39. Le procès devant les Juifs

Dans notre dernière étude dans cette série sur la vie de Jésus, nous avons vu l’arrestation de Jésus dans le jardin de Gethsémané par une foule de gens envoyés par les souverains sacrificateurs et conduits par Judas Iscariot. Jésus ne s’est pas caché. Il n’a pas résisté. Il s’est laissé emmener. Et comme nous le verrons aujourd’hui, il ne s’est même pas défendu au cours du faux procès qui allait suivre cette arrestation. Il était venu dans ce monde afin de donner sa vie comme un sacrifice pour le péché, mais cela n’excuse pas ceux qui l’ont condamné et fait mourir. Ceux-là ne voulaient rien comprendre à la mission de Jésus pour le salut des hommes. Ils agissaient tout simplement par mauvaise foi, intérêt personnel et jalousie. Il avait été dit par le prophète Ésaïe que le Christ serait mis à mort sans protection, sans justice, c’est-à-dire injustement et sans un procès qui soit selon les normes (Ésaïe 53.8). Comme nous le verrons, cette prophétie s’est accomplie pleinement.

Jésus a eu plus d’un procès. Il fut d’abord condamné par le sanhédrin, qui était le conseil supérieur ou la cour suprême juive à l’époque. Ensuite il fut livré à la mort par les autorités romaines. Voyons donc le procès juif.

Jésus a comparu d’abord devant Anne, celui qui avait été souverain sacrificateur (ou grand-prêtre) de l’an 6 à l’an 15, jusqu’à ce qu’il soit enlevé du poste par les Romains. Il avait quatre fils et un beau-fils qui l’ont succédé comme grand-prêtre, l’un après l’autre, et c’est lui, Anne, qui continuait de tirer les ficelles et d’être souvent appelé souverain sacrificateur. Avant l’époque romaine, les grand-prêtres occupaient leur poste jusqu’à leur mort, mais au premier siècle les gouverneurs romains avaient l’habitude d’accorder cette place au plus offrant. Le grand-prêtre à ce temps-là était le grand collaborateur avec l’oppresseur du peuple juif. Il achetait l’honneur et le pouvoir, non seulement avec de l’argent, mais aussi avec une étroite collaboration avec Rome. Anne était extrêmement riche, et il amassait sa fortune en exploitant ceux qui venaient adorer au temple. C’est lui qui était le plus grand bénéficiaire de la vente des animaux dans la cour du temple, vente que Jésus a deux fois condamnée et interrompue.

Après sa comparution devant Anne, Jésus fut amené, alors qu’il était encore nuit, chez Caïphe, beau-fils d’Anne et celui qui occupait officiellement à ce moment-là le poste de souverain sacrificateur. Avec lui étaient bon nombre des membres du sanhédrin, le conseil supérieur des Juifs, composé de sacrificateurs, de scribes et d’anciens du peuple. Après avoir condamné Jésus, ils l’ont livré aux gardes du temple qui l’ont maltraité et ridiculisé jusqu’au matin. Au lever du jour, Jésus fut conduit dans le lieu où se réunissait officiellement le sanhédrin, qui le condamna formellement avant de le livrer aux Romains.

Voici le récit de ces trois séances, en commençant par l’arrestation dans le jardin de Gethsémané :

« La cohorte, le tribun, et les huissiers des Juifs, se saisirent alors de Jésus, et le lièrent. Ils l’emmenèrent d’abord chez Anne ; car il était le beau-père de Caïphe, qui était souverain sacrificateur cette année-là.… Le souverain sacrificateur interrogea Jésus sur ses disciples et sur sa doctrine. Jésus lui répondit : J’ai parlé ouvertement au monde ; j’ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, où tous les Juifs s’assemblent, et je n’ai rien dit en secret. Pourquoi m’interroges-tu ? Interroge sur ce que j’ai dit ceux qui m’ont entendu ; voici, ceux-là savent ce que j’ai dit. À ces mots, un des huissiers, qui se trouvait là, donna un soufflet à Jésus, en disant : Est-ce ainsi que tu réponds au souverain sacrificateur ? Jésus lui dit : Si j’ai mal parlé, fais voir ce que j’ai dit de mal ; et si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » (Jean 18.12,19-23)

« Ceux qui avaient saisi Jésus l’emmenèrent chez le souverain sacrificateur Caïphe, où les scribes et les anciens étaient assemblés. » (Matthieu 26.57)

« Les principaux sacrificateurs et tout le sanhédrin cherchaient un témoignage contre Jésus, pour le faire mourir, et ils n’en trouvaient point ; car plusieurs rendaient de faux témoignages contre lui, mais les témoignages ne s’accordaient pas. Quelques-uns se levèrent, et portèrent un faux témoignage contre lui, disant : Nous l’avons entendu dire : Je détruirai ce temple fait de main d’homme, et en trois jours j’en bâtirai un autre qui ne sera pas fait de main d’homme. Même sur ce point-là leur témoignage ne s’accordait pas. Alors le souverain sacrificateur, se levant au milieu de l’assemblée, interrogea Jésus, et dit : Ne réponds-tu rien ? Qu’est-ce que ces gens déposent contre toi ? Jésus garda le silence, et ne répondit rien. Le souverain sacrificateur l’interrogea de nouveau, et lui dit : Es-tu le Christ, le Fils du Dieu béni ? (Selon Matthieu 26.63, il l’a mis sous serment : « Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu. ») Jésus répondit : Je le suis. Et vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel. Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtements, et dit : Qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Vous avez entendu le blasphème. Que vous en semble ? Tous le condamnèrent comme méritant la mort. Et quelques-uns se mirent à cracher sur lui, à lui voiler le visage et à le frapper à coups de poing, en lui disant : Devine ! Et les serviteurs le reçurent en lui donnant des soufflets. » (Marc 14.55-65)

« Quand le jour fut venu, le collège des anciens du peuple, les principaux sacrificateurs et les scribes, s’assemblèrent, et firent amener Jésus dans leur sanhédrin. Ils dirent : Si tu es le Christ, dis-le-nous. Jésus leur répondit : Si je vous le dis, vous ne le croirez pas ; et, si je vous interroge, vous ne répondrez pas. Désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu. Tous dirent : Tu es donc le Fils de Dieu ? Et il leur répondit : Vous le dites, je le suis. Alors ils dirent : Qu’avons-nous besoin de témoignages ? Nous l’avons entendu nous-mêmes de sa bouche. » (Luc 22.66-71)

« Ils conduisirent Jésus de chez Caïphe au prétoire (palais du gouverneur) : c’était le matin. Ils n’entrèrent point eux-mêmes dans le prétoire, afin de ne pas se souiller, et de pouvoir manger la Pâque. » (Jean 18.28)

« Ils se mirent à l’accuser, disant : Nous avons trouvé cet homme excitant notre nation à la révolte, empêchant de payer le tribut à César, et se disant lui-même Christ, le roi. » (Luc 23.2)

La mauvaise foi des juges

Motivés par la jalousie et la haine, les chefs des Juifs ont violé les règlements de leur propre système de justice. Il ne se souciaient pas du respect de la loi, ni celle de Dieu ni celle des hommes. Leur but était de faire périr Jésus de Nazareth, quels que soient les moyens employés. Voici quelques-unes de leurs propres lois qu’ils ont violées au cours du procès.

Les règlements de la justice juive à l’époque ne permettaient pas qu’un procès se tienne la nuit ou que le sanhédrin se réunisse hors de la salle de justice. Des séances préliminaires ou privées pour interroger l’accusé, telle que chez Anne, étaient prohibées. Aucun procès ne pouvait avoir lieu un sabbat ou un jour saint ; et pour un crime dont la sentence serait la peine de mort, le procès ne pouvait en aucun cas commencer la veille du sabbat ou du jour de la fête. En effet, il n’était pas permis de mettre à mort le condamné le jour même de sa condamnation : il fallait qu’intervienne une nuit, au cours de laquelle les juges devaient dormir, jeûner, méditer et prier. Une deuxième séance devait avoir lieu le lendemain pour revoir les procédures du jour précédent et écouter de nouveaux arguments avant de faire voter chaque juge une deuxièmement fois pour confirmer la condamnation. Lors des deux scrutins, les juges devaient être interrogés individuellement, à commencer par le plus jeune. Le grand-prêtre ne devait donner son avis qu’en dernier lieu pour ne pas influencer la décision des autres. Une décision unanime ne pouvait être admise pour mettre une personne à mort puisqu’elle faisait soupçonner une conspiration. En effet, il n’y avait pas d’avocats dans le sens moderne, et il était considéré nécessaire que l’accusé ait au moins un sympathisant parmi les juges.

Il était interdit de faire jurer l’accusé ou lui faire témoigner contre lui-même. Même une confession volontaire de la part de l’accusé ne suffisait pas comme preuve s’il n’y avait pas d’autre témoignage pour la confirmer. Quand des témoignages se contredisaient, ils étaient rejetés d’office. Tout cela explique, en partie, le comportement de Jésus lors du procès. Selon la loi hébraïque, il fallait rejeter les témoignages contradictoires et relâcher le prisonnier si l’on n’arrivait pas à prouver sa culpabilité. Voici ce qui devait avoir eu lieu dans le cas de Jésus. Mais au contraire, les juges, ne tenant aucun compte de la loi, se tournèrent vers l’accusé et dirent : « Ne réponds-tu rien ? » Jésus dit plus ou moins ceci : « Me demandez-vous de m’incriminer moi-même quand notre loi vous défend de le faire ? Cherchez vos preuves de la manière légale. » Quand un huissier l’a frappé, il dit : « Si j’ai enseigné quelque chose d’illégale, produisez des témoins. Je ne fais que vous rappeler la loi. Est-ce normal de me frapper pour cela ? »

Le sanhédrin condamna Jésus pour blasphème (bien qu’ils disent à Pilate qu’il était condamné pour cause de rébellion contre l’empire romain). La plus grande faute de leur faux procès, c’est qu’ils n’ont écouté aucun argument pour déterminer si Jésus avait prononcé un blasphème en disant qu’il était le Christ, le Fils de Dieu. Ils n’ont pas essayé de démontrer que Jésus n’était pas celui qu’il prétendait être. Sur ce point, il n’y a pas eu de débat. Le sanhédrin a rejeté d’office la possibilité et procéda à commettre la plus grande injustice dans l’histoire du monde.

Conclusion

Si nous aussi, nous refusons de croire en Jésus et de nous soumettre à lui, soit parce que nous ne voulons pas changer notre façon de vivre, soit parce que nous avons trop d’idées préconçues auxquelles nous nous accrochons et qui ne nous permettent pas d’examiner objectivement les prétentions de Jésus, ni même de les comprendre, alors nous sommes aussi coupables que le sanhédrin. Dans notre prochaine étude, nous verrons pourquoi les chefs juifs devaient reconnaître Jésus comme le Christ. Entretemps, examinez votre propre cœur et soyez prêt à accorder à Jésus un procès selon la justice.

38. Gethsémané

Plusieurs chants chrétiens ont été inspirés par l’image de Jésus en pleurs dans le jardin de Gethsémané. C’est une scène qui nous permet de voir un peu plus clairement la grandeur du sacrifice que le Seigneur a fait pour chacun de nous. Quand on voit le grand courage avec lequel il fera calmement face à ses accusateurs, avec lequel il acceptera les coups et les insultes, avec lequel il se laissera crucifier, on peut se demander si tout cela n’était pas plus facile pour lui que cela n’aurait été pour un homme « ordinaire » comme nous. Est-ce qu’il n’était pas si différent de nous qu’il n’a pas vraiment ressenti son calvaire comme nous l’aurions fait ? Le voir dans Gethsémané doit nous détromper sur ce point.

Chacun des quatre récits de l’Évangile nous parle en détail des événements de cette nuit où Jésus a été à Gethsémané. Certaines choses sont racontées par tous les quatre, mais chacun apporte quelques détails que les autres omettent. Dans notre lecture aujourd’hui, afin de suivre plus facilement les événements et les entretiens, nous allons essayer de tisser ensemble les quatre récits, qui se trouvent en Matthieu 26, Marc 14, Luc 22 et Jean 18.

Le texte

Matthieu 26.31-35 : « Alors Jésus leur dit : Je serai pour vous tous, cette nuit, une occasion de chute car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées. Mais, après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée. Pierre, prenant la parole, lui dit : Quand tu serais pour tous une occasion de chute, tu ne le seras jamais pour moi. Jésus lui dit : Je te le dis en vérité, avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. Pierre lui répondit : Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai pas. Et tous les disciples disaient la même chose. »

Marc 14.32-41 : « Ils allèrent ensuite dans un lieu appelé Gethsémané, et Jésus dit à ses disciples : Asseyez-vous ici, pendant que je prierai. Il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à éprouver de la frayeur et des angoisses. Il leur dit : Mon âme est triste jusqu’à la mort ; restez ici, et veillez. Puis, ayant fait quelques pas en avant, il se jeta contre terre, et pria que, s’il était possible, cette heure s’éloignât de lui. Il disait : Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. (Luc 22.43-45 : Alors un ange lui apparut du ciel, pour le fortifier. Étant en agonie, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre. Après avoir prié, il se leva, et vint vers les disciples, qu’il trouva endormis de tristesse,) et il dit à Pierre ; Simon, tu dors ! Tu n’as pu veiller une heure ! Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas en tentation ; l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible. Il s’éloigna de nouveau, et fit la même prière. Il revint, et les trouva encore endormis ; car leurs yeux étaient appesantis. Ils ne surent que lui répondre. »

Matthieu 26.47-49 : « Comme il parlait encore, voici, Judas, l’un des douze, arriva, et avec lui une foule nombreuse armée d’épées et de bâtons, envoyée par les principaux sacrificateurs et par les anciens du peuple. Celui qui le livrait leur avait donné ce signe : Celui que je baiserai, c’est lui ; saisissez-le. Aussitôt, s’approchant de Jésus, il dit : Salut, Rabbi ! Et il le baisa. »

Jean 18.4-10 : « Jésus, sachant tout ce qui devait lui arriver, s’avança, et leur dit : Qui cherchez-vous ? Ils lui répondirent : Jésus de Nazareth. Jésus leur dit : C’est moi. Et Judas, qui le livrait, était avec eux. Lorsque Jésus leur eut dit : c’est moi, ils reculèrent et tombèrent à terre. Il leur demanda de nouveau : Qui cherchez-vous ? Et ils dirent : Jésus de Nazareth. Jésus répondit : Je vous ai dit que c’est moi. Si donc c’est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci. Il dit cela, afin que s’accomplît la parole qui avait été dite : Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés. »

Luc 22.49 : « Ceux qui étaient avec Jésus, voyant ce qui allait arriver, dirent : Seigneur, frapperons-nous de l’épée ? » Jean 18.10 : « Simon Pierre, qui avait une épée, la tira, frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui coupa l’oreille droite. Ce serviteur s’appelait Malchus. » Matthieu 26.52-54 : « Alors Jésus lui dit : Remets ton épée à sa place ; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée. (Luc 22.51 : Et, ayant touché l’oreille de cet homme, il le guérit.) Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l’instant plus de douze légions d’anges ? Comment donc s’accompliraient les Écritures, d’après lesquelles il doit en être ainsi ? »

Marc 14.50-52 : « Alors tous l’abandonnèrent, et prirent la fuite. Un jeune homme le suivait, n’ayant sur le corps qu’un drap. On se saisit de lui ; mais il lâcha son vêtement, et se sauva tout nu. »

Jean 18.12,13,15-18 : « La cohorte, le tribun, et les huissiers des Juifs, se saisirent alors de Jésus, et le lièrent. Ils l’emmenèrent d’abord chez Anne ; car il était le beau-père de Caïphe, qui était souverain sacrificateur cette année-là… Simon Pierre, avec un autre disciple, suivait Jésus. Ce disciple était connu du souverain sacrificateur, et il entra avec Jésus dans la cour du souverain sacrificateur ; mais Pierre resta dehors près de la porte. L’autre disciple, qui était connu du souverain sacrificateur, sortit, parla à la portière, et fit entrer Pierre. Alors la servante, la portière, dit à Pierre : Toi aussi, n’es-tu pas des disciples de cet homme ? Il dit : Je n’en suis point. Les serviteurs et les huissiers qui étaient là, avaient allumé un brasier, car il faisait froid, et ils se chauffaient. Pierre se tenait avec eux, et se chauffait. » Matthieu 26.69-75 : « Une servante s’approcha de lui, et dit : Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen. Mais il le nia devant tous, disant : Je ne sais ce que tu veux dire. Comme il se dirigeait vers la porte, une autre servante le vit, et dit à ceux qui se trouvaient là : Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth. Il le nia de nouveau, avec serment : Je ne connais pas cet homme. Peu après, ceux qui étaient là, s’étant approchés, dirent à Pierre : Certainement tu es aussi de ces gens-là, car ton langage te fait reconnaître. (FC – Pierre se mit à dire : Que Dieu me punisse si je mens ! Je jure que je ne connais pas cet homme !) Aussitôt, le coq chanta. » Luc 22.61,62 : « Le Seigneur, s’étant retourné, regarda Pierre. Et Pierre se souvint de la parole que le Seigneur avait dite : Avant que le coq chante aujourd’hui, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura amèrement. »

Jésus avait encore un choix

Un fait indéniable, c’est que Jésus a choisi mourir. Il avait dit en Jean 10.17,18 : « Le Père m’aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre. Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi-même ; j’ai le pouvoir de la donner, et j’ai le pouvoir de la reprendre ; tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père. » Cela devient très clair dans ses dernières heures. Quand Jésus priait dans le jardin, il dit : « Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe ! » Il savait parfaitement bien que son Père pouvait empêcher sa mort, et il l’aurait fait si Jésus l’avait demandé. C’est ce que Jésus dit à Pierre quand celui-ci a pris une épée pour défendre son Seigneur : « Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l’instant plus de douze légions d’anges ? » Jésus aurait pu résister. Son Père ne l’a pas forcé à donner sa vie. Et les hommes n’auraient pas pu lui ôter la vie contre sa volonté.

Il a choisi mourir, et il a aidé ses ennemis à l’arrêter. Jean 18.3 dit que la foule qui est arrivée à Gethsémané pour arrêter Jésus « vint là avec des lanternes et des flambeaux et des armes ». Jésus est mort au moment de la pleine lune de la Pâque juive. La nuit était déjà assez éclairée. Pourquoi la foule est-elle alors venue avec des lanternes et des flambeaux ? C’est parce que les gens s’attendaient à chercher un homme qui se cachait dans l’ombre parmi les arbres. Mais Jésus ne s’est pas fait chercher. Il s’est approché de la foule pour demander qui elle cherchait. Et quand on lui dit : Jésus de Nazareth, il a répondu sans hésitation : C’est moi.

Jésus aurait pu éviter la mort. Mais il a choisi mourir.

Ce n’était pas un choix facile ou automatique

Ne pensez pas, pour autant, que c’était un choix facile. C’est bien ce que nous voyons dans l’agonie de Jésus aux approches de la croix. La Bible dit qu’il éprouvait de la frayeur et de l’angoisse. Vous et moi, nous aurions eu peur des coups, peur de l’humiliation, peur d’être abandonné par tous, y compris Dieu, peur d’être cloué sur une croix pour mourir se tordant dans la douleur, la soif et l’étouffement. Jésus savait tout ce qui venait, et il en avait peur. En cela, il n’était pas si différent de nous. Il était réellement devenu un homme. Dans cette émotion très forte, il priait intensément, et la sueur coulait à terre comme des gouttes de sang.

On peut dire que le sort éternel de chacun de nous était en balance. Irait-il jusqu’au bout ? Accepterait-il finalement de souffrir si atrocement pour des gens indignes comme nous ?

Son sacrifice devenait plus difficile à cause de l’abandon et du reniement de ses amis

Dans notre dernière étude, nous avons vu comment Judas, l’un des douze, a trahi Jésus pour une petite somme d’argent. Il est allé vers les ennemis de son maître et il a promis leur livrer Jésus pour qu’on le mette à mort. Il aurait été facile de devenir amer, de se tourner contre l’espèce humaine, capable de tels actes de déloyauté. Dans le jardin de Gethsémané, Jésus voit encore à quel point les hommes pouvaient le décevoir. D’abord, il demande à ses trois amis les plus intimes, Pierre, Jean et Jacques, de veiller avec lui pendant qu’il prie. Il ressentait le besoin de leur compagnie à cette heure. Il savait qu’ils avaient aussi besoin de prier pour eux-mêmes afin de tenir fermes. Mais ils le déçoivent. Ils ne peuvent même pas rester éveillés pour une heure afin de lui tenir compagnie. Ensuite, il les voit tous prendre la fuite au moment de son arrestation. Tous avaient dit qu’ils mourraient avec lui, s’il le fallait. Mais aucun n’est resté à ses côtés.

En plus de tout cela, il savait d’avance de quelle manière il serait renié par Pierre. Celui qui déclarait le plus fort sa loyauté immortelle, c’est lui qui dirait plus d’une fois et avec serment : « Je ne connais pas cet homme ! » Jésus, attaché pendant que le conseil juif le jugeait, entendrait ces paroles de la bouche de son ami Pierre. Comment donner sa vie pour de tels hommes ?

Pourtant, d’une manière, Pierre était l’un des meilleurs des hommes. Il est vrai qu’il a renié le Seigneur, un acte tout à fait condamnable qui ne pouvait que blesser profondément Jésus. Mais rappelons-nous que tous les autres disciples, sauf peut-être Jean, (si Jean est celui qui était connu du souverain sacrificateur), avaient abandonné Jésus. À cause de son amour, Pierre l’avait suivi, même si c’était de loin. Il tenait forcément à voir comment les choses allaient se terminer. Il avait montré assez de courage dans le jardin pour se battre tout seul contre une foule de quelques centaines de militaires pour défendre son maître. Et c’est parce qu’il avait ce courage-là qu’il se trouvait parmi les ennemis du Seigneur. Mais il a échoué. La peur l’a dominé, et il a trois fois déclaré qu’il ne connaissait même pas Jésus. Et Jésus, que l’on maltraitait déjà, l’a entendu chaque fois. Si Pierre a agi de cette manière ignoble, que dire du reste des hommes ?

Avec grand courage, il a fait le choix qu’il fallait

Non ce n’était pas facile, mais Jésus a maîtrisé ses émotions de frayeur et d’angoisse. En luttant avec son sort dans le jardin de Gethsémané, il a prononcé les mots-clés qui nous ont donné le salut. Après avoir demandé à Dieu d’éloigner de lui la coupe de souffrance pour qu’il n’ait pas à en boire, Jésus dit : « Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » Quelle que soit la douleur, quelle que soit l’humiliation, Jésus se soumettrait à la volonté du Père céleste. Il ferait face avec résolution et un courage sans faille à tout ce qui venait. Il serait obéissant jusqu’à la mort. Il donnerait sa vie pour ses brebis. Il nous ouvrirait le ciel.

37. La trahison

Dans notre étude de La vie de Jésus, nous sommes toujours à la veille de sa mort, cette nuit où il serait arrêté par les envoyés des chefs religieux des Juifs. Aujourd’hui, nous verrons par quel moyen ces envoyés ont pu retrouver et prendre Jésus sans que les foules de Juifs ordinaires qui l’aimaient tant ne s’interposent pour empêcher son arrestation. Ce fut par un acte tellement indigne et détestable, que le nom de son auteur est encore de nos jours synonyme de traître. Il s’agit de Judas, Judas Iscariot. Mais cet acte déloyal et condamnable au plus haut degré est encore un autre facteur qui fait voir le grand amour de Jésus.

Qu’est-ce que Judas a fait ?

Pour mieux comprendre ce qui s’est passé, il faut revenir un peu en arrière, deux jours avant la Pâque juive. Luc 22.1-6 nous raconte ceci :

« La fête des pains sans levain, appelée la Pâque, s’approchait. Les principaux sacrificateurs et les scribes cherchaient les moyens de faire mourir Jésus ; car ils craignaient le peuple. Or, Satan entra dans Judas, surnommé Iscariot, qui était du nombre des douze. Et Judas alla s’entendre avec les principaux sacrificateurs et les chefs des gardes, sur la manière de le leur livrer. Ils furent dans la joie, et ils convinrent de lui donner de l’argent. Après s’être engagé, il cherchait une occasion favorable pour leur livrer Jésus à l’insu de la foule. »

Les Évangiles de Matthieu et Marc nous donnent un autre détail : ils nous précisent que Judas a vendu Jésus pour la somme de 30 pièces d’argent.

Plus tard, lors du dernier repas de Jésus avec ses disciples, Judas était avec les autres comme d’habitude. Quand ils étaient couchés autour de la table basse, chacun s’appuyant sur sa coude gauche et se servant de sa main droite, selon la coutume des Juifs à l’époque, Judas était même à une place d’honneur, juste à la main gauche de Jésus, où le Seigneur pouvait lui parler en privé. Au cours du repas Jésus a annoncé que l’un d’eux allait le trahir à ceux qui voulaient sa mort. Nous lisons en Jean 13.21-30 :

« …Jésus fut troublé en son esprit, et il dit expressément : En vérité, en vérité, je vous le dis, l’un de vous me livrera. Les disciples se regardaient les uns les autres, ne sachant de qui il parlait. Un des disciples, celui que Jésus aimait, était couché [à côté de] Jésus. Simon Pierre lui fit signe de demander qui était celui dont parlait Jésus. Et ce disciple, s’étant penché sur la poitrine de Jésus, lui dit : Seigneur, qui est-ce ? [Jésus répondit : Je vais tremper un morceau de pain dans le plat : celui à qui je le donnerai, c’est lui. – FC]. Et, ayant trempé le morceau, il le donna à Judas, fils de Simon, l’Iscariot. Dès que le morceau fut donné, Satan entra dans Judas. Jésus lui dit : Ce que tu fais, fais-le promptement. Mais aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il lui disait cela ; car quelques-uns pensaient que, comme Judas avait la bourse, Jésus voulait lui dire : Achète ce dont nous avons besoin pour la fête, ou qu’il lui commandait de donner quelque chose aux pauvres. Judas, ayant pris le morceau, se hâta de sortir. Il était nuit. »

Quelque temps après, Jésus et les autres ont quitté la pièce où ils avaient mangé la Pâque. Ils sont sortis de la ville de Jérusalem et se sont rendus à la montagne des oliviers. Ils sont entrés dans l’un des jardins privés qui s’y trouvaient. L’Évangile de Jean nous dit : « Judas, qui le livrait, connaissait ce lieu, parce que Jésus et ses disciples s’y étaient souvent réunis. Judas donc, ayant pris la cohorte et des huissiers qu’envoyèrent les principaux sacrificateurs et les pharisiens, vint là avec des lanternes et des flambeaux et des armes » (Jean 18.1,2). Marc continue le récit : « Celui qui le livrait leur avait donné ce signe : Celui que je baiserai, c’est lui ; saisissez-le, et emmenez-le sûrement. Dès qu’il fut arrivé, il s’approcha de Jésus, disant : Rabbi ! Et il le baisa. Alors ces gens mirent la main sur Jésus, et le saisirent » (Marc 14.44-46).

Qu’est-ce qui rend son acte si condamnable ?

Voilà donc de quelle manière Jésus a été trahi et livré entre les mains de ceux qui voulaient le tuer. C’était un acte particulièrement méchant et condamnable. Jésus avait employé ces termes pour en parler : « Celui qui a mis avec moi la main dans le plat, c’est celui qui me livrera » (Matthieu 26.23). Dans ce verset, Jésus se réfère à un passage dans les Psaumes qui était sur le point de s’accomplir : « Celui-là même avec qui j’étais en paix, qui avait ma confiance et qui mangeait mon pain, lève le talon contre moi » (Psaume 41.10). Au Moyen Orient, le fait de manger avec quelqu’un était un signe d’amitié et un acte de loyauté. Quand un homme qui avait mangé à la table d’une personne, qui avait témoigné par là de son amitié avec elle, se tournait par la suite contre la personne, c’était une chose très amère. Le Psaume 55.12-14 exprime bien le sentiment de la personne ainsi trahie : « Ce n’est pas un ennemi qui m’outrage, je le supporterais ; ce n’est pas mon adversaire qui s’élève contre moi, je me cacherais devant lui. C’est toi, [quelqu’un de mon propre milieu – FC], mon confident et mon ami ! Ensemble nous vivions dans une douce intimité, nous allions avec la foule à la maison de Dieu. »

Jésus savait bien ce qui était dans le cœur de Judas, mais il ne l’avait jamais traité moins favorablement que les autres. Au contraire, jusqu’à la fin il lui montrait des signes d’amour qui auraient dû toucher le cœur de Judas. Parfois, en faisant confiance à celui qui n’en est pas digne, on arrive à toucher la personne et la pousser à bien agir. Ainsi, Jésus avait permis que ce soit Judas qui porte la bourse commune des apôtres. Jésus savait que Judas était déjà allé le vendre aux sacrificateurs, mais il a quand même lavé ses pieds comme il a fait pour les autres. Judas a reçu une place d’honneur, juste à côté du Seigneur au dernier repas. Jésus lui a donné un morceau de pain trempé dans le plat qu’ils mangeaient, encore un signe de faveur chez eux. Mais c’est quand il reçut ce morceau de pain que Judas est sorti pour achever son acte de trahison.

Selon Matthieu 26.14,15 Judas avait pris l’initiative d’aller vers les souverains sacrificateurs, et c’est lui qui leur a dit : « Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai ? » Judas aimait l’argent. Quand Marie, la sœur de Marthe, oignait les pieds de Jésus d’un parfum très coûteux, Judas dit : « Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers, pour les donner aux pauvres ? Il disait cela, non qu’il se mit en peine des pauvres, mais parce qu’il était voleur, et que, tenant la bourse, il prenait ce qu’on y mettait » (Jean 12.5,6). Il volait dans la bourse de ses camarades parce qu’il aimait l’argent, et apparemment il a vendu son maître pour la même raison. Ce n’était pas un acte motivé par un souci spirituel. Ce n’était pas un acte de passion, motivé par une soudaine colère ou une forte peur. C’était un crime prémédité.

Enfin, Judas a mis le comble à sa méchanceté par sa façon d’identifier Jésus pour ses ennemis. Il l’a embrassé, toujours comme un ami. Il l’a baisé avec une salutation de respect. Mais c’était une moquerie.

Judas avait-il un choix ?

Sommes-nous trop sévères avec Judas ? Les uns disent que l’action de Judas était nécessaire pour notre salut. S’il n’avait pas trahi Jésus, le Seigneur ne serait pas mort pour nos péchés. Mais, rappelons-nous que même si Dieu est capable de faire concourir au bien des élus mêmes les actes pécheurs d’hommes rebelles, cela n’excuse pas ces péchés. Dans l’Ancien Testament, les frères de Joseph, animés de haine et de jalousie, l’ont vendu comme esclave. Il a été par la suite transporté en Égypte et revendu. Mais Dieu a été avec Joseph, l’a élevé à une position de grand pouvoir en Égypte, et par son intermédiaire toute la famille de son père, y compris ses méchants frères, a été sauvée de la famine et la mort. L’acte des frères en vendant Joseph n’était pas moins coupable pour cela, mais Dieu s’en est servi. De même, Dieu s’est servi de l’acte de Judas, mais cela n’enlève rien à sa culpabilité.

D’autres disent que Judas n’avait pas de choix, qu’il avait été prédestiné à commettre cet acte. Il fallait que les prophéties soient accomplies. Mais Dieu n’a pas prédestiné nos actions. Il a décidé d’avance comment il bénirait ses enfants. Il a décidé d’avance que ce serait en Jésus-Christ que son salut serait accordé. Mais il n’a pas arrêté avant la fondation du monde que telle personne serait perdue et telle autre sauvée, que telle personne commettrait un vol, que telle autre serait fidèle à sa femme, et que ce serait Judas qui trahirait Jésus. Sinon, il n’y aurait aucun sens à un dernier jugement, et Dieu serait injuste de nous tenir responsable d’actes que lui-même nous aurait obligés à commettre. Pourtant, Judas sera puni pour son acte. Jésus dit clairement : « Le fils de l’homme s’en va, selon ce qui est écrit de lui. Mais malheur à l’homme par qui le Fils de l’homme est livré ! Mieux vaudrait pour cet homme qu’il ne fût pas né » (Matthieu 26.24). Il est donc important de faire la distinction entre prédire et prédéterminer, entre savoir d’avance et prédestiner. Connaissant toutes choses, Dieu, dans sa parole, a prédit certains faits. Il savait d’avance ce qui allait se passer. Mais il n’a pas ordonné que ces choses se produisent, et il n’oblige personne à faire le mal.

D’autres encore disent que c’est Satan qui a forcé la main à Judas. Luc 22.3,4 dit que Satan entra dans Judas et il est allé s’entendre avec les principaux sacrificateurs. En Jean 13.27,30 il est dit encore : « Dès que le morceau (de pain) fut donné, Satan entra dans Judas… Ayant pris le morceau, il se hâta de sortir. » Évidemment, Satan a eu un rôle dans le trahison de Jésus par Judas Iscariot. Mais on ne peut pas dire que cela enlève à Judas sa responsabilité pour ce qu’il a fait. En Actes 5 nous avons l’histoire d’un homme appelé Ananias. Il s’est entendu avec sa femme, Saphira, pour vendre une propriété, mais aussi pour mentir au sujet du prix obtenu. Puis, il a apporté comme don à l’Église une partie de ce qu’ils avaient reçu pour la vente, en essayant de faire croire que c’était la totalité de l’argent. Ils avaient le droit de garder une partie de l’argent, mais ils voulaient que l’Église pense qu’ils étaient plus généreux qu’ils ne l’étaient. En le reprochant, l’apôtre Pierre dit à Ananias : « Pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur au point que tu mentes au Saint-Esprit… Comment as-tu pu mettre en ton cœur un pareil dessein ? Ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu » (Actes 5.3,4). Pierre attribue ce péché à la présence de Satan dans le cœur d’Ananias, mais aussi au fait qu’Ananias avait lui-même mis dans son cœur ce dessein malhonnête. Pareillement, on peut constater que le Saint-Esprit demeure dans le cœur du chrétien fidèle, mais ce fait ne force pas le chrétien à toujours faire le bien. Il doit coopérer avec le Saint-Esprit en lui et exercer sa propre volonté pour éviter le péché.

Conclusion

Nous avons déjà vu que Jésus avait traité Judas avec amour et considération jusqu’à la fin. Pourtant, il savait ce que Judas pensait faire. D’autres personnes auraient été rendues amères par cette déloyauté. Elles auraient même abandonné la mission de sauver de telles créatures, se disant que les hommes ne sont pas dignes d’un tel sacrifice. Et c’est vrai. Nous n’en sommes pas dignes. Nous sommes rebelles, égoïstes, ingrats, et dignes d’être punis. Mais l’amour de Dieu est si grand que Jésus ne s’est pas détourné de la croix, même face à une démonstration si claire du péché de l’homme. Quand Judas est sorti pour chercher les hommes qui voulaient arrêter Jésus, Jean nous dit qu’il était nuit. Jésus est la lumière, et quand un homme lui tourne le dos, comme Judas le faisait, il est toujours nuit. Un tel homme se plonge dans l’obscurité. Judas a mis le comble au péché quand, à la tête d’une foule armée, il a trahi Jésus par un baiser. Il a montré à quel point l’homme peut être méchant. Mais Jésus a mis le comble à son amour pour les hommes en allant quand même à la croix.

36. Ce que Jésus a demandé dans sa prière

Si tu étais à un pas de la mort, tu aurais peut-être envie de prier Dieu. Tu lui demanderais pardon des péchés que tu as commis, tu lui confierais tes êtres chers pour qu’il veille sur eux et les bénisse matériellement ou spirituellement, et si ta vie avait été consacrée à une cause particulière, tu lui demanderais peut-être de faire prospérer cette cause après ta mort. En Jean 17, nous trouvons Jésus à la veille de sa mort en train de prier. Il prie pour lui-même, pour ses êtres les plus chers, c’est-à-dire ses apôtres qu’il avait passé plus de trois ans à former, et pour l’avenir de l’œuvre à laquelle il avait consacré sa vie. Dans cette prière, nous découvrons plusieurs vérités concernant la grandeur de Jésus et ce qui lui tenait à cœur.

À son propre sujet

Comme nous l’avons dit, Jésus prie d’abord pour lui-même. Il ne demande pas, comme nous l’aurions fait, le pardon de ses péchés. Il n’en avait pas commis. Il demande plutôt que Dieu lui rende la gloire dont il s’était dépouillé en venant dans ce monde. Écoutons ce qu’il dit en Jean 17.1-8 :

« Père, l’heure est venue ! Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie, selon que tu lui as donné pouvoir sur toute chair, afin qu’il accorde la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. Je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire. Et maintenant, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût. J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du monde… Je leur ai donné les paroles que tu m’as données, et ils les ont reçues, et ils ont vraiment connu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé. »

Loin d’être conscient des échecs de sa vie, comme nous le sommes très souvent, Jésus savait qu’il avait accompli l’œuvre que Dieu lui avait confiée. Il avait vécu en parfaite conformité à la justice de Dieu, il avait formé des hommes qui ont cru en lui, et dans quelques heures seulement il se laisserait crucifier pour le salut du monde. Par son obéissance, Jésus glorifiait le Père céleste. Il sait que le Père le glorifiera à son tour.

Insistons sur une idée ici : Jésus dit : « J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du monde… » Qu’est-ce que Jésus veut dire par « faire connaître le nom de Dieu » à ses apôtres ? N’étaient-ils pas des Juifs ? Les Juifs ne connaissaient-ils pas depuis des siècles le nom de Dieu ? Dieu avait dit à Moïse qu’il s’appelait « Je suis » ou « Yahweh » en hébreu. En français, ce nom a été transformé par certains en « Jéhovah ». Les Témoins de Jéhovah pensent que Jésus dit avoir enseigné à ses disciples que le nom de Dieu est Jéhovah. Les Pentecôtistes Unis et d’autres groupes pensent que le Seigneur avait fait comprendre aux disciples que le nom de Dieu est Jésus. En réalité, l’expression « le nom de Dieu » dans cette phrase n’a rien à voir avec l’appellation qu’on emploie pour parler de Dieu. Dans la pensée juive « le nom » ne signifiait pas tellement le nom par lequel on appelait la personne, mais plutôt son caractère ou sa nature dans la mesure où elle était révélée et connue. Par exemple, en Psaume 9.11 l’auteur dit : « Ceux qui connaissent ton nom se confient en toi. » Évidemment cela ne signifie pas que ceux qui savent que Dieu s’appelle Jéhovah se confieront en lui − les voisins païens des Israélites savaient comment s’appelait le Dieu des Israélites (1 Samuel 6.2; 2 Rois 18.22) ; cela veut dire que ceux qui connaissent le caractère et la nature de Dieu, qui savent comment il est, seront prêts à lui faire confiance pour tout. Le Psaume 20.8 dit, selon la traduction de Darby : « Ceux-ci font gloire de leurs chars, et ceux-là de leurs chevaux, mais nous, du nom de l’Éternel notre Dieu. » Cela ne veut pas dire que nous nous vanterons de ce que Dieu s’appelle Jéhovah. Certains se confient à des aides humaines, mais nous nous confierons en Dieu parce que nous savons comment il est. En Ésaïe 52.6, après avoir promis délivrer Israël de ses oppresseurs, Dieu dit : « C’est pourquoi mon peuple connaîtra mon nom. » Son peuple savait depuis fort longtemps les mots à utiliser pour parler de Dieu, mais quand Dieu les délivrerait de leurs ennemis, ils comprendraient encore plus clairement la grande puissance et la fidélité de Dieu.

Quand donc Jésus dit qu’il a fait connaître aux apôtres « le nom de Dieu », il veut dire qu’il leur a fait voir comment Dieu est. En fait, c’était une autre manière de dire ce que Jésus avait dit à Philippe en Jean 14.9 : « Celui qui m’as vu, a vu le Père. » Jésus ne veut pas dire qu’il est lui-même le Père céleste, mais qu’à travers lui et son caractère, les hommes peuvent connaître le caractère de Dieu le Père. Par Jésus, on connaît « le nom », c’est-à-dire le caractère, de Dieu.

À la veille de sa mort, Jésus anticipait son retour vers la gloire dont il avait joui avant de venir sur la terre. « Et maintenant toi, Père, glorifie-moi auprès de toi de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût » (Jean 17.5).

Au sujet de ses apôtres

Jésus, voyant qu’il était sur le point de terminer sa mission, prie pour lui-même, pour que Dieu lui rende la gloire qu’il avait laissée. Mais il a aussi prié pour ses apôtres. Il dit :

« J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du monde… C’est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi… Je ne suis plus dans le monde, et ils sont dans le monde, et je vais à toi. Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés,… Je leur ai donné ta parole ; et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal. Sanctifie-les par ta vérité ; ta parole est la vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde. » (Jean 17.6,9,11,14-18)

Jésus était venu pour servir les hommes, et il a bien vécu dans le monde, au milieu des hommes pécheurs et éloignés de Dieu. Mais Jésus n’avait pas les mêmes valeurs que les hommes du monde, il n’était pas l’un d’eux. Quand on est différent des autres, on s’expose toujours au ridicule, à l’exclusion et à la persécution. Vouloir être juste dans un monde injuste, c’est dangereux. Les hommes se sentent condamnés quand ils sont en présence de quelqu’un qui refuse de participer au péché avec eux.

Jésus avait connu l’hostilité des hommes. Désormais, il ne serait plus au milieu de ces hommes, mais ses disciples y resteraient. Comme lui, ils seraient dans un monde auquel ils n’appartiendraient pas, et ils seraient haïs. Jésus sait par quelles épreuves ils passeraient. Il prie donc pour eux. Mais remarquons ce qu’il demande. Il ne veut pas que Dieu les ôte du monde. La sorte de christianisme qui se cache derrière les murs d’un monastère n’est pas le christianisme que Jésus a voulu. Il avait enseigné que le disciple doit être le sel de la terre. Mais le sel doit bien être en contacte avec la nourriture, sinon il ne peut pas l’assaisonner. Oui, il est bien de prendre des moments pour se retirer du bruit du monde pour communier avec Dieu, comme Jésus le faisait. Mais nous sommes quand même « envoyés dans le monde » comme Jésus l’a été. Sachant que les disciples seront donc au milieu d’un monde hostile, Jésus prie le Père de les garder, de les protéger du mal, et de les sanctifier ou consacrer par sa parole.

À notre sujet

Avant de faire face à la mort, Jésus a donc prié pour lui-même et il a prié pour ses apôtres, mais il a aussi prié pour nous qui croyons en lui aujourd’hui, nous qui avons cru grâce à la parole de ses apôtres. Il dit aux versets 20,21 : « Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. »

Jésus a demandé que ceux qui croient en lui soient un, de la même manière que lui et son Père sont un. Jésus et son Père ne sont pas la même personne. Nous avons déjà vu que Jésus était aimé de son Père, avait de la gloire auprès du Père, et avait été envoyé par le Père. Ils n’étaient pas la même personne, mais ils étaient unis dans leur nature, unis dans un amour sans faille, et unis dans une harmonie parfaite en ce qui concerne la vérité, la parole à annoncer. Jésus avait dit en Jean 7.16 : « Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé. »

Si ceux qui croient en Jésus sont un comme lui et son Père sont un, cela se manifestera à au moins deux niveaux : Dans les assemblées locales on devrait trouver que les membres de l’Église du Seigneur s’aiment les uns les autres. Ils travaillent ensemble dans la paix, bannissant l’égoïsme et les querelles, s’acceptant et s’encourageant mutuellement. Au niveau de tous les croyants, on devrait trouver que ceux qui se réclament de Jésus-Christ prêchent les mêmes doctrines et suivent les mêmes pratiques dans l’adoration de Dieu. Ils sont d’accord les uns avec les autres comme Dieu et Jésus sont d’accord l’un avec l’autre.

Malheureusement, nous ne trouvons pas cette unité. Trop souvent dans les assemblées locales on voit des discordes, des palabres, des murmures, et parfois même des coups de poing ! Au niveau de tous les croyants, on voit des centaines, voir des milliers de dénominations, des Églises avec de nombreuses doctrines contradictoires. Certains prétendent qu’au fond, les chrétiens sont tous unis puisqu’ils croient tous en Jésus et à la Bible. Mais Jésus a prié pour une unité plus profonde que cela. Lui et Dieu sont parfaitement un − pas seulement sur un ou deux points fondamentaux. Un résultat de cette division des croyants, c’est que le monde n’est pas encore gagné pour le Christ. Jésus avait dit : « Qu’ils soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » Il savait que la division des croyants serait un obstacle à la foi pour beaucoup de personnes.

Conclusion

Jésus a accompli sa mission. Il a fait connaître le nom, c’est-à-dire la nature même, de Dieu. Ses apôtres ont accompli leur mission. Au milieu d’un monde hostile, ils sont restés fidèles et ont porté à toutes les nations leur témoignage concernant Jésus-Christ. Ils ont été dans le monde, sans être du monde. Ceux qui croient en Jésus sont appelés, eux aussi, à être dans le monde sans être du monde. Ils ont aussi ce grand défi : de rechercher et puis conserver l’unité. Cela ne peut pas se faire par la force ; la vraie unité ne peut se réaliser que par un retour à la Bible, par une décision sincère de ne mettre en pratique rien que les enseignements de Jésus et de ses apôtres, contenus dans le Nouveau Testament.

Avant de mourir, on pense à ce qui est plus important. Nous voyons ce qui tenait au cœur de Jésus. Il voulait que nous soyons saints au milieu d’un monde pécheur, que nous apportions à ce monde la parole qui peut le sauver, et que nous soyons unis dans l’amour fraternel et la vérité biblique. Que le vœu de notre Seigneur soit aussi notre vœu le plus cher.

35. L’enseignement de Jésus au sujet du Saint-Esprit

Dans nos études de La vie de Jésus, nous sommes arrivés à la veille de sa mort. Nous avons déjà vu qu’il s’est retiré seul avec ses apôtres pour manger le repas de la Pâque. Il leur a enseigné encore une leçon sur l’humilité en leur lavant les pieds. Il a institué la Sainte Cène ou repas du Seigneur comme rappel continuel du sacrifice qu’il s’apprêtait à faire. Il savait que le lendemain il serait mis à mort. Quelque temps après sa résurrection, il remonterait vers Dieu, et les apôtres auraient la lourde charge d’accomplir la mission qu’il leur confiait, celle d’annoncer la bonne nouvelle au monde entier.

Dans ces dernières heures avec les apôtres Jésus les prépare pour ce qui vient. Une chose qu’il dit pour les rassurer, c’est qu’ils auront l’aide du Consolateur dans l’accomplissement de leur tâche. Dans ce qu’il leur dit concernant le Consolateur, une idée revient à plusieurs reprises : c’est que le Christ lui-même est au centre de son œuvre

Nos lecteurs musulmans sont invités à suivre avec attention les versets que nous allons lire et expliquer aujourd’hui. En effet, beaucoup ont l’idée que « le Consolateur » que Jésus promet ici est le prophète Mohamed. En examinant ce que Jésus dit concernant celui qui devait venir après lui, vous pourrez juger si, effectivement, ces prophéties sont accomplies en Mohamed. Nos amis charismatiques ou pentecôtistes sont aussi invités à prêter attention à l’enseignement de Jésus que nous entendrons et à le comparer à leurs attitudes à l’égard du Saint-Esprit.

Jean 14.16,17 : « Quelqu’un pour vous aider »

En Jean 14.16,17 Jésus dit : « Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous et il sera en vous. » Jésus ne dit pas que les apôtres doivent prier que l’Esprit vienne. Quand il remontait au ciel, selon Actes 1, il ne leur dit pas de retourner à Jérusalem et de jeûner ou veiller ou prier pour que Dieu leur envoie l’Esprit. Il leur dit simplement d’attendre ce que le Père avait promis. L’Esprit était promis en réponse à la prière de Jésus.

Ici Jésus appelle l’Esprit « le consolateur ». En fait, le mot grec, paraklétos, qui est traduit par « consolateur » dans ce passage, est beaucoup plus général que notre mot français « consolateur ». Ce mot ne désignait pas particulièrement quelqu’un qui console ou soulage une personne qui est affligée, ou attristée ou en deuil. Littéralement le mot veut dire quelqu’un qui est appelé à côté d’un autre. Il était employé parfois pour parler d’une personne qui se présentait devant un tribunal pour plaider en faveur d’un autre. C’est quelqu’un qui se met à côté d’un autre pour l’aider. C’est ainsi que la Bible en français courant l’appelle simplement au verset 26 « celui qui doit vous aider ». Par la suite, Jésus précisera la sorte d’aide qu’il a en vue. Le Christ nous aide, mais il n’est pas le Saint-Esprit. Jésus dit : Le Père vous donnera « un autre consolateur ». Le Saint-Esprit serait une autre aide pour les disciples.

Jean 14.26 : « Il vous enseignera et vous rappellera tout »

En Jean 14.26 Jésus dit : « Mais le consolateur, l’Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. » Le fait que l’Esprit viendrait « au nom du Christ » est important. Jésus ne dirige pas notre attention au-delà de sa personne pour être fixée sur l’Esprit. L’Esprit dirige notre regard, non pas vers lui-même, mais plutôt vers le Christ. La venue de l’Esprit au nom du Christ signifie que l’Esprit représentera Christ, il ne le remplacera pas.

La mission de l’Esprit serait celle d’enseigner et de rappeler. Dans l’accomplissement de leur mission, les apôtres auraient besoin principalement de deux choses : ils auraient besoin de se rappeler ce que le Christ leur avait dit, et ils auraient besoin de comprendre ce qu’il leur avait dit. L’Esprit leur viendrait en aide pour satisfaire à ces besoins. Nous voyons encore que c’est Jésus qui est au cœur de l’activité de l’Esprit. Le verset aurait pu être traduit : « Il vous remettra en mémoire tout ce que moi-même je vous ai dit. »

Il est important de souligner que nous ne pouvons pas traiter ce verset comme une promesse faite directement à nous, à tous les chrétiens. En effet, il faut toujours respecter le contexte historique de l’Écriture. Nous tirons profit de l’histoire de Noé, par exemple, mais il va sans dire que l’ordre de construire une arche pour sauver des hommes du déluge ne s’adresse pas à nous. La promesse qui dit : « Il vous rappellera tout ce que je vous ai dit » a été adressée à des hommes qui avaient entendu ce que Jésus avait enseigné pendant son ministère sur la terre. Jésus parlait à des personnes bien précises, à ses apôtres. Ce sont les apôtres qui seraient inspirés du Saint-Esprit et non pas tout chrétien ou tout prédicateur. L’Esprit a bien guidé les apôtres dans ce qu’ils ont enseigné et écrit. Ils les a aidés à se souvenir infailliblement de ce que Jésus avait fait et dit quand il était avec eux. Nous bénéficions du fruit de cette aide divine chaque fois que nous lisons le Nouveau Testament. La promesse a été faite pour nous aussi, mais elle ne s’adresse pas à nous.

Jean 15.26,27 : Il rendra témoignage de Christ

Jean 15.26,27 dit : « Quand sera venu le consolateur, que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité, qui vient du Père, il rendra témoignage de moi ; et vous aussi, vous rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi dès le commencement. »

Quand l’Esprit rend témoignage, il parle du Christ. Les apôtres aussi rendent témoignage. Ils sont qualifiés comme témoins parce qu’ils ont été avec Jésus dès le début de son ministère. Quel est le rapport entre le témoignage de l’Esprit-Saint et celui des apôtres ? Comment l’Esprit donne-t-il son témoignage ? S’agit-il de deux témoignages indépendants ? Non, il y aurait un seul témoignage que les apôtres porteraient avec l’aide du Saint-Esprit qui les guide et les instruit. Le cas de David nous donne l’exemple d’un tel témoignage. En Actes 1.16 nous lisons que l’Esprit a parlé dans l’Écriture par la bouche de David. En Marc 12.36 nous lisons que « David lui-même, par l’Esprit-Saint, a dit… ». À la lumière de tels exemples, nous voyons que quand les apôtres témoignaient, l’Esprit témoignait, et que quand l’Esprit témoignait, il parlait par les hommes que Jésus avait choisis et préparés par leur présence avec lui.

Jean 16.7-11 : L’Esprit convaincra

Jésus continue en Jean 16.7-11 :

« Cependant, je vous dis la vérité : il vous est avantageux que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, le consolateur ne viendra pas vers vous ; mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai. Et quand il sera venu, il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement : de péché, parce qu’ils ne croient pas en moi ; de justice parce que je vais vers le Père, et que vous ne me verrez plus ; de jugement, parce que le prince de ce monde est jugé. »

Le travail de l’Esprit à l’égard du monde est de convaincre ou de persuader. L’Esprit convainc les hommes du péché de l’incrédulité afin de les amener à croire. L’Esprit convaincra les hommes de la justice du Christ, justice démontrée par le fait que le Christ est allée à Dieu. L’Esprit donnera la conviction que, par la mort de Christ, Dieu a condamné le mal ; sa mort ne fut ni une simple tragédie, ni l’exécution d’un criminel.

L’Esprit convainc les hommes et les amène à la foi par son témoignage au sujet du Christ, un témoignage donné dans la parole des apôtres. Romains 10.17 nous dit : « La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ. » Voilà pourquoi Jacques 1.18,21 dit que nous sommes engendrés ou nés de nouveau par la parole, et que la parole qui a été plantée en nous peut sauver nos âmes.

Jean 16.12,13 : L’Esprit conduira dans toute la vérité

En Jean 16.12,13 Jésus continue son enseignement sur l’Esprit, en disant :

« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les comprendre maintenant. Quand il sera venu, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité ; car ses paroles ne viendront pas de lui-même, mais il parlera de tout ce qu’il aura entendu et vous annoncera les choses à venir. »

Par l’Esprit les apôtres seraient rendus capables de comprendre ce qu’ils ne pouvaient pas encore saisir dans l’œuvre du Christ. L’enseignement de l’Esprit ne donnerait pas une nouvelle direction, mais serait en accord avec le Christ et tiré de lui.

Le fait que l’Esprit conduirait les apôtres dans toute la vérité signifie que tout ce que les hommes auraient besoin de savoir pour être sauvés et plaire à Dieu serait révélé du vivant de ces apôtres. Comme Jude a écrit au verset 3 de son épître, « la foi (c’est-à-dire, ce que nous devons croire) a été transmise aux saints une fois pour toutes ». Cette œuvre étant achevée, selon la promesse de Jésus, à travers l’action de l’Esprit dans les apôtres, il ne reste pas de vérités spirituelles à révéler, ni dans les siècles après la mort des apôtres, ni de nos jours. Tout ce qui est nécessaire est contenu dans le Nouveau Testament.

Jean 16.14-15 : Il glorifiera Jésus

Jésus termine ses paroles sur l’Esprit-Saint en Jean 16.14,15 de cette manière : « Lui me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est à moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. » On pourrait traduire le verset : « C’est moi qu’il glorifiera. » L’Esprit de Dieu glorifie le Christ. Un faux esprit mène au-delà du Christ et fait que les gens soient préoccupés par une expérience passionnante de l’esprit lui-même.

Le crédo de l’Islam est : Il n’y a qu’un seul Dieu, et Mohamed est son prophète. Dans l’Islam, on parle de Jésus, mais on parle beaucoup plus de Mohamed. Le Consolateur devait, au contraire, glorifier Jésus. Il devait venir au nom du Christ. Il serait envoyé par le Christ. Et il serait dans les apôtres de Christ. Est-ce que Mohamed répond réellement à cette description ?

Conclusion

En Actes chapitre 2, l’apôtre Pierre a prêché un sermon concernant Jésus de Nazareth. Il a parlé de sa crucifixion, sa résurrection, son ascension. Le but du sermon, compte tenu de la conclusion, était de produire la conviction que Jésus est Seigneur et Christ. Il a eu l’effet désiré. Actes 2.37 dit : « Après avoir entendu ce discours, ils eurent le cœur vivement touché, et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : Hommes, frères, que ferons-nous ? » Dans son sermon, Pierre a-t-il témoigné de Christ ? A-t-il convaincu les hommes ? Les a-t-il conduit à la foi en Christ ? A-t-il glorifié Christ ? Certainement, il a fait toutes ces choses. Alors le Saint-Esprit a-t-il eu part à ce travail ? Sans doute que oui, car c’était lui qui a inspiré le sermon.

L’Esprit œuvre toujours ainsi, par l’Écriture, de manière à convaincre les hommes de péché, de justice et de jugement et les conduire à la foi en Christ. À travers l’Évangile, l’Esprit continue de prononcer le même message avec le même sens.

34. L’institution du repas du Seigneur

Tout au long de son ministère, Jésus s’est référé à « son heure ». En Jean 7.30, il est dit que « [les Juifs] cherchaient à se saisir de lui, et personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue ». En Jean 12.23,27, par contre, nous lisons : « Jésus leur répondit : L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié… Maintenant mon âme est troublée. Et que dirai-je ? … Père, délivre-moi de cette heure ?… Mais c’est pour cela que je suis venu jusqu’à cette heure. Père, glorifie ton nom. » Pour Jésus, l’heure de sa souffrance et sa mort, et l’heure de sa gloire étaient inséparables. En expliquant cette vérité à ses disciples, il leur avait dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé ne meurt, il reste seul ; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle » (Jean 12.24,25).

L’heure où Jésus donnerait sa vie pour les péchés du monde avait été choisie par Dieu, et ce choix n’avait pas été fait au hasard. Sa mort est venue au moment de la fête juive de la Pâque, une fête qui célébrait l’un des moments les plus importants dans l’histoire du peuple juif. Or, les événements commémorés par cette fête préfiguraient quinze siècles d’avance ce que Jésus s’apprêtait à faire. Ce que Dieu a fait pour Israël au moment de la première fête de Pâque n’était qu’un ombre de ce qu’il allait faire en faveur de tous les hommes par la mort de Christ.

La première Pâque

Voici l’histoire de cette première Pâque (comme vous le verrez, elle n’a rien à voir avec la fête des Pâques célébrée par beaucoup d’Églises de nos jours mais qui n’est mentionnée nulle part dans la Bible). Les Israélites étaient tous esclaves dans le pays d’Égypte. Dieu avait envoyé Moïse pour dire à Pharaon, le roi d’Égypte, de libérer son peuple Israël. Pharaon a refusé. Dieu a donc fait venir sur Pharaon et sur son peuple une série de catastrophes, des malheurs ou plaies, pour les punir et les obliger à céder. Le dixième fléau serait la mort de tous les premiers-nés, « depuis le premier-né de Pharaon assis sur son trône, jusqu’au premier-né de la servante qui est derrière la meule, et jusqu’à tous les premiers-nés des animaux » (Exode 11.5). Mais Dieu a donné aux Israélites des instructions précises pour qu’ils soient épargnés : le dixième jour du mois, chaque famille israélite devait s’apprêter un agneau ou un chevreau mâle sans défaut, âgé d’un an. Au coucher du soleil du quatorzième jour, chaque famille devait tuer son agneau et mettre son sang sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte de la maison où on le mangerait. Il devait être rôti au feu et mangé avec des pains sans levure et avec des herbes amères. L’Éternel dit :

« Cette nuit-là, je passerai dans le pays d’Égypte, et je frapperai tous les premiers-nés du pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’aux animaux… Le sang vous servira de signe sur les maisons où vous serez ; je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie qui vous détruise, quand je frapperai le pays d’Égypte. Vous conserverez le souvenir de ce jour, et vous le célébrerez par une fête en l’honneur de l’Éternel ; vous le célébrerez comme une loi perpétuelle pour vos descendants. » (Exode 12.12-14)

Les Israélites ont suivi les ordres qu’ils avaient reçus, et ils ont eu la vie sauve. Mais chez les Égyptiens, il n’y a pas eu de maison où la mort n’a pas frappé. Dans la nuit même, Pharaon a appelé Moïse et son frère Aaron et leur dit de prendre les Israélites et de sortir de son pays. Le peuple esclave fut ainsi libéré. Il s’est dirigé vers le mont Sinaï, où Dieu a formellement traité son alliance avec Israël. Le peuple fut sanctifié en étant aspergé du sang des animaux sacrifiés, et Dieu lui donna ses lois. Nous lisons en Exode 24.7,8 : « (Moïse) prit le livre de l’alliance, et le lut en présence du peuple ; ils dirent : Nous ferons tout ce que l’Éternel a dit, et nous obéirons. Moïse prit le sang, et il le répandit sur le peuple, en disant : Voici le sang de l’alliance que l’Éternel a faite avec vous selon toutes ces paroles. »

La dernière Pâque de Jésus

Au temps de Jésus, les Juifs continuaient d’observer la fête de la Pâque, pour se rappeler la manière dont Dieu les avait épargnés de la mort et les avait délivrés de l’esclavage. (Le mot « Pâque », à propos, vient du mot hébreu « pesach » qui signifie « passer par-dessus ». Ce mot désigne non seulement la fête, mais aussi l’animal qu’on sacrifiait.) Des millions de Juifs se rendaient chaque année à Jérusalem et des centaines de milliers d’agneaux étaient sacrifiés et consommés. Jésus et ses disciples étaient parmi les pèlerins. Voici le récit du dernier repas de Pâque que Jésus a mangé avant de mourir.

« Le jour des pains sans levain, où l’on devait immoler la Pâque, arriva, et Jésus envoya Pierre et Jean, en disant : Allez nous préparer la Pâque, afin que nous la mangions. Ils lui dirent : Où veux-tu que nous la préparions ? Il leur répondit : Voici, quand vous serez entrés dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau ; suivez-le dans la maison où il entrera, et vous direz au maître de la maison : Le maître te dit : Où est le lieu où je mangerai la Pâque avec mes disciples ? Et il vous montrera une grande chambre haute, meublée : c’est là que vous préparerez la Pâque. Ils partirent, et trouvèrent les choses comme il le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque.

L’heure étant venue, il se mit à table, et les apôtres avec lui. Il leur dit : J’ai désiré vivement de manger cette Pâque avec vous, avant de souffrir ; car, je vous le dis, je ne la mangerai plus, jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu. » (Luc 22.7-16)

« L’accomplissement » de la Pâque

Il est important de souligner une phrase dans ce que nous venons de lire : Jésus dit : « Je ne la mangerai plus, jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu. » Ce repas, que les Israélites gardaient déjà depuis 1.500 ans, trouverait son accomplissement dans le royaume de Dieu, c’est-à-dire dans les événements qui conduisaient à l’établissement de l’Église et à l’observance d’un repas encore plus riche en signification. La Pâque était une sorte de prophétie en symbole, une prophétie qui devait être accomplie. L’agneau, dont le sang sur les portes sauvait les Israélites dans leurs maisons, symbolisait d’avance Jésus-Christ, dont le sang sauverait les hommes dans le royaume, ou l’Église. Déjà en Jean 1.29, tout au début du ministère de Jésus, Jean-Baptiste a dit à son sujet : « Voici l’agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. » Des années après le ministère de Jésus sur terre, l’apôtre Paul a écrit en 1 Corinthiens 5.7 : « …Christ, notre Pâque, a été immolé », ou comme la Bible en Français Courant l’exprime : « Le Christ a été sacrifié comme notre agneau pascal. »

C’est grâce au sang d’un agneau, innocent et sans défaut, que les Israélites ont été sauvés de la mort qui frappait les Égyptiens, afin de pouvoir être délivrés de l’esclavage. C’est grâce au sang de Jésus, innocent et sans défaut, que les hommes peuvent être sauvés de la mort spirituelle et éternelle qui pèse sur eux à cause de leurs péchés. Ceux qui ont recours à son sang pour leur salut sont délivrés de la servitude au diable et au péché (Hébreux 2.14,15).

Le repas de la Pâque était très important pour Jésus, parce qu’il se rapportait directement à sa mission parmi les hommes. Les Juifs ne s’en rendaient pas compte, mais ce repas qu’ils observaient avec zèle et fidélité, trouvait son accomplissement en Jésus de Nazareth.

Une nouvelle fête

Mais à cette occasion, Jésus a institué un autre repas mémorial, non pas pour les descendants des Israélites sauvés de l’esclavage en Égypte, mais pour tous les chrétiens, sauvés du péché et de la mort. Pour ce nouveau repas, Jésus a pris deux éléments utilisés dans la Pâque et leur a donné une nouvelle signification. Il s’agit du pain sans levain, c’est-à-dire sans levure, et le fruit de la vigne, c’est-à-dire le jus de raisin ou le vin.

« Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain ; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna, en disant : Prenez, ceci est mon corps. Il prit ensuite une coupe ; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : Ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour plusieurs. » (Marc 14.22-24)

Selon Jésus en 1 Corinthiens 11.24, son corps fut »rompu » pour nous. Les chrétiens pensent à ce fait chaque fois qu’ils rompent le pain. En disant : « Ceci… est le sang de l’alliance », Jésus fait penser à ce que Moïse avait dit en inaugurant l’ancienne alliance quand il a aspergé le peuple du sang : « Voici le sang de l’alliance que l’Éternel a faite avec vous. » Hébreux 9.17,18,23 nous explique : « Un testament, en effet, n’est valable qu’en cas de mort, puisqu’il n’a aucune force tant que le testateur vit. Voilà pourquoi c’est avec du sang que même la première alliance fut inaugurée… et presque tout, d’après la loi, est purifié avec du sang, et sans effusion de sang il n’y a pas de pardon. » C’est le sang de Jésus qui nous purifie, pour que nous soyons le peuple du Seigneur ; ce fut la mort de Jésus qui a inauguré la nouvelle alliance, qui a mis en vigueur le Nouveau Testament sous lequel nous vivons. Voilà pourquoi Jésus dit que le vin dans cette coupe représentait « le sang de l’alliance ».

Précisons en passant que lorsque Jésus dit : « Ceci est mon corps…, ceci est mon sang », il ne prétendait pas que le pain se soit transformé en chair humaine ou que le vin se soit transformé en sang. Il veut dire que le pain représente son corps et que le vin représente son sang. De même, quand il explique la parabole du semeur en Luc 8, il dit : « La semence, c’est la parole de Dieu », mais nul ne doute que cela veut dire : « La semence dont il est question dans la parabole représente ou symbolise la parole de Dieu. » Quand nous prenons le repas du Seigneur, ce n’est pas la vraie chair de Jésus que nous mangeons. Paul le dit clairement à plusieurs reprises : « Nous formons un seul corps ; car nous participons tous à un même pain… Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur… Que chacun s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe » (1 Corinthiens 10.16; 11.26,28). Ce que nous mangeons, c’est bien du pain. Notez, aussi, que tous les fidèles prenaient non seulement le pain, mais aussi la coupe. Jésus avait dit, en effet : « Buvez-en tous. »

Conclusion

Jésus a institué son repas en disant : « Faites ceci en mémoire de moi. » Paul nous dit : « Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. » Nous ne renouvelons pas la mort de Christ – nous nous la rappelons et nous l’annonçons. Et l’histoire et le Nouveau Testament montrent que les premiers chrétiens prenaient ce repas sacré chaque dimanche. C’est ce que nous devons continuer de faire aujourd’hui. Il nous rappelle le cœur de notre foi chrétienne : la mort de Jésus pour nous sauver de la mort éternelle et nous libérer de l’esclavage au péché et sa résurrection d’entre les morts. Les Juifs continuent jusqu’à ce jour d’observer la fête de la Pâque pour se rappeler leur délivrance d’une esclavage physique. Nous devons être aussi fidèles en prenant le repas du Seigneur pour nous rappeler une délivrance infiniment plus importante.

33. Jésus lave les pieds des disciples

Le moment dans La vie de Jésus où il connaîtrait l’humiliation la plus profonde et la souffrance la plus intense était arrivé. Il était seul avec ses disciples pour célébrer le repas de la Pâque, mais dans quelques heures il serait arrêté par les chefs des Juifs. Depuis trois ans il avait enseigné ses disciples et leur avait montré comment il faut renoncer à ses propres intérêts pour servir les autres. Mais voilà que, selon Luc 22.24-26, ses disciples n’ont pas encore appris la leçon. Ce passage nous dit :

« Il s’éleva aussi parmi les apôtres une contestation : lequel d’entre eux devait être estimé le plus grand ? Jésus leur dit : Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs. Qu’il n’en soit pas de même pour vous. Mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert. »

Un acte mémorable

Les livres de Matthieu, Marc, Luc et Jean nous parlent de cette dernière nuit que Jésus a passée avec ses disciples, mais Jean nous donne un récit que les autres ont omis. Il s’agit d’un acte mémorable que Jésus a posé, un acte par lequel il a une fois de plus enseigné à ses disciples cette leçon importante. En Jean 13.1-5 nous lisons :

« Avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, et ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, mit le comble à son amour pour eux. Pendant le souper, lorsque le diable avait déjà inspiré au cœur de Judas Iscariot, fils de Simon, le dessein de le livrer, Jésus, qui savait que le Père avait remis toutes choses entre ses mains, qu’il était venu de Dieu, et qu’il s’en allait à Dieu, se leva de table, ôta ses vêtements, et prit un linge, dont il se ceignit. Ensuite il versa de l’eau dans un bassin, et il se mit à laver les pieds des disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. »

Arrêtons un peu notre lecture pour mieux comprendre cet acte dans le contexte de la Palestine du premier siècle. Dans chaque pays, il y a des signes d’hospitalité, des façons de faire bon accueil à quelqu’un. Il s’agit souvent d’offrir une chaise à la personne quand elle arrive, de lui apporter de l’eau à boire, de lui demander poliment la raison de sa visite, de l’embrasser ou lui serrer la main, et ainsi de suite. Au temps de Jésus et en Palestine, un de ces gestes d’hospitalité était le fait de pourvoir de l’eau pour que le visiteur puisse se laver les pieds. Presque tout le monde portait des sandales au lieu de chaussures fermées, les rues étaient sales, il faisait chaud, et c’était agréable de se laver les pieds fatigués dans de l’eau fraîche. L’hôte pouvait dire à un esclave ou un serviteur de laver les pieds des invités au lieu de simplement leur fournir de l’eau. S’il avait organisé un festin, le serviteur serait là avec de l’eau, à l’entrée de la maison, afin de rendre ce service à chacun quand il arrivait. C’était, quand même, une tâche très humble, accomplie généralement par la personne la moins importante, celle dont le rang était le plus bas de la maison. Les élèves d’un enseignant devaient lui rendre certains services, mais il n’avait pas le droit de leur exiger de lui laver les pieds ; c’était vu comme étant un peu trop humiliant. Parmi les disciples de Jésus qui étaient présents pour le repas de la Pâque, aucun n’avait pensé rendre cet humble service à ses camarades. Mais Jésus lui-même s’est abaissé afin de le faire pour ses élèves, c’est-à-dire ses disciples.

Il faut nous laisser servir par Jésus

Le texte continue ainsi dans les versets 6 à 11 :

« Il vint donc à Simon Pierre ; et Pierre lui dit : Toi, Seigneur, tu me laves les pieds ! Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi. Simon Pierre lui dit : Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête. Jésus lui dit : Celui qui est lavé n’a besoin que de laver ses pieds pour être entièrement pur ; et vous êtes purs, mais non pas tous. Car il connaissait celui qui le livrait ; c’est pourquoi il dit : Vous n’êtes pas tous purs. »

Nous pouvons bien comprendre la réaction de Pierre. Il ne semblait pas normal pour le Seigneur de faire pour ses disciples ce qui était la tâche d’un esclave. Jean-Baptiste avait dit qu’il n’était pas digne même pour être l’esclave de Jésus, pas digne de délier la courroie de ses sandales pour laver ses pieds. À plus forte raison il n’était pas digne de se faire servir par Jésus. C’est le sentiment de Pierre, aussi. Pour lui, comme pour les hommes de nos jours, un grand personnage, un homme très important ne devait pas avoir à faire des tâches humbles. Ce sont les autres qui devraient servir une telle personne. Cela fait partie des droits liés à sa position.

Les premiers versets du chapitre nous ont rappelé que Jésus était bien conscient de son identité et sa position. Il savait qu’il devait être bientôt glorifié, qu’il était venu de Dieu le Père et qu’il retournait vers Dieu le Père qui avait tout remis entre ses mains. Mais il ne s’accrochait pas à ses droits. Philippiens 2.7,8 nous dit : « Il s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même la mort de la croix. » Pour lui, il n’y avait pas de conflit entre la grandeur et le service aux autres. Il dit en Marc 10.45 : « Le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs. »

Quand Pierre a voulu refuser d’avoir les pieds lavés par Jésus, le Seigneur lui a dit : « Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi. » Ensuite il a parlé d’être, non pas propre, mais entièrement pur. En effet, ce ne sont pas les pieds de Pierre qu’il a en vue, mais son âme. Jésus lave ses disciples et les rend purs par son sang, sa mort sur la croix. Laver les pieds de ses disciples pouvait sembler un service trop humiliant pour être accepté, mais être arrêté, insulté, battu et cloué sur une croix serait cent fois plus humiliant. Pourtant Jésus était prêt à subir tout cela, et celui qui ne peut pas accepter que Jésus souffre ainsi pour lui ne pourra jamais être purifié de ses péchés. Il n’y pas d’autre solution. Si Pierre ne peut pas accepter que Jésus lui lave les pieds, comment acceptera-t-il que Jésus meure pour lui ? Il faut nous laisser servir, il faut nous laisser sauver par Jésus. Nous ne pouvons pas le prendre comme roi sans le prendre comme sauveur, tout comme nous ne pouvons pas l’accepter comme sauveur sans accepter qu’il règne sur nous en tant que roi.

Il faut suivre l’exemple de Jésus

Le récit que nous étudions se termine de cette façon :

« Après qu’il leur eut lavé les pieds, et qu’il eut pris ses vêtements, il se remit à table, et leur dit : Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? Vous m’appelez Maître et Seigneur ; et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; car je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait. En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son seigneur, ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a envoyé. Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez. » (Jean 13.12-17)

Jésus appelle donc ses disciples à suivre l’exemple qu’il leur a donné. Il ne veut pas dire que l’Église devait organiser une cérémonie religieuse où les membres, à tour de rôle, laveraient les pieds les uns des autres, qu’ils soient sales ou pas, que ce soit une coutume du pays ou pas. Il veut dire que ses disciples doivent être assez humbles pour rendre des services les uns aux autres, même des services qui pourraient sembler humiliants. Cela pourrait être le fait de balayer la salle de réunion de l’Église, d’aider sa femme avec le ménage si elle est trop fatiguée, de rester auprès d’un malade affaibli par le SIDA et nettoyer son vomissement, ou de donner un verre d’eau froide à un enfant.

Les disciples étaient trop fiers pour laver les pieds des autres. Chacun voulait être le premier. L’orgueilleux, en effet, est toujours en concurrence avec les autres. Il veut être plus riche ou plus fort ou plus intelligent ou plus écouté que les autres. Il veut être à la première place, la place d’honneur. Il se compare aux autres pour faire remarquer qu’il est plus ancien, plus fidèle, plus utile, plus formé, plus doué que d’autres personnes et devrait donc jouir de tel avantage, telle assistance, telle responsabilité, ou tel honneur. Cette attitude crée toujours des problèmes. L’homme orgueilleux qui estime qu’il ne reçoit pas l’honneur qui lui est dû se met en colère ou il boude pendant plusieurs jours. Celui qui est humble, par contre, n’est pas trop préoccupé par sa propre valeur et sa propre dignité pour penser aux besoins des autres. Quand nous sommes tentés d’insister sur notre dignité, notre prestige ou nos droits, rappelons-nous donc Jésus-Christ, à genoux devant les pieds sales de ses propres disciples.

Le service humble était au cœur de la nature de Jésus et de sa mission. Accepter Jésus signifie à la fois se laisser servir par Celui qui est plus grand que nous, et suivre son exemple en servant les autres dans l’humilité.

32. Son discours sur la destruction de Jérusalem et la fin du monde

Compte tenu de la dureté de cœur de la plupart des Juifs, le châtiment de Dieu viendrait sur le peuple et sur la ville de Jérusalem. Vers la fin de sa vie, Jésus l’a annoncé plus d’une fois, tout en pleurant sur la ville, qu’il aimait. Un jour, en quittant la cour du temple, il a ajouté un détail frappant. Matthieu 24.1,2 dit : « Comme Jésus s’en allait, au sortir du temple, ses disciples s’approchèrent pour lui en faire remarquer les constructions. Mais il leur dit : Voyez-vous cela ? Je vous le dis en vérité, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée. »

Selon les historiens et les archéologues, le temple juif du temps de Jésus était très grand, très beau, et très impressionnant. C’était la fierté de tout le peuple juif. Il était tout paré d’or et reflétait la lumière du soleil levant au point d’aveugler le spectateur. Il avait été construit cinq cents ans auparavant, quand les Juifs étaient revenus de leur exil en Babylonie. Environ 50 ans avant la mort de Christ, le roi Hérode avait commencé à rénover et agrandir le temple, et les travaux n’avaient pas encore pris fin. Certaines pierres utilisées dans sa construction mesuraient douze mètres de long et pesaient plusieurs tonnes. Une des galeries du temple avait plus de 500 mètres de longueur. Dans un monde sans dynamite, sans bulldozer, sans grues ni autre machine moderne de construction ou de destruction, il était très difficile de concevoir que ce bâtiment énorme soit détruit si complètement. Mais Jésus dit : « Il ne restera pas ici une seule pierre posée sur une autre ; tout sera renversé. »

Ces paroles de Jésus ont, bien sûr, étonné ses disciples. La petite bande l’a suivi hors de la ville, a traversé l’étroite vallée du Cédron, et s’est assise avec le Maître sur la montagne des oliviers, d’où ils avaient une vue magnifique du temple. Là, ils ont posé les questions qui brûlaient en eux depuis la déclaration du Seigneur concernant ce temple : « Dis-nous, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde ? » (Matthieu 24.3). Les deux chapitres qui suivent contiennent la réponse de Jésus.

L’erreur des disciples

Les Juifs croyaient qu’il y aurait un grand jugement à la fin du monde. Jésus lui-même avait souvent parlé du jour du jugement, ainsi que d’un état de bonheur éternel et de châtiment éternel. Les hommes de Sodome et de Ninive, la reine de Séba, Abraham, Isaac et Jacob, les contemporains de Jésus − tous seraient concernés par ce jugement. Jésus avait dit en Jean 5.28,29 que le jour viendrait où tous les morts entendraient sa voix et sortiraient des tombeaux. Les uns ressusciteraient pour la vie éternelle, les autres pour la condamnation. Après ce jour, tous seraient soit à l’enfer, soit au ciel. Il n’y aurait donc plus besoin d’une terre. L’Ancien Testament avait dit que le ciel et la terre physiques ne seraient pas pour toujours, mais que les cieux s’évanouiraient comme une fumée, et la terre tomberait en lambeaux comme un vêtement (Ésaïe 51.6). Selon 2 Pierre 3.10, « en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée ».

Quand les disciples de Jésus l’ont entendu dire que l’énorme, le magnifique temple de Jérusalem serait totalement détruit, ils ont supposé que le Seigneur parlait de la fin du monde. Ils pensaient que le temple ne pourrait être détruit que lorsque toute la terre aurait servi son but et disparaîtrait. Ils ont associé la destruction du temple et la fin du monde comme si les deux événements auraient lieu le même jour. Mais ils avaient tort.

La destruction de Jérusalem

Jésus les avertit au verset suivant : « Prenez garde que personne ne vous séduise. » Puis, il s’est mis à parler de certaines choses qui ne seraient pas des signes de la fin. Il dit que de faux Christs et de faux prophètes viendraient pour séduire des hommes. Il y aurait des guerres, des tremblements de terre, et des famines, et la bonne nouvelle serait prêchée dans le monde entier. Ces choses arriveraient avant la fin, mais ce ne serait pas encore la fin. En fait, ce sont des choses qui ont existé dans toutes les périodes d’histoire depuis le temps de Jésus jusqu’à nos jours.

Mais à partir du verset 15, non seulement il donne un signe clair qu’il parle de la destruction de la ville de Jérusalem plutôt que de la fin du monde, mais il donne des instructions qui n’auraient aucun sens s’il parlait de sa venue pour juger tous les hommes. Il dit :

« C’est pourquoi, lorsque vous verrez l’abomination de la désolation, dont a parlé le prophète Daniel, établi en lieu saint, – que celui qui lit fasse attention ! – alors, que ceux qui sont en Judée fuient dans les montagnes ; que celui qui sera sur le toit ne descende pas pour prendre ce qui est dans la maison ; et que celui qui sera dans les champs ne retourne pas en arrière pour prendre son manteau. »

Le signe que Jésus donne ici est « l’abomination de désolation ». Dans l’Évangile de Luc, le langage est plus clair. Là Jésus dit : « Quand vous verrez Jérusalem encerclée par des armées, vous saurez, à ce moment-là, qu’elle sera bientôt détruite » (Luc 21.20).

Jérusalem était une ville fortifiée et bien située pour être défendue par ses habitants. Normalement, quand un ennemi venait contre un pays, les habitants prenaient refuge dans les villes fortifiées. C’était la raison pour laquelle ils s’étaient donné tant de peine pour construire ces hautes murailles. Mais Jésus conseille à ses disciples, non pas de chercher la protection de la ville forte, mais de fuir vers les montagnes, de quitter la Judée. Il dit que, puisqu’il faudrait fuir, ce serait plus difficile pour les femmes enceintes, plus difficile en cas de mauvais temps, et très difficile si c’était un jour de sabbat et que les portes de la ville étaient fermées. Évidemment, si Jésus venait pour le dernier jugement, il ne servirait à rien de fuir dans les montagnes. Personne ne pourra se cacher en ce jour-là. Les premiers chrétiens ont bien compris que Jésus parlait de la destruction de Jérusalem. Quand ils ont vu, presque 40 ans après la mort de Jésus, que des armées romaines avaient entouré la ville, les chrétiens ont fait le contraire des Juifs non-croyants. Au lieu de se diriger vers la ville pour s’y réfugier, ils ont fui jusqu’à l’autre côté du Jourdain, à un endroit appelé Pella. Plus d’un million de Juifs sont morts dans la chute de la ville, mais les chrétiens ont échappé en suivant les instructions du Seigneur. Jésus les avait prévenus. Aux versets 32,33 il dit : « Instruisez-vous par une comparaison tirée du figuier. Dès que ses branches deviennent tendres, et que les feuilles poussent, vous connaissez que l’été est proche. De même, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l’homme est proche, à la porte. »

C’est Jésus, le Fils de l’homme qui serait proche, parce que la venue de l’armée de l’Empire romain pour détruire la ville de Jérusalem était, en quelque sorte, une venue du Seigneur Jésus. La venue du Seigneur sur les nuées, comme sur un char de guerre, pour exercer un jugement est une image souvent employée dans l’Ancien Testament. En Ésaïe 19.1, par exemple, le prophète parle d’une intervention de Dieu dans l’histoire pour punir l’Égypte. Il dit : « Voici, l’Éternel est monté sur une nuée rapide, il vient en Égypte ; et les idoles de l’Égypte tremblent devant lui, et le cœur des Égyptiens tombe en défaillance. » Dieu ne viendrait pas visiblement dans les nuages ; ce langage veut dire simplement que Dieu dirige l’histoire, et c’est lui-même qui envoyait le malheur sur la nation égyptienne. Jésus a employé le même langage pour prédire le jugement contre la nation juive quand il dit aux souverains sacrificateurs : « Vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel » (Matthieu 26.64). Jésus ne venait pas visiblement à ce moment comme il le fera à la fin des temps, mais c’est bien lui qui agissait à travers l’armée romaine pour punir les Juifs rebelles.

La fin du monde

Jusqu’au verset 34, tout ce que Jésus dit peut se rapporter à la question de la destruction de Jérusalem et de son temple. Ce jugement symbolise le jugement de toute la terre qui viendrait plus tard. Beaucoup d’expressions qui sont utilisées dans ce passage pour parler de la venue de Jésus pour juger la nation juive en l’an 70 s’appliquent encore plus profondément et plus littéralement à sa venue pour le jugement dernier du monde entier. Selon les anges en Actes 1, Jésus doit revenir à la fin des temps comme il est parti, sur des nuages. Ce sera plus qu’une simple image. À partir du verset 35, où Jésus dit : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point », Jésus parle de ce jour où le monde prendra fin. Mais tandis qu’il avait donné des signes pour reconnaître le moment où Jérusalem serait détruite afin que ses disciples puissent éviter le désastre, Jésus se donne de la peine pour souligner l’absence totale de signes avant-coureurs de la fin du monde et de sa deuxième venue. Il dit en Matthieu 24.36 : « Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, ni les anges des cieux, ni le Fils, mais le Père seul. » Il déclare que son retour sera, comme le déluge au temps de Noé, complètement inattendu. Jusqu’au jour même où Noé et sa famille entrèrent dans l’arche, la vie continuait comme d’habitude. Pas de signes ! Jésus compare la nature inattendue de son retour aux activités du voleur. Comme la venue d’un voleur dans la nuit n’est précédée d’aucun signe, de même la venue de Jésus ne sera précédée d’absolument aucun signe.

Jésus prononce, alors, une série de trois paraboles pour faire comprendre aux disciples la nécessité d’être toujours prêts. Ce sont les paraboles des deux serviteurs, des dix vierges et des talents ; elles insistent toutes sur l’importance de faire son devoir afin d’être récompensé lors de la venue inattendue du Seigneur. Après ces paraboles, Jésus décrit une scène de jugement qui, encore, ne s’applique point à la destruction de Jérusalem en l’an 70, mais plutôt à ce grand jour qui vient :

« Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges, il s’assiéra sur le trône de sa gloire. Toutes les nations seront assemblées devant lui. Il séparera les uns d’avec les autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs ; et il mettra les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde…Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche : Retirez-vous de moi, maudits ; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges… Et ceux-ci iront au châtiment, mais les justes à la vie éternelle. » (Matthieu 25.31-34,41,46)

Conclusion

Les paroles de Jésus concernant la destruction de Jérusalem se sont accomplies. En 70 apr. J.-C., les Romains ont pris la ville, et comme Jésus l’avait dit, ils n’ont pas laissé une pierre du temple posée sur une autre. Mais ceux qui ont suivi les conseils du Seigneur ont eu la vie sauve. Ses paroles concernant la fin du monde et le dernier jugement s’accompliront certainement, aussi. Obéissez donc à l’Évangile, et demeurez fidèle chaque jour. Dans les paroles de Matthieu 24.46 : « Heureux ce serviteur que son maître à son arrivée trouvera faisant ainsi. »

31. Malheur à vous, scribes et pharisiens !

Jésus a toujours été connu pour sa douceur, sa tendresse, sa disposition à pardonner, et sa patience avec les hommes faibles qui viennent à lui. Avec certaines personnes, cependant, Jésus était généralement très sévère : il s’agit des hypocrites. « Hypocrite » vient d’un mot grec qui veut dire « acteur ». L’hypocrite fait semblant d’être quelqu’un qu’il n’est pas. Il essaie de faire croire aux autres qu’il aime Dieu, mais ce n’est pas vrai.

En Matthieu 23, Jésus adresse des paroles dures à deux groupes d’hommes dans la société juive qui étaient pour la plupart des hypocrites : il s’agit des scribes et des pharisiens. En tant qu’experts de la loi, les scribes étaient respectés comme enseignants. Les Pharisiens étaient une secte influente dont les membres s’efforçaient de garder la loi et les traditions juives dans les moindres détails. Ils méprisaient les autres, mais ils étaient quand même respectés pour leur pureté exceptionnelle. Bon nombre des scribes étaient en même temps des pharisiens.

Les scribes et pharisiens n’existent peut-être plus, mais beaucoup d’hommes religieux de toute époque leur ressemblent. Des dirigeants chrétiens ou musulmans, tout comme les simples fidèles, se rendent parfois coupables des mêmes fautes que Jésus a condamnées si fort. Voyons donc deux traits qui sont étrangers à l’esprit du christianisme, que nous devons éviter soigneusement.

L’amour des honneurs, des titres, et de la gloire des hommes

Une faute grave que Jésus a condamnée chez les scribes et pharisiens était l’amour de la gloire des hommes. Écoutez sa description de ces hommes en Matthieu 23.

« Les scribes et pharisiens… font toutes leurs actions pour être vus des hommes. Ainsi, pour les paroles sacrées qu’ils portent au front ou au bras, ils ont des étuis particulièrement grands ; les franges de leurs manteaux (pour rappeler les commandements de Dieu) sont exceptionnellement larges. Ils aiment les meilleures places dans les grands repas et les sièges les plus en vue dans les synagogues ; ils aiment à recevoir des salutations respectueuses sur les places publiques et à être appelés par les hommes Rabbi, Rabbi. Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi ; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. Et n’appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. Ne vous faites pas appeler directeur ; car un seul est votre Directeur, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé. » (Matthieu 23.5-12)

Ces chefs religieux des Juifs se distinguaient par leur habillement. Des chefs religieux de nos jours, aussi, portent des soutanes ou des cols blancs renversés qui les distinguent des autres fidèles. Ceux du temps de Jésus aimaient les meilleures places. Ceux de nos jours, aussi, aiment s’asseoir sur des pagnes de valeur ou dans des fauteuils où tout le monde les voit. Les scribes et les pharisiens aimaient les salutations respectueuses, telles que « rabbi » ou « maître ». Les chefs religieux de nos jours ont multiplié les titres d’honneur. Ils apprennent aux fidèles à les appeler « mon père », malgré le fait que Jésus a dit clairement : « Un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. Et n’appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. » Ils se font appeler « président », « révérend », ou « monseigneur ». Jésus enseigne qu’il y a des honneurs et des titres qui ne nous appartiennent pas et que nous ne devons ni accorder aux hommes ni accepter de leur part. « Ne vous faites pas appeler Rabbi… N’appelez personne sur la terre votre père… Ne vous faites pas appeler directeurs. »

Dans le livre des Actes nous voyons un exemple positif et un exemple négatif en ce qui concerne les honneurs. L’exemple négatif est celui du roi Hérode Agrippa I au chapitre 12.20-23 ; il est frappé par Dieu, et il meurt. Pourquoi ? Parce que lorsque le peuple acclamait son discours, en disant : « Voix d’un dieu et non d’un homme », il ne l’a pas repris. Il n’a pas corrigé le peuple mais accepta par son silence qu’on lui accorde un honneur qui ne lui revenait pas. L’exemple positif se trouve au chapitre 10.24-26, où l’apôtre Pierre va chez un non-Juif nommé Corneille pour lui prêcher l’Évangile. Le texte dit : « Lorsque Pierre entra, Corneille, qui était allé au-devant de lui, tomba à ses pieds et se prosterna. Mais Pierre le releva, en disant, Lève-toi ; moi aussi, je suis un homme. »

Un mot que la Bible emploie pour parler des anciens ou évêques qui veillent sur une assemblée locale de chrétiens est le mot pasteur. Ce mot, qui veut dire « berger », fait ressortir les ressemblances entre les anciens d’une Église et les bergers qui protègent, nourrissent, soignent et dirigent un troupeau de brebis. Même ce mot biblique est de nos jours transformé en titre honorifique. On apprend aux fidèles et même aux non-croyants à saluer en disant : « Bonjour, mon Pasteur », ou : « Je vous présente Monsieur le Pasteur. » On parle couramment du « pasteur titulaire » chez les uns et « pasteur suprême » chez les autres.

Il ne faut pas se laisser séduire par les honneurs des hommes. On ressemblera vite aux scribes orgueilleux que le Seigneur reprochait. Il est temps que les enseignants et leaders religieux prennent à cœur l’avertissement de Jésus : « Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé » (Matthieu 23.12).

Attention à l’extérieur, négligence de l’intérieur

Un deuxième trait des scribes et pharisiens qui est contraire à l’esprit du christianisme est le fait de donner une attention excessive aux aspects extérieurs de la religion tout en négligeant l’état des cœurs, la moralité et la compassion.

Jésus leur dit :

« Malheur à vous, maîtres de la loi et Pharisiens, hypocrites ! Vous prenez aux veuves tout ce qu’elles possèdent et, en même temps, vous faites de longues prières pour paraître bons. C’est pourquoi vous recevrez une punition d’autant plus grande…Malheur à vous, maîtres de la loi et Pharisiens, hypocrites ! Vous nettoyez l’extérieur de la coupe et du plat, mais à l’intérieur ils sont pleins du produit de vos vols et de vos mauvais désirs. Pharisien aveugle ! Nettoie d’abord l’intérieur de la coupe et alors l’extérieur deviendra également propre. Malheur à vous, maîtres de la loi et Pharisiens, hypocrites ! Vous ressemblez à des tombeaux blanchis qui paraissent beaux à l’extérieur mais qui, à l’intérieur, sont pleins d’ossements de morts et de toute sorte de pourriture. Vous de même, à l’extérieur vous paraissez bons aux hommes, mais à l’intérieur vous êtes pleins d’hypocrisie et de mal. » (Matthieu 23.14,25-28)

Les scribes et les pharisiens étaient très religieux. On les voyait prier. On les voyait faire l’aumône. En Luc 18 Jésus parle d’un Pharisien qui dit qu’il jeûnait deux fois par semaine et donnait à Dieu la dîme, c’est-à-dire la dixième part, de tout ce qu’il gagnait, conformément à la loi de Moïse. En Matthieu 23.23 Jésus reconnaît qu’ils étaient tellement scrupuleux en ce qui concerne la dîme, qu’ils mesuraient et donnaient la dixième part même des plantes comme la menthe et le cumin qui poussaient à côté de la cuisine et que l’on prenait pour assaisonner les plats. Malheureusement, Jésus doit ajouter : « Mais vous négligez les enseignements les plus importants de la loi, tels que la justice, la bonté et la fidélité : c’est pourtant là ce qu’il fallait pratiquer, sans négliger le reste. » Il ne faut pas négliger de veiller soigneusement à son devoir de donner à Dieu comme il le faut. Mais les dîmes, les jeûnes et les prières ne sont pas la partie la plus fondamentale de ce que Dieu nous demande. Ils ne peuvent jamais remplacer la justice, la bonté et la fidélité. Dieu avait dit la même chose aux Israélites par le prophète Ésaïe :

« Ils me demandent : À quoi bon pratiquer le jeûne si tu ne nous vois pas ? À quoi bon nous priver si tu ne le remarques pas ? Alors je réponds : Constatez-le vous-mêmes : jeûner ne vous empêche pas de vous livrer à vos penchants, de malmener vos employés, ni de vous quereller ou de donner des coups de poing ! Quand vous jeûnez ainsi votre prière ne m’atteint pas. » (Ésaïe 58.3,4)

De nos jours encore, beaucoup pensent que l’essentiel de la religion c’est le fait de réciter des prières, de donner de l’argent, d’observer un mois de jeûne ou une fête annuelle, de se prosterner ou baisser la tête au moment voulu, de se couvrir la tête ou d’enlever les chaussures, etc. Ils prennent beaucoup de soin dans ces choses, mais leurs voisins les voient souvent comme impolis, malhonnêtes, méchants, arrogants ou palabreurs. Ils ne paient pas leurs employés ou ils pratiquent la corruption de tout genre. Ce que Jésus dit aux scribes et Pharisiens s’applique à eux, aussi : « Conducteurs aveugles ! Vous filtrez votre boisson pour en éliminer un moustique, mais vous avalez un chameau ! » (Matthieu 23.24)

Dans les versets 16 à 22 il parle de leur façon de faire des distinctions légales entre telle ou telle formule quand ils juraient. Si, par exemple, ils juraient sur le temple mais pas sur l’or du temple, ils ne se voyaient pas tenus à garder leur parole. Ils étaient bien religieux, mais au fond ils n’étaient pas des hommes honnêtes et fidèles à leurs promesses. Ils s’occupaient des formalités de la religion, mais non de la véritable moralité. Par ces manœuvres, ils se persuadaient qu’ils étaient justes. On voit à quel point ils étaient aveugles quand on considère qu’ils allaient plus tard chercher de faux témoins pour pouvoir condamner Jésus lors de son procès, mais en même temps ils se souciaient de leur pureté cérémonielle qui serait, croyaient-ils, compromise s’ils rentraient chez un non-Juif. Ainsi, Jean 18.28 nous dit : « On emmena Jésus de chez Caïphe au palais du gouverneur (romain)… Mais les chefs juifs n’entrèrent pas dans le palais afin de ne pas devenir impurs et de pouvoir manger le repas de la Pâque. »

Conclusion

Comme nous l’avons dit, Jésus, si réputé pour sa douceur, parle avec sévérité à ces hypocrites. Aux versets 33-36 de Matthieu 23, il annonce le châtiment de Dieu qui viendrait sur ces hommes :

« Serpents, race de vipères ! Comment échapperez-vous au châtiment de la géhenne ? C’est pourquoi, voici, je vous envoie des prophètes, des sages et des scribes. Vous tuerez et crucifierez les uns, vous battrez de verges les autres dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville, afin que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre… Je vous le dis en vérité, tout cela retombera sur cette génération. »

Mais ne pensons pas que Jésus prenait plaisir à l’idée que ce peuple serait ainsi puni. Aux versets 37 et 38 il se lamente sur la ville : « Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! Voici, votre maison vous sera laissée déserte. »

L’hypocrisie est toujours un danger. Elle s’introduit dans la vie de l’homme pieux et l’éloigne de plus en plus de Dieu. Méfions-nous donc de tous les signes de ce mal, y compris un amour pour les honneurs et la gloire des hommes, et une trop grande attention aux aspects extérieurs de la religion. Écoutons l’avertissement de Jésus : Ne négligeons pas les enseignements les plus importants, tels que la justice, la bonté et la fidélité : c’est là ce qu’il faut pratiquer, sans négliger le reste.

30. Un figuier, deux fils et une vigne

Dans notre dernière étude nous avons vu Jésus entrer dans la ville de Jérusalem acclamé et célébré par de foules immenses qui chantaient « Hosanna au Fils de David ! » Malgré cet accueil, Jésus a pleuré sur la ville. Il n’était pas la sorte de Sauveur que les habitants voulaient. La majorité d’entre eux, et surtout les dirigeants, finiraient par le rejeter, le crucifier, et persécuter ses disciples.

Le lendemain de son entrée triomphale, Jésus a, pour une deuxième fois, chassé ceux qui s’étaient installés dans la cour du temple pour vendre des animaux et échanger les monnaies étrangères. En effet, trois ans auparavant, au début de son ministère, Jésus les avait chassés de ce même lieu. Les vendeurs et changeurs d’argent non seulement transformaient un lieu de prière en bruyant marché, mais en plus ils escroquaient à grande échelle les adorateurs de Dieu en leur faisant payer des prix exorbitants pour les animaux qu’ils devaient sacrifier.

Ensuite, Jésus s’est installé dans la cour du temple et s’est mis à enseigner les foules. Il leur a parlé de la nécessité de pardonner à leurs prochains, des offrandes qui plaisent à Dieu, et de la bonne nouvelle. Mais il a aussi annoncé de plusieurs manières que les Juifs et leurs dirigeants risquaient de perdre la place privilégiée qu’ils avaient occupée devant Dieu.

Le figuier maudit

Le premier avertissement a eu lieu, en fait, avant que Jésus ne purifie le temple, quand il se rendait du village voisin de Béthanie, où il dormait, à Jérusalem. Écoutez un passage qui a souvent confus les lecteurs :

« Le lendemain, après qu’ils furent sortis de Béthanie, Jésus eut faim. Apercevant de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s’il y trouverait quelque chose ; et, s’en étant approché, il ne trouva que des feuilles, car ce n’était pas la saison des figues. Prenant alors la parole, il lui dit : Que jamais personne ne mange de ton fruit ! Et ses disciples l’entendirent… Quand le soir fut venu, Jésus sortit de la ville. Le matin, en passant, les disciples virent le figuier séché jusqu’aux racines. » (Marc 11.12-14,19,20)

On a l’impression que Jésus a été étrangement dur et déraisonnable en ce qui concerne ce figuier. Pourquoi s’attendrait-il à trouver des figues si, comme Marc le dit, ce n’était pas la saison des figues ? Pour comprendre, il faut un détail sur le figuier. C’est qu’il fleurit et ses fruits commencent à se développer avant que les feuilles ne se mettent à pousser. Ainsi, un arbre ayant déjà du feuillage devrait en principe déjà produire quelque chose. C’est comme si, par son apparence, cet arbre disait : « Je porte du fruit – venez et mangez ! » Mais quand on regarde de près, on ne trouve rien.

Cet arbre ressemblait, en fait, à la nation d’Israël, qui proclamait haut et fort sa justice et son attachement à Dieu. De loin, on dirait un peuple pieux qui pratiquait avec zèle une religion supérieure à celle des autres nations. Mais quand Jésus s’en approchait, il trouvait toutes sortes de péché et d’hypocrisie. En maudissant le figuier stérile, Jésus annonçait de façon dramatique le sort qui était réservé à la nation qui ne reconnaissait pas son péché, mais se vantait d’une justice qu’elle ne possédait pas.

La parabole des deux fils

Au vu de tout ce que Jésus faisait et disait, les responsables se sont approchés pour l’interroger sur l’origine de sa mission. Jésus a promis leur répondre si eux d’abord lui disaient si le baptême de Jean-Baptiste était de Dieu ou des hommes. Ils disaient entre eux :

« Si nous répondons : Du ciel, il nous dira : Pourquoi donc n’avez-vous pas cru en lui ? Et si nous répondons : Des hommes, nous avons à craindre la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. Alors ils répondirent à Jésus : Nous ne savon pas. Et il leur dit à son tour : Moi, non plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais ces choses. » (Matthieu 21.23-27)

Sans le vouloir, les chefs religieux ont donc reconnu en quelque sorte qu’ils n’étaient pas compétents pour juger si son ministère venait de Dieu ou des hommes. Car les voici, eux dont la fonction était de contrôler tout enseignement religieux, incapables de se prononcer sur un personnage aussi important que Jean-Baptiste.

Mais le récit continue :

« Que pensez-vous de ceci ? ajouta Jésus. Un homme avait deux fils. Il s’adressa au premier et lui dit : “Mon fils, va travailler aujourd’hui dans la vigne.” – “Je ne veux pas,” répondit-il ; mais plus tard, il changea d’idée et se rendit à la vigne. Puis le père s’adressa à l’autre fils et lui dit la même chose. Celui-ci répondit : “Oui, père,” mais il n’y alla pas. Lequel des deux a fait ce que voulait son père ? Le premier, répondirent-ils. Jésus leur dit alors : Je vous le déclare, c’est la vérité : les collecteurs d’impôts et les prostituées arriveront avant vous dans le Royaume de Dieu. Car Jean-Baptiste est venu à vous en vous montrant le juste chemin et vous ne l’avez pas cru ; mais les collecteurs d’impôts et les prostituées ont cru en lui. Et même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas ensuite repentis pour croire en lui. »

La parabole des deux fils est très simple : Un père ayant deux fils dit au premier d’aller travailler dans son champ. Celui-ci dit qu’il ne veut pas, mais après il se repent et il va. Quand le père dit au deuxième fils de faire la même chose, ce dernier dit qu’il ira, mais il ne va pas. Les chefs juifs avaient refusé de répondre à la question : « Le baptême de Jean, d’où venait-il ? Du ciel, ou des hommes ? » Flairant le piège, ils ont raisonné entre eux : « Si nous répondons : Du ciel, il nous dira, Pourquoi donc n’avez-vous pas cru en lui ? » Ils ont donc refusé de répondre. Par contre, ils ont répondu à la question : « Lequel des deux a fait la volonté du père ? » sans soupçonner qu’en réalité les deux questions visaient la même chose, c’est-à-dire, leur propre rébellion contre Dieu. Par leur réponse ils se sont jugés eux-mêmes.

En rejetant le ministère de Jean-Baptiste, les chefs ressemblaient au fils qui avait désobéi à la volonté de son père, parce que c’est bien Dieu qui avait envoyé Jean. Ils l’ont accusé d’avoir un démon, ils ont refusé de se repentir, et, selon Luc 7.30, en refusant de se faire baptiser par lui, ils ont rejeté le dessein de Dieu à leur égard. Ils disaient à Dieu : « Oui, père » ; ils prétendaient faire la volonté de Dieu. Mais dans les actes, ils étaient des fils rebelles. À cause de cela, Jésus dit que les pécheurs les devanceraient dans le royaume. Le mot « devancer » ici ne veut pas dire qu’ils entreraient avant les Pharisiens et les scribes, mais qu’ils prendraient carrément leur place dans le royaume.

La parabole des vignerons

Jésus a poursuivi avec une autre parabole. Celle-ci concerne un propriétaire qui a planté une vigne. Il a tout mis en place, puis il a loué la vigne à des ouvriers vignerons et partit en voyage. Quand le moment de la récolte du raisin est venu, il envoya un serviteur aux ouvriers vignerons pour recevoir d’eux sa part de la récolte. Mais les vignerons battirent le serviteur et le renvoyèrent sans rien lui donner. Il envoya d’autres serviteurs, mais ces ouvriers les traitèrent de la même manière. Ils battirent les uns et tuèrent les autres. Finalement, le propriétaire a envoyé son propre fils, en se disant que les ouvriers auraient du respect au moins pour lui. Mais les vignerons se dirent les uns aux autres : Voilà celui qui deviendra propriétaire plus tard. Allons, tuons-le, et la vigne sera à nous. Ils saisirent donc le fils, le tuèrent et le jetèrent hors de la vigne. Le passage se termine de cette manière :

« Eh bien, quand le propriétaire de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? demanda Jésus. Ils lui répondirent : Il tuera sans pitié ces hommes mauvais et louera sa vigne à d’autres vignerons qui lui remettront sa part de la récolte au moment voulu. Puis Jésus leur dit : N’avez-vous jamais lu ce que déclare l’Écriture ? “C’est la pierre que les bâtisseurs avaient rejetée qui est devenue la pierre principale. Voilà ce qu’a fait le Seigneur, et c’est une merveille à nos yeux !” C’est pourquoi, ajouta Jésus, je vous le déclare : le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui produira les fruits propres à ce royaume… Les chefs des prêtres et les Pharisiens entendirent les paraboles de Jésus et comprirent qu’il parlait d’eux. Ils cherchèrent alors un moyen de l’arrêter, mais ils eurent peur des foules qui considéraient Jésus comme un prophète. » (Matthieu 21.40-46)

Les chefs des Juifs n’ont pas eu de difficulté pour comprendre le sens de cette parabole. Israël et ses dirigeants n’avaient pas vécu selon la justice demandée par Dieu. En plus, ils avaient maltraité les prophètes que Dieu avait envoyés pour les appeler à la repentance. Il avait maintenant envoyé Jésus, mais lui aussi serait maltraité et mis à mort par ces chefs. Par conséquent, ils seraient châtiés, et le royaume de Dieu leur serait enlevé. Il serait donné à d’autres.

Israël n’est plus le peuple spécial de Dieu

Jésus a donc prédit, avant sa mort, que la nation juive perdrait la position privilégiée qu’elle avait occupée auprès de Dieu. Cette prophétie s’est accomplie environ 40 ans plus tard quand l’armée romaine a détruit la ville de Jérusalem avec son temple et destitué de leur autorité tous les dirigeants juifs. Les Juifs qui croyaient en Jésus gardaient toujours leur place dans le royaume, mais non pas parce qu’ils étaient juifs. Comme Galates 3.28,29 le dit : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec… car tous vous êtes un en Jésus-Christ. Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d’Abraham, héritiers selon la promesse. » Contrairement à ce que beaucoup semblent penser, l’état d’Israël aujourd’hui n’a pas plus d’importance aux yeux de Dieu que tout autre état. Le peuple de Dieu de nos jours, c’est l’Église. C’est l’Église qui est l’Israël spirituel.

En Romains 11, l’apôtre Paul parlait du rejet d’Israël. Ce peuple n’avait pas été rejeté en bloc, puisqu’il y avait des Juifs, comme Paul lui-même, qui avaient cru en Jésus. Le rejet de ce peuple ne fut pas sans remède, puisqu’un Juif, même aujourd’hui, est libre d’obéir à l’Évangile et entrer dans le royaume de Dieu. Mais dans leur majorité les Juifs avaient été rejetés parce qu’ils ne croyaient pas en Christ. Paul fait une comparaison à un arbre, l’olivier. Certaines branches de l’arbre, des Juifs, avaient été coupées à cause de leur incrédulité. Ils n’étaient plus du peuple de Dieu. Ils étaient rejetés. Des branches d’olivier sauvage, c’est-à-dire des païens, furent greffées à leur place à cause de leur foi. Mais si les branches naturelles pouvaient être coupées, certainement les branches de l’olivier sauvage pouvaient être coupées aussi. Leur salut n’était pas inconditionnel, mais dépendait de leur fidélité.

En maudissant le figuier, en disant la parabole des deux fils et celle des méchants vignerons, Jésus mettait les Juifs en garde. Un sort terrible les attendait pour leur manque de repentance et leur manque de foi en lui. Ces Juifs, qui se croyaient déjà justes mais qui, en fait, ne plaisaient pas à Dieu, doivent servir d’exemple à nous qui avons cru en Jésus aujourd’hui. Nous ne devons pas simplement dire : « Oui, père. » Nous devons lui obéir. Il faut croire, mais il faut par la suite demeurer fidèle. Sinon, comme les Juifs qui n’ont pas cru, nous perdrons notre place dans le royaume des cieux.