27.43). Le prophète Zacharie écrit ceci environ quatre cents ans avant la mort de Jésus : « Ils pesèrent pour mon salaire trente sicles d’argent. L’Éternel me dit : Jette-le au potier, ce prix magnifique auquel ils m’ont estimé ! Et je pris les trente sicles d’argent, et je les jetai dans la maison de l’Éternel, pour le potier » (Zacharie 11.12,13). Ceux qui connaissent déjà l’histoire savent que Judas, celui qui a trahi Jésus, avait reçu exactement trente pièces d’argent, non pas de l’or mais de l’argent, pour avoir donné aux ennemis du Seigneur les renseignements qu’ils voulaient pour pouvoir arrêter Jésus loin des foules. Mais quand il a vu comment les choses se sont déroulées par la suite, Judas a été pris de remords. La Bible dit que Judas

« …rapporta les trente pièces d’argent aux chefs des prêtres et aux anciens. Il leur dit : “J’ai péché en livrant un innocent à la mort !” Mais ils lui répondirent : “Que nous importe ? C’est ton affaire !” Judas jeta l’argent dans le temple et partit ; puis il alla se pendre. Les chefs des prêtres ramassèrent l’argent et dirent : “Notre loi ne permet pas de verser cet argent dans le trésor du temple, car c’est le prix du sang.” Après s’être mis d’accord, ils achetèrent avec cette somme le champ du potier pour y établir un cimetière d’étrangers. » (Matthieu 27.3-7)

Dans le chapitre 53 du livre du prophète Ésaïe, nous trouvons toutes les prédictions suivantes au sujet de Jésus : il est écrit qu’il serait méprisé des hommes, habitué à la souffrance et rejeté par son propre peuple, mais aussi qu’il serait châtié pour les péchés des autres, qu’il intercéderait pour les coupables, qu’il serait mis au nombre des criminels, que son tombeau serait avec le riche, et qu’il ressusciterait d’entre les morts.

Le ministère de Jean-Baptiste

En plus de toutes ces prophéties qui avaient été données des centaines d’années par avance, Dieu envoya un messager spécial juste pour annoncer l’arrivée de Jésus. Comme nous l’avons vu dans une étude précédente, Jean s’identifiait simplement comme une voix, la voix de quelqu’un qui criait : « Préparez un chemin bien droit pour le Seigneur » (Jean 1.23). Disons en passant que même cet aspect de la vie de Jésus avait été prophétisé. Malachie, le dernier livre de l’Ancien Testament, contient l’annonce que Dieu enverrait son messager afin d’ouvrir le chemin en appelant le peuple à la repentance (Malachie 3.1). Quand un chef d’état se rend quelque part, il est de coutume d’y envoyer des gens bien à l’avance afin qu’il soit accueilli d’une manière qui convienne à sa dignité. Voilà ce que Jean faisait pour Jésus, le roi qui viendrait pour apporter une bénédiction aux uns et un jugement sur les autres. L’Évangile de Luc 3.15-17 dit :

« Le peuple attendait, plein d’espoir : chacun pensait que Jean était peut-être le Messie. Jean leur dit alors à tous : “Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais quelqu’un de plus puissant que moi va venir : je ne suis pas même assez bon pour délier la courroie de ses sandales. Il vous baptisera avec le Saint-Esprit et avec du feu. Il tient en sa main la pelle à vanner pour séparer le grain de la paille. Il amassera le grain dans son grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint jamais.” »

Quand Jésus est venu se faire baptiser, Jean dit à la foule : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. C’est de lui que j’ai parlé en disant : “Un homme vient après moi, mais il est plus grand que moi” » (Jean 1.29,30).

Conclusion

Il serait difficile de ne pas conclure déjà que Jésus devait être non seulement un prophète de Dieu, mais bien plus qu’un prophète. En effet, de quel autre de ses serviteurs Dieu a-t-il donné d’avance tant de détails. Il n’a pas simplement annoncé que son serviteur devait venir, il a signalé d’avance des centaines de détails concernant sa vie : son lieu de naissance ; son activité, son rejet par son peuple, sa mort et bien plus. Il l’a fait entrer dans le monde par une naissance extraordinaire – sa mère était vierge ! C’est une vérité que même le Coran confirme. Et il a envoyé un grand prophète, Jean-Baptiste (ou Yahya), dont toute la mission était de préparer le peuple à recevoir dignement cet autre prophète, Jésus. Le Coran, aussi, nous assure que ce précurseur de Jésus était un homme intègre, un homme qui disait la vérité au peuple.

Juste la préparation pour la venue de Jésus doit nous impressionner profondément. Mais nous avons encore plus à découvrir concernant celui que le Coran appelle, Jésus, fils de Marie. Continuez donc à suivre cette étude importante avec nous.

Marie

Dans nos études des personnages qui sont mentionnés dans le Coran aussi bien que dans la Bible, nous avons considéré la vie de plusieurs hommes de Dieu. Aujourd’hui nous parlerons d’une femme. Le Coran parle de la femme de Noé, la femme de Lot, la reine de Saba, et d’autres femmes que l’on retrouve dans les pages de la Bible, mais à part Ève, la première femme, la seule dont le nom est cité dans les deux livres est Marie, la mère de Jésus. Son nom figure souvent dans le Coran, et il y a même une sourate qui est intitulée « Maryam », c’est-à-dire Marie. (À propos, il serait utile de signaler qu’en plus de plusieurs femmes dans le Nouveau Testament qui portaient ce même nom, Mariam, ou Marie, était aussi le nom de la sœur de Moïse, qui vécut 15 siècles avant le temps de Jésus.) Le terme que Mohamed employait le plus souvent pour parler de Jésus était « fils de Marie » ; le Coran affirme qu’elle était encore vierge quand elle a mis au monde le Messie, et il maudit ceux qui portèrent atteinte à la réputation de Marie par de fausses accusations d’impureté. Voyons maintenant ce que la Bible nous relate de cette femme exceptionnelle.

L’annonce faite à Marie

Nous commençons dans l’Évangile de Luc, chapitre 1 :

« Dieu envoya l’ange Gabriel dans une ville de Galilée nommé Nazareth, chez une jeune fille financée à un homme appelé Joseph, qui était un descendant du roi David ; le nom de la jeune fille était Marie. L’ange entra chez elle et lui dit : “Réjouis-toi, le Seigneur t’a accordé une grâce particulière, il est avec toi.” Marie fut troublée par ces mots ; elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : “N’aie pas peur, Marie, car tu as la faveur de Dieu. Tu vas devenir enceinte et tu mettras au monde un fils que tu nommeras Jésus. Il sera grand et on l’appellera le Fils du Dieu très haut. Le Seigneur Dieu fera de lui un roi, comme le fut David son ancêtre, et il régnera sur le peuple d’Israël pour toujours ; son règne n’aura point de fin.” Marie dit à l’ange : “Comment cela sera-t-il possible, puisque je suis vierge ?” L’ange lui répondit : “Le Saint-Esprit viendra sur toi et la puissance du Dieu très haut te couvrira comme d’une ombre. C’est pourquoi on appellera saint et Fils de Dieu l’enfant qui doit naître. Élisabeth ta parente attend elle-même un fils, bien qu’elle soit âgée ; on disait qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfant et elle en est maintenant à son sixième mois. Car rien n’est impossible à Dieu.” Alors Marie dit : “Je suis la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait comme tu l’as dit.” Et l’ange la quitta. » (Luc 1.26-38)

Ce récit ressemble pas mal à ce qui est écrit dans le Coran à ce même sujet : Dans la troisième sourate nous lisons :

« (Rappelle-toi) quand les Anges dirent : “Ô Marie, certes Allah t’a élue au-dessus des femmes des mondes… Voilà qu’Allah t’annonce une parole de Sa part : son nom sera ‘al Masih’ (c’est-à-dire le Messie), ‘Issa’, fils de Marie, illustre ici-bas comme dans l’au-delà, et l’un des rapprochés d’Allah…” Elle dit : “Seigneur ! Comment aurais-je un enfant, alors qu’aucun homme ne m’a touché?” – “C’est ainsi !” dit-il. Allah crée ce qu’il veut. Quand il décide d’une chose, il lui dit seulement : “Sois” ; et elle est aussitôt. » (ayat 42-47)

Remarquez bien que ni la Bible ni le Coran ne mentionne des rapports sexuels entre Dieu et Marie. Loin de nous une telle pensée. Ce n’est pas du tout une idée enseignée par les chrétiens. Dieu n’a pas eu des rapports avec un être humain, à plus forte raison une femme qui était déjà fiancée, ou formellement promise, à quelqu’un. Oui, Jésus est né d’une manière miraculeuse – comme aucun autre enfant n’est jamais entré dans le monde. Marie était encore vierge quand son premier enfant est né. Elle n’avait eu des rapports sexuels avec personne, ni son fiancé, ni un autre homme, ni Dieu. Nous savons que les musulmans trouvent offensive et blasphématoire l’expression « Fils de Dieu », mais il faut qu’ils comprennent au moins que, dans la croyance chrétienne, cette expression ne suggère nullement l’idée que le Christ soit le produit d’une liaison sexuelle entre Dieu et une créature. Et Marie est bien une créature comme nous autres. La Bible ne lui attribue JAMAIS des titres telle que « mère de Dieu » ou « reine du ciel ». Quand l’ange Gabriel finit de lui livrer son message de la part de l’Éternel, Marie dit simplement et humblement : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait comme tu l’as dit » (Luc 1.38).

L’annonce faite à Joseph

Dans l’Évangile selon Matthieu nous apprenons que l’ange Gabriel s’est rendu plus tard auprès de Joseph, l’homme qui devait prendre Marie en mariage.

« Voici comment Jésus-Christ est né. Marie, sa mère, était fiancée à Joseph ; mais avant qu’ils aient vécu ensemble, elle se trouva enceinte par la puissance du Saint-Esprit. Joseph, son fiancé, était un homme pieux et ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de rompre secrètement ses fiançailles. Comme il y pensait, un ange du Seigneur lui apparut dans un rêve et lui dit : “Joseph, descendant de David, ne crains pas de prendre Marie comme épouse, car c’est par la puissance du Saint-Esprit qu’elle attend un enfant. Elle mettra au monde un fils, que tu appelleras Jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés.”

Tout cela arriva afin que se réalise ce que le Seigneur avait dit par le prophète : “La vierge sera enceinte et mettra au monde un fils, qu’on appellera Emmanuel.” (Ce nom signifie “Dieu avec nous”.)

Quand Joseph se réveilla, il agit comme l’ange du Seigneur le lui avait ordonné et prit Marie comme épouse. Mais il n’eut pas de relation avec elle jusqu’à ce qu’elle ait mis au monde son fils, que Joseph appela Jésus. » (Matthieu 1.18-25)

D’autres événements dans la vie de Marie

Après la naissance de Jésus, nous avons quelques autres petits aperçus de Marie dans le Nouveau Testament. Il y a, bien sûr, les bergers, et plus tard les mages, qui sont venus pour honorer l’enfant Jésus. Il y a, au temple de Jérusalem, le vieux Siméon et la veuve Anne qui, par le Saint-Esprit, attirent tous deux l’attention des gens sur l’enfant Jésus, qu’ils identifient comme le Messie attendu par le peuple juif. Il y a le récit où, à l’âge de 12 ans, Jésus étonne les scribes et les docteurs de la loi juive par son intelligence et les réponses qu’il donnait à leurs questions. La Bible dit que Marie « gardait toutes ces choses dans son cœur » (Luc 2.51).

Des honneurs à Marie

La prochaine fois que nous voyons Marie, c’est au début du ministère public de Jésus. Il avait déjà quelques disciples qui le suivaient, mais il n’avait pas encore fait de miracles. Nous lisons en Jean 2 : « Il y eut des noces à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là, et Jésus fut aussi invité aux noces avec ses disciples. Le vin ayant manqué, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont plus de vin. Jésus lui répondit : Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n’est pas encore venue. Sa mère dit aux serviteurs : Faites ce qu’il vous dira. » Jésus est bien intervenu en faisant un miracle de compassion pour les jeunes mariés. Discrètement, il a transformé de l’eau en vin pour les invités afin que les hôtes ne soient pas honnis. . (Disons en passant que le mot grec qui est traduit par vin est plus général que le mot français, et ne précise pas s’il s’agit de jus non fermenté ou bien d’une boisson contenant de l’alcool. C’est une question à examiner un autre jour.)

Il est dommage que certains croyants citent cette histoire pour appuyer l’idée que l’on peut passer par Marie aujourd’hui pour obtenir des faveurs de la part de Jésus. Certains font remarquer que dans cette histoire, le couple qui se mariait avait un problème et que c’est Marie qui a porté le problème devant son Fils, qui n’a pas pu lui refuser ce qu’elle demandait. Ils estiment que même aujourd’hui, Marie nous servira de médiatrice. Si nous disons à Marie ce dont nous avons besoin, elle le dira à son Fils Jésus. Puisqu’elle est sa mère, il est sûr de lui accorder la faveur.

Mais ne soyons pas pressés pour tirer des conclusions. Étudions d’abord le passage. Une première chose qui nous frappe est la manière dont Jésus s’adresse à Marie. Au lieu de l’appeler « ma mère », il dit : « Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi ? » En français ce serait certainement manquer de respect, surtout envers sa propre mère. En réalité, l’expression en grec n’était pas impolie, mais ce n’était quand même pas un terme employé habituellement en parlant à sa mère. Jésus l’utilisait souvent quand il parlait à d’autres femmes. Pour ne citer que deux exemples, il y a en Matthieu 15.28 la femme cananéenne qui demandait la guérison de sa fille, et en Jean 4.21 la femme samaritaine à qui Jésus a demandé de l’eau à boire. En s’adressant ainsi à sa propre mère Jésus indique peut-être qu’il voulait éliminer l’aspect de mère et fils dans ses relations avec Marie du moment où il entamait son travail de prophète. En appelant sa propre mère « Femme », Jésus ne la traitait pas avec mépris, mais il ne lui accordait pas plus d’honneur qu’à d’autres femmes. On a la nette impression qu’au lieu d’accentuer la relation mère et fils, Jésus la minimisait.

La même remarque peut se faire au sujet de deux autres passages. En Marc 3.31-35 nous lisons :

« Survinrent sa mère et ses frères, qui, se tenant dehors, l’envoyèrent appeler. La foule était assise autour de lui, et on lui dit : Voici, ta mère et tes frères sont dehors et te demandent. Et il répondit : qui est ma mère et qui sont mes frères ? Puis, jetant les regards sur ceux qui étaient assis tout autour de lui : Voici, dit-il, ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, et ma mère. »

La relation que tout croyant peut avoir avec Jésus en vertu de notre obéissance à la Parole de Dieu est plus importante que la relation que la mère et les frères physiques de Jésus pouvaient réclamer en vertu de leur lien charnel avec lui. Ils n’avaient pas de privilèges particuliers ; ils n’avaient pas de priorité en ce qui concerne l’attention de Jésus.

Le seul passage dans la Bible où nous voyons Marie exaltée de quelque manière que ce soit est Luc 11.27-28. Notez bien la réaction de Jésus : « Tandis que Jésus parlait ainsi, une femme, élevant la voix du milieu de la foule, lui dit : Heureux le sein qui t’a porté ! Heureuses les mamelles qui t’ont allaité ! Et Il répondit : Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent. »

Revenons à présent à l’histoire du miracle où Jésus a changé l’eau en vin. En lisant ce passage nous sommes aussi frappés par la phrase que Jésus adresse à Marie : « Qu’y a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n’est pas venue. » En fait, la phrase « qu’y a-t-il entre moi et toi » servait généralement à repousser une intervention non-voulue. Nous voyons par la suite de l’histoire que Marie ne l’a pas interprétée comme un refus catégorique d’aider dans cette situation, mais on peut considérer que Jésus dit à Marie qu’elle n’a pas à lui dicter quand et comment il exercera son ministère ou emploiera son pouvoir miraculeux. Loin de justifier l’idée de certains qui pensent qu’en s’adressant à Marie on peut obtenir de Jésus ce que l’on veut, nous voyons que Jésus met une certaine distance entre lui et celle qui l’a mis au monde physiquement. Jésus est intervenu pour résoudre le problème comme Marie l’avait apparemment espéré, mais il semble qu’elle a aussi compris le doux reproche que Jésus lui avait adressé. En effet, elle n’a plus cherché à guider Jésus ou lui proposer des œuvres à accomplir jusqu’à la fin de son temps sur la terre. D’autres femmes seront avec lui et l’assisteront de leurs biens (Luc 8.2-3), mais nous ne verrons plus Marie, sauf au pied de la croix. Ayant dit que son heure n’était pas venue de manifester son identité, Jésus fait le miracle de telle manière que seuls les disciples et les serviteurs l’ont su.

Comme le dit le Coran, Dieu avait élue Marie au-dessus des autres femmes. Il lui a donné un honneur inimaginable – celui d’être la mère de Jésus. Mais n’exagérons pas. Ne lui donnons pas une gloire que la parole de Dieu ne lui accorde pas. Au lieu de fixer notre attention sur Marie, nous ferions mieux de suivre la parole que Marie à dite aux serviteurs ce jour-là à Cana au sujet de Jésus : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »

Jean-Baptiste

Le prochain personnage dans notre liste de prophètes reconnus dans le Coran aussi bien que dans la Bible est un homme très respecté non seulement par les chrétiens mais aussi par les musulmans, qui le connaissent sous le nom de Yahya, et par les Juifs, bien que son nom et son histoire ne paraissent même pas dans leurs Écritures. Les chrétiens l’appellent Jean-Baptiste. Selon le livre de Marc, le deuxième livre du Nouveau Testament, l’histoire de Jean-Baptiste représente « le commencement de l’Évangile, (ou l’Injil) de Jésus-Christ ».

Une raison possible pour la considération que chacune de ces religions lui accorde est peut-être la sainteté évidente de sa vie. Personne ne pouvait nier que Jean acceptait une vie dure au lieu de se laisser souiller par le monde. Il ne cherchait ni le confort ni la faveur des hommes puissants. Il s’habillait comme un pauvre, il s’abstenait totalement de vin et il se nourrissait de ce qui pouvait s’obtenir dans le désert. Selon Matthieu 3.4 : « Le vêtement de Jean était fait de poils de chameau et il portait une ceinture de cuir autour de la taille ; il mangeait des sauterelles et du miel sauvage. » Même quand il se mit à prêcher publiquement, Jean ne participait pas à la vie de la société juive, mais il se tenait dans les lieux non habités et la population se rendait auprès de lui pour l’écouter.

Sa mission

Mais quelle était la mission de Jean ? Nous avons déjà eu un aperçu de sa mission dans notre étude de Zacharie, son père. En effet, avant même sa naissance l’ange Gabriel avait annoncé au sujet de Jean : « Il s’avancera lui-même devant Dieu avec l’esprit et la puissance du prophète Élie, pour réconcilier les pères avec leurs enfants et ramener les désobéissants à la sagesse des hommes justes ; il formera un peuple prêt pour le Seigneur » (Luc 1.17). Sous l’inspiration de l’Esprit de Dieu, Zacharie déclara que son fils marcherait « devant le Seigneur pour préparer son chemin et pour faire savoir à son peuple qu’il le sauvera en pardonnant ses péchés. »

Quand il avait grandi il se mit à prêcher en disant : « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche » (Matthieu 3.2). La repentance que Jean demandait était marquée par le baptême (v. 6). En se faisant baptiser, c’est-à-dire immerger dans l’eau, la personne avouait son besoin de se repentir, son intention de changer de comportement. L’acte même portait l’idée d’un bain de purification du péché. C’était pour la rémission, ou le pardon, des péchés. Jean donnait aux Juifs des avertissements comme celui-ci :

« “Ne vous mettez pas à dire en vous-mêmes ; ‘Abraham est notre ancêtre.’ Car je vous déclare que Dieu peut utiliser ces pierres pour en faire des descendants d’Abraham ! La hache est déjà prête à couper les arbres à la racine : tout arbre qui ne porte pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu.”

Les foules lui demandèrent alors : “Que devons-nous donc faire ?” Il leur répondit : “Celui qui a deux chemises doit en donner une à celui qui n’en a pas, et celui qui a de la nourriture doit la partager.”

Des collecteurs d’impôts vinrent aussi pour être baptisés et demandèrent à Jean : “Maître, que devons-nous faire ? Il leur répondit : “Ne faites pas payer plus que ce qu’ordonne la loi.”

Des soldats lui demandèrent également : “Et nous, que devons-nous faire ?” Il leur dit : “Ne prenez d’argent à personne par la force ou en portant de fausses accusations, mais contentez-vous de votre solde.” » (Luc 3.8-14)

« Voici ce que Jean déclara lorsque les autorités juives de Jérusalem envoyèrent des prêtres et des lévites pour lui demander : “Qui es-tu ?” Il ne refusa pas de répondre, mais il affirma très clairement devant tous : “Je ne suis pas le Messie.” Ils lui demandèrent : “Qui es-tu donc ? Es-tu Élie ?” – “Non, répondit Jean, je ne le suis pas.” – “Es-tu le Prophète ?” dirent-ils. [Ils se référaient aux paroles de Moïse qui avait prédit la venue d’un prophète comme lui-même.] – “Non,” répondit-il. Ils lui dirent alors : “Qui es-tu donc ? Nous devons donner une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même ?” Jean répondit : “Je suis ‘La voix d’un homme qui crie dans le désert : Préparez un chemin bien droit pour le Seigneur !’” (C’est ce qu’a dit le prophète Ésaïe.)

Parmi les messagers envoyés à Jean, il y avait des Pharisiens, qui lui demandèrent : “Si tu n’es pas le Messie, ni Élie, ni le Prophète, pourquoi donc baptises-tu ?” Jean leur répondit : “Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il y a au milieu de vous quelqu’un que vous ne connaissez pas. Il vient après moi, mais je ne suis pas même assez bon pour délier la courroie de ses sandales.” » (Jean 1.19-27)

La mission de Jean était donc tout simplement de préparer la venue de quelqu’un d’autre. En parlant d’arranger une route on ne parle pas, bien sûr, de mettre en bon état une route physique. Il s’agit de l’image d’un roi dont l’arrivée est préparée par le fait de nettoyer et réparer la route sur laquelle il doit voyager et par le fait d’envoyer un messager qui annonce sa venue. Il faut que l’arrivée du roi soit observée d’une manière digne de sa royauté. Dans ce cas précis, comme nous l’avons vu, il était question d’appeler le peuple à la repentance. Qui était donc le roi dont Jean prépare la venue de cette façon ? Si nous continuons la lecture du même texte, nous voyons la réponse :

« Le lendemain, Jean vit Jésus venir à lui, et il dit : “Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. C’est de lui que j’ai parlé en disant : ‘Un homme vient après moi, mais il est plus grand que moi, car il existait déjà avant moi.’ Je ne savais pas qui ce devait être, mais je suis venu baptiser avec de l’eau afin de le faire connaître au peuple d’Israël.” » (Jean 1.29-31)

Jean connaissait probablement Jésus depuis sa jeunesse, car leurs mères étaient parentées. Mais ce fut apparemment le jour où Jésus est venu pour se faire baptiser que Dieu révéla à Jean que Jésus était celui dont il préparait la venue. L’Évangile de Matthieu nous dit :

« Alors Jésus vint de la Galilée au Jourdain ; il arriva auprès de Jean pour être baptisé par lui. Jean s’y opposait et lui disait : “C’est moi qui devrais être baptisé par toi et c’est toi qui viens à moi !” Mais Jésus lui répondit : “Accepte qu’il en soit ainsi pour le moment. Car c’est de cette façon que nous devons accomplir tout ce que Dieu demande.” Alors Jean accepta. Dès que Jésus fut baptisé, il sortit de l’eau. Au même moment les cieux s’ouvrirent pour lui ; il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et une voix venant des cieux déclara : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; je mets en lui toute ma joie.” » (Matthieu 3.13-17)

Cette expérience confirma pour Jean ce qu’il avait compris à l’égard de Jésus. Il déclara :

« J’ai vu l’Esprit Saint descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui. Je ne savais pas encore qui il était, mais Dieu, qui m’a envoyé baptiser avec de l’eau, m’a dit : “Tu verras l’Esprit descendre et demeurer sur un homme ; c’est lui qui va baptiser avec le Saint-Esprit.” J’ai vu cela, dit Jean, et j’affirme donc que cet homme est le Fils de Dieu. » (Jean 1.32-34)

Une des très grandes qualités de ce prophète était son humilité. Nous avons déjà vu qu’il se considérait tout simplement “une voix” qui annonce un message au sujet d’un autre. S’il parlait à son propre sujet c’était afin de magnifier l’importance de celui qui venait après lui. Il n’avait aucun désir d’une gloire personnelle et aucun sentiment de rivalité. Un jour quelques-uns de ses disciples lui dirent :

« “Rabbi, celui qui était avec toi au-delà du Jourdain, et à qui tu as rendu témoignage, voici, il baptise, et tous vont à lui.” Jean répondit : “…Vous-mêmes m’êtes témoins que j’ai dit : Je ne suis pas le Christ, mais j’ai été envoyé devant lui. Celui à qui appartient l’épouse, c’est l’époux ; mais l’ami de l’époux, qui se tient là et qui l’entend, éprouve une grande joie à cause de la voix de l’époux : aussi cette joie, qui est la mienne, est parfaite. Il faut qu’il croisse, et je diminue.” » (Jean 3.26-30)

Une autre grande qualité de Jean-Baptiste était son courage. En effet, le gouverneur Hérode Antipas, qui était le fils du méchant roi Hérode le Grand, séduisit Hérodias, l’épouse de son propre frère et, après avoir divorcé sans cause sa propre femme, il épousa Hérodias. Malgré le pouvoir et la méchanceté de ce gouverneur, Jean-Baptiste eut le courage de condamner ce comportement. Il dit clairement à Hérode : « Il ne t’est pas permis de l’avoir pour femme » (Matthieu 14.4). Même si la loi de Moïse permettait de divorcer sa femme, elle ne permettait pas de convoiter et séduire la femme de son prochain. Elle interdisait aussi, en Lévitique 18.16 et 20.21, d’avoir des rapports sexuels avec ou de prendre la femme de son frère. La manière dont Jean s’exprime est significative. Il ne dit pas : « Il ne t’était pas permis de prendre ou d’épouser la femme de ton frère. » Dans ce cas, Hérode aurait pu dire : je me repens – je ne prendrai plus désormais d’autres belles-sœurs comme femmes. Jean a plutôt dit : « Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère. » Au vu de ce que Jean a dit, la repentance exigeait qu’il se sépare d’avec Hérodias. Quand on fait un mariage que la parole de Dieu défend, c’est la relation conjugale qui est pécheresse – ce n’est pas seulement la cérémonie ou l’action de contracter le mariage qui est une violation de la volonté de Dieu.

Parce qu’Hérode n’aimait pas le message, qui était de Dieu, il se fâcha contre le messager, qui n’était qu’un homme. Il fit arrêter Jean. Mais la conscience d’Hérode n’était pas morte. « Il craignait Jean, le connaissant pour un homme juste et saint ; il le protégeait … et l’écoutait avec plaisir » (Marc 6.20). (Malheureusement, son orgueil et sa considération de l’opinion des hommes l’influençaient plus que son sens du bien et du mal et sa crainte de Dieu. Hérodias, qui n’avait que de la haine pour Jean, le prophète qui voulait faire obstacle à son mariage, a su exploiter cette faiblesse en Hérode. Quand Hérode a fait devant ses invités un vœu de faire pour la fille d’Hérodias qui avait dansé devant lui ce qu’elle demanderait, Hérodias dit à sa fille de demander la tête de Jean-Baptiste. Hérode fut attristé, mais à cause de ses invités qui avaient entendu sa promesse, il n’a pas voulu refuser. Il envoya un garde qui fit décapiter Jean et apporta sa tête sur un plat.

Comme Jésus lui-même, Jean-Baptiste était encore relativement jeune quand il est mort. Mais la vie d’un homme n’est pas évaluée selon le nombre de jours qu’il passe sur la terre, mais plutôt selon la nature de ses actes et de son caractère. La mort tragique de Jean n’enlève rien à son honneur. Au contraire. Jésus lui-même dit à son sujet en Matthieu 10.11 : « Parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’en a point paru de plus grand que Jean-Baptiste. »

Zacharie

Zacharie, ou Zakariyah, est l’un de ces nombreux noms que l’on retrouve et dans la Bible des chrétiens et dans le Coran des musulmans. Le nom signifie « Celui dont Dieu se souvient ». Mais qui était cet homme et pourquoi nous souvenons-nous de lui aujourd’hui ? En fait, une trentaine de personnages bibliques portent ce même nom, qui était évidemment très populaire parmi les Juifs.

Le Zacharie de l’Ancien Testament

L’un des plus célèbres est celui que les Juifs et les chrétiens appellent « le prophète Zacharie », l’auteur d’un livre de l’Ancien Testament qui porte son nom. Ce Zacharie-là commença à prêcher environ 520 ans avant la naissance de Jésus-Christ. (C’était donc trois cents ans après la mort d’Élisée et deux cent cinquante ans après le ministère de Jonas.) Zacharie était contemporain d’un autre prophète du nom d’Aggée, et ces deux hommes avaient une mission pareille. Une quinzaine d’années plus tôt, un groupe important de Juifs était revenu à Jérusalem de la Babylonie où leur peuple avait été emporté en captivité. Dieu avait permis que ce malheur leur arrive à cause de leur infidélité envers lui. Malgré les avertissements qu’il leur avait donnés par la bouche de tous les prophètes, ces Juifs s’étaient constamment donnés à l’idolâtrie et à toute autre sorte de péché. Cet exil dans le territoire de l’Iraq moderne avait duré pendant 70 ans. Mais finalement Dieu a eu pitié de son peuple. Quand les Mèdes et les Perses renversèrent les Babyloniens et prirent possession de l’empire, Dieu, comme il l’avait promis d’avance, toucha le cœur du nouveau roi, Cyrus le Grand, pour qu’il permette aux Juifs de regagner la Palestine et reconstruire la ville de Jérusalem, que les Babyloniens avaient détruite.

Ceux qui sont ainsi revenus de la captivité ont trouvé des tas de ruines, mais ils étaient heureux d’avoir retrouvé la terre de leurs ancêtres. Malgré des conditions difficiles, ils se mirent à reconstruire des maisons et les habiter. Mais plusieurs années plus tard, on pouvait constater qu’ils s’occupaient toujours de leurs propres maisons mais négligeaient de reconstruire la maison de Dieu, celui-là qui les avait ramenés de l’exil. Très tôt après le retour des captifs ils avaient bien posé le fondement pour un nouveau temple, mais après ils ont délaissé les travaux. Maintenant, Dieu avait cessé de les bénir, pour qu’ils prennent conscience. Comme ils tardaient à glorifier Dieu en construisant le lieu où son culte devait se rendre, Dieu suscita les prophètes Aggéé et Zacharie, qui les ont exhortés et encouragé jusqu’à ce qu’ils changent d’attitude et se remettent au travail. Le livre de Zacharie raconte les visions symboliques que Dieu lui fit voir et qu’il raconta à ses compatriotes pour les motiver. Le travail de ces deux hommes porta du fruit, et le temple fut achevé environ quatre ans plus tard.

Mais en fait, ce prophète Zacharie, dont le livre est souvent cité dans le Nouveau Testament à cause des nombreuse prédictions qu’il a faites au sujet du Christ, n’est pas le prophète Zacharie dont parle le Coran. L’histoire de ce Zacharie-là se trouve dans le Nouveau Testament. Il a bien prophétisé une fois, et ses paroles inspirées sont écrites dans la Bible, mais nous pensons à lui plus dans son rôle de prêtre. Pourtant, si l’on se souvient encore de cet homme, c’est surtout à cause de son fils – il était, en effet, le père de Jean-Baptiste.

LE ZACHARIE du Nouveau TESTAMENT

Voici donc ce que la Bible nous dit de ce Zacharie-là :

« Au temps où Hérode était roi de Judée, il y avait un prêtre nommé Zacharie… Sa femme s’appelait Élisabeth et était une descendante d’Aaron le grand-prêtre. Ils étaient tous deux justes aux yeux de Dieu et obéissaient parfaitement à toutes les lois et tous les commandements du Seigneur. Mais ils n’avaient pas d’enfant, car Élisabeth ne pouvait en avoir et ils étaient déjà âgés tous les deux.

Un jour, Zacharie exerçait ses fonctions de prêtre devant Dieu, car c’était au tour de son groupe de le faire. Selon la coutume des prêtres, il fut désigné par le sort pour entrer dans le sanctuaire du Seigneur et y brûler l’encens. Toute la foule des fidèles priait au-dehors à l’heure où l’on brûlait l’encens. Un ange du Seigneur apparut alors à Zacharie : il se tenait à droite de l’autel servant à l’offrande de l’encens. Quand Zacharie le vit, il fut troublé et la crainte le saisit. Mais l’ange lui dit : “N’aie pas peur, Zacharie, car Dieu a entendu ta prière : Élisabeth, ta femme te donnera un fils que tu nommeras Jean. Tu en seras profondément heureux et beaucoup de gens se réjouiront au sujet de sa naissance. Car ce sera un grand homme aux yeux du Seigneur. Il ne boira ni vin, ni aucune autre boisson fermentée. Il sera rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère. Il ramènera beaucoup d’Israélites au Seigneur leur Dieu. Il s’avancera lui-même devant Dieu avec l’esprit et la puissance du prophète Élie, pour réconcilier les pères avec leurs enfants et ramener les désobéissants à la sagesse des hommes justes ; il formera un peuple prêt pour le Seigneur.” Mais Zacharie dit à l’ange : “Comment saurai-je que cela est vrai ? Car je suis vieux et ma femme aussi est âgée.” Et l’ange lui répondit : “Je suis Gabriel ; je me tiens devant Dieu pour le servir ; il m’a envoyé pour te parler et t’apporter cette bonne nouvelle. Mais tu n’as pas cru à mes paroles qui se réaliseront pourtant au moment voulu ; c’est pourquoi tu vas devenir muet et tu sera incapable de parler jusqu’au jour où ces événements se produiront.”

Pendant ce temps, les fidèles attendaient Zacharie et s’étonnaient qu’il reste si longtemps à l’intérieur du sanctuaire. Mais quand il sortit, il ne put pas leur parler et les gens comprirent qu’il avait eu une vision dans le sanctuaire. Il leur faisait des signes et restait muet.

Quand Zacharie eut achevé la période où il devait servir dans le temple, il retourna chez lui. Quelque temps après, Élisabeth sa femme devint enceinte, et elle se tint cachée pendant cinq mois. Elle se disait : “Voilà ce que le Seigneur a fait pour moi : il bien voulu me délivrer maintenant de ce qui causait ma honte devant les hommes.” » (Luc 1.5-25)

Le récit est interrompu pour nous présenter l’annonce à Marie qu’elle serait la mère de Jésus, et la visite de Marie chez Élisabeth, qui était sa parente. Au verset 57 on revient à l’histoire de Zacharie :

« Le moment arriva où Élisabeth devait avoir son enfant et elle mit au monde un fils. Les voisins d’Élisabeth et les membres de sa parenté apprirent que le Seigneur lui avait donné cette grande preuve de sa bonté et ils s’en réjouissaient avec elle. Quand l’enfant eut une semaine, ils vinrent pour le circoncire ; ils voulaient lui donner le nom de son père, Zacharie. Mais sa mère déclara : “Non, il s’appellera Jean.” Ils lui dirent : “Mais, il n’y a personne dans ta famille qui porte ce nom.” Ils interrogèrent alors par gestes le père pour savoir comment il voulait qu’on nomme son enfant. Zacharie demanda une tablette à écrire et il y écrivit ces mots : “Jean est son nom.” Ils s’en étonnèrent tous. Aussitôt, Zacharie put de nouveau parler : il se mit à louer Dieu à haute voix. Alors, tous les voisins furent saisis de crainte, et dans toute la région montagneuse de Judée l’on se racontait ces événements. Tous ceux qui en entendaient parler se mettaient à y réfléchir et se demandaient : “Que deviendra donc ce petit enfant ?” La puissance du Seigneur était en effet réellement avec lui.

Zacharie, le père du petit enfant, fut rempli du Saint-Esprit ; il se mit à prophétiser en ces mots :

“Loué soit le Seigneur, le Dieu du peuple d’Israël, parce qu’il a porté son attention sur son peuple et l’a délivré. Il a fait apparaître un puissant Sauveur, pour nous, parmi les descendants du roi David, son serviteur. C’est ce qu’il avait annoncé depuis longtemps par ses saints prophètes : il avait promis qu’il nous délivrerait… Toi, mon enfant, tu seras appelé prophète du Dieu très haut, car tu marcheras devant le Seigneur pour préparer son chemin et pour faire savoir à son peuple qu’il le sauvera en pardonnant ses péchés. Car notre Dieu est plein de tendresse et de bonté ; il fera briller sur nous une lumière d’en haut, semblable à celle du soleil levant, pour éclairer ceux qui se trouvent dans la nuit et dans l’ombre de la mort, pour diriger nos pas sur le chemin de la paix.” » (Luc 1.57-71,76-79)

Nous tirons vers la fin de la liste de prophètes bibliques, et nous ne pouvons que constater que nous arrivons en même temps à une sorte de point culminant dans l’histoire. Tout au long de la Bible on trouve, en effet, des références à quelqu’un qui devait venir pour bénir le monde. Dieu avait dit à Ève, la première femme, que parmi ses descendants serait celui qui devait « écraser la tête du serpent », c’est-à-dire de Satan. Il dit à Abraham qu’à travers un de ses descendants il bénirait toutes les nations. Il promit à Moïse de susciter parmi les Israélites un prophète comme lui que tous devraient écouter. Il dit au roi David que le règne de son fils serait pour toujours assuré, et voilà que Zacharie se réfère justement à ce fils de David qui était sur le point de paraître. En fait, l’enfant de Zacharie serait, non pas ce grand fils de David, mais celui qui devait préparer son chemin, l’homme qui devait apprêter le peuple à recevoir dignement Celui qu’on attendait depuis si longtemps. Voilà pourquoi Zacharie prophétisa en ces termes concernant son fils nouveau-né : « Toi, mon enfant, tu seras appelé prophète du Dieu très haut, car tu marcheras devant le Seigneur pour préparer son chemin et pour faire savoir à son peuple qu’il le sauvera en pardonnant ses péchés. » Suivez donc notre prochaine étude, qui examinera de plus près la mission de ce précurseur, Jean-Baptiste.

Jonas

L’un des prophètes les mieux connus de la Bible est mentionné plusieurs fois dans le Coran également. Il s’agit de Jonas, le prophète qui fut avalé par un gros poisson. Les musulmans l’appellent aussi par les noms Yunus et Dhan-Nun. Une sourate du Coran porte son nom, et un livre de l’Ancien Testament le porte aussi. Qui était donc cet homme de Dieu, comment s’est-il trouvé dans le ventre d’un poisson, et quelles sont les leçons à tirer de sa vie ?

Selon 2 Rois 14.25, Jonas était d’une ville appelée Gath-Hépher, qui se trouvait dans le territoire de la tribu de Zabulon, dans le royaume d’Israël du Nord, environ 50 kilomètres au nord de Samarie, la capitale. Il vécut et prêcha la parole de Dieu vers la fin du huitième siècle avant Jésus, donc quelque temps après les prophètes Élie et Élisée que nous avons déjà considérés. La Bible parle d’une prophétie qu’il fit concernant le règne du roi israélite Jéroboam II, mais le livre de Jonas se rapporte à une mission que Dieu lui confia envers la ville païenne de Ninive, capitale de l’Empire assyrien. Cet empire était, à l’époque, la première puissance mondiale. Ninive se trouvait dans le nord de l’Iraq actuel, mais elle dominait sur un très grand territoire. Les assyriens étaient réputés pour leur cruauté excessive et ils représentaient une menace très sérieuse pour Israël et ses voisins.

Voyons donc l’histoire du prophète Jonas :

« Un jour, le Seigneur donna cet ordre à Jonas, fils d’Amittaï : “Debout, par pour Ninive, la grande ville. Prononce des menaces contre elle, car j’en ai assez de voir la méchanceté de ses habitants.”

Mais Jonas décida de fuir à Tarsis, loin du Seigneur. Il se rendit à Jafa, où il trouva un navire prêt à partir pour Tarsis. Il paya sa place et embarqua avec l’équipage pour aller là-bas, loin du Seigneur. » (Jonas 1.1-3)

(Signalons que Tarsis, en Espagne, se trouvait dans le sens opposé par rapport à Ninive. On pourrait supposer que Jonas a peur de prêcher un message de condamnation à un peuple si méchant, mais la suite du récit nous montrera qu’il avait une toute autre motivation pour sa désobéissance à l’ordre de Dieu.) Le texte se poursuit :

« Le Seigneur déchaîna un vent violent sur la mer. Il y eut une telle tempête que le navire semblait prêt à se briser. Les marins eurent très peur, chacun appela son propre dieu au secours. Puis ils jetèrent le chargement à la mer pour alléger le navire. Jonas, lui, était descendu au fond du bateau, il s’était couché et dormait profondément. Le capitaine du navire s’approcha de lui et l’interpella ainsi : “Que fais-tu là? tu dors ? Lève-toi donc, appelle ton dieu au secours ! Il se souciera peut-être de nous, lui, et ne nous laissera pas mourir.” Les marins se dirent entre eux : “Tirons au sort pour connaître le responsable du malheur qui nous arrive.” Ils tirèrent au sort et le sort tomba sur Jonas. Ils lui dirent alors : “Tu es responsable de notre malheur. Explique-nous donc ce que tu fais ici. D’où es-tu ? de quel pays ? de quel peuple ?” Jonas leur répondit : “Je suis hébreu et j’adore le Seigneur, le Dieu du ciel, qui a créé les mers et les continents.” Puis il leur raconta son histoire. Les marins furent saisis d’une grande crainte en apprenant qu’il s’enfuyait loin du Seigneur. “Pourquoi as-tu agi ainsi ? lui demandèrent-ils. Que devons-nous faire de toi pour que la mer s’apaise autour de nous ?” La mer était en effet de plus en plus démontée. Il leur répondit : “Prenez-moi, jetez-moi par-dessus bord et la mer s’apaisera. Je le reconnais, c’est par ma faute que vous subissez cette grande tempête.” Les marins se mirent à ramer pour essayer de gagner la terre ferme ; mais ils ne réussirent pas, car la mer se déchaînait encore plus. Alors ils implorèrent le Seigneur : “Seigneur, dirent-ils, ne nous laisse pas perdre la vie à cause de cet homme. Ne nous rends pas non plus responsables de la mort de quelqu’un qui ne nous a rien fait. Car c’est toi, Seigneur, qui as agi comme tu l’as voulu.” Puis ils prirent Jonas, le jetèrent par-dessus bord, et la tempête cessa de faire rage. Alors ils furent remplis de crainte à l’égard du Seigneur ; ils lui offrirent un sacrifice et lui firent des promesses solennelles.

Le Seigneur envoya un grand poisson qui avala Jonas. Durant trois jours et trois nuits, Jonas demeura dans le ventre du poisson. De là il adressa cette prière au Seigneur, son Dieu : “Quand j’étais dans la détresse j’ai crié vers toi, Seigneur, et tu m’as répondu ; du gouffre de la mort j’ai appelé au secours et tu m’as entendu… La mer me submergeait, des algues s’enroulaient autour de ma tête… mais, toi, Seigneur mon Dieu, tu m’as fait remonter vivant du gouffre… Oui, c’est toi, Seigneur, qui me sauves !”

Sur un ordre du Seigneur, le poisson rejeta Jonas sur la terre ferme. » (Jonas 1.4-16; 2.1-3,6,7,10)

Dans le Nouveau Testament, Jésus se réfère à ce qui est arrivé à Jonas et le compare au fait qu’il devait lui-même mourir, être enterré et ressusciter. En Matthieu 12.40 il dit : « De même que Jonas a passé trois jours et trois nuits dans le ventre du grand poisson, ainsi le Fils de l’homme passera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. »

Déjà dans l’histoire de Jonas nous voyons plusieurs vérités :

On ne peut pas se cacher de Dieu. Il est omniprésent – c’est-à-dire il est partout à la fois, n’étant pas limité par un corps physique. C’est une pensée qui doit nous faire peur quand nous voulons nous cacher pour faire du mal, mais qui nous réconforte quand nous sommes dans une affliction quelconque et nous sentons tout seuls. David écrit dans les Psaumes :

« Où pourrais-je aller loin de toi ? Où fuir loin de ta présence ? Si je monte au ciel, tu es là ; si je me couche parmi les morts, t’y voici. Si je m’envole jusqu’au soleil levant, ou si je vais m’établir au soleil couchant, même là ta main me saisit, ta main droite ne me lâche pas. Si je dis : “Que l’obscurité m’engloutisse, qu’autour de moi le jour se fasse nuit !” pour toi l’obscurité devient lumière, et la nuit claire comme le jour ; ténèbres ou lumière, pour toi c’est pareil. » (Psaume 139.7-12)

Nous voyons aussi le pouvoir absolu de Dieu sur la nature. Que ce soit la mer et le vent ou le gros poisson, tout obéit aux ordres de Dieu. (Soulignons en passant que certains ont trouvé cette histoire pas croyable parce qu’ils doutent qu’un poisson puisse avaler un homme. Ils considèrent que même si cela arrivait, l’homme ne conserverait pas la vie s’il y restait pendant trois jours. En réalité, plusieurs cas ont été rapportés dans les temps modernes. Monsieur de Parville, le rédacteur scientifique de la revue, Journal des Débats, ainsi que d’autres scientifiques, ont mené des enquêtes sur l’accident survenu à James Bartley, un marin du navire Star of the East, un baleinier, en février 1891, près des îles de Falkland. Un coup de la queue d’une baleine, un cachalot, le fit tomber dans la mer, et il disparut. Les autres marins finirent par tuer le cachalot et consacrèrent toute la journée et une partie de la nuit à enlever la graisse de la baleine. Le lendemain ils remarquèrent du mouvement dans l’estomac du cachalot. Ils l’ouvrirent et trouvèrent le marin disparu, inconscient mais bien vivant. Au bout de trois semaines il put se rétablir suffisamment pour reprendre le travail, mais la peau de son visage, son cou et ses mains était complètement blanchie et ressemblait à du papier blanc.)

Mais revenons au prophète Jonas que Dieu choisit sauver de la noyade au moyen du poisson. Dieu lui adressa de nouveau l’ordre de se rendre à Ninive et de prêcher le message que l’Éternel lui avait donné. Cette fois-ci Jonas obéit. Il partit à Ninive et proclama à la population la décision de Dieu de détruire la ville au bout de quarante jours. La Bible nous informe que « les habitants de la ville prirent au sérieux la parole de Dieu. Ils décidèrent de jeûner et chacun, du plus riche au plus pauvre, mit des vêtements de deuil. Quand le roi de Ninive fut informé de ce qui se passait, il descendit de son trône, ôta son habit royal, mit un vêtement de deuil et s’assit sur de la cendre. » Il ordonna : « Que chacun supplie Dieu de toutes ses forces, que chacun renonce aux mauvaises actions et à la violence dont il se rend coupable. Peut-être qu’ainsi Dieu changera d’avis, mettra fin à sa grande colère et ne nous fera pas mourir » (Jonas 3.5,6,8,9). (Encore nous voyons que Jésus se réfère à cette partie de l’histoire de Jonas. Il dit en Matthieu 12.41 : « Au jour du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en face des gens d’aujourd’hui et les accuseront, car les Ninivites ont changé de comportement quand ils ont entendu prêcher Jonas ! Et il y a ici plus que Jonas ! »)

La Bible dit que « Dieu vit comment les Ninivites réagissaient, il constata qu’ils renonçaient à leurs mauvaises actions. Il revint sur sa décision et ne les livra pas au malheur dont il les avait menacés » (Jonas 3.10). Ici nous voyons la compassion de Dieu pour le pécheur qui s’humilie et qui se détourne de son péché. Comme l’Éternel le dirait plus tard par la bouche du prophète Ézéchiel : « Je suis vivant ! dit le Seigneur, l’Éternel, ce que je désire, ce n’est pas que le méchant meure, c’est qu’il change de conduite et qu’il vive. Revenez, revenez de votre mauvaise voie ; et pourquoi mourriez-vous, maison d’Israël ? » (Ézéchiel 33.11).

Nous arrivons maintenant à la raison pour laquelle Jonas n’avait pas voulu obéir à l’ordre de Dieu de prêcher aux gens de Ninive : quand le prophète vit la repentance des Ninivites et comprit que Dieu avait décidé de les épargner,

« Jonas prit fort mal la chose et se mit en colère. Il adressa cette prière au Seigneur : “Ah, Seigneur, voilà bien ce que je craignais lorsque j’étais encore dans mon pays et c’est pourquoi je me suis dépêché de fuir vers Tarsis. Je savais que tu es un Dieu bienveillant et compatissant, patient et d’une immense bonté, toujours prêt à renoncer à tes menaces. Eh bien, Seigneur, laisse-moi mourir, car je préfère la mort à la vie.” » (Jonas 4.1-3)

Bien qu’il soit prophète, Jonas ne partageait pas l’amour de Dieu pour les gens de Ninive. Est-ce qu’il était raciste et ne voulait pas que les grâces de Dieu soient accordées à ceux qui n’étaient pas Israélites ? Est-ce qu’il voyait les Assyriens comme des ennemis de sa nation qui viendraient un jour les attaquer et les opprimer ? Est-ce qu’il n’avait tout simplement pas de place dans son cœur pour le pardon de ceux qui avaient péché? Nous ne savons pas la raison exacte, mais Jonas ne voulait pas que Dieu ait pitié des gens de Ninive. Apparemment il espérait toujours que Dieu châtie la ville.

Le récit se poursuit :

« Jonas sortit de la ville et s’arrêta à l’est de Ninive. Là, il se fit une cabane à l’abri de laquelle il s’assit. Il attendait de voir ce qui allait se passer dans la ville. Le Seigneur Dieu fit pousser une plante, plus haute que Jonas, pour lui donner de l’ombre et le guérir de sa mauvaise humeur. Jonas en éprouva une grande joie. Mais le lendemain au lever du jour, Dieu envoya un ver s’attaquer à la plante et elle sécha. Puis, quand le soleil parut, Dieu fit souffler de l’est un vent brûlant. Le soleil tapa sur la tête de Jonas qui faillit s’évanouir. Il souhaita la mort en disant : “Je préfère la mort à la vie.” »

Alors Dieu a essayé de raisonner avec Jonas et lui montrer que si lui, il était si touché par la perte de cette plante qu’il n’avait ni planté ni fait pousser, il était certainement normal que Dieu soit peiné de la perte des êtres humains qu’il avait créés. Dieu s’intéresse à nous, quelle que soit notre nationalité, quelle que soit notre situation dans la vie. Il a pitié de nous, et il veut que nous nous repentions pour qu’il nous donne la vie. Voilà ce que Jonas ne voulait pas comprendre.

Une fois de plus nous voyons que être prophète de Dieu ne voulait pas dire être exempt de toute faute. Les prophètes étaient des êtres humains, faibles et pécheurs comme nous, mais Dieu leur a permis de le servir. Et la plupart d’entre eux nous donnent des exemples d’une fidélité extraordinaire, même dans des conditions très difficiles. Essayons toujours d’imiter le bien que nous voyons en eux, tout en évitant le mal. Essayons aussi d’avoir un cœur de compassion pour tous les hommes, un cœur comme celui de Dieu lui-même.

Élie et Élisée (deuxième partie)

En introduisant les prophètes que les musulmans appellent communément Ilyas et Al-Yasa, c’est-à-dire Élie et Élisée, nous avons pris le temps d’expliquer quelque chose au sujet de la situation religieuse du peuple parmi lequel ils prêchaient. En effet, juste après le règne de Salomon, le royaume d’Israël fut divisé en deux, et Jéroboam, le premier roi sur les tribus du nord, fit tout son possible pour décourager son peuple de retourner à Jérusalem pour adorer l’Éternel. Il dressa des idoles aux deux extrémités de son territoire et dit à ses sujets de s’y rendre pour faire leurs sacrifices. La mission que Dieu confia à Élie et Élisée concernait les habitants de cette région où l’on proposait à la population une contrefaçon de la vraie religion.

Un point de crise

Environ soixante ans après la division du royaume, sous un roi du nom d’Achab, la condition spirituelle en Israël du Nord s’était aggravée. En plus de la version faussée de la religion juive, défigurée par le culte des veaux d’or, Achab avait introduit dans son royaume la religion païenne de sa femme Jézabel, le culte de Baal. Ce Baal était un dieu de fertilité, censé donner à ses adorateurs les bonnes récoltes, la multiplication de leur bétail, les enfants et tout ce qui concernait la prospérité et la reproduction. On l’adorait souvent en commettant des actes sexuels avec ses prêtres. Jézabel payait les salaires de 450 prophètes de Baal. En plus, elle essayait de supprimer ce qui restait du culte de l’Éternel en mettant à mort les prophètes du vrai Dieu d’Israël. Voilà donc la triste situation lorsque le prophète Élie entre sur la scène dans le livre biblique de 1 Rois, chapitre 17 :

« Élie, un homme du village de Tichebé, en Galaad, dit au roi Achab : “Par le Seigneur vivant, le Dieu d’Israël dont je suis le serviteur, voici ce que je te déclare : ‘Il n’y aura pas ces prochaines années ni rosée ni pluie, sauf si je le demande.’” »

Quand on sait que les Israélites adoraient un faux dieu dont les prophètes vantaient le pouvoir de donner la pluie et la fertilité, on voit que cette parole du prophète Élie n’était pas de la méchanceté ; c’était plutôt un acte nécessaire pour montrer l’impuissance de Baal et la folie de se confier aux idoles.

Le récit de la Bible continue ainsi :

« Après un temps assez long, durant la troisième année de la sécheresse, le Seigneur adressa la parole à Élie : “Va te présenter devant le roi Achab, lui dit-il, car je vais faire tomber la pluie sur le sol desséché.” » (2 Rois 18.1)

La confrontation qui suivit entre Élie et les adorateurs de Baal est évoquée dans quelques versets de la 37ième Sourate du Coran, mais nous allons nous baser sur la version plus détaillée de la Bible, en 2 Rois 18.

« Achab vint à la rencontre d’Élie, et dès qu’il le vit, il lui dit : “Te voilà, toi qui amènes le malheur sur le peuple d’Israël !” Élie répondit : “Ce n’est pas moi qui ai amené le malheur sur Israël ; c’est toi et ta famille, parce que vous avez refusé d’obéir aux commandements du Seigneur et que vous avez adoré les dieux Baals. Mais maintenant, envoie des messagers. Qu’ils rassemblent tout le peuple d’Israël autour de moi, sur le mont Carmel, avec les quatre cent cinquante prophètes du dieu Baal et les quatre cents prophètes de la déesse Achéra, qui sont les protégés de la reine Jézabel.”

… Quand ils furent rassemblés, Élie s’avança devant tout le peuple et dit : “Quand cesserez-vous de pencher tantôt d’un côté, tantôt de l’autre ? Ou bien c’est le Seigneur qui est le vrai Dieu, et alors rendez un culte au Seigneur ! Ou bien c’est Baal qui est le vrai Dieu, et alors rendez un culte à Baal !” Mais personne dans le peuple ne répondit.

Élie reprit : “Moi je reste seul comme prophète du Seigneur, tandis que les prophètes de Baal sont au nombre de quatre cent cinquante. Qu’on nous donne deux taureaux : les prophètes de Baal en choisiront un, qu’ils découperont et placeront sur du bois pour l’offrir en sacrifice, mais sans allumer le feu. Je préparerai l’autre et je le placerai sur du bois, mais je n’allumerai pas non plus le feu. Ils prieront leur dieu, et moi je prierai le Seigneur. Le vrai Dieu sera celui qui répondra aux prières en allumant le feu.” Tout le peuple répondit : “Nous sommes d’accord.” Alors Élie dit aux prophètes de Baal : “Choisissez l’un des taureaux et préparez-le, vous les premiers, puisque vous êtes les plus nombreux ; ensuite priez votre dieu, mais n’allumez pas le feu.”

Ils prirent le taureau qu’on leur présenta, ils préparèrent le sacrifice, puis ils supplièrent Baal depuis le matin jusqu’à midi : “Baal, réponds-nous !” disaient-ils, et ils dansaient autour de l’autel qu’ils avaient construit ; mais ils ne reçurent pas un mot de réponse. Vers midi Élie se mit à se moquer d’eux, en disant : “Criez plus fort ! Puisqu’il est un dieu, il est très occupé ; ou bien il a une obligation urgente, ou encore il est en voyage ; peut-être qu’il dort, et il faut le réveiller.” Ils crièrent plus fort ; selon leur coutume ils se blessèrent volontairement avec des épées et des lances jusqu’à ce que le sang coule sur leur corps. Quand midi fut passé, ils appelèrent Baal avec encore plus d’excitation jusqu’à l’heure où l’on présente le sacrifice de l’après-midi, mais ils ne reçurent aucune réponse : ni un mot ni un signe.

Alors Élie invita tout le peuple à s’approcher de lui ; quand ils se furent approchés, Élie se mit à réparer l’autel du Seigneur, qui était en ruine. Il prit douze pierres, nombre correspondant aux douze tribus des descendants de Jacob… Avec ces pierres, il reconstruisit donc l’autel consacré au Seigneur. Il creusa tout autour de l’autel un fossé pouvant contenir une trentaine de litres ; il arrangea des bûches de bois sur l’autel, puis découpa le taureau et plaça les morceaux sur le bois. Il ordonna ensuite à ceux qui étaient là : “Remplissez quatre cruches d’eau et versez-les sur le sacrifice et sur le bois.” Ils le firent. “Faites-le une deuxième fois.” Ils le firent. “Faites-le une troisième fois,” ajouta-t-il. Et ils le firent. L’eau coula tout autour de l’autel et remplit même le fossé.

À l’heure où l’on présente à Dieu le sacrifice de l’après-midi, le prophète Élie s’approcha de l’autel et dit : “Seigneur, Dieu d’Abraham, d’Isaac et Jacob, montre aujourd’hui que tu es le Dieu d’Israël, que je suis ton serviteur, et que c’est sur ton ordre que j’ai fait tout cela. Réponds-moi, Seigneur, réponds-moi afin que ces gens sachent que c’est toi, Seigneur, qui es le vrai Dieu, et tu les ramèneras ainsi à leur fidélité d’autrefois.” Le Seigneur fit alors descendre du feu qui brûla le sacrifice, le bois, les pierres et la poussière, et qui fit évaporer l’eau du fossé. Lorsque les Israélites virent cela, ils s’inclinèrent tous jusqu’à terre, puis ils se mirent à crier : “C’est le Seigneur qui est le vrai Dieu ! C’est le Seigneur qui est le vrai Dieu !” » (1 Rois 18.17-39)

Sur la parole du prophète, le ciel sans nuage depuis si longtemps s’assombrit et une forte pluie se mit à tomber. Le peuple ayant reconnu, en effet, que c’est l’Éternel et non pas Baal qui donne ou qui retient la pluie et toute bonne chose, Dieu était prêt à accorder sa bénédiction.

Élie passe le bâton à Élisée

Cette bataille remportée par le prophète n’était pas la fin de la guerre contre le culte de Baal et d’autres idoles en Israël. En effet, la reine Jézabel ne se repentit pas du tout. Au contraire, elle a voulu faire mourir Élie pour avoir été responsable de la mort des prophètes de son faux dieu, et Élie fut contraint de fuir pour se sauver la vie. Il se réfugia dans une caverne dans le désert et dit à Dieu : « Seigneur, Dieu de l’univers, je t’aime tellement que je ne peux plus supporter de voir comment les Israélites agissent. En effet, ils ont rompu ton alliance, ils ont démoli tes autels, ils ont tué tes prophètes ; je suis resté moi seul et ils cherchent à me tuer » (1 Rois 19.14). Mais Dieu lui dit de se remettre au travail. Il devait oindre un roi sur Syrie, et un autre qui remplacerait Achab et sa famille ; il devait aussi oindre Élisée pour le succéder comme prophète. En plus, Dieu l’informa qu’il y avait encore 7 000 Israélites qui, dans la fidélité envers l’Éternel, n’avaient jamais fléchi les genoux devant une statue de Baal. Avec Élisée à ses côtés, Élie a repris la lutte contre l’idolâtrie de son peuple. Après que Dieu a appelé Élie auprès de lui, Élisée a continué de confronter les rois d’Israël et les rappeler à la fidélité au seul et véritable Dieu.